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L'art de l'entretien radiophonique Page 8 sur 19
Bas de page ↓Nessie
76Re: L'art de l'entretien radiophonique - Lun 10 Fév 2014, 10:30
Oh, pas de rectificatif de ma part. Votre plaidoyer pour Albane P. suffira comme contrepoids à mon indignation qui, je dois le dire franchement, ne date pas de la nuit dernière. Ca fait maintenant quelques semaines que je ne digère pas cette présentation au style régressif. Certes Nicole Garcia a été vraiment mauvaise pendant ces entretiens alors qu'elle avait été tout à fait acceptable au micro de Michel Ciment et sinon très claire du moins intéressante. Je reproche à Albane Penarranda d'importer dans les nuits la même diction enfantine que Lydia ben Ytzhack, chose qui m'avait déjà grandement surpris de la part de la seconde. Pour la première, on ne la connait pas. Si elle laisse parler l'invitée, c'est parce que les débutants sont toujours intimidés par les invités, et encore plus par leur notoriété. Mais quand elle prend la parole, si c'est pour poser des questions fades, alors il y a un gros, gros problème. Encore une fois je ne mets pas en doute ses qualités personnelles, mais le niveau atteint dans l'activité d'interview, niveau qui me semble tout-à-fait transitoire et encore bien loin d'une vraie maîtrise. Si j'avais le courage de retourner au premier des 3 entretiens, je retrouverais certainement ce qui m'a choqué ou plus exactement, ce qui m'a donné si nettement l'impression qu'en écoutant cette conversation, j'étais tout simplement en train de perdre mon temps : le questionnement autant que la relance, notamment, me semblaient terriblement manquer d'à-propos, suivant une grille préparée de façon élémentaire et sans imagination. Je recule encore devant l'épreuve de réécouter ce mo(nu)ment de vide, mais je sens que je vais devoir y passer si je veux étayer mes reproches de quelques exemples choisis.
Philaunet
Admin
77Une « question » de Caroline Broué - Ven 07 Mar 2014, 20:06
Une « question » dont on ne voit pas la fin (comme d'habitude) :
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/03/s10/NET_FC_ce31ab80-095c-4313-9b14-89472ae826d4.mp3" debut="27:10" fin="28:17"]
On entend plusieurs fois l'invité prendre sa respiration pour répondre, mais la phrase de Caroline Broué se poursuit (sans pitié).L'Union Européenne doit-elle financer la science ?
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/03/s10/NET_FC_ce31ab80-095c-4313-9b14-89472ae826d4.mp3" debut="27:10" fin="28:17"]
On entend plusieurs fois l'invité prendre sa respiration pour répondre, mais la phrase de Caroline Broué se poursuit (sans pitié).L'Union Européenne doit-elle financer la science ?
Philaunet
Admin
78Tunnel de présentation épuisant (pour l'auditeur) - Ven 21 Mar 2014, 10:01
On ne changera pas Michelle Perrot. Michelle Perrot ne changera plus. Il est dommage qu’elle ne se rende pas compte que sa manière de présenter les invités en début d’émission n’est pas radiophonique. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à agir ainsi. Ali Rebeihi, Alain Finkielkraut, René Frydman font de même, et la liste n’est pas exhaustive.
Quand le présentateur passe lentement en revue les états de services de deux ou trois invités, quand ce n’est pas quatre chez Rebeihi, c'est d’un soporifique ! C’est bien le problème des tables rondes : le présentateur voit ses invités et sait qu’ils patientent ; l’auditeur, lui, est dans un tout autre contexte, c’est la voix qui lui signale la présence des invités.
Bref, l'introduction de Michelle Perrot de 0'30 à 5'10" (qui dit mieux ?) dans Histoire des animaux, en paix et en guerre :
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/03/s10/RF_47A11121-16CB-4518-BBFC-229ECD42D9A8_GENE.MP3" debut="00:30" fin="05:10"]
Et pourtant il existe une autre technique, surprenante au premier abord pour un Français habitué aux débats nationaux : présenter le premier invité et le faire intervenir sur le sujet durant une minute ou deux, puis présenter le deuxième invité qui réagit et ainsi de suite. C’est nettement plus dynamique, et sans doute plus adapté à la radio d'aujourd'hui alors que se multiplient les tables rondes avec nombre d'intervenants et chroniqueurs. Une abondance de parleurs que l’on peut aussi ressentir comme de l’éparpillement et qui génère de la confusion.
