Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Les interventions de Philaunet et de Nessie m'ont permis de mieux cerner l'origine de mon malaise en écoutant l'émission. En fait, ce malaise n'est pas venu de l'approche attendue d'Alain Finkelkraut (réaction), ni de celle de Damien le Guay (thèse anti-crémation) mais bien dans la faiblesse du deuxième invité, François Michaud Nérard, dont je n'ai pas pu saisir l'approche. La discussion s'en est vu déséquilibrée, car nous avions en presence deux personnes contre la crémation et une on ne sait trop où.
Je pense que ce déséquilibre n'était pas volontaire de la part d'AF. Il ne pouvait probablement pas anticiper cette faiblesse. Par contre, il aurait dû s'en rendre compte au cours de l'émission et opter pour une position plus mesurée. C'est donc plus son rôle d'animateur de l'émission que je critique que sa prise de position, même si elle était attendue.
En ce qui concerne "Faut-il ....AF", absolument pas. Il fait plutôt oeuvre de service publique en défendant des thèses peu répandues sur FC. Je le dis d'autant plus volontiers que je me trouve vraiment trés souvent en opposition aux idees qu'il défend.

Drame des Pied-noirs
Intéressant échange ce matin entre Benjamin Stora et Pierre Nora sur l'aveuglement des Français d'Algérie et malgré tout, leur immense détresse.
J'ai vécu ce drame émotionnellement par la proximité d'un grand Algérien ayant vécu très longtemps en France, de Pieds-noirs proches revenus en France et d'autres encore impliqués dans cette histoire.
Oui, ce fût très dur pour eux, cela nous a valu de la belle littérature, de la musique et bien d'autres choses encore.
Mais une idée m'est venue ce matin: ce bonheur de la vie en Algérie, cette proximité de la mer, le soleil, les bruits de la vie quotidienne, ce bonheur n'est pas t-il aussi intense que parce que les Français qui en jouissaient étaient regardés par les algériens de souche.On est beaucoup plus heureux quand on peut étaler devant les autres(qui en bavent) son bonheur. N'avons nous pas en France des endroits d'une incroyable beauté avec les mêmes éléments naturels où on pouvait( où on peut) être aussi heureux? je dis cela à l'adresse d'Alain Finkielkraut qui les plaignait un peu beaucoup à mon goût.

Nessie a écrit: (...) En ce qui me concerne le seul intérêt de l'émission, qui ne saurait se placer dans le cadre d'un débat, c'est l'évolution des pratiques. (...)

Merci encore d'avoir renvoyé à ce numéro de Répliques, car en allant chercher plus loin (à savoir les émissions d'ARD mentionnées plus haut, que j'avais archivées sans toutes les écouter encore), j'ai écouté une personnalité remarquable dont voici une interview qui résume bien son activité et sa pensée. Le sujet est connexe à celui du numéro de Répliques, qui a été aussi traité lors de cette semaine-là :
http://www.hebdo.ch/en_general_les_gens_meurent_comme_ils_ont_161893_.html

(pour les éventuels germanophones d'aujourd'hui ou de demain : http://www.swr.de/swr2/programm/sendungen/zeitgenossen/archiv/-/id=660644/nid=660644/did=10449642/i2saaf/index.html )

Nessie a écrit:Un sujet inattendu, il y a de cela quelques samedis : (...) l'évolution des pratiques funéraires. (...) Je signale ce numéro du samedi 19 janvier à ceux qui s'intéressent à l'anthropologie de la mort, (...)

Ce que l'on n'a pas entendu dans cette émission et que l'on aurait aimé entendre est dit par le "Kullturanthopologue" Norbert Fischer dans une émission de SWR2 du 24 11 12, à savoir qu'il y a une séparation progressive entre le lieu où le mort "repose" et le lieu de mémoire où se fait le deuil. L'anthropologue prend l'exemple des croix en bois qu'on trouve le long de certaines routes et qui sont bien plus entretenues que la tombe ou l'urne du décédé d'un accident de la route (à ce propos, je crois que certaines régions ont interdit cette pratique, car l'attention des automobilistes sur ces mausolées sauvages pouvait créer un risque de nouvel accident).

