Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Tomber sur cette page, c'est avoir envie de tout écouter : Crossing Continents.

Émission hebdomadaire de 28 minutes, sur le terrain. Tout est téléchargeable : 276 numéros disponibles, environ 140 heures. Voilà qui pourrait changer la perspective de qui est embourbé dans les idées épaisses et sans saveur d'émissions comme Avis critique et La Grande table. Encore faut-il maîtriser la première langue internationale et être curieux du monde autre que le sien. Et ça, ce n'est pas gagné pour un certain contributeur (mais peu nous chaut) et surtout pour les gens qui font France Culture enfoncés qu'ils sont dans leurs automatismes de pensée, leurs petits débats parisiens qu'ils croient devoir être l'essentiel des préoccupations culturelles des Français (et des autres).

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Ce n'est ni l'illustration de la comédie musicale Fahrenheit 451, ni le Fouquet's, mais Brazil's 200-year-old National Museum parti en flammes de 3 septembre 2018 (voir France 24 Massive fire guts Brazil's 200-year-old National Museum).

Qui se souvient de cette catastrophe nationale, et internationale, vu l'ampleur des destructions de collections uniques ? France Culture en a-t-elle parlé ou s'est-elle à l'époque concentrée sur son habituel fonds de commerce, la table ronde parisienne sur la manière d'atteindre l'égalité et de rénover la démocratie (en n’oubliant pas de sauver la planète) ?

L'émission de 28 minutes de BBC 4 dans la série Crossing Continents, Restoring Brazil's National Treasure est datée du 15 April 2019. Une date qui devrait rester dans les mémoires en France pour un autre incendie.

L'émission est grand public. Les pertes sont irréparables, comme celle des enregistrements uniques de langues perdues, mais aussi une collection de 6 millions d'insectes et des collections d'égyptologie.

Voici un documentaire culturel au montage dynamique, à l'information large (causes, conséquences, moyens de reconstruction, sentiments personnels de chercheurs, accompagnement d'un entomologiste à la chasse aux criquets pour reconstituer un semblant de collection, etc). Bémol quant au journaliste qui fait un peu l'acteur (beaucoup de "Waow"), mais on est ici dans une émission de qualité de moins d'une demi-heure sur le patrimoine naturel et culturel brésilien (paléontologie, collections scientifiques, etc,) et la façon dont les chercheurs tentent d'en reconstituer un pan (appel aux dons étrangers). Quel oxygène pour l'(ex-)auditeur de France Culture !

Brazilians wept when their 200-year-old National Museum went up in flames last September. Twenty million items, many of them irreplaceable, were thought to have been reduced to ash when it was gutted by a massive fire. Staff said the loss to science and history was incalculable - and the tragedy, possibly caused by faulty wiring in the long-underfunded institution, led to much national heart-searching about the country's commitment to its heritage. The museum, housed in Brazil's former Imperial Palace in Rio de Janeiro, held unique collections of fossils, animal specimens, indigenous artefacts, as well as Egyptian and Greek treasures - and the oldest human skull found in the Americas.
Some scientists, who saw their entire life's work go up in flames, were in despair - but others vowed to work to rebuild and restock the museum. Now, months on, painstaking archaeological work in the debris has uncovered items that can be restored, while other specialists are setting out on expeditions to acquire new specimens. Tim Whewell reports from Rio on the agonies - and occasional small triumphs - of the slow, exhausting effort to bring a great national institution back to life.

Difficile de se lasser d'entendre ces chercheurs et chercheuses passionnés qui travaillent dur pour faire progresser l'état de la connaissance.

On ne compte plus, par exemple, les brillantes chercheuses que Vincent Charpentier invite dans son émission Carbone 14 (repensons à Sandrine Grouard dans les Caraïbes, à Aline Tenu en Mésopotamie ou encore à Pauline Sebillaud en Mandchourie).

Idem chez Jim Al-Khalili animateur de The Life Scientific dont j'ai signalé plusieurs numéros de haute tenue, par exemple avec la volcanologue Hazel Rymer ou avec la spécialiste en géologie marine Rachel Mills.

Voici aujourd'hui une femme extraordinaire :



C'est Erica McAlister, entomologue au London's Natural History Museum, dans un numéro aussi passionnant que drôle : The Life Scientific - Erica McAlister on the beauty of flies 16-04-2019.

Nous assistons à une véritable ode aux mouches de la part de la chercheuse, tandis que l'animateur et physicien Jim Al-Khalili joue le dégoûté quand des détails sont donnés sur le rôle des mouches et sur leur potentiel gastronomique. Il retrouve le sourire quand il apprend que les mouches sont d'indispensables insectes pollinisateurs.

La recherche fondamentale ne va pas sans transmission des savoirs rappelle Erica McAlister en conclusion. Au final, une émission très stimulante qui écarte les préjugés et met en parallèle recherche fondamentale, démocratisation de la science et enjeux contemporains.


