de Yves Jamiaque - bruitage Gabriel de Rivage
interprétation Marcelle Géniat (la voyante), Martine Sarcey (le Dr Anna Fontier), Lucien Nat (le professeur Verdier), Geneviève Morel, Becky Rosanes, Pierre Moncorbier, Françoise Jacquier, Jeanne Dorival, Yves Duchateau, Jean Bolo, Jean Chevrin, Pierre Amel, Robert Miller, Gaétan Jor, Jean Mauvais
réalisation Pierre Billard
La présentation de Pierre Véry laisse cette fois-ci un peu plus de place au mystère. De plus, coup de chance, Yves Jamiaque n’a vraiment pas gardé grand-chose du fait divers envoyé par Raymonde Dufour (qui gagne une brochure dédicacée), et sa lecture en ouverture ne dévoile rien de la dramatique qui va suivre.
La comparaison avec « Fantôme à vendre » de René Clair est tirée par les cheveux, et la conclusion de Véry, qui ouvre sur un débat autour des pouvoirs surnaturels des voyantes n’est que la démonstration du manque momentané d’inspiration du maître de cérémonie de « Faits divers ».
Comme très souvent dans la série, autant les rubriques accusent nettement le passage du temps, autant l’interprétation des dramatiques se défend bien contre ledit passage.
Madame Roc est une voyante qui ne reçoit plus (c’est le titre), et qui annonce des événements qui ont la mauvaise idée de se produire. Le dénouement est assez niais. Celui proposé par Raymonde Dufour était plus excitant.
Marcelle Géniat, qui joue Mme Roc, n’a pas peur d’en faire trop, le rôle s’y prêtant bien.
Les rubriques que les Nuits ont fait sauter :
Le lancement du tout premier « jeu des titres ». Maurice Renault propose un premier fait divers pour lequel il faudra trouver un titre. L'histoire : un message de naufragés d’une goélette vénitienne datant de la fin du XVIIIème siècle a été retrouvé par un jeune homme sur une plage italienne.
L’annonce de la dramatique du 26 octobre. Pierre Véry laisse la parole à son auteur, Pierre Léaud - le père de Jean-Pierre -, qui résume le fait divers qu’il a choisi, une histoire de contrebande de cigarettes sur la Côte d’Azur.
Maurice Renault demande en quoi ce fait l’a inspiré, et c’est là que nous apprenons que l’inspiration n’est pas encore venue, que la dramatique n’est pas encore écrite, et que le futur auteur espère avoir suffisamment d’imagination pour en tirer quelque chose de présentable. Maurice Renault le reprend énergiquement là-dessus : il a tout intérêt à en avoir !
En tout cas, il y a promesse d’actions, de coups de feu, « pas de fumée sans coups de feu » ajoute Véry qui là d’un coup a son moment d’inspiration. « Touchez pas aux blondes », renchérit Léaud.
Cela donne une idée de la rapidité d’exécution des dramatiques, puisque celle-ci sera diffusée seulement 15 jours plus tard, le 26 donc, sous le nom de « Mektoub ».
Le petit courrier des amateurs de mystère et d’aventure :
Germaine Beaumont résume toujours la quasi totalité des histoires, sachant s’arrêter juste au dénouement pour que le lecteur n’ait plus que les dernières pages à lire.
Cette semaine, c’est au tour du dernier Simenon, « L’horloger d’Everton ». La synthèse qu’elle en livre ne manque toutefois pas de pertinence : « nous voyons se dérouler en sens inverse deux destinées, celle du fils roulant vers l’abîme, celle du père remontant vers le passé... ». Bertrand Tavernier l’adaptera au cinéma, en transposant l’action à Lyon (« L’horloger de Saint Paul », 1974).
Autre roman qui a attiré l’attention de Germaine Beaumont, « Vague de chaleur » de Dana Moseley. L’héroïne, « abondamment pourvue de beauté et de gentillesse », commet une impardonnable maladresse : en pleine canicule, elle s’approche trop près de sa fenêtre ouverte, et dans le plus simple appareil. Et vous devinez quoi ? On l’a vue ! Et ce « on » est nombreux, bouffi de méchanceté. Le tout s’achève par un meurtre, « bien entendu », Germaine faisant l’effort suprême de ne pas nous nommer la victime.
Les spectacles vus par Rodger :
Roger Régent s’entraîne au grand écart. Le principe : choisir deux spectacles qui n’ont strictement rien à voir entre eux et leur trouver des points communs en se coupant les cheveux en quatre. Après les avoir tirés avec « Fantôme à vendre », ce devrait être plus facile.
Une pièce et un film « dont les sujets sont identiques, mais les analogies s’arrêtent là car ce film et cette pièce ne se ressemblent guère. Quant aux auteurs, à l’esprit de qui viendrait-il de comparer Jeanson et Tchekhov ? »
Les deux œuvres comparées sont donc « Madame du Barry » de Christian-Jaque, et « La cerisaie » mise en scène par Jean-Louis Barrault.
Comparaison : « Le propos des auteurs est semblable en ceci, qu’ils s’attachent l’un et l’autre à brosser le tableau d’un monde, d’une société, d’un régime disparu et enfoui sous les tumulus des révolutions. A ceci près toutefois que lorsque Tchekhov écrit « La cerisaie » (…) la société qu’il décrivait était toujours debout, alors que le Versailles du XVIIIème siècle, (…) il y a près de deux cents ans qu’il s’est écroulé. »
Bravo Rodger.
Maintenant les points saillants de ces deux œuvres :
« Madame du Barry » : les bons mots de Jeanson et les décolletés de Martine Carol. « Les premiers sont inégaux, et les seconds sont égaux à eux-mêmes » Roger a eu le temps de prendre les mesures. C’est d’un goût douteux admet-il, mais on ne s’ennuie pas.
« La cerisaie » : « très grande qualité...admirable sûreté de trait...troupe parfaitement homogène...compositions saisissantes... »
Après la pommade, le supplice de la roue : « en réalité il n’y a pas de pièce. Et c’est peut-être pour cela qu’en définitive malgré la qualité de cette soirée, nous restons un peu sur notre faim. » Fin.