Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Page 16 (sur 42) de ce fil, post 151 Arbitrages - le Jeu 01 Mar 2012

Philaunet a écrit:(...) J'écoute "Répliques" depuis longtemps, enfin, j'ai longtemps écouté "Répliques". Je dois à Alain Finkielkraut la découverte de Jan Zabrana et du journal de ce dernier édité sous le titre "Toute une vie" (éd. Allia)  Demain est une autre nuit: la vie et l'oeuvre de Jan Zabrana (2006)
J'ai partagé l'enthousiasme superlatif de Finkielkraut à la lecture de ce mince ouvrage qui est vraiment à recommander. (...)

La suite du commentaire donnait un point de vue sur les obsessions d'Alain Finkielkraut. Mais je recommande surtout le post qui suit, le n°152 qui cernait bien le style du producteur et la nature de son émission, cela vaut encore pour aujourd'hui. Toujours à la suite, des auditeurs-contributeurs témoignaient de leur enthousiasme pour un numéro de Répliques sur Camus.

Aussi me semble faire partie de la même reconnaissance ce que Pollux écrit ce 08 juin dans le fil L'ânerie du jour, tout en jugeant que le numéro cité relève plutôt de l'exception :

Pollux a écrit: (...)- FKT - Répliques : l'émission avec Lucchini sur La Fontaine (il y a quelques années) : FKT essaie d'abord de faire jeu égal avec Lucchini, y renonce rapidement, l'écoute et le relance pour montrer qu'il suit... Lucchini ne commente pas les fables, il se contente de mettre la poésie en exposition.

On peut être agacé parfois par Lucchini (...)  mais (...) l'animateur met en valeur ce que l'invité a d'original à offrir, très stimulant, sublime (au sens du Classicisme) ou surprenant.

« Il y a quelques années », c'était en 2011, ici : Les Fables de la Fontaine

Sur France Culture il y a des mots qui usent la patience de l'auditeur : ouvrez votre radio en cours de journée, quelle que soit l'heure. Certains mots reviennent de façon tellement obsessionnelle qu'avant même de reconnaitre l'ambiance sonore de la maison, vous savez que vous êtes bien sur France Culture.
Identité
Altérité
Diversité
Sur France culture on les trouvera mis à toutes les sauces et cela quel que soit le plat : société, histoire, littérature, arts, sciences (pas un seul numéro de Deligeorges sans diversité).

Ce matin ça n'a pas loupé : vers 9h10, après 30 secondes de Répliques, Bingo ! Identité sort, immédiatement suivi de "déporté. Ca manquait. France Culture c'est pas Radio-Mille-Collines, c'est plutôt Radio-Génocide. Ce matin une fois de plus. Et contrairement à ce qui est reproché dans d'autres pages de ce forum, on tartine interminablement non seulement sur la shoah, mais sur le génocide arménien.

Enfin, interminablement je n'en sais rien. A 9h16 je sais que c'est la Nième version d'un exercice usé depuis longtemps.
Donc je coupe !

Nessie a écrit:
A 9h16 je sais que c'est la Nième version d'un exercice usé depuis longtemps.
Donc je coupe !

Cela prouve que l'idée de "producteurs tournants" (hebdomadaires plutôt que quotidiens) n'est pas en soi LA solution. L'usure intervient aussi après 30 ans, et j'imagine que FKT qui a d'autres activités (des livres, et quelques cours ici ou là, et maintenant le dictionnaire...) n'a plus le temps ni la jeunesse d'esprit pour imaginer d'autres thèmes.

Pour mémoire, le dernier Répliques consacré aux génocides ne datait que du 9 mai, exclusivement shoah.

Vous voulez dire "producteurs titulaires", plutôt ?
On a pris l'habitude d'appeler "tournants" les intermittents qui intervenaient à rythme très variable (de 20 ou 30 émissions l'an pour certains à quelques unes ou même une seule pour d'autres) dans diverses cases de la grille, mais sur des projets parfois distribués en réunion, à la criée ou presque. C'est qu'il y avait aussi à l'époque figurez-vous un "bureau des projets" qui se nourrisait entre autres des suggestions d'auditeurs... Il faut dire aussi que cette organisation était adéquate à la préférence pour le documentaire, or du documentaire on sait ce qu'il advint.

