Merci de nous avoir communiqué ce lien et ce long développement sur le storytelling. On y relève un gros paradoxe : l'article évoque une méfiance française envers le storytelling à l'anglo-saxonne, bicause manipulation politique à tendance commercialisante, l'auditeur est "subjugué" par une production taillée sur mesure censée doucement le tromper, et le soumettre à la volonté toute puissante du story-teller. Il évoque ensuite This American Life comme modèle pour les Pieds sur Terre, avant de conclure sur un mélange de production à la française (mise en voix, avec ambiances et bruitages) et anglo-saxonne (récit à partir du je).
Le paradoxe, c'est que ce sont bien les Pieds sur Terre qui manipulent, bidonnent, orientent, mentent pour appuyer un discours politique préétabli (très souvent), et passé les premières interrogations sur la sincérité de l'exercice, on se sent floué : un auditeur n'est pas censé disposer d'un esprit critique, il est là pour absorber une charge émotionnelle et conforter ses idées politiques, reconnaître des coupables et des victimes. Manipulation totale et insidieuse.
En revanche, This American Life reste toujours très prudent et respectueux vis à vis d'une certaine éthique journalistique. Quand des témoignages sont retranscrits et lus par un comédien, c'est immédiatement signalé. Quand un récit est insuffisamment alimenté de témoignages contradictoires, on a soin de préciser que les parties adverses n'ont pas souhaité intervenir. Quand un interprète est employé, on le signale et son nom est donné. Quand des voix se ressemblent, on a soin de le préciser. Tout cela est scrupuleusement mis en place pour justement réduire ce soupçon de malhonnêteté qui nuirait au plaisir d'écoute et au déroulement du récit, mise en scène de façon souvent très habile : commencer avec une anecdote, présenter les protagonistes, multiplier les témoignages, faire se succéder les rebondissements et conclure avec cette fusion entre ce que sait l'auditeur, qui rejoint ce que le producteur connait, le fin mot de l'histoire. Pas de manipulation, mais simplement une articulation adroite des éléments du récit pour lui donner le plus grand impact possible, rebondissement après rebondissement.
Offon du fond des choses, comme dirait Voinchet, tout cela en dit très long sur la vision que l'on se fait de ses auditeurs : d'un côté une masse politisée prête à accueillir sans scepticisme un récit qui le flatte et alimente ses indignations, dans des champs bien connus (le social-voyeur, le graveleux-chic etc.), et de l'autre une mise en récit d'une histoire qui va faire ballotter et vaciller l'auditeur jusqu'à la conclusion ouverte qui ne tire aucune leçon définitive, sauf celle qui consiste à se dire qu'on ne doit jamais juger trop rapidement... D'un côté la manipulation, de l'autre la liberté...
Le paradoxe, c'est que ce sont bien les Pieds sur Terre qui manipulent, bidonnent, orientent, mentent pour appuyer un discours politique préétabli (très souvent), et passé les premières interrogations sur la sincérité de l'exercice, on se sent floué : un auditeur n'est pas censé disposer d'un esprit critique, il est là pour absorber une charge émotionnelle et conforter ses idées politiques, reconnaître des coupables et des victimes. Manipulation totale et insidieuse.
En revanche, This American Life reste toujours très prudent et respectueux vis à vis d'une certaine éthique journalistique. Quand des témoignages sont retranscrits et lus par un comédien, c'est immédiatement signalé. Quand un récit est insuffisamment alimenté de témoignages contradictoires, on a soin de préciser que les parties adverses n'ont pas souhaité intervenir. Quand un interprète est employé, on le signale et son nom est donné. Quand des voix se ressemblent, on a soin de le préciser. Tout cela est scrupuleusement mis en place pour justement réduire ce soupçon de malhonnêteté qui nuirait au plaisir d'écoute et au déroulement du récit, mise en scène de façon souvent très habile : commencer avec une anecdote, présenter les protagonistes, multiplier les témoignages, faire se succéder les rebondissements et conclure avec cette fusion entre ce que sait l'auditeur, qui rejoint ce que le producteur connait, le fin mot de l'histoire. Pas de manipulation, mais simplement une articulation adroite des éléments du récit pour lui donner le plus grand impact possible, rebondissement après rebondissement.
Offon du fond des choses, comme dirait Voinchet, tout cela en dit très long sur la vision que l'on se fait de ses auditeurs : d'un côté une masse politisée prête à accueillir sans scepticisme un récit qui le flatte et alimente ses indignations, dans des champs bien connus (le social-voyeur, le graveleux-chic etc.), et de l'autre une mise en récit d'une histoire qui va faire ballotter et vaciller l'auditeur jusqu'à la conclusion ouverte qui ne tire aucune leçon définitive, sauf celle qui consiste à se dire qu'on ne doit jamais juger trop rapidement... D'un côté la manipulation, de l'autre la liberté...