Kronlund a fait ses armes avec Mermet. Se sentant sans doute à l'étroit elle a frappé à la porte de L.A. qui lui a offert une demi-heure (à l'époque au même horaire que Mermet sur Inter). Après elle a navigué sur la grille. Il manque à son émission une âme et d'une autre façon que Richeux elle enfile les perles (du XVIème) ça devient très vite lassant !! Puisque je cite Laure Adler que vous appeliez L.A. je pense au très bon morceau des Doors L.A. Woman mais ce serait surement lui faire trop d'honneur !!!
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Les Pieds sur terre Page 3 sur 18
Bas de page ↓Lola
22Re: Les Pieds sur terre - Lun 11 Oct 2010, 09:10
Je viens de découvrir cette archive sur le site de l'INA. C'est l'un des premiers documentaires réalisé par Sonia Kronlund.
https://www.youtube.com/watch?v=TEq1oariw2E&feature=related
https://www.youtube.com/watch?v=TEq1oariw2E&feature=related
Lola
23Limites. - Jeu 04 Nov 2010, 15:35
"Les pieds sur terre" ne m'apprennent pas grand-chose. Et d'ailleurs, je doute que leur but soit d'apprendre quoi que soit à quiconque.
Somme toute, ces témoignages, que nous disent-ils ? Rien. Ils ne nous apportent que la vision ou l'opinion d'un tel, à un certain moment. Si nous les connaissions mieux, ils pourraient nous renseigner un tant soit peu sur ceux qui les montent, les choisissent, les programment ces fameux témoignages.
Tout cela pourrait devenir intéressant si ces témoignages (sur un même thème) étaient remis en contexte, si on nous montrait en quoi ils se recoupent ou se contredisent.
Je suppose qu'ils doivent néanmoins avoir une fonction, une fonction affective, celle de vouloir créer du liant, de mettre de l'affect dans le lien social en nous mettant dans l'oreille "la triste" ou "la belle" ou "l'émouvante" ou "l'édifiante" histoire de machin ou machinette.
Histoire qu'après, on s'exclame : "Oh ! C'était vachement fort et si poignant. On se sent super plus concerné maintenant".
Ben voyons !
Somme toute, ces témoignages, que nous disent-ils ? Rien. Ils ne nous apportent que la vision ou l'opinion d'un tel, à un certain moment. Si nous les connaissions mieux, ils pourraient nous renseigner un tant soit peu sur ceux qui les montent, les choisissent, les programment ces fameux témoignages.
Tout cela pourrait devenir intéressant si ces témoignages (sur un même thème) étaient remis en contexte, si on nous montrait en quoi ils se recoupent ou se contredisent.
Je suppose qu'ils doivent néanmoins avoir une fonction, une fonction affective, celle de vouloir créer du liant, de mettre de l'affect dans le lien social en nous mettant dans l'oreille "la triste" ou "la belle" ou "l'émouvante" ou "l'édifiante" histoire de machin ou machinette.
Histoire qu'après, on s'exclame : "Oh ! C'était vachement fort et si poignant. On se sent super plus concerné maintenant".
Ben voyons !
bidi bulle
24Re: Les Pieds sur terre - Dim 07 Nov 2010, 14:06
"c'est toujours le même tableau qui est proposé : celui d'un manichéisme au service du romantique social"
....... si vous considérez que d'emblée, l'auditeur adhère au propos des personnes interviewés dans l'émission, alors oui je ne m'étonne pas de votre point de vue.
à l'écoute de ces excellents reportages, et en tant qu'auditeur lambda, je n'ai pourtant pas la réaction que vous supposez, au contraire ....
qu'en j'entends (dans l'émission sur la Villeneuve de Grenoble, à titre d'exemple) "c'est normal, y braque, c'est son métier" ou bien des anciens du quartier témoigner de la multiplication des voiles à partir des années 2000 ...
Ou dans l'émission "sidi en semi liberté" ce jeune homme parler des filles et des différences qu'il croit connaître entre les blanches et les noires .... je me dis que la république a du travail, et que l'antiracisme idéologique est une réponse trop simple avec de multiples effets pervers, aux questions de notre temps.
Une émission, qui cite sans les cacher de tels propos, ne me semble pas du tout manichéenne. Elle prête à réfléchir et donne une vision nuancée de situations complexes.
Je n'en dirais certainement pas tant d'autres émissions produites et animées par certains de la "bande de gauchistes" que vous avez cité plus haut (surtout sur F Inter, suivez mon regard ...)
....... si vous considérez que d'emblée, l'auditeur adhère au propos des personnes interviewés dans l'émission, alors oui je ne m'étonne pas de votre point de vue.
à l'écoute de ces excellents reportages, et en tant qu'auditeur lambda, je n'ai pourtant pas la réaction que vous supposez, au contraire ....
qu'en j'entends (dans l'émission sur la Villeneuve de Grenoble, à titre d'exemple) "c'est normal, y braque, c'est son métier" ou bien des anciens du quartier témoigner de la multiplication des voiles à partir des années 2000 ...
Ou dans l'émission "sidi en semi liberté" ce jeune homme parler des filles et des différences qu'il croit connaître entre les blanches et les noires .... je me dis que la république a du travail, et que l'antiracisme idéologique est une réponse trop simple avec de multiples effets pervers, aux questions de notre temps.