Le deuil se fait aussi désormais très bien à travers de nouveaux lieux que sont les pages de souvenirs sur Internet. Et au rebours de ce que martelaient les deux, voire trois invités de ce numéro de Répliques, le cimetière n'est pas le lieu idyllique pour être proche d'un décédé : il y a des heures d'ouverture et de fermeture, des conditions météo, des ouvriers qui travaillent ou des gens qui désherbent ou fleurissent la tombe voisine. Par ailleurs il y a une sorte de contrôle social à travers le soin ou non porté à la tombe. C'est pourquoi l'anthropologue Norbert Fischer se réjouit de ce changement d'une tradition qui n'a pas toujours existé, comme a essayé de le faire entendre François Michaud Nérard (dont Alain Machefert a bien relevé dans son post du 16 12 2013 qu'il avait été écarté de la discussion) qui a dit qu'on avait souvent enterré les gens avant le 18e siècle dans des fosses anonymes. En effet, la tradition implique un certain nombre d'obligations (vêtements de deuil, repas, locations de services) que ne peuvent se permettre certains personnes et oblige à un deuil ayant une certaine visibilité quand beaucoup souhaitent un deuil avec des personnes choisies ou dans une très stricte intimité, comme on dit de nos jours.

À ce moment-là la "Sprecherin" de SWR2 (la speakerine ? les anglicismes anciens avaient du bon...) pose la question (généralement, car c'est une émission montée) si l'absence de signes et de rites visibles ne dévaloriserait pas le deuil et ne réduirait pas l'attention et l'empathie envers l'endeuillé (la thèse unique et assénée de ce numéro de Répliques). Suit alors l'extrait d'une interview d'une conseillère en (travail de) deuil ("Trauerberaterin") qui propose des rencontres pour gens en deuil, car, dit-elle, dans notre société où les gens sont sur-occupés, peu ont le temps de donner de l'attention et par ailleurs peu ont aussi envie de fréquenter des gens en situation de mal-être, car ça les tire vers le bas dans une société orientée vers la performance permanente. Bref, l'évolution de la société moderne requerrait de nouvelles pratiques. Et c'est là le contrepoint que l'on n'a absolument pas entendu dans cette émission, parce que les dés étaient pipés dès le départ : changements modernes = mauvais ; tradition (même récente) = bon.

Je ne peux donc qu'être entièrement d'accord quand

Alain Machefert a écrit: (...) Par contre, il [Finkielkraut] aurait dû (...) opter pour une position plus mesurée. C'est donc plus son rôle d'animateur de l'émission que je critique que sa prise de position, même si elle était attendue. (...)

Ces dernières semaines dans Répliques, plusieurs numéros de bonne facture :

- 23 février : parlons d'écrivains entre écrivains et historiens, avec Mona Ozouf et Alain-Gérard Slama
- 2 mars : Vivre et revivre, ou comment répéter la répétition sans se répéter. Camille Laurens n'est décidément pas une lumière mais elle a le vécu juste assez épais pour ne pas se planter entièrement face à un Frédéric Worms qu'on commence à bien connaitre, habitué de chez Enthoven puis de Adèle Van Reeth. Tous les trois traitent le sujet en philosophes quand bien même il n'y en a qu'un d'officiellement patenté dans le studio.
- 9 mars : La démocratie et l'autorité : il n'y a que des modérés dans le studio, résultat on débat de l'avenir de l'autorité, des formes neuves à inventer entre progressistes comme nous les sommes tous.

Et puis surtout je voulais signaler celui de samedi dernier le 16 mars, alors que je redoutais le pire pour traiter de la Théorie du genre, entendez que je redoutais un étripage mutuel entre un pro et une anti, pas du tout nous avons là un numéro d'une très bonne tenue. Sylviane Agacinski est secondée par Finkie pour garder les pieds sur terre, en face des ruses rhétoriques de Fassin qui commence la plupart de ses réponses par "levons un malentendu". Le malentendu étant d'origine sociologique, il ne faut pas trop s'étonner que Finkie n'y pige que couic. S'il y a des réactions dans le fil, je donnerai mon avis sur la question sinon je me le garde. Mais surtout là, il s'agissait vraiment d'un débat à front renversés, dont je retiens qu'il ne s'est pas fait à fleurets mouchetés parce qu'il n'y avait même pas de fleurets. Quel repos pour l'auditeur, et du repos sans vacance vous vous rendez compte ! Sans débruitage non plus ! (merci de noter que jemèsclame).

Encore une comme ça demain et ça nous fera dans Répliques tout un mois jour pour jour soit un pack de 5 émissions consécutives sans engueulade et sans verser non plus dans la bisounoursitude ma parole mais c'est le retour de l'âge d'or ??

