Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Je n'ai pas de passion particulière pour Fleur Pellerin et sa politique, mais il faut reconnaître qu'elle s'est bien sortie de son interview par Bouscarel (je crois qu'il s'agit de lui, sinon remplacer Bouscarel par Robert ou n'importe qui d'autre de la rédaction politique de FC). Il faut dire aussi que ce Bouscarel- là s'est montré particulièrement nul dans ses questions. Tout d'abord il s'adresse à la ministre par un "Bonjour Fleur Pellerin" bousculant quelque peu les règles élémentaires de la politesse quand on s'adresse à une ministre. D'ailleurs FP ne répond pas. Blanc à l'antenne. Il recommence "Bonjour Fleur Pellerin" et elle répond enfin. Les questions sont orientées, mais si grossièrement qu'elles tombent à plat. La ministre annonce des mesures en faveur ces concerts musicaux, Bouscarel s'en fiche et demande: "Mais ça ne concerne pas le théâtre!". Il insiste, repose sa question une nouvelle fois. On sent très fort que si FP avait proposé une aide au théâtre (gavé de subventions, Bouscarel lui aurait demandé "Et rien pour la musique?". Puis il parle d'une polémique sur la nomination de la nouvelle directrice de la RMN. FP lui explique qu'il n'y pas la moindre polémique, ce qu'il évacue rapidement alors qu'il a prononcé le mot. La ministre le lui fait remarquer. Puis il conteste à FP le droit de nommer les fonctionnaires qui dépendent de son ministère "Il faudrait plus d'ouverture dans les nominations". Mais enfin, est-ce si extraordinaire qu'une ministre nomme ses collaborateurs? À la Direction des musées nationaux? En final, attaque en piqué sur la déchéance de nationalité "qui va monopoliser le Parlement pendant trois mois, est-ce bien raisonnable?". Ce monsieur est éditorialiste politique à FC et peut proférer cette ânerie sans se retrouver immédiatement en stage de remise à niveau? Le Parlement ne va pas être monopolisé, il va continuer à travailler et traiter, entre autres, de cette déchéance, lui explique patiemment la ministre. Tout cela pour souligner la médiocrité insigne de cette équipe de FC qui a pris en otage, on ne sait dans quelles conditions, soutenue par on ne sait qui, l'information sur France Culture.

Ce matin, une journaliste parle du "coup de colère" de Manuel Valls, menaçant le patronat de nouvelles conditions pour l'obtention de l'aide gouvernementale, les entreprises ayant empoché l'argent sans créer beaucoup d'emplois comme elles l'avaient promis (On se souvient de Gattaz arborant un badge "1 million d'emplois", il y a deux ans et demi). Dans une rédaction normale, on aurait demandé une réaction du MEDEF. À quoi pensez-vous? La seule personne interrogée est Benoît Hamon , cette petite chose triste qui dit, bien entendu, tout le mal qu'il pense de Valls, de la mesure et du patronat.  Ce n'est plus du manque d'objectivité mais de la propagande partisane imbécile. Il faudra attendre 12H 40 pour entendre une déclaration de Gattaz.
Ce matin également, un portrait du repreneur d'une entreprise de madeleines qu'il a sauvé de la liquidation se termine par quelques notes de fiel : tous les ouvriers n'ont pas été réembauchés, une déléguée syndicale n'a pas été reprise, " c'est à nous les ouvriers que l'on doit ce sauvetage" entend-on (alors dans ce cas, c'est à eux que l'on doit aussi la quasi faillite antérieure?) etc.  Le FG se délite mais son étau sur FC tient encore bon.

