Merci pour la présentation de ce film radiophonique qui tient en haleine et amuse de bout en bout. Quand la radio publique française remplissait le rôle "to entertain", l'un des principes fondamentaux de la BBC : "Inform, Educate, Entertain".
On pourrait penser que les 20 minutes qui suivent peuvent être zappés, vu leur caractère daté. Mais non. La manière de présenter les faits divers (et la minceur des prix offerts aux auditeurs qui les ont envoyés) et les critiques de livres et de films valent le détour, ne serait-ce que pour la comparer avec celle de nos critiques contemporains. Il y aussi une plaisante liberté de ton qui tranche avec les actuelles auto-censures et leçons de morale ("Thou shall not...").Curly(https://regardfc.1fr1.net/t940p10-les-maitres-du-mystere-et-autres-series-de-germaine-beaumont-pierre-billard#38868) a écrit: (...)
La petite valise ((20-07-1954)
de Jean Marcillac
avec Jacques Dynam (Roger Mantonet), Jean Val (M. Vayron-Gaillac), Jacqueline Rivière (Colette), Claire Olivier, Becky Rosanes, Florence Brière, Jacqueline Lefevre, Jean-Marie Amato, Pierre Leproux, Jean D’Yd, Gérard Gervais, Maurice Dorléac, Paul Faivre (Isidore Courtecuisse)
Jean Marcillac, le voici justement, et bien inspiré. Il reste fidèle au fait divers qui lui est imposé, il n’en change rien : une erreur d’impression dans le journal donne le mauvais numéro gagnant à la loterie.
A partir de là, c’est un régal. Il est démontré, de manière très caricaturale, qu’il est plus important de paraître riche que de l’être vraiment. Notre héros, bien conseillé, va donc faire croire à tout le monde qu’il a vraiment gagné. L’argent attire l’argent...et c’est gagné. Enfin, dans un premier temps.
Et ce n’est pas tout : Marcillac fait basculer sans aucun ménagement son histoire du comique au tragique, avant de lui donner une fin qui ignore totalement la morale pourtant imposée aux auteurs de l’émission.
Le fait divers raconté ensuite vaut son pesant d’or. Encore une tentative de suicide extraordinaire, qui va lamentablement échouer. Quelle poisse, tout avait été pourtant prévu, il avait « attaché un pistolet automatique à une table, il avait arrosé toute la pièce d’essence, ouvert tous les robinets à gaz ». Je passe les détails, mais Jean Toscane nous raconte, point par point, tout ce qui a lamentablement loupé, c’est-à-dire tout.
Second fait divers, un beau gag macabre : un enfant qui s’amuse à faire peur à un cambrioleur (« Haut les mains ! ») qui meurt sur le coup.
Une annonce termine la rubrique : un « jeune homme très paresseux » a fait publier une annonce dans un journal pour réclamer un emploi très bien payé, pas fatigant. Il ne veut que des postes à hautes responsabilités, et permettant de se la couler douce.
Parmi ses qualités : « Bon danseur, causeur disert, sait siffler à la fois sur deux tons ». Quelques jours plus tard, le demandeur avait reçu « pas moins de soixante-dix propositions ».
Encore plus fou, le fait divers retenu pour une fiction à venir : une propriétaire allant chercher son dû chez un des ses locataires s’est aperçu que celui-ci avait mis les bouts en embarquant la maison, qu’il avait démontée et remontée deux cents kilomètres plus loin.
Le Germaine Club : Deux romans recensés, « On tue le veau gras » de William Hard, une série noire de chez Gallimard, et « La morte-saison », de Maurice-Bernard Endrèbe, qui fut un des producteurs du « Jeu du mystère et de l’aventure », et qui participa occasionnellement aux « Maîtres du mystère ». Germaine Beaumont, sous le charme de son enquêtrice Miss Prentis, fera adapter, par l’auteur même, ou par d’autres, plusieurs de ses enquêtes.
Le film à Roger. Un seul film, mais quel film. Roger, certes, le dézingue un peu, car il a une réputation à respecter. « Witness to Murder » de Roy Rowland, avec Barbara Stanwyck. Roger tente de maquiller, mal car il ne se maîtrise plus, sa passion pour la belle Barbara en parlant un peu de la construction du film, qui est parfaite, ce qui n’entre nullement en contradiction pour notre critique avec le fait que « la fin frise le ridicule », et qu’il y ait une histoire de « nazi nietzschéen » qu’il « n’aime pas beaucoup au milieu de tout cela ».
Il rapproche le film de « Gaslight » de Cukor. Le rapprochement aurait pu être fait aussi avec « Rear Window » d’Hitchcock, si ce film n’avait pas eu l’idée de sortir quelques mois après celui de Rowland.
Pour résumer : « Quant à Barbara Stanwick, après ce que je viens de vous dire...croyez-moi pourtant, elle est très très bien. »