Entièrement d'accord avec toi pour la description et la critique de la tendance.fanch a écrit:belle utopie que de croire alors qu'existait au meilleur des années 60 & 70 une analyse des pratiques, il en serait de même aujourd'hui pour l'audio et le visuel !!! Le forum-parodie (27 mars 2009, in grand auditorium de RF, j'y étais) de Cluzel avant son départ montre bien que ce sont d'autres stratégies qui élaborent les orientations audio de la radio !! Il n'y a plus de penseurs pour la radio (les panseurs sont plutôt du côté de Kronlund et Sur les Docks) et s'ils existent ils pensent dans le désert car personne ne leur tend plus le micro. Les directeurs se suivent et inventent des émissions et empilent leur égo ou leur prétendu objectif de service public.
Ya pas de hasard ni Jaigu, ni Borzeix (ex-dir de FC de 1975 à 1996) n'étaient connu du grand public ils officiaient avec des convictions chevillées au corps (et j'oserai dire au cœur). La société du spectacle ayant fini par s'immiscer dans le service public (cf franceinter), après le passage terne (et destructeur) de Gélinet (qui ne restera même pas dans l'Histoire !!!!sic), la nomination de L.A. (Laure Adler pour les intimes) allait sonner la charge du vedettariat et du petit cercle des intellectuels "en prise". Et là plus aucune critique ne fut possible elle fit FC à sa main et à son pied tant elle fut prompte à mettre dehors les empêcheurs de tourner en rond dans sa tour d'ivoire.
Mais pas d'accord du tout sur l'idée qu'il n'y aurait pas de réflexion. Tout ce à quoi nous assistons dans la dégradation du programme de FC nous emmène vers l'idée contraire : pour en arriver à un tel choix, il ne peut qu'y avoir une analyse interne des pratiques. Mais comme tu l'as remarqué avec cette consultation bidon, de cette analyse l'auditeur est exclu. Exemple ou preuve : dans le si fameux "Pot-au-feu" sanglant de décembre 1999 au Bouillon Racine, où Laure Adler montrait son vrai visage, Lebrun lui avait posé la question de la voix des auditeurs dans la demande de programme. Ce à quoi elle avait répondu avec un mélange de candeur nunuche et d'autoritarisme benet "nan, les directeurs de programme sont là pour ça".
Alors l'auditeur qui exprime une demande, il a beau envoyer des courriers, dans le meilleur des cas ça tombe chez un producteur soucieux de qualité (évidemment il y en a et pas qu'un peu), mais dans bon nombre de cas on pisse dans un violon. Et il faut aussi admettre que si la direction ou un service esspécial veut se mettre à l'écoute des auditeurs, tous les auditeurs, et tenir compte de leur demande... c'est la bouteille à l'encre. Ca ne veut pas dire "mission impossible", mais ça veut dire un difficile travail d'analyse, une réflexion sur la mission et la vocation oubliées (le syndrôme de Biddle), une connaissance de ce qu'est la culture, et ça oui c'est une question difficile, on fait tous les gros malins ici mais on n'est pas si sûrs de nous.
Déjà, communiquer en direct ou en sujets élaborées, livrer chaque jour 24h de programme, eh bien c'est aussi un travail difficile. Pour faire celui-là, on liquide l'autre, celui qui consiste à se pencher sur la demande de culture et non celle d'info, sur la demande de qualité et non celle de direct-qui-donne-un-sentiment-de-vie. Bizarre d'ailleurs, car moi je me sens pas vivre davantage quand j'entends des gens vivre à ma place parce que je les écoute faire leur numéro en direct ; par contre je me sens vivre quand je m'instruis et en écoutant leur direct, c'est pas souvent le cas. Donc à FC on laisse tomber ce travail là pour celui de la quête quantitative : l'audience. Pourtant, au moins au plan de l'analyse, il n'y a aucune incompatibilité entre les deux. Et au plan des objectifs ? Aïe, c'est là que ça frotte : après Borzeix, la station a misé sur la quantité sans se dire que le but pouvait aussi être atteint en renforçant le qualité culturelle. Bref ce travail là, de connaitre la demande de culture, à FC on ne veut plus le faire, parce qu'on préfère l'autre : fabriquer du direct flashy. Soyons clairs, en écoutant FC à certaines heures, on ne peut qu'être convaincu que la seule question qui compte, c'est : "comment faire pour qu'on nous écoute encore plus ? Ah il faut racoler, bah alors ça sera facile : racolons, racolons, et le client va venir". Résultat : Lebrun fait le ventilateur d'estrade, Kronlund la marchande de mouchoirs, Alberganti vend de la trouille, Voinchet fourgue du bon mot imité de Pivot, Goumarre imite Ruquier et Laporte oui bon il a son fil à lui déjà, ne faisons pas dévier celui-ci.
On sait déjà que de façon générale, les entreprises ne sont pas des démocraties, sinon du type de celles où l'on vote avec les pieds (à condition d'en avoir les moyens). Ce qu'on voit avec FC, c'est que les Medias ne sont pas non plus des démocraties, sinon de celles où l'on vote en tournant le bouton. Alors restons démocrate, puisque j'ai pris ce chemin le temps d'un post : le problème, c'est que la culture est une dimension essentielle des démocraties, tout comme l'information d'ailleurs. France Culture feint de faire le choix de la seconde, au détriment de la première. Ce faisant, on, donne un pouvoir et une influence à la Rédaction qui livre de l'info biaisée, dans la pure tradition du media d'opinion. Et dans le même temps, progressivement on relègue la culture. Tout ça pour viser un auditeur statistique, défini non pas qualitativement, mais uniquement en réponse à une question simple : "a écouté France Culture une fois cette semaine / aujourd'hui / hier / demain compte écouter FC ".
Et, basta... !