Le journal de 7H 30 dénonce un "mensonge du Premier ministre" sur l'aéroport nantais. Bravo. Quel courage!. En fait la nouvelle a été donnée par le Canard enchaîné de ce mercredi et était donc à la disposition de la rédaction depuis mardi soir. Qu'a-t-elle fait depuis lors? Ses limiers ont trouvé (recherches harassantes, inouïes, rien ne les arrête) que l'argument écologique avait été utilisé par le PM (et tous les partisans du projet) encore récemment. Donc il a menti puisqu'il connaissait un rapport expliquant que le danger écologique était plus important pour le nouveau site que pour l'ancien. Là, le bât commence à blesser dans cette affaire où tous les coups semblent permis depuis 20 ans. FC aurait-il enquêté du côté du ministère de l'environnement (dépositaire de ce rapport), de la préfecture de Nantes (commanditaire de ce rapport), des services du PM? Que nenni bien sûr. Encore un travail de journalisme bâclé, mais qui permet de titrer et de réaffirmer à trois reprises: Manuel Valls a menti.
Le journal de 8 heures commence par cette nouvelle: L'Insee révèle que "les cadres, les professions intellectuels ont une espérance de vie supérieure de 6 à 7 ans" à celle des ouvriers. "C'est la première fois que l'Insee etc.". On va donc interroger en banlieue parisienne (attention les notes de frais) un vieil ancien directeur d'école dont les frères étaient ouvriers et sont morts avant lui (il a 90 ans), la preuve. En dehors du misérabilisme sanitaire faisant un titre principal d'un journal de FC, la "nouveauté" de cette information est un mensonge. Un mensonge qui convient à certains. Cette différence est connue depuis de lustres, des décennies, comme tout démographe pourra vous l'indiquer. Elle se trouve dans tous les manuels de démographie depuis quarante ans au moins. Mais on ne va pas demander aux intellectuels professionnels de la rédaction de FC d'approfondir leur sujet, ce gros titre est si beau! Les riches vivent plus vieux que les pauvres! J'attends avec impatience que FC nous parle de cette inégalité scandaleuse que des études sociologiques et démographiques viennent de mettre en lumière : les riches gagnent plus d'argent que les pauvres.

Il y a trois jours, Erner reçoit Nouvel. Rarement est apparu aussi clairement le ridicule du principe de l'animateur omniscient,capable de poser les bonnes questions à n'importe qui,  que ce matin. Connaissant assez bien le sujet pour diverses raisons, cette invitation était une stupidité de plus à mettre au débit de la rédaction du matin. D'abord, Nouvel ne représente pas la profession d'architecte, ni les architectes en général. C'est un solitaire doté d'un fort mépris pour ses confrères français et internationaux, qui le lui rendent bien. Il a été totalement absent du récent débat autour de la loi sur la création qui concernait les architectes. Il est un" stararchitect" qui illustre à merveille tous les défauts de cette petite bande sans pudeur (Zaha Hadid, Rem Koolhaas -plus intéressant quand même— Perraud — auquel on vient de confier l'île de la Cité par on ne sait quelle aberration hidalguienne — Gehry, si vous avez beaucoup d'argent, etc). Contrairement à ce que Nouvelil a dit sur FC la fonction, l'utilisateur, n'occupent qu'une place relative et réduite dans ses œuvres. Dommage que la question de Brice Couturier sur ce sujet ait été mal formulée. Il se fiche concrètement de la contextualisation, problème architectural majeur en Europe, mais n'en tient pas moins un discours symbolique sur l'intégration de ses réalisations. Prenons un exemple de projets de JN: le  musée du quai Branly (il nous  ressort quelques lignes de son dossier de presse).Le bâtiment est assez séduisant. Il s'intègre relativement bien dans un contexte neutre.  Néanmoins il est bourré de petits gestes pour épater  le bourgeois ou le fonctionnaire membre de la commission de sélection comme les caissons colorés qui ressortent de la façade côté Seine ou la façade végétalisme effroyablement coûteuse.Ses façades sont empoussiérées, ses terrasses fuient, ses sous-sols fuient, la rampe d'accès ("parcours d'initiation" ose-t-il dire) aurait dû être démolie parce que les handicapés ne peuvent emprunter sa pente trop raide, sa sombre muséographie a été universellement critiquée par les conservateurs, les architectes et surtout le public, les devis ont explosé, les finitions sont lamentables, toutes à refaire, mais ceci n'empêche pas Nouvel de le présenter comme une réussite exemplaire sur FC. Nous avons échappé je crois à la défense de la Philharmonie dont la principale trouvaille — la salle — est due à Hans Scharoun (Berlin 1955). Erner et Couturier, ne connaissant pas le sujet ne peuvent s'opposer à ces contre-vérités assénées avec le plus grand naturel. Erner ose poser une question aussi débile que : "Comment conçoit-on un musée?" à laquelle Nouvel répond par des platitudes.
Une fois encore, pour un sujet, l'architecture, qui concerne chacun d'entre nous, on s'adresse à une star  médiatique au discours banalisé, sans cesse répété, autoglorificateur alors qu'il existe tant de praticiens passionnants et plus jeunes, plus au fait de l'architecture actuelle et de ses enjeux que Jean Nouvel. Et face à lui : deux intervenants intimidés et illettrés. Pour le design, FC invitera certainement Philippe Starck.

