Philaunet a écrit:Y a-t-il des forumeurs qui écoutent cette émission chaque semaine ?
Oui moi je l'écoute chaque semaine et déjà je renâcle quand (au début de chaque numéro) Loisy invariablement pose à ses invités la toujours même question : "Vous allez-bien ?". C'est très con comme entrée en matière mais enfin parfois on s'instruit par exemple il y a quelques semaines on apprend que le correspondant (au téléphone) a un lumbago cette information venant enrichir considérablement le contenu de l'émission. Et puis comme ce genre d'ouverture était usuellement bannie des usages radiophoniques (un peu comme les distributions de Bonjour à contre-temps, un intérêt c'est qu'après quelques réaction d'auditeurs mécontents le médiateur de FC pourra toujours les traiter de réactionnaires racornis ainsi peut se comprendre l'utilité de cette question idiote.
Alors chaque semaine ce sont des discussions entre cop's sur des oeuvres puisées absolument à toutes les époques et dans toutes les disciplines de l'histoire de l'art. Donc déjà c'est très varié. Et quant à la discussion, eh bien c'est très souvent niais et défiguré par les commentaires des artistes invités, la plupart d'entre eux ne sachant pas s'exprimer dans leur langue maternelle. De là, une fois sur deux je m'arrache les cheveux... pourtant j'en conserve environ un tiers non pas un tiers de mes cheveux, mais 1 sur 3 de ces numéros, qui ont un immense mérite en comparaison des autres émissions du programme de FC : elles remplissent le cahier des charges culturel qui représente tout de même presque 10% du programme total alors pensez... Du coup évidemment, on est indulgent et on fait l'impasse sur la qualité qui est aussi faiblarde que la pertinence de ces commentaires farcis d'entre-soi et d'à-peu-près, bref on passe sur l'amateurisme du haut-fonctionnaire bombardé producteur et qui n'a pas jugé utile d'apprendre les rudiments du seul art auquel visiblement (audiblement) il ne connait rien : l'art radiophonique.
On passe sur tout cela et on fait bien, parce qu'on peut apprendre des choses même quand l'émission est pénible à écouter. Dernier exemple en date : les torrents d'émotion déversés par Jean De Loisy dans son numéro sur Deathrose, oeuvre inclassable de Jay de Feo. A la fois peinture et sculpture mais plutôt sous la forme du modelage progressif. Tant qu'on n'a pas vu la chose, on s'interroge puisque l'art contemporain nous a habitués au n'importe quoi et aux impostures les plus variées. Seulement pour cette fois, il y a quelque chose de neuf : il y a que Jean de Loisy ne se sent plus : il répète à plusieurs reprises que c'est une oeuvre parmi les plus émouvantes et les plus importantes du siècle et puis même tiens allons-y : de toute l'histoire de l'art. Au musée de .. .. .. où est exposé ce qu'il en reste de Deathrose puisqu'elle a connu diverses mésaventures, les visiteurs restent sidérés, immobiles de saisissement. On se dit que ça peut être aussi à cause de l'énorme connerie qu'ils ont devant les yeux, et d'ailleurs presque tout le déroulement de la discussion nous incite à mettre une pièce sur cette hypothèse.
Seulement voila : il y a que Jean de Loisy ne cesse d'en rajouter. Aux deux tiers de l'émission le voila pour ainsi dire au bord des larmes alors que voulez-vous, le sceptique de service commence à douter. De ce moment le pari est gagné : il faudra quitter sa radio et trouver quelques photos de l'oeuvre ; réécouter ensuite le podcast ; essayer de comprendre, se faire un avis, juger peut-être et s'instruire certainement. Eh oui, on a appris quelque chose déjà c'est pas tous les jours que ça nous arrive sur France Culture. Et en plus on n'a pas trop entendu de préchi-précha au service du paradigme maison sauf un coup de savate au capitalisme mais ça c'est le minimum syndical ness pas.
Autre bonne raison d'écouter ce numéro des regardeurs : Loisy et un de ses invités (Jean-Michel Bouhours) s'attardent un moment sur Bruce Conner. Bruce Conner est un des premiers cinéastes du mouvement underground. Effectivement, son premier film "A movie" (1958) cause un choc. Or quelques années plus tard, Bruce Conner a réalisé un 7' sur la sculpture de Jay de Feau. Là ça commence à devenir encore plus intéressant, surtout quand on sait que les films de Conner -en bon artiste underground qui méprise le marché- sont assez faciles à trouver en libre accès. Je vous dis ça, mais je n'ai pas encore eu moi-même le temps ni la motivation pour aller voir ce que ça donne ce film je voudrais être dans des bonnes conditions je suis certain que vous me comprenez les amis. N'empêche que ce samedi-là, c'était subitement un peu moins horripilant à écouter, avant ou après l'ouverture des vannes lacrymales du producteur, parce que Jean-Michel Bouhours quant à lui, est un assez bon connaisseur de son sujet : responsable des projections de cinéma expérimental à Beaubourg depuis une trentaine d'années au moins. Cela dit, il n'était que le second invité, la première étant une artiste contempopo qui a peut-être reçu après cette émission un bon gratuit pour un stage où elle apprendrait à produire une phrase complète car à coeur vaillant rien n'est impossible.
Bon je suis fatigué. J'ai la flemme d'aller tester le jugement de Jean de Loisy sur Deathrose de toutes façons France Culture j'en ai plus que marre.
En conséquence je vous mets :
- un premier lien vers ce numéro des regardeurs :
http://www.franceculture.fr/emission-les-regardeurs-deathrose-de-jay-defeo-2015-10-04- un autre lien vers le premier Hit de Bruce Conner : "A movie".
https://www.youtube.com/watch?v=4FMjBtvsx2oCa va surement prendre une claque si vous regardez ce truc sur un écran trop petit mais si vous pouvez aller jusqu'à un 50cm c'est peut-être vous qui prendrez une claque et sur un écran mural si la définition vous le permet alors là je ne vous dis que ça vous verrez c'est pas trop baroque contrairement à The End de Christopher Mc Laine qui le précède de 5 ans environ, et surtout on est là très loin des emmerdeurs immémoriaux de l'underground comme Brakhage ou Ernie Gehr remarquez si vous avez du sommeil en retard ces deux-là c'est plutôt un bon truc faites confiance à Nessie-les-bons-tuyaux. Pour en savoir un peu plus sur Bruce Conner, on trouve des commentaires assez consistants qui durent jusqu'à plusieurs minutes cela à 2 ou 3 reprises dans l'émission.