« L’ineptie consiste à vouloir conclure. Oui, la bêtise consiste à vouloir conclure.»
Gustave Flaubert
La Conclusion
par Kévin Bossuet (c’est la même famille)
Mes biens chères sœurs, mes biens chers frères, ma bien chère famille.
L’été dernier je vous avais raconté mes vacances à la plage à lire Saint Simon, cette année, mes biens chères chers, foin du plat et du sable, faisons foin et fi de tout. Comme vous tous, j’ai changé. J’ai vieilli, j’ai mûri.
Le Morvan est une chaîne de montagnes à deux heures du centre du monde. En vérité en vérité je vous le dis, elle se distingue de la plage par sa sainte verticalité, et sa ressemblance flagrante avec une tête de poulet qu’on vient d’égorger sauvagement à coups de hache après avoir découpé à la cisaille chaque parcelle de son corps pour bien en faire gicler le sang sur les parois du poulailler en pagaille, après l’avoir énucléé à la pince à épiler et enfoncé son bec dans la crête à coup de massue. Oui. J'ai changé. J’ai mûri.
Le Morvan, c’est la montagne des Schtroumpfs, c’est petit, c’est mimi, c’est à deux heures de Paris.
J’étais littéralement plongé dans la relecture du sixième volume de Zelda, paru aux éditions Nintendo, et je m’imaginais en guerrier tenant son épée à la maind et je me dis, mes bien chers, que nous n’étions que poussières et que de cet amas de poussières pouvaient naître des montagnes à égorger.
Je décidai d’attaquer la montagne, ma Nintendo Switch dans une maind, mon épée dans l’autre, de l’attaquer, écoutez bien, de l’attaquer par en dessous, car mon jet privé ne me permettait pas en ce jour de l’attaquer par en dessus.
Par en dessous, c’est-à-dire par la grotte d’Arcy-sur-Cure, qui aurait pu être un couloir de métro sans ses décorations préhistoriques d’un goût douteux.
Attendez, mes chères, mes chers, la parabole allégorique arrive, j’y viens, elle a même commencé à votre insu, à mon insu, à l’insu de toutes et tous.
Si le Morvan était une porte, Vézelay en serait le verrou, et un verrou d’un tel gabarit que l’on y a placé non pas une table d’orientation, mais deux tables d’orientation, et pas en or massif, pas en marbre, pas en fer forgé, non, non, non, en faïence, et cette faïence, en vérité, en vérité je vous le redis, est toute craquelée, comme le paysage, mais un peu moins, car une table, oui, une table d’orientation, est plus petite que le paysage qu’elle représente, paysage terrifiant en vérité, car abritant des volcans qui fûmes, et qui ne fument plus. Tout flotte sur le manteau terrestre non pas comme un Mentos à la surface d’un verre de Coca, non, rassurez-vous, mais comme un cachet d’aspirine dans un verre d’eau, qui pétille et se dissout, et du coup non, ne vous rassurez pas, mes fidèles chères chers.
Le Morvan, c’est le désert humain, et au cours de ma marche énergique, je constatai que l’homme, quoique rare, est devenu bonté, car il ne pèche plus que dans l’Yonne, et que ma destinée suivait, secrètement comme toujours, celle d’un ancien président françois.
Ô joie d’emprunter un sentier interdit permettant d’accéder à la compréhension intime de ce paysage semi-parisien, car deux heures, finalement, ce n’est rien, ce n’est que poussière sur le trajet d’une vie. Joie qui n’a d’égal que le déblocage des niveaux dans Zelda de chez Nintendo. Ô Joie !
Ô joie ! Nous sommes ici partout, simultanément dedans et dehors, en mer et sur terre, à l’intérieur et à l’extérieur, derrière et devant !
Et le lac ! Mes chers toutes et tous, mes chères chers, ce lac, il n’est pas lamartinien, il est playstationien ! Il est vroum vroum, il est tut tut, il est vroum vroum tut tut ! Ô Joie !
Mais à ce moment précis, regardez, regardez avec moi ce Morvan, ce n’est plus le Morvan, nous ne sommes plus dans le Morvan, nous sommes dans Zelda, dans le Zelda de Nintendo Switch, et l’épée dans ma maind se met à fouetter en tous sens, et par delà Nintendo, c’est l’Empereur Auguste qui m’est apparu, et pas seulement lui, mais aussi mon but, le but secret de toute ma promenade à deux heures de Paris, le but secret qui donne tout son sens à mon épopée nintendo-romano-playstationienne : la pyramide de Couhard ! A deux heures de Paris !
J’appuyai sur ma Switch et la pyramide explosa, et ce n’était pas la pyramide que je vis partir en miettes, mais la tête du poulet, et ses plumes, et son bec, et sa crête !
Mon retour à la civilisation fut une fête, célébrée par un kebab au Bonaparte.
Mais, étais-je vraiment sorti de chez moi, le chez moi aux volets fermées et aux confins inexplorée ?
Kévin Bossuet, le 26 août de l'an de grâce 2019, à 12h05
P.S. du transcripteur : Une main malveillante est venue corriger sur le site de France Trutrucre les mots "maind", "fermées" et "inexplorée". Pourquoi ne pas garder toute la fraicheur et la pureté originelle qui émane du texte de Kévin Bossuet ? Oui, pourquoi faire perdre toute la fantaisie, la folie, la liberté prises avec l'orthographe d'usage ainsi que grammaticale ? Dans un souci de préserver la beauté du style, ces fautes ne sont pas corrigées dans cette version, qui du coup est bien supérieure.