Quand le présentateur passe lentement en revue les états de services de deux ou trois invités, quand ce n’est pas quatre chez Rebeihi, c'est d’un soporifique ! C’est bien le problème des tables rondes : le présentateur voit ses invités et sait qu’ils patientent ; l’auditeur, lui, est dans un tout autre contexte, c’est la voix qui lui signale la présence des invités.
Bref, l'introduction de Michelle Perrot de 0'30 à 5'10" (qui dit mieux ?) dans Histoire des animaux, en paix et en guerre :
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/03/s10/RF_47A11121-16CB-4518-BBFC-229ECD42D9A8_GENE.MP3" debut="00:30" fin="05:10"]
Et pourtant il existe une autre technique, surprenante au premier abord pour un Français habitué aux débats nationaux : présenter le premier invité et le faire intervenir sur le sujet durant une minute ou deux, puis présenter le deuxième invité qui réagit et ainsi de suite. C’est nettement plus dynamique, et sans doute plus adapté à la radio d'aujourd'hui alors que se multiplient les tables rondes avec nombre d'intervenants et chroniqueurs. Une abondance de parleurs que l’on peut aussi ressentir comme de l’éparpillement et qui génère de la confusion.
Dernière édition par Philaunet le Ven 21 Mar 2014, 12:22, édité 1 fois
antonia
79Re: L'art de l'entretien radiophonique - Ven 21 Mar 2014, 11:50
oui,Philaunet, c'est long, long, long....cette présentation , un peu exaspérant. Mais, au moins,on n'entend pas de sottises ou de clichés dont on est friand à FC.
Il y a pire: le défilement du nom des stagiaires, le matin à 7h et je crois aussi, chez Caroline Broué.Moi, je veux bien que toute leur famille, aux stagiaires, soient dans l'euphorie en entendant le nom de leurs chéris, mais pourquoi pas le nom de la femme de ménage?(remarquez bien que je ne dis pas la technicienne de surface).
Il y a pire: le défilement du nom des stagiaires, le matin à 7h et je crois aussi, chez Caroline Broué.Moi, je veux bien que toute leur famille, aux stagiaires, soient dans l'euphorie en entendant le nom de leurs chéris, mais pourquoi pas le nom de la femme de ménage?(remarquez bien que je ne dis pas la technicienne de surface).
Philaunet
Admin
80L'Interrogatoire cassant - Jeu 01 Mai 2014, 12:10
Toute la sensibilité du ton de voix de Laure Adler qui aurait pu être garde-chiourme dans une autre vie :
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/04/s15/RF_F83236C9-BF67-420B-B0B9-E263BD56A99E_GENE.MP3" debut="08:27" fin="08:40"]
Heureusement que Vivica Genaux a son rire pour désamorcer le malaise...
Laure Adler dans Hors-Champs fait du Paris Match radiophonique (ça devrait plaire à Mathieu Gallet) : la vacuité des questions, le choc des gros mots.
La musique, le chant sont aussi loin de la sensibilité de L.A. que le chant du rossignol peut l'être de celle d'un crocodile. Une caricature. Ce qui intéresse Laure Adler, c'est le people, si possible en cassant la parole de son interlocuteur pour lui faire dire au maximum trois mots et demi d'un seul trait. C'est consternant.
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/04/s15/RF_F83236C9-BF67-420B-B0B9-E263BD56A99E_GENE.MP3" debut="08:27" fin="08:40"]
Heureusement que Vivica Genaux a son rire pour désamorcer le malaise...
Laure Adler dans Hors-Champs fait du Paris Match radiophonique (ça devrait plaire à Mathieu Gallet) : la vacuité des questions, le choc des gros mots.
La musique, le chant sont aussi loin de la sensibilité de L.A. que le chant du rossignol peut l'être de celle d'un crocodile. Une caricature. Ce qui intéresse Laure Adler, c'est le people, si possible en cassant la parole de son interlocuteur pour lui faire dire au maximum trois mots et demi d'un seul trait. C'est consternant.
