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Répliques, Alain Finkielkraut    Page 22 sur 67

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Gomez 


211
Répondre en citant  
Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mar 13 Nov 2012, 19:17

L’émission de samedi dernier, consacrée au thème du "village français" du début du vingt-et-unième siècle, était particulièrement intéressante, moins en raison de la pertinence sociologique ou géographique des propos souvent proches de la caricature (et ce malgré les timides nuances de Jean-Pierre Le Goff), que parce qu’elle met en lumière - de manière très crue - une tendance inquiétante de la société française : ce qu’on pourrait appeler la « concurrence des victimes », pour reprendre l’expression de Jean-Michel Chaumont (il étudiait pour sa part les groupes victimes de génocides ou de tragédies comparables). C’est l’idée qu’il y aurait en France de vrais pauvres et des pauvres moins authentiques, de bons pauvres et de moins bons pauvres, des pauvres plus lésés que d’autres, plus méprisés que d’autres. Des pauvres qui attirent moins la lumière, parce qu’elle est détournée par d’autres pauvres, qui le méritent peut-être moins. La plupart du temps, c’est cela qui est suggéré aujourd’hui par de nombreux penseurs et hommes politiques. L’intérêt de l’émission, c’est que le discours est ici plus débridé.

L’autre intérêt de ce numéro de Répliques, c’est que le tableau que les trois intellectuels (un sociologue, un écrivain, un philosophe) font des espaces ruraux victimes du modernisme fait bien souvent penser, mais de manière renversée, à celui que d’autres intellectuels, pétris d’aussi bonnes intentions, ont depuis longtemps dressé des quartiers sensibles (à ceci près que, même si la souffrance semble à entendre l’émission plus forte et la situation plus critique dans les campagnes françaises, aucun des deux invités, qui vivent ou ont vécu « au village », n’irait sans doute habiter une semaine à la Grande Borne).

En vrac, et à côté des différences évidentes (pauvreté diffuse / pauvreté concentrée, origine des habitants, cadre de vie) en voici quelques traits, dont le parallélisme avec ceux que l’on trouve dans certains discours sur les banlieue me semble frappant :
- Éloge de l’authenticité du populaire, face à l’inauthenticité des classes moyennes ou supérieures, surtout les classes cultivées, en encore plus urbaines : les cultureux, par exemple, cristallisent toutes les haines, ou les socialistes (et les socialistes cultureux, bien entendu).
- Valorisation du bon sens, de la franchise, de la rudesse (avec sa part de violence, mais une violence « honnête », légitime) opposés au ricanement, à l’ironie, à la distance des urbains mondialisés. En banlieue les traits mis en avant seraient sans doute l’énergie, la spontanéité, opposés aus mêmes tares des habitants des centre-villes. C’est la vieille opposition virilité / féminité qu’on entend aussi, reformulée. (Quand on s’aventure sur l’esprit communautaire, Finkielkraut et le Goff émettent cependant quelques doutes, rappelant que l’air de la ville et la liberté qu’il procure n’est pas si mauvais).
- Tout cela donne lieu à une concurrence médiatique : les uns ont TF1 (et plus précisément le journal de Pernaud, assurent les trois intervenants) les autres Canal + (Groland, même si l’audience est nettement moindre).
- Indulgence des deux invités, et de Finkielkraut, envers les débordements sous toutes leurs formes (excès de vitesse, vote FN, voire violence), indulgence informée par la compréhension de la souffrance profonde et incompréhensible, pour qui ne la vit pas (sauf les trois intervenants) que ressentent ces populations.
- Plus généralement : demande de règles particulières, au nom d’une « culture locale », elle-même particulière et irréductible, rejet donc des règles imposées d’en haut (même si ce rejet s’accompagne paradoxalement d’un discours dit « républicain », quand il le faut). Au cours de l’émission ces règles injustes ont été illustrées par le contrôle technique et la trop grande intolérance aux excès de vitesse (la haine des radars, motif d’une future jacquerie, voir plus bas).
- Rejet des nouveaux arrivants, sauf s’ils se plient à cette culture locale (il vaut mieux alors, conseille l’écrivain, taire par exemple ses opinions sur la chasse, de même que dans certains quartiers il vaut mieux se montrer tolérant sur certaines pratiques). Le mot « collabos » est même employé pour qualifier les soixante-huitards de la dernière heure, arrivés dans les années 80, agents infiltrés qui ont fait perdre aux petits villages leur authenticité.
- L’image apparait ainsi d’un territoire, comme « hors » du territoire de la république, trop homogénéisante, qui doit être défendu contre cet extérieur délétère.
- Menace que fait en particulier peser la mondialisation sur l’identité locale. Ici il s’agit moins d’ailleurs de mettre en cause de grands groupes marchands comme Mc Do ou Carrefour, ou même des comportements (comme la course à la maison individuelle) qui pourtant défigurent objectivement le paysage, que de dénoncer l’idéologie de l’ouverture, le libéralisme culturel et il s’agit moins aussi, bien entendu de défendre des coutumes étrangères qu’un mode de vie « français » marqué par le christianisme.
- Tout cela débouche sur la revendication de la plus grande souffrance, elle-même démultipliée par le sentiment de ne pas être entendu (il est vrai que la banlieue a au moins ses intermédiaires culturels : cette idée de la souffrance incomprise se retrouve souvent dans les chansons de rap…).
- Pour finir sur une note sinistre : menace sourde que ces population font peser et pourraient mettre à exécution si cette souffrance n’était pas écoutée: la colère gronde et que la révolte va éclater bientôt si rien n’est fait.

