Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Pas sûr que tout le monde comprenne que le titre du fil "Laure Adler , juste quelqu'un de bien..." soit consacré à l'émission Hors-Champs et que le "quelqu'un de bien" soit lourdement ironique. Qualification encore une fois particulièrement adéquate quand on entend cette présentatrice ce soir. Heureusement, elle parle très peu, car l'invité très (très) disert ne laisse presque pas de place au ton dégoûté (ou dépressif-suicidaire ?) de celle qui a cassé, avec l'assentiment de ses supérieurs, France Culture en 1999.

Ce jeudi 30 mai, l'invité, Christophe Fauré, psychiatre, s'écoute très bien. Quelqu'un qui parle de son expérience et des leçons qu'il en tire pour aider son prochain (patient). Rien d'exceptionnellement nouveau, mais une parole claire portée par une conviction.

On passera sur le fait que visiblement il aimerait voir la ventes de ses livres stimulée par son passage à l'antenne (il cite son éditeur plus qu'il ne faut)

Laure Adler reçoit Christophe Fauré, psychiatre, spécialisé dans l'accompagnement des personnes en deuil.
http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-christophe-faure-2013-05-30

Heureusement que vous le conseillez personnellement, car "Laure Adler reçoit Christophe Fauré, psychiatre, spécialisé dans l'accompagnement des personnes en deuil.", voilà qui ne donne pas forcément envie, à première vue, de se précipiter...

Pourquoi pas ? Voilà ce qui manque cruellement sur France Culture : des émissions intelligentes dans le domaine "psycho-éthico-médico-social".  Les stations culturelles allemandes occupent régulièrement ce terrain (avec une coloration religieuse, des théologiens - qui semblent souvent avoir une formation philosophique éprouvée - étant fréquemment invités) et c'est autrement plus intéressant que les bavardages entre copains, les promotions de spectacles et d'artistes nuls et les divagations narcissiques du genre Atelier Intérieur)

Laure Adler ne semble pas à la fête (elle doit tirer une de ces tronches) car le psychiatre lui démonte son idole Freud, elle qui a dû passer des lustres en psychanalyse freudienne. Ensuite, la pauvre ne réussit pas à placer son langage abstrait et creux devant un médecin qui parle de réel (plus à l'aise sur le deuil que sur un sujet qui semble vendeur et qui a valu un prix - fait sans doute sur mesure - au livre qui y est dédié, à savoir la décennie du  changement 45-55 ans). Enfin, je crains que la productrice n'entende douloureusement ce discours en pensant que le type est en train de lui saper, à elle et à tout France Culture, son fond de commerce idéologique : la plainte languissante. Il s'agit en effet de guérir et non de se complaire dans le malheur ressassé pour en faire des livres (ou des émissions).

Fauré emprunte le chemin (financièrement rentable) de la résilience à la Cyrulnik. Voilà qui doit déplaire aux pleureuses de FC. Et le ton de la productrice d'une neutralité.... malveillante ne fait que renforcer cette impression...

Philaunet a écrit:Laure Adler ne semble pas à la fête (elle doit tirer une de ces tronches) car le psychiatre lui démonte son idole Freud, elle qui a dû passer des lustres en psychanalyse freudienne. Ensuite, la pauvre ne réussit pas à placer son langage abstrait et creux devant un médecin qui parle de réel.
Enfin, je crains que la productrice n'entende douloureusement ce discours en pensant que le type est en train de lui saper, à elle et à tout France Culture, son fond de commerce idéologique : la plainte languissante. Il s'agit en effet de guérir et non de se complaire dans le malheur ressassé pour en faire des livres (ou des émissions).

On peut le voir comme cela. Pour ma part, il m'est apparu plutôt courageux de la part de Laure Adler d'aborder ce sujet sensible pour elle. Perdre un enfant en bas-âge me semble plus relevé du réel que du langage abstrait.
Enfin, si l'on veut parler de plainte languissante et de malheur ressassé, on pourrait se demander si ce forum n'illustre pas souvent ces phénomènes et si un deuil d'une certaine France Culture du 20ième siècle ne reste pas à faire.

