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17 bières et 15 heures plus tard en archivant ma captation de cette nuit, j'écoute le dernier des 3 entretiens avec Nicole Garcia et je dois reconnaître que je n'aurai certainement pas le courage d'écouter le deuxième. Car la conclusion de l'exercice enfonce en médiocrité et en laideur radiophonique les plus mauvais moments que nous inflige parfois en semaine la folle de 22h15. Avec cette différence que là nous avons tout simplement affaire à un travail de débutante pas formée, pas cadrée, pas brieffée ou alors pas assez. On en est gênée pour elle : son interview est au travail d'un professionnel ce que la barbouille d'un poivrot en plein délire est à un honnête tableau de Véronèse ; ou bien pour ne pas trop dramatiser, ce qu'une créature de Frankenstein est à un être humain normal. Bref c'était une nuit de cauchemar pour l'amateur de radio bien faite.
Qu'on en juge : après le dernier morceau qui était un Opus consacré à Serge Reggiani, suit la désannonce et le dernier morceau de dialogue. Durée : 2 minutes et 15 secondes que je transcrit in extenso ci-dessous, avec toute l'exactitude possible compte tenu de la difficulté. L'intervieweuse ne se départit pas de son ton laborieux et scolaire, tandis que la comédienne lui répond en alternant un marmonnement précipité et des phases d'hésitation ou de silence qui indiquent une gêne intense :
<< - AP : ainsi se termine votre nuit rêvée Nicole Garcia. L'Algérie la philosophie théâtre cinéma et chanson. Vers quels autres rivages aurions nous encore pu voguer avec vous Nicole Garcia pendant cette nuihhhhhh... (
noter le chuintement final, prolongé et très élégant)
- NG : Vers quels autres rivages ? Ah non c'est bien d'arriver comme ça à l'aube euh... (silence) euh mm'avec la chanson euh ... euh' on aurait pu aller euh-hola en plein d'endroits d'euh chaipas ! (rire) euh différents euh... (silence) non mais c'était j'... voila ! (
on peut) paas être exhaustif stait bien euh .... euh (gène intense puis reprend ses esprits) voila de .... d'être dans l'aube comme ça deee... de ce beau dimanche.... puisque... et de parler duu.... voila, de mon dernier film, voila, j'spère euh, voila ce que les z'vont écouter ce soir, vont avoir envie d'aller.... hm... à l'aube... de ce dimanche ... (
gêne terrible)
- AP : (
imperturbable et satisfaite) Oui n'oublions pas de rappeler que depuis mercredi 5 février nous pouvons aller voir votre dernier film "Un beau dimanche", avec Pierre Rochefort, Louise Bourg'(
ici elle se prend une bûche) LouiseBourgoin, Dominique Sanda, et qui d'autre encore dans ce film...
- NG ayant repris ses esprits, cite les comédiens, puis les techniciens et le producteur.
- AP (
même ton) : Merci Nicole Garcia de nouzavoir fait partager votre nuit rêvée au cours de laquelle nous nous sommes replongés dans les années précédant le début de la guerre d'Algérie. Nous nous sommes interrogés sur ce qu'est le montage d'un film. Nous avons pu entendre une pièce policière de François Billetdoux ainsi que les voix de Ferdinand Alquié, Jean-Pierre Bisson, Philippe Clévenot, et Serge Reggiani. Très bonne journée à vous Nicole Garcia
- NG : Beau dimanche.
- AP (
satisfaite) : Chargé de cette émissions Hassan M'Béchour. A la technique Jaquez Hubert. A la réalisation Virginie Mourthé. Albane Penarranda et toute l'équipe des nuits de France Culture vous souhaitent une bonne journée sur notreuchaîne. >>
On serait tenté d'attribuer quelque part de responsabilité à la star interviewée : Nicole Garcia n'est pas à l'aise, semble ne rien avoir à dire de très intéressant ou de très structuré. Malgré l'apparence quelque peu erratique au moins de sa part dans cet échange, évidemment l'interview n'est pas diffusée en direct à 6h27 après une nuit harassante d'écoute radio, et pas non plus après une nuit de beuverie ou tout simplement de privation de sommeil par le boucan de Louise Tourret qui jouait du tambour dans la cour pendant la nuit du nouvel-an chinois. Non cette horreur radiophonique a bel et bien été faite en journée et en studio. Et si ce naufrage était entièrement de la faute de la comédienne invitée ? Eh bien qu'on en juge : pour comparer, il suffit d'écouter,
Nicole Garcia invitée principale dans Projection privée, sur la même chaîne dans l'après midi de ce même samedi. Nicole Garcia n'y est pas totalement détendue, mais elle a toujours quelque chose de consistant à répondre aux questions de Michel Ciment. Le comédien dit parfois qu'il n'était pas bon ce soir parce que le public n'avait pas de talent. Dans la nuit de France Culture on voit que ça vaut pour l'interview : Nicole Garcia a été déstabilisée soit du fait de l'inanité des questions posées, soit par un mélange de gêne et d'empathie consternée devant la maladresse d'une intervieweuse balancée trop tôt par des irresponsables dans un rôle pour lequel elle n'est évidemment pas prête. Et la volée de bois vert que veulent être ces deux billets devrait tomber non sur la calebasse et les épaules de la malheureuse, mais sur celles des piètres dirigeants qui envoient ainsi des néo-pros à la boucherie d'un travail aussi salopé. J'ai bien conscience de la méchanceté critique contenue dans ces deux posts, mais j'aimerais bien que les fautifs se réveillent un jour et ne nous donnent plus l'occasion de tels coups de gueule. D'ailleurs je n'ai pas saisi la première occasion car Albane Penarranda (contre qui je n'ai aucune animosité) dans ses oeuvres ça fait plusieurs semaines que ça dure et que ça ne s'arrange pas, misère...