Philaunet
Admin
81Et donc quoi ? Je sais pas, dit Richeux, je sais pas - Mar 06 Mai 2014, 21:24
Une aimable correspondante nous signale cet extrait qui l'a affligée et amenée à passer sur France Musique (France Culture s'évertuant à faire fuir ses auditeurs).
C'est effectivement désolant et ce qui précède et suit est de la même eau. Pauvre invité, pauvres auditeurs. Et ça chaque après-midi, par on ne sait quelle décision de directeur du personnel de Radio France/France Culture !
-[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/05/s19/NET_FC_eb343547-1415-4161-b9e6-be22d4bccfe1.mp3" debut="35:15" fin="36:10"]
dans Un vrai-faux journal des années 30 où l'on peut lire, entre autres bêtises : « [César Fauxbras] fut aussi chômeur dans les années creuses ».
Si quelqu'un sait ce que sont « les années creuses », je suis preneur de l'information.
C'est effectivement désolant et ce qui précède et suit est de la même eau. Pauvre invité, pauvres auditeurs. Et ça chaque après-midi, par on ne sait quelle décision de directeur du personnel de Radio France/France Culture !
-[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/05/s19/NET_FC_eb343547-1415-4161-b9e6-be22d4bccfe1.mp3" debut="35:15" fin="36:10"]
dans Un vrai-faux journal des années 30 où l'on peut lire, entre autres bêtises : « [César Fauxbras] fut aussi chômeur dans les années creuses ».
Si quelqu'un sait ce que sont « les années creuses », je suis preneur de l'information.
Philaunet
Admin
82Interruptions - Mer 07 Mai 2014, 09:40
Pourquoi faut-il qu'Emmanuel Laurentin interrompe ses savants invités pour placer une observation inutile, un commentaire rigolard, des exclamations, des 'hum hum", qu'il finisse les phrases des professeurs et rompe ainsi la logique en cours de développement et l'écoute sereine de l'auditeur? C'est le cas en ce moment face aux passionnants Jacques Dalarun, directeur de recherche au CNRS, Membre de l’Institut , Michel Sot, professeur honoraire à l’université Paris IV-Sorbonne, et Elisabeth Lusset, pensionnaire de la Fondation Thiers, rattachée au LAMOP Université Paris I - Panthéon-Sorbonne. Pénible.
Laurentin, comme tant d'autres de la chaîne, a peur de ne pas être au centre de l'attention. Trop d'ego, trop d'ego. Symptomatique de France Culture.
Et quelle, euh, introduction,euh,emberlificotée, euh, à cette, euh, émission, euh : Débat : Europe et chrétienneté [sic]. Oui "chrétienneté", c'est le titre.
Laurentin, comme tant d'autres de la chaîne, a peur de ne pas être au centre de l'attention. Trop d'ego, trop d'ego. Symptomatique de France Culture.
Et quelle, euh, introduction,euh,emberlificotée, euh, à cette, euh, émission, euh : Débat : Europe et chrétienneté [sic]. Oui "chrétienneté", c'est le titre.
L'aimable
83De la parole et du silence - Lun 12 Mai 2014, 00:07
Le 27 avril dernier, Marc-Alain Ouaknine recevait, dans son émission Talmudiques, le rabbin Yeshaya Dalsace, par ailleurs comédien, metteur en scène et homme de radio (à Kol Israël) et pas du tout haut-rhinois, ni bas. Dans l'entretien portant sur l'art d'interroger un texte du Talmud, M. Ouaknine enchaîne les tentatives d'interruption, y parvenant parfois, lorsque son invité renonce à se faire entendre, et dévoile en faisant une bévue qu'il n'a pas préparé son émission avec ledit invité : adieu le suspense talmudique ! Irritant.