PS: Une émission de J. Attali, Le Sens des choses, a traité de ce sujet dans la grille d'été 2010 de FC.

Non Alain je ne pense pas que ce forum de critique soit un forum de plainte.
Je ne crois pas non plus qu'il faille faire le deuil d'une radio qui peut retrouver sa mission.

Anattendant ce renouveau, je continue à profiter de mon temps de service domestique pour écouter chaque jour le Hors-champs de la veille, bien que le sujet ne soit plus du tout hors du champs, sauf hier soir Marcela Iacub qui s'est elle-même lourdée du studio après un crépage de chignon en règle. L'écrivaine a feint la colère en se plaignant de mauvais traitement au micro par Laura Delair. Le sujet de la mésentente étant comme prévu l'affaire DSK, et voila Marcela indignée en train de quitter le studio en claquant une porte dans notre imaginaire... à 3 minutes de la fin, zut ! Seulement 3 minutes de sauvées de l'ennui. Elle aurait pu se barrer 20 minutes plus tôt j'aurais pu caser un (ou deux) Changement de décor que j'écoute rarement en entier tellement c'est niais. N'empêche, un skandhâl en direct, pfuiiiiii, plus ça va et plus France Cultchure c'est aussi con que de la télé. D'ailleurs, au rayon de la critique et non de la plainte, il faut signaler que le principe de l'émission est dévoyé régulièrement puisqu'on y entend nombre d'invités qui sont au contraire sous les feux de l'actualité.

Une bonne raison de rester à l'écoute avec un intérêt qui ne faiblit pas, ce sont les extraits d'archive, qui malgré la sur-représentation de Derrida Foucault et Deleuze, sont assez souvent d'authentiques raretés. C'est parfois aussi l'occasion d'entendre une bourde homérique en commentaire immédiat, par la productrice ou de l'invité. Parmi les plus savoureuses que j'ai mises au frais récemment : Alexis Philonenko en plein délire pré-Enthovenien (dans l'émission Céline Minard), Yves Saint-Laurent dans un vibrant message d'espoir en faveur de la condition féminine (dans l'émission Didier Grumbach). D'ailleurs il faut dire, puisqu'elle le signale de temps à autre, que ces archives sont toujours des surprises pour l'invité. Elles sont souvent très bien choisies car ce dernier est fréquemment surpris et en même temps ému. Ensuite les commentaires ça dépend du niveau hein.

Quand à l'entretien, il est souvent intéressant et parfois même il est vraiment hors du champ. Par exemple avec Rama Burstein cinéaste, Didier Grumbach couturier, Johanna Hadjitomas cinéaste. Du coup, bon an mal an, il est rare qu'une semaine se passe sans que j'apprécie au moins une fois le dialogue au point de conserver la quotidienne de Laure Adler dans un dossier d'archives sonores. Soit presque aussi fréquemment que celle de son jules finalement, d'ailleurs les deux listes d'invités ont une forte part en commun (récemment Céline Minard, Nancy Huston, G. Steiner et Djeorges Didi-Huberman où, exploit inattendu, elle a fait beaucoup mieux que Veinstein en extirpant de ce délirant des propos presque clairs il faut dire qu'elle y a mis 5 fois 45 minutes).