Gustave Flaubert
La Conclusion
par Kévin Bossuet (c’est la même famille)
Mes biens chères sœurs, mes biens chers frères, ma bien chère famille.
L’été dernier je vous avais raconté mes vacances à la plage à lire Saint Simon, cette année, mes biens chères chers, foin du plat et du sable, faisons foin et fi de tout. Comme vous tous, j’ai changé. J’ai vieilli, j’ai mûri.
Le Morvan est une chaîne de montagnes à deux heures du centre du monde. En vérité en vérité je vous le dis, elle se distingue de la plage par sa sainte verticalité, et sa ressemblance flagrante avec une tête de poulet qu’on vient d’égorger sauvagement à coups de hache après avoir découpé à la cisaille chaque parcelle de son corps pour bien en faire gicler le sang sur les parois du poulailler en pagaille, après l’avoir énucléé à la pince à épiler et enfoncé son bec dans la crête à coup de massue. Oui. J'ai changé. J’ai mûri.
Le Morvan, c’est la montagne des Schtroumpfs, c’est petit, c’est mimi, c’est à deux heures de Paris.
J’étais littéralement plongé dans la relecture du sixième volume de Zelda, paru aux éditions Nintendo, et je m’imaginais en guerrier tenant son épée à la maind et je me dis, mes bien chers, que nous n’étions que poussières et que de cet amas de poussières pouvaient naître des montagnes à égorger.
Je décidai d’attaquer la montagne, ma Nintendo Switch dans une maind, mon épée dans l’autre, de l’attaquer, écoutez bien, de l’attaquer par en dessous, car mon jet privé ne me permettait pas en ce jour de l’attaquer par en dessus.
Par en dessous, c’est-à-dire par la grotte d’Arcy-sur-Cure, qui aurait pu être un couloir de métro sans ses décorations préhistoriques d’un goût douteux.
Attendez, mes chères, mes chers, la parabole allégorique arrive, j’y viens, elle a même commencé à votre insu, à mon insu, à l’insu de toutes et tous.
Si le Morvan était une porte, Vézelay en serait le verrou, et un verrou d’un tel gabarit que l’on y a placé non pas une table d’orientation, mais deux tables d’orientation, et pas en or massif, pas en marbre, pas en fer forgé, non, non, non, en faïence, et cette faïence, en vérité, en vérité je vous le redis, est toute craquelée, comme le paysage, mais un peu moins, car une table, oui, une table d’orientation, est plus petite que le paysage qu’elle représente, paysage terrifiant en vérité, car abritant des volcans qui fûmes, et qui ne fument plus. Tout flotte sur le manteau terrestre non pas comme un Mentos à la surface d’un verre de Coca, non, rassurez-vous, mais comme un cachet d’aspirine dans un verre d’eau, qui pétille et se dissout, et du coup non, ne vous rassurez pas, mes fidèles chères chers.
Le Morvan, c’est le désert humain, et au cours de ma marche énergique, je constatai que l’homme, quoique rare, est devenu bonté, car il ne pèche plus que dans l’Yonne, et que ma destinée suivait, secrètement comme toujours, celle d’un ancien président françois.
Ô joie d’emprunter un sentier interdit permettant d’accéder à la compréhension intime de ce paysage semi-parisien, car deux heures, finalement, ce n’est rien, ce n’est que poussière sur le trajet d’une vie. Joie qui n’a d’égal que le déblocage des niveaux dans Zelda de chez Nintendo. Ô Joie !
Ô joie ! Nous sommes ici partout, simultanément dedans et dehors, en mer et sur terre, à l’intérieur et à l’extérieur, derrière et devant !
Et le lac ! Mes chers toutes et tous, mes chères chers, ce lac, il n’est pas lamartinien, il est playstationien ! Il est vroum vroum, il est tut tut, il est vroum vroum tut tut ! Ô Joie !
Mais à ce moment précis, regardez, regardez avec moi ce Morvan, ce n’est plus le Morvan, nous ne sommes plus dans le Morvan, nous sommes dans Zelda, dans le Zelda de Nintendo Switch, et l’épée dans ma maind se met à fouetter en tous sens, et par delà Nintendo, c’est l’Empereur Auguste qui m’est apparu, et pas seulement lui, mais aussi mon but, le but secret de toute ma promenade à deux heures de Paris, le but secret qui donne tout son sens à mon épopée nintendo-romano-playstationienne : la pyramide de Couhard ! A deux heures de Paris !
J’appuyai sur ma Switch et la pyramide explosa, et ce n’était pas la pyramide que je vis partir en miettes, mais la tête du poulet, et ses plumes, et son bec, et sa crête !
Mon retour à la civilisation fut une fête, célébrée par un kebab au Bonaparte.
Mais, étais-je vraiment sorti de chez moi, le chez moi aux volets fermées et aux confins inexplorée ?
Kévin Bossuet, le 26 août de l'an de grâce 2019, à 12h05
P.S. du transcripteur : Une main malveillante est venue corriger sur le site de France Trutrucre les mots "maind", "fermées" et "inexplorée". Pourquoi ne pas garder toute la fraicheur et la pureté originelle qui émane du texte de Kévin Bossuet ? Oui, pourquoi faire perdre toute la fantaisie, la folie, la liberté prises avec l'orthographe d'usage ainsi que grammaticale ? Dans un souci de préserver la beauté du style, ces fautes ne sont pas corrigées dans cette version, qui du coup est bien supérieure.