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/02/s09/NET_FC_e98aeacc-1653-4730-874e-54e72155b548.mp3" debut="09:55" fin="10:39"]
En revanche, la drôlerie vient de la remarque du rabbin plutôt vif, qui parvient à faire taire M. Ouaknine pendant... dix secondes ! Le rabbin Dalsace a touché juste, car cette remarque est profonde et concerne l'art de l'entretien en général et radiophonique en particulier. Il a mis le doigt sur un défaut majeur et récurrent, dont il est souvent question dans les pages de ce forum, de beaucoup trop de producteurs de FC : couper la parole des invités. Ainsi, la remarque est amusante mais peut, si l'on y prête attention, amener l'auditeur à réfléchir aux conditions essentielles de l'écoute.
Le pilpoul est un art de la casuistique noble mais difficile, nous en conviendrons tous.
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/02/s09/NET_FC_e98aeacc-1653-4730-874e-54e72155b548.mp3" debut="09:55" fin="10:39"]
En revanche, la drôlerie vient de la remarque du rabbin plutôt vif, qui parvient à faire taire M. Ouaknine pendant... dix secondes ! Le rabbin Dalsace a touché juste, car cette remarque est profonde et concerne l'art de l'entretien en général et radiophonique en particulier. Il a mis le doigt sur un défaut majeur et récurrent, dont il est souvent question dans les pages de ce forum, de beaucoup trop de producteurs de FC : couper la parole des invités. Ainsi, la remarque est amusante mais peut, si l'on y prête attention, amener l'auditeur à réfléchir aux conditions essentielles de l'écoute.
Le pilpoul est un art de la casuistique noble mais difficile, nous en conviendrons tous.
Philaunet
Admin
84Silence ! - Ven 16 Mai 2014, 19:10
Concernant Marc-Alain Ouaknin, un billet d'Antoine Arnoux de décembre 2013 dans la rubrique Talmudiques « Car nous voulons la Nuance encor » a bien cerné le personnage et son style. Pas de surprise, donc, à l'entendre interrompre sans cesse son interlocuteur, car il fait partie de ces producteurs convaincus que l'émission qu'ils animent est faite pour eux-mêmes et que l'invité n'est qu'un faire-valoir.
Merci pour l'extrait où l'invité rappelle à M.Ouaknin que le silence, même à la radio, a quelque utilité. Le silence de l'intervieweur, s'entend.
Merci pour l'extrait où l'invité rappelle à M.Ouaknin que le silence, même à la radio, a quelque utilité. Le silence de l'intervieweur, s'entend.
Nessie
85C'était Pierre Dumayet... - Lun 30 Juin 2014, 11:58
Dans la Nuit rêvée que vient de lui consacrer FC, Robert Bober cite 2 fois Pierre Dumayet
<< Notre boulot c'est d'écouter. La question que nous posons n'est qu'un intermède entre deux réponses. Elle ne sert qu'à prolonger ce qui vient d'être dit. >>
<< Je ne voudrais pas vous empêcher de nous apprendre ce que vous allez dire si je me tais encore un peu. >>
De la mémoire de Bober, on entend ces deux citations dans le premier de ses 3 échanges avec Geneviève Huttin. Il évoque sa longue collaboration avec Pierre Dumayet, qui sera présenté comme un inventeur de formes radiophoniques. Bizarrement d'ailleurs, car c'est vrai surtout de la télé, où Dumayet n'aura cessé de créer des formules neuves, destinées à vivre une saison ou deux : Lire c'est vivre, Questions sans visage, Vocations. Des formules littéraires où il faisait entrer le lecteur dans l'analyse, où il montrait l'interaction entre les archives, les bibliothèques et l'édition. Mais aussi des formules d'interview qui tranchaient sur l'usage : par exemple de l'interview en aveugle (comprendre : l'interviewé et l'intervieweur sont dans deux pièces différentes, ils communiquent par micro et haut-parleur et comme la voix de l'interviewé est brouillée, l'intervieweur ne sait pas à qui il s'adresse). Ou bien de l'interview en caméra cachée ou plutôt, faussement arrêtée : alors qu'on prépare l'émission, l'interviewé ne sait pas que la caméra est déjà lancée il est donc parfaitement naturel ; ensuite quand on crie moteur il devient différent ; et encore après on filme le débriefing où lui-même compare ces deux images qu'il a donné de lui-même. Et pour finir, on passe les 3 séquences, comme les 3 actes d'une pièce. Comme on s'en doute, il y avait de la surprise au programme. Je cite un seul exemple : Jankélévitch qui se trouvait des airs d'intellectuel ennuyeux et pérorant.
