Munstead a écrit:Je ne sais pas si cette « sagesse » s’accorde avec les sentiments que vous avez, par ailleurs , pour les migrants. Cette sagesse consiste en fait à tuer l’étranger qui ose pénétrer sur son territoire. Elle est primitive, rappelle celle des hordes préhistoriques, et toute notre histoire, parfois aidée par les religions, a consisté à apaiser les rapports des groupes entre eux
C'est une bien triste tournure d'esprit, déguisée en humanisme généreux célébrant des valeurs d'authenticité naturelle, mais qui ne parviennent pas à cacher un fonds revanchard, haineux et mesquin. Pour des gens comme ça, la politique est tout, il n'y a aucune place aux histoires particulières, aux nuances, aux facettes. France Culture, comme les journaux de Radio France, ont caricaturé cette histoire en deux minutes, avec un spécialiste à distance qui nous raconte qu'on ne sait rien d'eux, puis qui nous explique en détails les fondements et les pratiques religieuses de ces insulaires. Soit il sait éviter les flèches, soit il ment. Pour un éclairage un peu plus approfondi sur cette histoire, on ne pourra que recommander à Lustucru la lecture de
cet article : A Man’s Last Letter Before Being Killed on a Forbidden Island Munstead a écrit:Ce matin débat sur le rapport portant sur la restitution des œuvres spoliées en Afrique. Avec Frédéric Mitterrand. Erner ne connaissait pas le sujet (donc nous avons eu droit à une dizaine de « Et pourquoi? ») et s’est fait gentiment remettre sur ses rails par FM à plusieurs reprises. Mais le débat était intéressant, et la conclusion de l’ancien ministre « Dans chaque niche, se cache un chien féroce » était intelligente, que l’on pourrait compléter par le classique « le diable se cache dans les détails ».
Le rôle du matinalier d'une radio culturelle (ou de toute radio généraliste?) serait d'adopter le point de vue du sceptique sur tous les sujets, permettant aux invités non seulement de développer leur démarche ou leur point de vue, mais surtout de le défendre. Quand Guillaume Erner est d'accord avec ses invités, il ne prend jamais la peine d'être sceptique et de creuser le sujet, de pointer des contradictions ou des manquements. Il ouvre le micro, encourage, illustre, jette deux ou trois "bons" mots et passe à la suite. On est très loin, bien sûr, des matinales façon BBC où les producteurs sont pugnaces sur tous les sujets, en face de tous les invités, même si ces producteurs sont très probablement de gauche (tendance Guardian). Même en face de leurs directeurs, lorsque ceux-ci sont mis en cause dans telle ou telle affaire, leurs employés/producteurs sont intraitables. C'est inimaginable à la matinale de FC où règne la pensée binaire : on est pour -> café croissants & encouragements. On est contre -> artillerie lourde et tirs de barrages rhétoriques. Ce matin, Guillaume Erner aurait gagné à consulter quelques sites spécialisés où déjà, des critiques justifiées du rapport étaient mises en lignes. On citera celle de la
Tribune de l'Art : Rapport sur les restitutions : rendons tout, Dieu reconnaîtra les siens.
D'ailleurs, quelques minutes avant cet entretien, le journal de 8h sur Radio 4 terminait en parlant de ce même rapport. Quelques phrases, et surtout la dernière : "
but some critics see in it an oversimplification of complex situations" (citation de mémoire). Une courte phrase, et un sujet de débat qui n'aura même pas été illustré pendant la trop longue matinale de Guillaume Erner consacrée à ce sujet. Plutôt que de rentrer dans les détails techniques, on a préféré le registre de l'épanchement émotionnel et les références aux films de super héros (Black Panther). Encore un matin... pour rien.