D'ailleurs, le pire est que Jeanneney en tant que directeur de Radio France, dès 1986 avait prévu que la titularisation serait une erreur. Ainsi dans son livre "Echec à Panurge", on lit page 43  : "Le vrai risque vient de l'extension de la garantie de l'emploi aux collaborateurs - directement liés à l'antenne -producteurs et animateurs notamment. [...] L'audiovisuel, de par l'évolution des goûts et la nature même du média, exige des souplesses, des renouvellements d'inspirations qui sont intrinsèques à toute activité artistique."

Et c'est précisément l'erreur qui a été faite en septembre 99 sous prétexte de verser "un salaire décent" au producteurs responsables d'une case fixe.Mais à quelques uns seulement, et en se séparant alors de plus de la moitié d'entre eux qui se satisfaisaient très bien de faire une dizaine d'émissions l'an. Et, au fait ? Lesquels on a gardés ? Devinez, devinez.... (ma réponse : les copains et les encartés)

"Diversité", qu'ils disent ....
Tout en réduisant le personnel des deux tiers, et 15 ans après on parle encore de le réduire parce qu'une fois passé à la titularisation, le seul moyen de réduire la masse salariale sera d'en virer quelques uns. Alors que le contrat au cachet (horreur ! précaritééééé ! jeumesclame !! ) était à la fois moins onéreux et de meilleure diversité.

Soit c'est du mensonge délibéré, soit c'est de l'inconscience.

Nessie a écrit:Vous voulez dire "producteurs titulaires", plutôt ?  (...)

Vous m'y faites penser, et pour pousser l'idée jusqu'au bout, un schéma de radio peut-être intéressant serait de supprimer toute "case", donc tout producteur titulaire ou permanent.

Un radio qui  tous les jours surprendrait ses auditeurs, par des thèmes inattendus ?

Cela aurait aussi l'avantage (je pense très considérable) de libérer les émissions du carcan d'un format de durée (30 mn ou 60 mn). Il me semble que "dans les temps anciens"  (je veux dire du temps de notre jeunesse), les émissions duraient aussi bien 1h40 si le sujet le demandait ?

Mais je vous parle d'un temps où FC ne s'appelait pas encore France-Culture ?

Philaunet a écrit:

Un France Culture comme on l'aime avec un Finkielkraut en pleine forme en compagnie de Pierre Boncenne, journaliste et écrivain français et de François Sureau, avocat : Simon Leys éducateur.

Une écoute partielle (20 minutes) permet de dire que nous avons là un numéro mémorable de Répliques.  Plusieurs propos de François Sureau méritent citation.

Nous avions déjà parlé de l'émission Pierre Ryckmans (Simon Leys) pour l'Esprit public de Philippe Meyer, début janvier 2015,  posts 162 et 163.

À suivre (avec citations).

Simon Leys est un auteur intéressant, sinophile plus que sinologue. Il est nettement plus profond dans ses écrits sur la peinture (Ryckmans). Mais prendre un auteur intéressant comme thème ne suffit pas à faire une bonne émission, comme le démontre ce Répliques.

J'étais en classe préparatoire à Henri IV en 1971 avec P. Boncenne (qui indique ce passage en ouverture d'émission, qu'il considère donc comme fondateur). Considérer qu'à 20 ans, sur la montagne Ste Geneviève, on dit quelque chose de sérieux en s'affirmant maoïste, est idiot. A cet âge, alors qu'on ignore la Chine, les chinois, qu'on est enfant de la bonne société parisienne, lorsqu'on utilise le mot "maoïste", on dit n'importe quoi, on ne parle que de soi-même, de ses révoltes, de sa générosité etc... mais on n'est ni sérieux ni crédible sur la Chine, cela n'a aucun intérêt, j'en témoigne ; c'est seulement naturel, il faut que jeunesse se passe.

Et c'est là la problème de cette émission : FKT prend au sérieux ce qui n'est qu'affectation estudiantine. S'il se contentait d'évoquer la position de Leys, passe encore. Mais penser qu'à 20 ans on dit quelque chose de significatif sur le maoïsme depuis HIV est idiot, cela ne mérite même pas d'être confronté aux réflexions de Leys comme "éducateur".