Ce portrait des classes populaires rurales, comme certains portraits laudatifs des classes populaires urbaines, fait parfois songer à celui du « bon sauvage » du siècle des Lumières (et plus tard lors de la colonisation). Il est en tout cas mobilisé avec la même bienveillance et au fond avec les mêmes préjugés (qui ont d’autant peu de barrières ici qu’il y a unanimité lors de l’émission) par nos trois penseurs. Malgré les différences, on peut voir derrière au moins un but comparable : mettre en cause la pointe avancée de la modernité (l’Europe civilisée hier/ les métropoles mondialisées aujourd’hui) en décrivant un espaces et des mœurs tout droits sortis, pour leur malheur, d’un âge d’or (îles exotiques hier /les petits villages aujourd’hui). On reconnaît aussi la vieille opposition Paris / Province.

Quelques bouquins que je conseille pour prolonger :
L’excellent livre de Jean-Michel Chaumont, La concurrence des victimes, La Découverte, 1997
Un éclairage historique : Bernard Marchant, Les ennemis de Paris, la haine de la grande ville des Lumières à nos jours, Presse universitaire de Rennes.

Et j’oubliais : L’émission de samedi : http://www.franceculture.fr/emission-repliques-villages-de-france-2012-11-10

Alain Machefert 


212
Répondre en citant  
Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mer 14 Nov 2012, 18:45

A l’analyse très fine de Gomez, j’aimerais ajouter quelques réflexions.

1. La "victimisation". L’approche "victimaire" du livre de Christian Combaz me semble déjà inscrite dans le sous-titre : "à l'écoute de la France qu'on n'entend pas." Pourquoi faudrait-il être entendu et par qui ? On peut très bien exister sans devoir passer par le filtre médiatique de TF1 ou Canal Plus. On entend beaucoup moins parler de la Suisse que de l’Irak mais je pense que les Suisses ne s’en plaignent pas. Tant qu’à entendre un "taiseux" !!!

2. A l’opposition TF1/Canal Plus, j’ajouterais celui entendu au Répliques du 7 Juillet avec Robert Redeker, cyclisme/foot, le cyclisme sensé plus représentatif de ceux qu’on n'entend pas (plus Européens de souche dixit Redeker).

3. Réflexion plus personnelle : j’ai bien connu le monde des villages dans ma jeunesse des années 1950-1960 et je peux dire que ce n’était pas le paradis : commérages, conflits entre paysans, étroitesse d’esprit (« L’homme sur la lune, Olé pas vrai ») ou rejet de "l‘étranger" (représenté par le citadin de la ville distante de 10 kilomètres) étaient assez répandus.