Et puis pour les jours où vous vous ennuyez, vous pouvez vous occuper avec les inusables gaffes du podcast : hier soir pour la 10eme fois consécutive, l'entretien est arrivé sous le titre "Amos Gitai", alors que hier soir merci de suivre c'était la fouria dé Iacoub ké cété tou youste k'elles né sé sont pas trétées dé poutes. Oui pour la 10eme fois consécoutive, car comme je l'ai expliqué dans un autre post, l'entretien Amos Gitai, prévu pour la soirée du 23 mai, n'est pas passé à l'antenne ce soir là, remis au frigo parce qu'il fallait rendre un hommage à Georges Moustaki. Pas diffusé donc, mais bel et bien envoyé en podcast et je dois dire qu'il est très intéressant, je l'ai conservé en entier. Par contre pour avoir Moustaki il faut aller le récupérer sur le site de Hors-champs. Ah la la on n'a pas vraiment fini de pédaler dans la semoule à France cultchure

J'ai fait une exception et me suis forcé à écouter le Hors Champ de Marcela Iacub : c'est indigne de FC mais qu'est-ce que c'est drôle. Quand on lit la presse, on sait que le sujet DSK n'est pas neutre pour LA (sans rentrer dans "lé gaucipes", comme dirait M.I.), et on peut se demander ce qui peut la pousser à inviter M.I. pour son livre, surtout aussi longtemps après la tournée promotionnelle de sortie (elle a simplement répété ce qu'elle développé un peu partout, notamment auprès de Taddéi sur je ne sais plus quelle chaîne, rien de nouveau donc). Le coup d'envoi pour les banderilles delairiennes a été le "Vous avez lou lé livre?" de Marcela. A partir de là, questions sur questions sur l'aspect autobiographique, comme si le genre de l'autofiction avait cessé d'exister le temps de l'interview. Il s'agissait juste de faire du harcèlement passif-agressif, qui a fini par produire exactement l'effet désiré. Il ne manquait que des imprécations en espagnol et un claquement de porte (comme le fameux départ de Vergès asticoté par Brice Couturier dans un lointain Contre-Expertises) (sans les imprécations en espagnol) (mais avec le claquement de portes).

"Comme le fameux départ de Vergès asticoté par Brice Couturier dans un lointain Contre-Expertises"
Quelqu'un aurait ça en archive (ou en lientage FC) ?

Je me souviens d'une double sortie : prise de bec et *blam*. Puis retour en studio, reprise de bec et *reblam*. C'est bête, mais je ne me souviens même plus du désaccord lui-même (peut-être avait-il été question des fameux clients de cet avocat).

Le 19.07.2013, Laure Adler reçoit Alexandre Hollan, peintre.
http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-alexandre-hollan-2013-07-19

Parole dense, nécessaire, non utile, non instructive, celle du peintre Alexandre Hollan (né en 1933 à Budapest, 1956 en France). Débit qui pulvérise par sa lenteur réfléchie tous les borborygmes des animateurs pressés et "facétieux"de la station. La productrice se tait, avance des questions à la Veinstein des meilleurs jours. Beau monologue dirigé de 45 minutes pour dire le dessin de l'arbre. On oublie le ton  revêche et "maternaliste"de la productrice, son "au revoir" maladroit et la répétition du nom de l'artiste (nom, nom et nom) pour retenir quelques-unes de ses questions sensées, son silence bienvenu et comme contraint par la présence du poète. Elle n'a pas gâché la parole en face d'elle (ouf !). On reste sous le charme de la voix de cet homme.

Nessie a écrit:Je ne crois pas non plus qu'il faille faire le deuil d'une radio qui peut retrouver sa mission.

Je n'y crois pas. Ou alors TF1 va revenir à une rediffusion des Frères Karamazov ou des Perses d'Eschyle à 20h30 comme dans les années 60.
Vous pensez vraiment que la grille 2013-2014 va révéler de bonnes surprises? A voir mais peu probable.
Nous sommes sur une pente descendante et il faudrait un gand changement pour inverser cette tendance qui, de plus, est générale. La presse quotidienne ou hebdomadaire a rejoint les dérives de la TV et des radios privées.

Il fallait entendre Bartabas philosopher..(!!!!!)......La vie,les vaches,les poules,l'homme,la moutarde etc.Du comptoir,et pas des Indes.A fuir.Dont acte.