Mais FKT n'a visiblement rien à dire sur la Chine de plus qu'à 20 ans sur ce sujet. Ce qui est grave, c'est qu'à 70 ans il donne encore de l'importance à la "bêtise transcendantale" de ses 20 ans selon le mot de Leys (je crois). Il aurait plutôt fallu réfléchir non pas depuis la bibliothèque Ste Geneviève, mais avec Leys et d'autres, depuis la Chine sur "qu'est-ce qu'être chinois dans les années 60 ?", "qu'est-ce qu'être maoïste pour un chinois de 20 ans en 66 ?" etc... bref y réfléchir de l'intérieur.

Comme d'habitude, FKT nous sort ses très-belles-phrases, ses faits divers très choquants érigés en vérités ultimes. Il doit avoir une équipe d'assistants chargés de chercher, sur Internet, des phrases et des fait divers pour chaque émission.

Vous pourriez débarbouiller Finkielkraut sans le calomnier, vous savez....

Ah moins que tout simplement, écrire sans calomnier ne soit pas de vos compétences ?

Oui, Pollux, pourquoi calomnier?
Votre analyse du maoïsme de 1968 est très pertinente et FKT se méprend en partie, certes.
Le problème, voyez-vous, c'est que, si 1968 advenait de nos jours, France-Culture, dont les producteurs et journalistes n'ont plus 20 ans passeraient leur à trouver que c'est formidable, ces jeunes.On entendrait des micro-trottoirs d'étudiants lançant n'importe quelle idiotie qui serait du pain-bénit pour notre Amélie Perier et Cie
Je vous trouve curieux:vous avez souvent des analyses très intelligentes ,mais je pense que vous êtes provocateur ou alors, c'est plus embêtant.
Car, j'ai du mal à comprendre que vous ne voyiez pas à quel point nous sommes abrutis à longueur de temps par la propagande sur la "catastrophe humanitaire" qui se passe en Grèce.Quand on sait comment vivent certains pays d'Europe de l'Est ou des pays comme l'Erythrée, le Soudan, le Mali,c'est révoltant d'entendre parler des pauvres grecs.Quand j'entends parler du  tiers des grecs en dessous du "seuil de pauvreté", j'ai envie de crier à l'imposture.Ce seuil de pauvreté ne veut rien dire puisqu'on le base sur de seuls revenus connus.Comment comparer , à revenu égal, quelqu'un propriétaire d'un appartement ou d'une maison(avec jardin où il cueillera  des fruits, etc) et un locataire sans famille, etc .Les situations sont si multiples.
Cette propagande, c'est la même qu'avant la guerre de 14 contre les Boches(pour nous français), c'est la propagande pendant le régime de Pétain, etc
Cela ne veut pas dire que, personnellement, j'approuve les décisions de la Commission de Bruxelles, je ne suis pas assez compétente pour en juger.

antonia a écrit:Oui, Pollux, pourquoi calomnier?
(...)
Car, j'ai du mal à comprendre que vous ne voyiez pas à quel point nous sommes abrutis à longueur de temps par la propagande sur la "catastrophe humanitaire" qui se passe en Grèce.
(...)

Je ne pense pas avoir calomnié FKT. Pour être plus précis, si c'est cette expression qui vous a choquée, la "bêtise transcendantale" était bien entendu aussi la mienne, celle de mes 20 ans en 71 à Henri IV.

Je suis parfois provocateur, parce que je n'accorde de valeur qu'à très peu d'idées. Et que ce n'est que le débat, le choc d'une idée hors des sentiers battus, qui me réveille et me rend moins bête. C'est mon point de vue depuis disons depuis mes 50 ans. Mais en 71, j'avais des idées... comme n'importe quel jeune étudiant.

Sur la Grèce par exemple, le débat qui a eu lieu hier à 18h était beaucoup plus intéressant, instructif, parce que des opinions diverses s'y exprimaient, que le consensus mou et de bonne société qui régnait dimanche dans l'"Esprit Public"  sur le même sujet : ne trouvez-vous pas ? Dans toutes les situations humaines, il n'y a pas de vérité, mais seulement des points de vue. A quoi sert d'écouter seulement des gens qui ont le même point de vue que vous ?

Pollux, la calomnie ne concerne que la dernière phrase au sujet de l'équipe d'assistants.Ce n'est pas impossible qu'il ait une telle équipe mais on le connait trop pour savoir que c'est improbable!
Sur la Grèce, il y a des gens qui sont capables de nous informer avec précision, de circuler dans le pays, d'interroger des gens de toute condition, des intellectuels de tous bords pouvant analyser la situation;C'est cela dont nous avons besoin.Et non de clichés répétés à l'envi.