4. L’émission était quand même de bonne tenue, vû le sujet. On voit très bien comment ce sujet aurait été traité sur d’autres medias. Merci à Répliques, donc.

Henry Faÿ 


213
Répondre en citant  
les villages ne sont pas ce qu'ils étaient - Dim 18 Nov 2012, 09:08

Répliques, Alain Finkielkraut - Page 22 Intouchables-US-qui-pour-le-role-d-Omar-Sy_rubrique_article_une

Les villages, les villages qui ne sont plus ce qu’ils étaient… Christian Combaz Jean-Pierre Le Goff en ont parlé sous la houlette d’Alain Finkielkraut dans l'émission Répliques du 10 novembredernier. Emission moyenne, moyenne, moyenne. Rien de faux dans ce qui a été dit mais des choses plutôt connues. On était dans une ronchonnerie ordinaire qui ne se distinguait pas beaucoup de ce qu’on entend sur radio-courtoisie. En fait, c’était du Finkielkraut pur sucre. Hélas, c’est vrai qu’on a détruit des paysages et des forêts, c’est vrai qu’une civilisation rurale a été engloutie, très brutalement en quelques décennies. C’était dit il y a longtemps et beaucoup mieux dans la chanson de Jean Ferrat :

Ils quittent un à un le pays
Pour s´en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n´était pas original
Quand ils s´essuyaient machinal
D´un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s´imaginer
En voyant un vol d´hirondelles
Que l´automne vient d´arriver?

Ça commençait par une déploration de ces braves gens qui n’en peuvent plus parce qu’ils se font verbaliser pour excès de vitesse. Quelle histoire ! Ils n’ont qu’à respecter les vitesses réglementaires, est-ce trop leur demander ? La sécurité routière en dépend.

Ils discutent le point de savoir si la civilisation rurale été détruite ou recouverte. Ils disent l’étonnement des villageois de voir un Américain se mettre à faire de l’ethnologie chez eux. Ils ont parlé d'une sorte de Kulturkampf des campagnes, les cultureux contre les bouseux. Ils ont pas mal brocardé ces cultureux, des urbains qui selon eux ont pris le pouvoir pour apporter à ces attardés des champs les lumières de la civilisation et qui font financer cette tâche du plus grand intérêt général sur fonds publics, ceux-ci, d'ailleurs ne vont pas tarder à manquer. Ils ont dit qu’ils n’en avaient que pour les pays situés à l’autre bout du monde. Ça les énerve, ça énerve les intéressés et ça énerve Finkielkraut, et pas qu'un peu, mais quand il est question d'une animatrice qui initie les enfants aux mandalas tibétains, il a l’air de trouver ça fort intéressant, c’est bien, dit-il, de ne pas oublier le Tibet. Quoi qu’il en soit, est-ce bien raisonnable de s’insurger contre les initiatives d’ouverture à des pays lointains? Et après ça on dira que les Français sont renfermés sur l’hexagone.

Cette émission était un vrai fourre-tout. Ils ont critiqué l’éducation qui prône le « métissage obligatoire ». C'est vrai, ça? Ils se sont désolés que l’éducation soit en concurrence avec d’autres canaux, comme la BD, le thème est bien connu et qu’elle véhiculât des conceptions très éloignées des vieilles notions judéo-chrétiennes, des conceptions qui s’apparentent, mais ils ne l’ont pas dit, à un bouddhisme revu par le new-age, des trucs du genre il faut être bien dans sa tête et dans son corps, nous sommes les éléments d’un grand tout. Cela va contre les dogmes judéo-chrétiens mais aussi contre le bon vieil athéisme de nos libres penseurs. Et ils se sont fait un malin plaisir à évoquer quelques moqueries bien senties de Philippe Murray.

