Antoine Arnoux(https://regardfc.1fr1.net/t732p120-commentaires-de-commentaires#28074) a écrit:Dans sa contribution relative à
l'absence de « conversation sur la bande dessinée » dans « Répliques », Jean-Luuc ne considère pas le livre de M. Hector Obalk,
Michel-Ange. Tout Michel-Ange en un seul texte et en mille images, comme une bande dessinée. Dans « Les regardeurs » d'aujourd'hui, M. Obalk (encore lui) était reçu par M. de Loisy. A la question que celui-ci lui posait : « (…) donc pourquoi la BD et pourquoi en BD Michel-Ange plutôt que Léonard ? » celui-là répondit de la façon (peu claire) suivante : « Alors d'abord le mot BD est un peu embêtant parce qu'évidemment quand on dit j'ai fait une BD sur Michel-Ange avec Michel-Ange on pense tout de suite que j'ai dessiné Michel-Ange avec sa casquette sureuh au sommet de la chapelle Sixtine en train de peindreuh chais pas comme si j'mettais des des bulles à la Joconde ou ce genre de choses non non c'est même on pourrait dire ça n'a rien d'une BD à la fois puisqueuh y a pas deuh enfin si y a des bulles puisque j'parle parfois mais disons queuh ce n'est pas euh comme une fiction si vous voulez c'est un essai de même qu'il y a un roman graphique maintenant y a d'l'essai graphique (...) » (9'20-10'00).
https://www.franceculture.fr/emissions/les-regardeurs/bacchus-1497-de-michel-ange-0
Merci Antoine Arnoux d'avoir signalé cette rectification d'Obalk, que sans vous, j'aurais manquée. Le discours du critique d'art est on ne peut plus flou sur cet objet (qu'il n'hésite pas à qualifier quand même de
livre d'art révolutionnaire (11'23'')). Pour cette raison, il n'aurait pas été inutile d'intituler clairement sa démarche (qui ressemble de loin au souhait de voir apparaître une image lors du survol de la souris sur un lien hypertexte, autrement dit un « overlib ») pour éviter de voir les adjectifs inappropriés s'accumuler :
BD ou
essai graphique comme retranscrit par Antoine Arnoux ci-dessus (le
graphique renvoyant toujours au dessin, que je sache...). J'avais parlé
ici de bande photographiée. Mais le vocable bande photographique me parait après coup un peu mieux choisi. En tout cas, moins ringard que : roman photo.
De
Répliques à
Les regardeurs, l'effet Angoulême joue à plein. Comme c'est curieux d'inviter cet auteur deux jours de suite (suivant l'argument de vente de l'éditeur) le week-end précédant l'ouverture du festival, quand renseignement pris, le livre a paru trois mois avant, le 26 octobre 2016 !
Le plus intéressant n'est pas là.
24'45'' : Jean de Loisy :
Le premier aspect de ce premier Bacchus, c'est ces muscles ronds et une légère mollesse. Est-ce qu'on peut aller un peu plus loin et se dire que dans la figure même de Bacchus, il y a une hésitation entre le masculin et le féminin ?Hector Obalk : Oui, tout à fait. Il y a surtout toutes les hésitations qu'on veut, elles sont là-dedans. Donc, tous les critiques d'art sont très contents. On peut faire tous les mots en disant : c'est blanc et c'est noir, il se tient debout, il va tomber.
De Loisy :
Pourquoi est-ce qu'il y a cette hésitation entre l'un et l'autre ? Qu'est-ce qu'il a voulu dire ?Obalk : C'est tout à fait cohérent avec le sujet. Bacchus est une personnalité androgyne, une personnalité interlope, une personnalité qui apporte du plaisir et ne recule pas devant le mal, il y a tout ça chez Bacchus.
De Loisy :
Quand vous dites interlope, vous voulez dire que c'est quelqu'un qui est sur la frontière des choses ? Entre le monde sylvestre et le monde de la cité, entre la raison et la déraison ? Obalk : Voilà, toutes ces choses-là. On peut les aligner, on peut être littéraire, la ville et la campagne, l'homme et la femme, le bien et le mal. (...)
À l'écoute de cette discussion m'est revenue en mémoire cette autre, tenue ici même, dans le fil
Le paradigme idéologique de France Culture, entre les messages
131 et 135. Je cite Philaunet :
À France Culture, il n’y a et ne doit y avoir nulle part de ligne claire, de frontière, de séparation, de coupure, l’un est aussi l’autre et inversement. Sexe, art, santé mentale et physique (le syndrome Knock »Tout bien portant est un malade qui s’ignore« ), etc. Sinon, c’est l’exclusion au lieu du vivre-ensemble.Mais Hector Obalk ne se laisse pas entraîner dans les éléments de langage de Jean de Loisy. Sa réponse cinglante est brillante et vaudrait pour n'importe quelle critique : artistique, littéraire, cinématographique, même radiophonique ! Je reprends la conversation commencée plus haut :
De loisy :
Mais vous ne croyez pas qu'il y a une volonté de signification ?Obalk : C'est de la signification, tout ça, mais elle ne relève pas de Michel-Ange.
Mon problème à moi, c'est que je ne veux pas rentrer dans la signification des oeuvres si tout à coup je vois que c'est la signification de n'importe quelle autre oeuvre. Il y a beaucoup de choses à dire sur une Pietà. Il y a beaucoup de choses à dire sur une descente de croix. Mais à partir du moment où je parle de celle de Vélasquez, je vais rien dire qui pourrait concerner une autre descente de croix. Du coup, ça censure mon propos. Parce que si je pouvais dire la même chose d'une oeuvre qui serait une croute, c'est donc que en tant que critique d'art, j'aurais échoué. Donc, je ne vais pas commencer à disserter sur Bacchus, parce que je laisse Nietszche et d'autres disserter sur Bacchus, je prends juste ce qui m'arrange ou qui est utile pour essayer de lire une oeuvre d'art.
Ce à quoi, je le crois, chaque contributeur s'attache ici.