./...
<< Notre boulot c'est d'écouter. La question que nous posons n'est qu'un intermède entre deux réponses. Elle ne sert qu'à prolonger ce qui vient d'être dit. >>
<< Je ne voudrais pas vous empêcher de nous apprendre ce que vous allez dire si je me tais encore un peu. >>
De la mémoire de Bober, on entend ces deux citations dans le premier de ses 3 échanges avec Geneviève Huttin. Il évoque sa longue collaboration avec Pierre Dumayet, qui sera présenté comme un inventeur de formes radiophoniques. Bizarrement d'ailleurs, car c'est vrai surtout de la télé, où Dumayet n'aura cessé de créer des formules neuves, destinées à vivre une saison ou deux : Lire c'est vivre, Questions sans visage, Vocations. Des formules littéraires où il faisait entrer le lecteur dans l'analyse, où il montrait l'interaction entre les archives, les bibliothèques et l'édition. Mais aussi des formules d'interview qui tranchaient sur l'usage : par exemple de l'interview en aveugle (comprendre : l'interviewé et l'intervieweur sont dans deux pièces différentes, ils communiquent par micro et haut-parleur et comme la voix de l'interviewé est brouillée, l'intervieweur ne sait pas à qui il s'adresse). Ou bien de l'interview en caméra cachée ou plutôt, faussement arrêtée : alors qu'on prépare l'émission, l'interviewé ne sait pas que la caméra est déjà lancée il est donc parfaitement naturel ; ensuite quand on crie moteur il devient différent ; et encore après on filme le débriefing où lui-même compare ces deux images qu'il a donné de lui-même. Et pour finir, on passe les 3 séquences, comme les 3 actes d'une pièce. Comme on s'en doute, il y avait de la surprise au programme. Je cite un seul exemple : Jankélévitch qui se trouvait des airs d'intellectuel ennuyeux et pérorant.
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Dernière édition par Nessie le Jeu 03 Juil 2014, 12:34, édité 3 fois
Nessie
86Antoine Perraud c'est l'anti-Dumayet - Lun 30 Juin 2014, 12:10
./...
Quant à l'interview ordinaire, en complément des deux rappels de Bober cités au post précédent, il faut dire que Dumayet était un faux taiseux : entendez que s'il pratiquait le silence comme méthode d'interview, c'était de façon bien contraire à sa nature. Sa nature, et son autre méthode, c'était l'art de la conversation au micro.
En revanche un qui ne se contraint point c'est Antoine Perraud. Robert Bober avait placé dans son programme rêvé une interview du premier par le second. L'ironie est qu'en faisant de l'interview une conversation, Dumayet a ouvert la porte à nombre de Chancel, Laure Adler, Serge Daney, Jean-Louis Ezine, Antoine Perraud, qui montrent à chacune de leurs questions ou presque, que leur parole leur semble plus importante que celle de l'invité. Dans cet entretien d'une heure, Bober en personnage humble et non exempt de naïvetés, remarque qu'en l'occurrence Perraud a suivi les conseils de Dumayet. Ce qu'on peut regretter, c'est qu'il semble les avoir définitivement oubliés à peine bouclé ladite émission, pour faire de sa propre personne le diamant radiophonique de Tire-ta-langue. Un diamant Achille-Talonnique, toujours pressé d'étaler son savoir. Résultat : des présentations interminables, des questions qui ne le sont pas moins étant donné que chacun contient une micro-thèse avec sa problématique ou bien un aperçu encyclopédique. Et puis la spécialité d'Antoine : l'étalage de culture par l'incise glissée dans la discussion, finement et rapidement des fois que l'invité entendrait précéder l'Antoine et lui voler son casse-croûte. Voila pour le texte et quant à l'interprétation : un ton farce mal joué, surjoué, lourdement joué comme on voudra.