Il y en a un qui a dit que la résistance à tous ces bouleversements devait se trouver dans le succès du film les choristes. On vote contre cette modernité peu avenante en allant voir en masse les choristes. Il aurait fallu expliquer et développer. Et ils ont évoqué, mais trop brièvement le succès phénoménal du film intouchables. C’est un film qui énerve beaucoup Alain Finkielkraut, il y revient de temps en temps. Si le sens de ce film, c’est que pour faire un blanc, il faut un grand noir, c’est, selon eux suspect moralement mais Finkielkraut a voulu y voir une « autre perception du handicap », ça c’est bien, pour ajouter que si c’était pour montrer un pays exsangue régénéré par un noir vigoureux et malin, ce n’était pas d’une extrême finesse, (et pas bien). Pas d’une extrême finesse, peut-être, mais c’est la réalité. Sans les maçons maliens qui s’agglutinent autour des agences d’intérim, serions-nous capables, chers amis, de construire une seule maison en France ? J’aurais bien voulu que la discussion sur intouchable fût un peu plus approfondie.

L’un d’entre eux a évoqué le succès du téléfilm sur l’affaire Dominici, que la France a plébiscité. Et puis les films de Jacques Tati, jour de fête en particulier.

Nostalgie, nostalgie, mais qui a dit que la nostalgie n’était pas féconde ? Les Russes ont bien reconstruit la cathédrale Saint Sauveur, détruite par Staline et remplacée par une piscine. Dans une autre émission d’Alain Finkielkrautsur la Russie, Alain Besançon avait vigoureusement critiqué cette construction très mal faite et complètement bâclée. Cet éloge de la nostalgie Répliques, Alain Finkielkraut - Page 22 0035m’a beaucoup plu.


Henry Faÿ 


214
Répondre en citant  
Richard Millet, l'homme qui déteste le multiculturalisme - Dim 18 Nov 2012, 23:46

Répliques, Alain Finkielkraut - Page 22 4374508

Emission du 17 novembre sur Richard Millet sous le titre « à quoi rime l’éloge littéraire d’Anders Breivik ? », avec Richard Millet et Michel Crépu rédacteur en chef de l’antique et respectable revue des deux mondes. Rappelons que Richard Millet avait fait un vrai faux scandale en écrivant un « éloge littéraire de Breivik », le cinglé qui en juillet dernier a assassiné des dizaines de jeunes membres du parti socialiste norvégien pour protester contre le multiculturalisme.

Richard Millet, personnage prétentieux, arrogant, ombrageux, très cassant avait déjà été l’invité d’Alain Finkielkraut. Il avait dit « quand je suis dans un wagon de métro, je vois tous ces noirs, que je me sens mal à l’aise, je n’ai rien à leur dire ». J’avais trouvé ça bizarre comme idée, moi, je me dis, si j’avais un peu plus de temps, j’aurais beaucoup à leur dire et ils auraient beaucoup à me dire.

Face au scandale suscité par son livre, ou plutôt par le titre provocateur de son livre, Richard Millet joue les outragés. On n’a rien compris à ce qu’il voulait dire, comme s’il n’avait pas fait une provoc plus grosse que lui. Faut pas confondre éloge et éloge littéraire, dit-il. Et puis c’est ironique. Je croyais qu’en France on savait comprendre l’ironie. On est tenté de lui répondre, et c’est ce que Michel Crépu a fait, que sur un tel sujet, on n’est pas très tenté de faire de l’humour.

Voici comment Richard présente les choses : il y avait dans l’acte du cinglé une perfection formelle ( !!!) donc qui avait une dimension littéraire.( !!!) L’acte criminel de Breivik, c’est une écriture au fusil d’assaut. Il va finir par recevoir un prix littéraire. Admirez le "donc", chef d'oeuvre de logique milletienne. Si vous ne me croyez pas, réécoutez l’émission qui est en ligne pour mille jours moins une semaine . Plus tordu, tu meurs! La littérature, ça se fait avec une plume, un stylo, une machine à écrire ou un ordinateur. Le terrorisme, ça se fait avec des bombes ou des fusils automatiques, il y a peu de risques de confusion. Je trouve ce raisonnement à peu près aussi fou que l’acte de Breivik. Il dit que Breivik est un écrivain par défaut. Moi, il me semble qu’à ce compte-là, tout le monde est un écrivain par défaut.

Michel Crépu, trop conciliant ne dit pas que c’est complètement délirant, il a la gentillesse de dire que c’est incompréhensible. Il dénonce la provoc et dit que de ce point de vue, la réussite a dû lui donner un grand contentement. Il a tous les antifascistes à ses trousses, quel triomphe ! On est entré dans son jeu, on n’aurait pas dû.

