Promenades ethnologiques en France - Sur les traces de Ramond (
03,
04 &
05/08/1981)
par André du Bouchet et Claude Macherel - Avec des bergers de Sainte-Marie-de-Campan, le maire-adjoint de Campan, des habitants du village et des paysans - Réalisation Hervé Leveau
Cette promenade ethnologique vient croiser une autre rediffusion, celle d’un documentaire de 2017,
Paysans : les quatre saisons, qui recueille la parole d’agriculteurs.
Dans la promenade ethnologique, André du Bouchet et Claude Macherel laissent les bergers et les habitants de Sainte-Marie-de-Campan discuter entre eux, les relançant le moins possible, le but étant que la présence du micro soit discrète.
En 2017, les agriculteurs et leur famille parlent au plus près du micro qu’on leur tend sous le nez. Avec ce besoin de rajouter en fond des bruits de la ferme pour surcharger le tout.
Autre énorme différence, une approche qui montre une évolution des mentalités :
En 2017, on incite les agriculteurs à parler d’eux, de leur famille, la société étant réduite à une addition de « moi ».
En 1981, la vie de chaque paysan s’intègre dans un ensemble plus vaste. Il s’agit du passage du temps, du passage des hommes sur une terre qui va être amenée à changer d’aspect au fil des années. Magnifique sujet.
En 2017 on zoome sur des individus, et en 1981 on part des individus pour obtenir une vision ample, large, de la région de Campan dans les Pyrénées.
En 2017 on entasse les témoignages de plusieurs familles et puis c’est tout. Et cette idée que l’absence de parole est synonyme de silence et d’ennui. Et que sans la parole point de salut.
Les agriculteurs ne sont évidemment pas en cause, ils font ce qu’on leur demande de faire, c’est à dire de bien raconter leur vie dans le micro après avoir décliné leur identité. Rajoutons à cela une musique d’ascenseur pour créer de l’émotion, et les bruits de la nature pour que ça fasse bien "documentaire".
Extrait de la 2nde partie, L’installation. L’exaltation du « moi je » comme alpha et oméga de tout.
[son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10177-19.03.2019-ITEMA_22012278-0.mp3" debut="34:20" fin="36:48"]
L’ethnologie teintée de poésie a disparu. L’ambition n’est pas la même. L’auditeur peut écouter d’une oreille distraite. Notons aussi l'ajout d'une musique de type richardclaydermanositcomesque, pour créer de manière totalement putassière une émotion factice.
C'est un paradoxe : avant l'arrivée des podcasts France Culture produisait des émissions que l'on aurait voulu réécouter et qu'il était parfois difficile d'enregistrer. Et maintenant, alors qu'il est possible d'archiver et de réécouter à loisir, les émissions proposées sont souvent "inécoutables". Et puis les rares médias qui rendent compte des émissions de radio font des publi-reportages, et non de la critique. C'est une dictature de la médiocrité. L'expression est forte mais elle correspond parfaitement à la situation.
Sur les traces de RamondOutre les aspects évoqués plus haut, cette triple promenade, superpose les écrits de Louis Ramond de Carbonnière, géologue et botaniste qui au moment de la Révolution Française va venir étudier les Pyrénées, les discussions de paysans, et les conversations entre A. du Bouchet et C. Macherel se promenant dans la région de Campan. Les trois parfois se croisant ou se mélangeant. Ou se perdant…
Première partie – A. du Bouchet et C. Macherel sont en voiture, ils se sont perdus. La promenade se fera selon les hasards et les imprévus.
Ils vont ensuite partager un repas avec un groupe de bergers durant lequel une longue discussion va s’engager. Les bergers ne parlaient pas patois entre eux en raison des micros, et un berger que nous n’avons pas entendu était présent. Et c’était lui qui avait peut être le plus à dire, le seul à vivre exclusivement de son troupeau. Les autres ayant un autre métier.
L’émission est particulièrement lucide sur ses limites. Elle en joue et les tourne à son avantage car les imperfections et les hasards deviennent un des sujets de cette promenade. A. du Bouchet sait que l’ethnologie implique une immersion longue au sein de la population étudiée, chose impossible ici.
[son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-19.03.2019-ITEMA_22012386-1.mp3" debut="29:37" fin="34:40"] Textes de Ramond lus par A. du Bouchet (les événements en question étant la Révolution Française), qui se superposent à une partie du repas (l’arrivée des routes touristiques).
Deuxième partie – Conversation à nouveau mais dans le café épicerie du village avec le maire-adjoint et et un cultivateur. Il y est question toujours du passage du temps, des changements de la société, de la manière dont l’homme transforme le paysage, mais aussi de l’élevage, la fabrication du pain et du beurre… Mine de rien c’est une partie de l’histoire de la vallée depuis le début du XXème siècle.
Ensuite, promenade avec A. du Bouchet et C. Macherel.
Récit d’une rencontre avec deux bergers, dans le fond un événement imprévu, des tireurs qui s’entraînent sur des cibles :
[son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-20.03.2019-ITEMA_22013305-1.mp3" debut="38:52" fin="42:30"] Le refus de ces bergers de se confier au micro perçu comme une « intrusion du dehors.»
« La pierre qui fait signe » à A. du Bouchet : il y retrouve, par hasard, un signe sur lequel Ramond revient très souvent. Le monde du livre rejoint la réalité.
[son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-20.03.2019-ITEMA_22013305-1.mp3" debut="55:13" fin="58:00"]
Troisième partie – Suite de la promenade, puis retour à Campan. L’exploitation des forêts, la disparition des bûcherons et des scieries, la chasse aux izards, la modernisation des exploitations. Plusieurs strates temporelles se superposent encore : le XVIIIème siècle (Ramond), 1981, et les souvenirs des habitants qui remontent à la première moitié de XXième siècle.
Du café épicerie aux pâturages, paysage sonore :
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C. Macherel apportera plus tard des explications sur les cloches du bétail.