Caroline Broué, Les envies du Week-end. Caroline Broué est un cas. elle est en permanence enthousiaste, enjouée, tonique, pressée, mais d'où vient cette impression que tout ceci n'est que façade et que, la plupart du temps, elle ne sait pas vraiment de quoi elle parle? Tant de sujets à brasser qu'elle n'a sans doute pas le temps d'approfondir…
Ce matin, elle nous parle d'une nouvelle création de la Nuit des Rois, à la Comédie française. La traduction est moderne, bien sûr, puisqu'à chaque fois que l'on donne une pièce de Shakespeare dans notre beau pays, on la fait retraduire, chaque traducteur apportant des anachronismes et des trivialités de notre époque et s'efforçant avec succès de banaliser la folie lyrique et poétique du grand William. Ici, nous annonce Broué, on laisse même la place à l'improvisation des acteurs du Français, "tous excellents" par définition. Nous est offert un exemple de ce brio par un dialogue entre deux personnages avinés parlant à la fois de ladite affaire Benalla et de la petite phrase du PR sur le chômage et la traversée de la rue. La salle exulte. Broué est contente. FC a rempli son office. C'est aussi un moyen imparable de rompre, pour le spectateur qui y aurait succombé, le charme fascinant du texte shakespearien, mais ceci est une autre histoire. Si, à l'occasion, on improvisait dans une pièce de Shakespeare vers 1600, l'exercice se plaçait dans un contexte radicalement différent, avec des codes théâtraux, un cadre politique et social, des conditions d'écoute, un consensus culturel qui n'a rien à voir avec un babillage bien pensant à la Coluche dans une salle et devant un public du XXIe siècle. Les pièces de WS s'inspiraient parfois du présent, de l'actualité, mais devant un public qui vivait sous un régime royal despotique, croyait encore aux fées, aux malédictions, aux sorcières (qu'il brûlait). Nous en sommes loin et donc une improvisation politique de cette sorte enraye la mécanique même de la pièce. Mais le public a ri, c'est l'essentiel.