Et Richard Millet, un peu piteusement explique que la littérature a à voir avec la pulsion de mort, Sade, etc. Une banalité. Mais la question n’est pas là, lui rétorque Michel Crépu, la question, c’est de savoir si un acte criminel peut être assimilé à de la littérature. Ça me fait penser à ce qu’avait dit André Breton, que la plus belle œuvre d’art, ça serait de sortir de chez soi avec un fusil et de descendre la première personne rencontrée.

Richard Millet dit qu’il pose cette équation pour la dénoncer, il a bien l’air de se contredire. L’acte de Breivik, c’est la négation de cette négation. Bien compliqué. L’art de chercher midi à quatorze heures et de couper en quinze les cheveux dans le sens de la longueur !

Richard Millet s’en prend à « ces petits bourgeois métissés incultes socio-démocrates ». Tel est l’objet de sa détestation. J’estime qu’un petit bourgeois métissé social-démocrate n’est pas forcément inculte et qu’il peut, et même qu’il a de bonnes chances d’être quelqu’un de très bien.

Alain Finkielkraut lui dit qu’il faut s’abstenir de conceptualiser, on pourrait dire plus simplement généraliser. Ce qui est triste, c’est qu’il a l’air d’être assez d’accord avec cette stigmatisation des petit bourgeois métissés socio-démocrates incultes. Il va jusqu’à lui dire : « votre diagnostic est juste ».

Richard Millet dit qu’il déteste les nihilistes multiculturels. Pour ce qui est du nihilisme, il se pose là et j’aurais aimé lui demander si les nihilistes monoculturels valent beaucoup mieux.

Richard Millet dit que sa parole, comme celle de Renaud Camus, son pote et celui d'Alain Finkielkraut est inaudible, irrecevable pour la majorité des gens. Encore heureux ! De toutes façons il ne fait rien pour être audible, il fait tout pour qu'on le rejette dans les ténèbres extérieures. Il dit qu'il a l’intention de s’éloigner, de se retirer sur son Aventin. Qu’il le fasse ! On ne le retient pas. Mais Michel Crépu affecte de le prendre très au sérieux : « votre choix est métaphysique ». Mais vous avez tort de penser qu’on est en décadence.

Richard Millet dit que l’enseignement est un naufrage absolu, que les rouages de transmission se sont effondrés. Michel Crépu refuse l’idée que la littérature est à l’abandon, il cite comme grand écrivain un certain Jean Rolin qui a écrit sur un voyage sur le Fleuve Niger. Richard Millet approuve ce choix et dit que les grands écrivains ne sont que des exceptions. Mais bien entendu, ça va de soi, les grands écrivains seront toujours des exceptions, l’important, c’est que ces exceptions existent, il en faut très peu pour que la cause de la littérature soit gagnée.

Richard Millet dit son adhésion à la thèse de Renaud Camus du grand remplacement, qui postule que dans quelque temps, il n’y aurait plus de blancs en France et en Europe, plus que des noirs, des arabes et des asiatiques. Finkielkraut dit que jamais il n’emploierait cette formule mais comme pour corriger son propos, il se met, pour contredire Annie Ernaux à raconter ses horribles histoires de blancs persécutés par des musulmans. Ces tristes incidents sont-ils significatifs ? Je me dis que des histoires pareilles, si on les cherche, on les trouve. Il n’y a qu’à faire un tour dans le Palais de Justice, on n’y verra que des histoires absolument lamentables autant qu’on voudra.

Alain Finkielkraut demande à Richard Millet pourquoi il est si hostile à l’Amérique, pays du métissage généralisé, nonobstant pays qui fait preuve d’une énergie, d’une créativité prodigieuses. Richard Millet se défend de ne pas aimer l’Amérique, il dit que ce qu’il conteste, c’est la sous-culture américaine. Pour Richard Millet, l’Amérique est « le lieu de la transaction négative entre l’émigration et l’indigène qui ne peut plus ou ne veut plus être lui-même ». Admirez la clarté et la pertinence du propos. Où donc a-t-il vu que les Américains blancs, qui ne sont pas les vrais indigènes du pays, ne pouvaient ou ne voulaient plus être eux-mêmes ?