A chacun ses vices me direz-vous : Jacques Chancel c'est la psychologisation neu-neu. Laure Adler c'est la nunucherie faite militante. Serge Daney c'est la divagation fumeuse. Jean-Louis Ezine c'est "regardez comme je suis drôle avec mes blagues lourdingues pour cacher que je n'ai rien à dire sur le livre que j'aurais pourtant dû lire". Au moins, Perraud évite ces écueils, car il tient bien serré le gouvernail de sa propre vanité. De là, une intense préparation car quand on est soucieux d'étaler afin de briller, la moindre des choses est de commencer par récolter. Ainsi a-t-il créé son propre style : la vanité faite homme de micro, et même de microphone comme il dit dans un de ses réguliers accès d'hyper-correction qui caractérise le cuistre. Il a peut-être peur de passer lui-même pour 'micro', ce méga-vaniteux... ? Antoine veut montrer qu'il sait, d'ailleurs il sait des tas de choses, et il veut montrer tout ce qu'il sait. Là est la définition du cuistre.
J'ai écrit ce Nième catalogue de mon exaspération pour qu'on ne me reproche pas de céder à la tentation du reproche sec et sans étayage, qui faisait immédiatement suite aux deux citations de Robert Bober dans une première version de ce post : Antoine Perraud, c'est l'anti-Dumayet.
Quant à l'interview ordinaire, en complément des deux rappels de Bober cités au post précédent, il faut dire que Dumayet était un faux taiseux : entendez que s'il pratiquait le silence comme méthode d'interview, c'était de façon bien contraire à sa nature. Sa nature, et son autre méthode, c'était l'art de la conversation au micro.
En revanche un qui ne se contraint point c'est Antoine Perraud. Robert Bober avait placé dans son programme rêvé une interview du premier par le second. L'ironie est qu'en faisant de l'interview une conversation, Dumayet a ouvert la porte à nombre de Chancel, Laure Adler, Serge Daney, Jean-Louis Ezine, Antoine Perraud, qui montrent à chacune de leurs questions ou presque, que leur parole leur semble plus importante que celle de l'invité. Dans cet entretien d'une heure, Bober en personnage humble et non exempt de naïvetés, remarque qu'en l'occurrence Perraud a suivi les conseils de Dumayet. Ce qu'on peut regretter, c'est qu'il semble les avoir définitivement oubliés à peine bouclé ladite émission, pour faire de sa propre personne le diamant radiophonique de Tire-ta-langue. Un diamant Achille-Talonnique, toujours pressé d'étaler son savoir. Résultat : des présentations interminables, des questions qui ne le sont pas moins étant donné que chacun contient une micro-thèse avec sa problématique ou bien un aperçu encyclopédique. Et puis la spécialité d'Antoine : l'étalage de culture par l'incise glissée dans la discussion, finement et rapidement des fois que l'invité entendrait précéder l'Antoine et lui voler son casse-croûte. Voila pour le texte et quant à l'interprétation : un ton farce mal joué, surjoué, lourdement joué comme on voudra.
A chacun ses vices me direz-vous : Jacques Chancel c'est la psychologisation neu-neu. Laure Adler c'est la nunucherie faite militante. Serge Daney c'est la divagation fumeuse. Jean-Louis Ezine c'est "regardez comme je suis drôle avec mes blagues lourdingues pour cacher que je n'ai rien à dire sur le livre que j'aurais pourtant dû lire". Au moins, Perraud évite ces écueils, car il tient bien serré le gouvernail de sa propre vanité. De là, une intense préparation car quand on est soucieux d'étaler afin de briller, la moindre des choses est de commencer par récolter. Ainsi a-t-il créé son propre style : la vanité faite homme de micro, et même de microphone comme il dit dans un de ses réguliers accès d'hyper-correction qui caractérise le cuistre. Il a peut-être peur de passer lui-même pour 'micro', ce méga-vaniteux... ? Antoine veut montrer qu'il sait, d'ailleurs il sait des tas de choses, et il veut montrer tout ce qu'il sait. Là est la définition du cuistre.
J'ai écrit ce Nième catalogue de mon exaspération pour qu'on ne me reproche pas de céder à la tentation du reproche sec et sans étayage, qui faisait immédiatement suite aux deux citations de Robert Bober dans une première version de ce post : Antoine Perraud, c'est l'anti-Dumayet.
L'art de l'entretien radiophonique Page 8 sur 19
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