Dr Erica McAlister, of London's Natural History Museum, talks to Jim Al-Khalili about the beautiful world of flies and the 2.5 million specimens for which she is jointly responsible.

According to Erica, a world without flies would be full of faeces and dead bodies. Unlike, for example, butterflies and moths, whose caterpillars spend their time devouring our crops and plants, fly larvae tend to help rid the world of waste materials and then, as adults, perform essential work as pollinators. Yet they are rather unloved by humans who tend to regard them as pests at best and disease vectors at worst.

2019 is international Year of the Fly, and dipterists and entomologists around the world are working to raise the profile of the many thousands of species so far known to science.

Erica tells Jim about her work in the museum, cataloguing and identifying new species either sent in from other researchers or discovered by her and her colleagues on swashbuckling trips around the world. Modern gene sequencing techniques are revealing new chapters in the life histories of species, and her collection of 300 year old dead flies continues to expand our knowledge of how the world works.

Perhaps in the future, she argues, we will all be eating pasta and bread made from fly-larvae protein, or using small tea-bag like packets of maggots in our wounds to clean out gangrenous infection.

On voit mal de telles émissions pouvoir exister à France Culture : Jailhouse Law* Tue 12 Mar 2019 et Online Abuse and the Law** 20 March 2019.

En soupirant, on dira "tant pis". Un pan (parmi de nombreux autres) du savoir et de l'expérience sociale totalement occulté en France. Par exemple ici le programme "Learning together" où des étudiants, respectivement prisonniers et jeunes inscrits à Cambridge, suivent ensemble des cours de droit dans un établissement pénitentiaire du Suffolk. On entend de fortes paroles de part et d'autre. C'est très inspirant. En comparaison, le "Tous ensemble" des Pst est vraiment ridicule.

L'ouverture, ce sont les langues qui la permettent, pas France Culture la radio sociopolitique. Rester cantonné dans sa sphère francophone donne, entre autres, les louanges outrancières lues dans le courrier à Radio France. Absurde.

* Joshua Rozenberg reports from a prison where inmates study legal issues alongside law students from Cambridge University. The academics who launched this ground-breaking project have found that both groups of students benefit by learning together.
Plus, why four doctors have launched a Judicial Review of the Royal College of Physician’s assisted dying poll.

** Joshua Rozenberg asks whether new laws are needed to protect online and social media users from abuse?
Plus, in our latest look behind the scenes of courts large and small, we visit an immigration tribunal in central London. Joshua Rozenberg meets applicants who want to stay in Britain and judges who need an encyclopaedic knowledge of world affairs to decide whether they can remain.

Une émission dont le générique de fin est l'occasion de la reprendre à son début pour une réécoute tant le propos est profond, instructif, inspirant et hautement radiophonique : Private Passions : David Wilson 28-04-2019.

Criminologist David Wilson tells Michael Berkeley how love, family, and music have counterbalanced his life spent working with society’s most violent men.

Private Passions (voir à ce nom dans le fil) est une émission d'entretiens biographiques illustrés de pièces musicales que dirige Michael Berkeley avec tact et bonne humeur.

Il faut aussi beaucoup de maturité et de finesse psychologique pour recevoir une personne du calibre de David Wilson : "David Wilson has spent his life working with violent men – particularly those who have committed murder and serial murder."

Les confessions biographiques d'un homme habitué à lui-même diriger des entretiens sont émouvantes. De sages considérations sur la société (la prison, la misogynie de certains milieux), sur l'équilibre délicat profession/famille, sur la mentalité progressiste de certaines régions des États-Unis, sur la beauté de la nature (les Appalaches), etc., sont entrecoupées de morceaux de musique qui ont ponctué de manière significative la vie du célèbre criminologue né à Glasgow (cela s'entend...).  

Merci de me signaler quand Mme Boublil de France Musique aura rejoint NRJ ou Nova et qu'elle aura été remplacée par une personne cultivée et expérimentée, capable de créer, par un respect mutuel, une complicité partagée par l'auditeur.


David Wilson (...) He talks movingly about family love and music being vital to coping with a career spent dealing with violence and murder. With the exception of Schubert’s Death and the Maiden quartet, all of David’s music is about love rather than death, including Sibelius’ Andante Festivo, chosen for his daughter, and music from the film Love Actually for his wife.

The Gibbons Clan le 28 avril 2019. Encore trois semaines en écoute à la demande.

Descriptif minimal (+ titres). Mais que dire de plus ? Bonne présentation, bonnes versions des pièces. Tout est bon dans les Gibbons.

Pour mémoire : Orlando Gibbons (1583-1625) & William Shakespeare (1564-1616).

Orlando Gibbons came from a very musical family – his father was a member of the Oxford Waits, two of his brothers were also composers, and his son entered into the profession too. Lucie Skeaping explores the lives and music of this turn of this 17th-century musical dynasty.