Pour bien montrer qu’il aime l’Amérique, et peut-être pour faire plaisir à Alain Finkielkraut qui l’a invité récemment, Richard Millet cite l’historien Timothy Snyder qui dans la bibliothèque de Yale a trouvé le matériau pour écrire le livre le plus important qu’on ait écrit depuis dix ans sur l’histoire de l’Europe, Terres de sang . Richard Millet dit qu’il aime la musique américaine, John Adams (entre parenthèse un homme de gauche très multiculturaliste, c’est lui qui a composé Nixon in China qui présente la Chine Communiste sous un jour très favorable) Eliott Carter et… le jazz. Ça alors ! Le jazz, la musique la plus multiculturaliste qui soit dans son essence, le jazz, c’est le croisement entre la musique africaine et de la musique classique européenne. Le jazz, c’est la musique des noirs, adoptée par les blancs, jouée par les blancs et les noirs. Le jazz, c’est la preuve que les métissages dans l’art peuvent être prodigieusement féconds.

Michel Crépu et Alain Finkielkraut ont quand même manqué l’occasion de poser la question qui tue : comment se fait-il que le pays le moins décadent qui soit, le plus énergique et le plus créatif (ils n’ont pas parlé des prix Nobel et des universités) soit celui qui pratique Répliques, Alain Finkielkraut - Page 22 0035le multiculturalisme à la plus grande échelle ?





Alain Machefert 


215
Répondre en citant  
Rechute - Dim 02 Déc 2012, 06:03

Je pensais vraiment qu'Alain Finkelkraut avait fait de gros progrés lors de ces derniers mois dans une approche plus fine, plus réfléchie, plus à l'écoute de l'Autre. Et puis, sans doute sous le coup de l'émotion, sur un sujet somme toute assez anodin par rapport aux problêmes du monde, la corrida, il nous ressort une phrase terrible: "Les nazis n'allaient pas à la corrida, ils allaient à l'Opéra." Affligeant.

Alain Machefert 


216
Répondre en citant  
Richard Millet - Dim 02 Déc 2012, 06:19

Une seule chose à ajouter au commentaire de Henry Faye: si seulement Richard Millet pouvait "retourner à la forêt", comme il dit ! Mais j'en doute.

Serge Uleski 

Serge Uleski

217
Répondre en citant  
Quand Finkielkraut reçoit Richard Millet - Mar 04 Déc 2012, 14:32



...et n'a qu'un seul reproche à faire à l'auteur de Éloge littéraire d’Anders Breivik (1) :


« Cher Richard Millet, avec cet Eloge... vous n'avez pas fait oeuvre de littérature car la littérature c'est l'exception et non la règle... »


Comprenez : « Monsieur Millet, vous n'avez pas su nous dire s'il y avait un ado à sauver ce jour-là, lequel et pourquoi, parmi tous ceux qui se trouvaient sur cette île ! »

En opposition à Millet, un dénommé Michel Crépu aussi incisif qu'une lame émoussée et rouillée.


Pour faire court et traiter l'ouvrage de Millet sur le fond, voici ce que ce texte tente de nous dire à mots à peine couverts : "Que ces 74 ados assassinés vivent ou meurent cela n'avait aucune espèce d'importance. Se trouvaient réunis ce jour-là sur cette île, des jeunes incultes et livrés au multiculturalisme et à la culture américaine. Aussi, avec ces assassinats, l'humanité n'a rien perdu. Bien au contraire : on s'est débarrassés d'une bande de jeunes cons qui méritaient à peine de vivre."

On peut imaginer quel aurait été le tollé si, à propos des trois enfants juifs victimes de Mohammed Merah, un éloge semblable avait été publié : "Qu'importe la mort de ces trois enfants juifs ! Endoctrinés dès leur naissance, ces enfants une fois ados, et plus tard, adultes, auraient pris fait et cause pour cette idéologie raciste et diabolique et qui nous pourrit la vie qu'est le sionisme ! Ce jour-là, avec la mort de ces enfants, l'humanité n'a rien perdu. Bien au contraire : elle s'est débarrassée de trois gamins qui ne méritaient pas de vivre".