Deux bonnes nouvelles pour une fois. Le nouveau chargé de la revue de presse internationale (Camille Maillard?) semble, avec plus de conviction, faire un meilleure travail que l'habituel au ronronnement satisfait émaillé de "sauf que" insupportables. Bienvenue.
Doute. Ai-je bien compris qu'Hervé Gardette s'est payé en direct la tête de Guillaume Erner (absent) pour son billet d'humeur? Il a joliment démonté ce petit billet artificiel, rarement drôle,e cette petite intervention assez prétentieuse de l'animateur du spectacle matinal. L'esprit tente-il de réapparaître chez les souris quand le matou est en Pologne?

Ce matin, les commentaires et questions d'Erner sur les élections américaines ont été particulièrement consternants.
Par exemple, il affirme qu'il n'y a pas de portraits psychologiques sur les candidats aux présidentielles américaines alors qu'en France, dans Le Monde…. Où a-t-il vu ça? Il cite le NYT dont il a dû lire un exemplaire le jour où on ne parlait pas de la psychologie des candidats. Il se fait corriger par une journaliste "… ce n'est pas tout à fait exact…" En fait c'est complètement faux. Il se pose des questions sur la traduction de "likeable" "qui n'existe pas en français. Tous les dictionnaires lui diront que ce mot se traduit par sympathie. "Qu'est-ce qui explique le succès de Sanders?" demande-t-il. Ça c'est vraiment la question que l'on attend alors que Sanders est certainement éliminé de la course… etc.

Ce jour vers 12h45 en fin de journal, moment de tension entre deux invités : l'une était l'ambassadrice d'Israël à qui en fin d'interviewée le journaliste demande de commenter les déclarations de Manuel Valls et de Roger Cukierman. Le second qui apporte à son tour un commentaire est une sorte de Bourmeau certes intellectuellement plus couillu mais aux idées à-peu-près semblables : un partisan de BDS et donc du boycott des produits d'Israël, pays dont il qualifie la politique de raciste. Immédiatement pressé par l'ambassadrice de préciser son propos, l'intellectuel confirme et ainsi s'attire d'elle en réponse une protestation sans fard. Et comme il n'admet pas qu'on lui réponde et comme il a derrière lui tout France Culture et toute l'Université française, il entreprend de répondre à son tour et là on se dit que si ça continue ça risque de durer un moment mais non car Ludovic Piétenu, qu'on a connu moins bien inspiré, coupe court à cet échange non sans dégager de façon quelque peu veule jusque dans la surface de Caroline Broué, qui trouve tout cela très drôle ma foi comme en témoigne son rire plein de santé qu'on a d'ailleurs pu retrouver en pastille sonore dans cet autre message.

Voici l'extrait de cette fin de journal où Amselle a consolidé sa place au paradis gmidéologique de l'intelligentsia de son pays, la même qui se dit dominée et réprimée alors qu'elle truste positions, prébendes, temps de micro sur France Culture et en général l'espace médiatique ce qui fait qu'on entend assez peu les scientifiques et beaucoup les mirlitants. Voici l'extrait, dis-je : [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/14310-08.03.2016-ITEMA_20931181-6.mp3" debut="21:48" fin="26:54"]

L'ambassadrice l'avait déjà rétorqué lorsque lui, (ou Broué ?) avait parlé de "pays" pour les Palestiniens. Quoi qu'on en pense c'est bien d'entendre quelqu'un qui défend ses convictions. de plus, elle a raison pour le supposé racisme d'Israël, une notion bien pratique, populaire dans certains cercles, qui évite de considérer la réalité à la fois d'Israël et de la région.
Amselle est spécialiste des déclarations sans nuance, drapé dans son appartenance à l'EHESS, ce qui, à ses yeux, garantit sa rigueur intellectuelle, son objectivité et la validité de ses thèses. Il a trouvé à qui parler en seconde partie de la Grande Table avec un sociologue, Gérald Bronner, lorsqu'il s'est lancé dans une contestation absurde des enquêtes et catégories qui, si on le suivait, empêcherait toute recherche, toute analyse. Il a entamé l'émission en tenant à prendre la défense non pas de Daoud, mais des universitaires qui avaient attaqué celui-ci de façon honteuse dans une tribune du Monde, en regrettant qu'en France on ne puisse plus discuter. La tribune en question était une condamnation violente, agressive et sans appel de Daoud pour islamophobie et méconnaissance de la société arabe (!) ce qui , au passage peut mettre dans une position très inconfortable, voire dangereuse, cet intellectuel algérien vivant encore dans son pays et déjà objet d'une fatwa.