Pour les amateurs d'orgue un bref prélude en fin d'émission :
Charles Villiers Stanford, On a Theme of Orlando Gibbons - No. 2
from 6 Short Preludes and Postludes - Performer: Jennifer Bate.

Un son des années 1970-80 : Pat Metheny dans ''Are You Going With Me?'' (1982).  Geoffrey Smith qui présente l'émission (BBC 4 Geoffrey Smith's Jazz 05-05-2019) se fait le relais des critiques de l'époque : "Jazz fans were at best unconvinced, at worst appalled; to them Pat's group represented the dubious quintessence of stadium rock". Apparemment, une collaboration avec Ornette Coleman ("Trigonometry") a remis peu de temps après  les pendules à l'heure.

La BBC comme American Public Media (voir Michael Barone avec Pipedreams) ne jette pas ses présentateurs expérimentés, comme l'a fait France Musique, dans cet élan de jeunisme stérilisant encore à l’œuvre, au détriment de Gilles Cantagrel.

Geoffrey Smith

Geoffrey Smith was born in Michigan, USA in 1943. Geoffrey grew up to the diverse sounds of Schubert, jazz and Gilbert & Sullivan. 'I always try to convey the energy and spontaneity that's so vital to jazz, the sense of discovery I knew in my days as a drummer with groups ranging from Dixieland to big bands to a very free New York quartet.'

He became a musician, concentrating on percussion and playing in jazz groups of every style from Dixieland to avant-garde, before the rise of rock discouraged him in 1969. At the same time he was pursuing an academic career in literature, and came to Britain to finish a Ph.D in 1973. Deciding he wanted to remain here, Geoffrey began earning his living as a freelance writer and lecturer, contributing articles and reviews to a variety of journals, including Country Life, New Society and The Spectator.

Les formats de 28 minutes pour les documentaires montés, aussi pour les entretiens en tête à tête, sont adaptés au tempo de notre époque. France Culture ne le sait pas, qui s'obstine à remplir la grille quotidienne de formats de 50 ou 60 minutes (sauf quelques exceptions). La BBC et ARD l'ont en revanche parfaitement compris.

Dense, dynamique et instructif, tel est ce numéro de BBC 4 Crossing Continents (Thu 11 May 2017), Elephants, Politics and Sri Lanka. Les anciens numéros de cette série sont disponibles en ligne et téléchargeables, phénomène assez rare pour la BBC et qui mérite mention.

Every year elephants kill dozens of people in Sri Lanka. Hundreds of these huge mammals are slaughtered too - often by farmers attempting to protect their land. For Crossing Continents, Linda Pressly travels to the east of the island - one of the regions devastated by over two decades of civil war. Thousands of people fled their homes during the fighting, and in their absence, the elephants moved in. With peace came resettlement, but many villages are now forced to negotiate a precarious existence with the wild herds, and death-by-elephant is not uncommon. Meanwhile, the government is attempting to take action against the illegal ownership of elephants, and prosecutions are in train. In Sri Lanka, elephants are a status symbol for the rich and powerful, and they are also highly revered in Buddhist culture - no pageant is complete without a slow-moving procession of elephants. But there are claims the confiscation of illegally-kept animals has created a shortage for religious rituals, and criticisms that the government is over-responding to the animal rights lobby. In a fractured nation, elephants are becoming increasingly politicised. Linda Pressly reporting.

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t13p400-bbc-radio-3-radio-4#32993) a écrit:Pour se consoler des dramatiques dramatiques qui sévissent actuellement sur France Culture...

En plus de trois pièces de Shakespeare : 
The Two Noble Kinsmen (Les deux nobles cousins), Coriolan et The Two Gentlemen of Verona

Merci beaucoup pour cette apparition dans ce fil. J'avais sondé ces trois adaptations sans être immédiatement convaincu, votre post m'incite à une nouvelle tentative.

Dimanche 12 mai,
Soirée Samuel Beckett
Beckett s'est intéressé suffisamment à la radio pour écrire des pièces spécifiquement pour elle. Des versions françaises et anglaises existent, mais la BBC propose ce dimanche de nouvelles versions de :
- From an abandoned work, avec Stephen Rea
- Rough for Radio 1, avec Ron Cook et Monica Dolan
- Rough for Radio 2, avec Stephen Dillane, Louise Brealey, Brian Protheroe et Nick Underwood
- Words and Music, avec Ian McKellen et Carl Prekopp
- Cascando, avec Stanley Townsend et David Sedon

A noter que la version française de Cascando (13/10/1963) est disponible sur le site de l'INA.
Avec Roger Blin et Jean Martin
Musique de Marcel Mihalovici, Orchestre de la RTF dirigée par Manuel Rosenthal

Vu également cette annonce et comptait y jeter une oreille. Par ailleurs, côté français, il existe une version inoubliable de La Dernière Bande avec Michael Lonsdale.