Qui aurait édité un tel ouvrage et qui, dans les médias, aurait reçu son auteur ?

Personne, bien évidemment.


Vraiment Finkielkraut et Millet et quelques autres avec eux (Camus, Levy...) ne se refusent plus rien ! Tout leur est permis contre les Musulmans et la gauche hors PS - avec pour nouvelle cible aujourd'hui, une jeunesse militante et humaniste (2) -, et ce avec la complicité des médias en général et du service public en particulier ; et pour leur faire face, aucuns contradicteurs à la hauteur de l'outrage.


______________


1 - Rappel des faits : Oslo, 15h20, le 22 juillet. Une bombe explose, faisant au moins sept morts et de nombreux blessés. Ile d'Utoya, 16h50. Un individu ouvre le feu sur des personnes qui participent à l'université d'été des jeunes du parti travailliste norvégien. Le bilan de la tuerie est de 77 morts et de nombreux blessés.

Quant à l'ouvrage de Millet, sorti voilà quelques semaines déjà, une fois la fièvre retombée, Finkielkraut essaie manifestement de nous "en glisser une" en douce, pour mieux continuer d'avancer ses pions et poursuivre sournoisement son travail de sape contre notre cohésion nationale.


2 -Un peu à l'image de cette jeunesse réunie sur cette île ce jour-là, militants d'un parti travailliste norvégien, soit dit en passant, ouvertement opposé à la politique d'Israël. Précision importante puisque c'est bien ce qui décidera Finkielkraut (Israël qu'il soutient bec et ongles et le multiculturalisme qu'il exècre surtout lorsqu'il implique des Musulmans) à s'intéresser à la publication de Richard Millet.




Dernière édition par Serge Uleski le Mer 05 Déc 2012, 13:10, édité 1 fois

http://sergeuleski.blogs.nouvelobs.com

Yann Sancatorze 

Yann Sancatorze

218
Répondre en citant  
Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mar 04 Déc 2012, 14:48

On pourrait croire que Serge poste le même texte un peu partout sans se soucier de l'endroit où il dépose ses oeuvres (aucune considération pour les gens qui fréquentent ces lieux par exemple), mais c'est au contraire bien plus malin que cela. Si vous imprimez ses textes apparemment identiques, et que vous les placez côte à côté : louchez comme pour regarder un stéréogramme et vous verrez apparaître en relief des révélations stupéfiantes sur la présence de Richart Millet et d'Alain Finkielkraut à Dallas un certain 22 novembre 1963...

Serge Uleski 

Serge Uleski

219
Répondre en citant  
Ouvrez donc les yeux ! - Mar 04 Déc 2012, 18:35

[quote="Yann Sancatorze"]On pourrait croire que Serge poste le même texte un peu partout sans se soucier de l'endroit où il dépose ses oeuvres

Ce texte n'était plus affiché dans le forum. Il s'agit donc en aucun cas d'un doublon.

http://sergeuleski.blogs.nouvelobs.com

Raël 


Invité

220
Répondre en citant  
Dieudoski - Mar 04 Déc 2012, 19:08

"Ce texte n'était plus affiché dans le forum"
Encore un coup du Mossad ?

Yann Sancatorze 

Yann Sancatorze

221
Répondre en citant  
Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mar 04 Déc 2012, 20:52

On a bien aperçu deux hélicoptères noirs et sans marquage descendre au dessus du forum et hélitreuiller des posts de Serge pour les larguer au dessus de l'Atlantique. Cependant, avant ce dramatique (ules)kidnapping , un témoin oculaire aurait aperçu un symbole étrange sur le côté d'un de ces deux hélicoptères. Le voici :

Répliques, Alain Finkielkraut - Page 22 Drapea10

Saurez-vous reconnaître la nationalité du service secret qui nous priva (semble-t-il) de la littérature de Serge?

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222
Répondre en citant  
Re: Répliques, Alain Finkielkraut -

Répliques, Alain Finkielkraut     Page 22 sur 67

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