Nessie a écrit:Je ne sais pas si c'est un bonne période ou carrément une bonne année, mais voici encore un beau doublé dans le Carnet nomade :
- samedi 9 mai :
Roland Barthes. Alors là c'est vraiment le sujet archi usé de Colette Fellous. Miracle : elle réussit à faire du neuf quand même. Je vous en mets un extrait
ici-même. Ceux qui ne peuvent pas supporter Tiphaine Samoyault (je ne suis pas loin d'en faire partie) sentiront la différence d'avec la série du brave Tewfik Hakem. En ce qui me concerne c'est l'effet inverse : Tiphaine Samoyault dans le Carnet Nomade je me laisse accrocher par la qualité de la conversation alors que Tiphaine Samoyault au micro de Tewfik je coupe avant la fin de la première minute. (...)
Eh bien en voila, de la radio comparée :
- (...)
- le carnet nomade face à Un autre jour est possible.
(...) est-ce de qualité radiophonique qu'il s'agit ? Certainement mais laquelle ? Celle qui découle directement du métier du producteur. De sa culture générale plutôt que de sa culture de spécialiste car si à ce titre il vaut mieux ne rien dire de Tewfik Hakem, (...)
Merci pour ces coups de projecteur, il faut bien que quelqu'un le fasse, la presse généraliste ayant abandonné la recension des émissions radiophoniques culturelles.
Oui, il y a miracle ou, comme vous le dites à propos du numéro sur Bonnard, « la magie opère ».
Parce que c'est Colette Fellous qui a une longue expérience et une haute conception du métier de producteur. Parce que tout en ayant suivi le séminaire de Barthes (c'est chez Veinstein qu'elle en a parlé, si je me souviens bien) et après avoir fait plusieurs émissions sur l'écrivain, elle n'a rien perdu de l'admiration qu'elle lui porte et de sa curiosité. Le métier de Colette Fellous est de donner à entendre une parole, subtile, allusive, discrète, polie, DÉLICATE, et d'éveiller l'envie, de partager l'admiration. Ce n'est pas le but de Tewfik Hakem. Je ne vois d'ailleurs pas son but au service des auditeurs, encore une mauvaise distribution.
Colette Fellous sait amener son invitée vers une parole apaisée, elle enseigne par l'exemple la conversation policée et douce à son interlocutrice, tout au moins elle la rend évidente et enviable, par empathie.
Que peut faire Hakem face à Samoyault sinon rendre encore plus marqué le parler contemporain (voir van Reeth et ses amies) qui imprègne la biographe et qui ne fait pas merveille à la radio (ni ailleurs) ?
Enfin, oui, Colette Fellous a une culture générale large et une conception du temps étendu que n'ont pas les derniers employés surexcités de la chaîne.
Et n'oublions pas que pour créer cette atmosphère à
Carnet Nomade, il y a un réalisateur, Vincent Decque, et un collaborateur, Thierry Beauchamp. Les atmosphères poétiques, toujours très bien rendues, leur doivent sans doute beaucoup.
Un extrait pour entendre Tiphaine Samoyault parler de sa manière de concevoir une biographie :
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Un second, pour entendre cette alchimie réussie entre voix et musique (attention, c'est un Lied, cher à Barthes, pas une chanson remixée ou un rap, que voulez-vous, vous êtes, exceptionnellement, sur France Culture...)
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Roland Barthes dans la lumière du sud-ouest