Aujourd'hui encore une émission sans engueulade et passionnante sur la guerre de 14-18.
Ce serait une bonne idée d'en faire la première d'une série sur la culture allemande dont la très grande majorité des gens n'a aucune idée, d'une part parce que l'apprentissage de l'allemand est (était?) en grand déclin , d'autre part parce que , même chez les germanistes français, il y a peu d'intérêt pour la littérature d'avant 1914. Je ne parle pas des philosophes mais des écrivains.
J'en parle d'autant plus librement que je n'ai pas appris l'allemand au collège et que j'essaie d'en apprendre des bribes de temps à autre. Mais après avoir écouté Heinz Wismann dans Répliques, j'ai lu des livres tout à fait étonnants d'Adalbert Stifter cité par lui(dont "L'arrière saison", traduit très bizarrement, mais qui reste très instructif. Wismann n'en n'est pas le traducteur).Il serait intéressant d'écouter des commentateurs compétents sur l'oeuvre de cet auteur et sûrement de bien d'autres auteurs qui nous (me) sont inconnus.

L'émission d'aujourd'hui sur la guerre 14-18 m'a semblé trés étrange. Il est possible que cette étrangeté s'explique par la tautologie initiale de Michel Laval: les 35 premiers jours de la guerre correspondent aux 35 derniers jours de la vie de Charles Péguy !
Partie de cette phrase inaugurale digne du théatre de l'absurde, l'émission m'est apparue sans fil directeur. En fait je n'ai pas bien compris le thème de l'émission: Péguy, la guerre, les relations francos-allemandes, la notion d'honneur ?
Le mot absurde a été prononcé par l'historien Stéphane Audouin-Rouzeau pour qualifier la mort de Péguy. J'aurais bien ajouté "stupide" mais cela aurait chagriné les "romantiques" de la belle mort pour la France.
En guise de conclusion de l'émission, l'un de nos participants aurait pu citer la phrase ambigue d'Apollinaire: "Ah Dieu! Que la guerre est jolie".

Bonjour à tous,

Alain Finkielkraut invitait ce matin à à réfléchir sur Edward Hopper et sa légitimité.

Réunissant deux invités à la sensibilité différente, le débat était lancé. Après quelques échanges polis, argumentés et irréconciliables de la part de deux fins connaisseurs de l'art, l'un deux souligne alors qu'Edward Hopper devait nécessairement avoir quelque légitimité et talent puisque reconnu et plébiscité par autant de monde... Pas de réaction !

D'où ma question : Le nombre fonde t-il nécessairement la légitimité ? (Britney Spears est-elle une grande artiste ?)
De laquelle découle un argument plus provocant que j'aimerais posé à M. Finkielkraut - sur un sujet qu'il affectionne particulièrement : Le nazisme - plébiscité par une vaste majorité des Allemands et quelques années plus tard par les peuples de l'Europe conquise - avait-il raison ?

Merci de vos retours,
Nicolas

nico a écrit:
D'où ma question : Le nombre fonde t-il nécessairement la légitimité ?

C'est une question du type bac philo qui pourrait être reprise par les Nouveaux Chemins l'an prochain.
Autant ma réponse concernant l'art est un "Non"assez categorique, autant la problématique du nombre et donc de la majorité en démocratie me semblent plus complèxe.
Ayant regardé coup sur coup deux films français à trés grands succés "Intouchables" et "Les petits mouchoirs", je les ai trouvé vraiment nuls, même s'ils decrivent des personnages assez représentatifs de la sociéte actuelle, notamment dans une certaine "célébration" de l'inculture. Heureusement, je les ai vu chez moi, sans payer.
Sur la démocratie, outre le phénomene du nazisme, légalement issue d'élections démocratiques, il faut s'interroger sur les élections en Tunisie ou en Egypte et la légitimité du résultat. Sur ce point je suis vraiment trés partage car si l'on commence à remettre en question les résultats d'éléctions démocratiques, il sera alors impossible de définir cette "légitimité" du nombre. Et puis, finalement, même en France, le résultat du référendum de 2005 n'a pas été vraiment respecté.
Donc, globalement, ma réponse est non, le nombre ne fonde pas la légitimité.

Débat suréaliste et d'une grande pauvreté aujourd'hui sur l'Islam en France. Les deux invités n'étaient pas vraiment venus pour dialoguer mais pour nous assurer de la justesse de leurs thèses. Le fait que nos participants soient tous trois des personalités juives aurait de quoi inquiéter Renaud Camus mais c'était le seul aspect qui m'a semblé intéressant.
En tout cas, l'Ecole et l'Islam, c'est fait. On devrait retrouver des sujets plus neufs dans les semaines à venir, à Répliques.

C'était une émission pénible à écouter.  Askolovitch débat un peu à la manière d'Edwy Plenel, c 'est usant. Mais il m' a semblé aussi qu'Elisabeth Chemla n'avait pas grand chose d'intéressant à dire sur le sujet.