Une émission, qui cite sans les cacher de tels propos, ne me semble pas du tout manichéenne. Elle prête à réfléchir et donne une vision nuancée de situations complexes.
Je n'en dirais certainement pas tant d'autres émissions produites et animées par certains de la "bande de gauchistes" que vous avez cité plus haut (surtout sur F Inter, suivez mon regard ...)
Lola
25Re: Les Pieds sur terre - Dim 07 Nov 2010, 14:16
Nuancé, nuancé ... Qu'en savons-nous ? Car si X dit ceci des blanches et des noires, nous n'avons que son oipinion à lui. Et cette opinion sur un groupe de combien d'individus ? Et X tient ces propos à un moment donné, dans des circonstances particulières, face à un micro, bref, dans un contexte que nous ignorons. Comme nous ignorons qui a choisi de retenir l'opinion de X et comment, pourquoi cette opinion a été choisie.
Il se peut qu'elle l'ait été car considérée comme majoritaire mais ce fait, nous l'ignorons.
Je n'écoute jamais Inter donc je ne vois pas à quoi vous faites allusion et ... j'aimerais bien savoir !
Il se peut qu'elle l'ait été car considérée comme majoritaire mais ce fait, nous l'ignorons.
Je n'écoute jamais Inter donc je ne vois pas à quoi vous faites allusion et ... j'aimerais bien savoir !
antonia
26Re: Les Pieds sur terre - Dim 07 Nov 2010, 16:50
Bidi bulle a écrit
effectivement, si on considère que l'auditeur pense que c'est une opinion qu'il faut rapporter parce que cela éclaire le débat.
Mais le problème est que cet auditeur ne va pas pouvoir forcément écouter les opinions contradictoires, ou plutôt l'opinion de ceux qui vont démontrer l'absurdité de telles affirmations, que ce soit des gens simples ou cultivés. Pourquoi? mais parce que la suite de l'émission, c'est le lendemain.Donc, on va rester sur son indignation d'entendre ces propos (que j'ai écoutés, car je connais un peu ce quartier). D'ailleurs, vous avez vu tous ces messages de protestation envoyés à FC.
Donc, il y a un problème de présentation de ces témoignages.
....... si vous considérez que d'emblée, l'auditeur adhère au propos des personnes interviewés dans l'émission, alors oui je ne m'étonne pas de votre point de vue
effectivement, si on considère que l'auditeur pense que c'est une opinion qu'il faut rapporter parce que cela éclaire le débat.
Mais le problème est que cet auditeur ne va pas pouvoir forcément écouter les opinions contradictoires, ou plutôt l'opinion de ceux qui vont démontrer l'absurdité de telles affirmations, que ce soit des gens simples ou cultivés. Pourquoi? mais parce que la suite de l'émission, c'est le lendemain.Donc, on va rester sur son indignation d'entendre ces propos (que j'ai écoutés, car je connais un peu ce quartier). D'ailleurs, vous avez vu tous ces messages de protestation envoyés à FC.
Donc, il y a un problème de présentation de ces témoignages.
antonia
27Re: Les Pieds sur terre - Sam 26 Fév 2011, 19:47
Jean-Loup et le blues des forêts Mercredi 23 février 2011.
Belle promenade en forêt du Jura, Jean-Loup est un accompagnateur sensible et sait à merveille exposer la problématique de la gestion actuelle des forêts
Quel est le métier de Jean-Loup? Garde-forestier? Ben non, maintenant, on dit agent du patrimoine, comme ça on peut brader le patrimoine sans que ça se sache
Bon, mais c’est pas le problème. Le problème, c’est qu’il ne se retrouve plus dans ses nouvelles tâches, ce n’est plus un vrai métier. Ce n’est pas un écolo, c’est quelqu’un qui aime sa forêt et qui sait ce que c’est que de bien la gérer. Il sait que les décisions prises maintenant auront un retentissement dans cinquante, cent ans, et ça lui cause du mouron.
Belle promenade en forêt du Jura, Jean-Loup est un accompagnateur sensible et sait à merveille exposer la problématique de la gestion actuelle des forêts
Quel est le métier de Jean-Loup? Garde-forestier? Ben non, maintenant, on dit agent du patrimoine, comme ça on peut brader le patrimoine sans que ça se sache
Bon, mais c’est pas le problème. Le problème, c’est qu’il ne se retrouve plus dans ses nouvelles tâches, ce n’est plus un vrai métier. Ce n’est pas un écolo, c’est quelqu’un qui aime sa forêt et qui sait ce que c’est que de bien la gérer. Il sait que les décisions prises maintenant auront un retentissement dans cinquante, cent ans, et ça lui cause du mouron.
jean peupu
28Re: Les Pieds sur terre - Mer 09 Mar 2011, 04:23
jean peupu de la façon de parler de la présentatrice de cette émission; ça ne choque personne, ce ton ridicule a la "Groland" ? je sais pas moi, ou alors elle le fait exprès. (je parle de l’émission "Les Pieds Sur Terre")
antonia
29Re: Les Pieds sur terre - Mer 09 Mar 2011, 08:34
Comme je vous comprends : il se trouve que j’ai entendu cette nuit une retransmission et je me faisais la même réflexion que vous (sauf que je ne connais pas Groland). Ça passe dix fois, vingt fois, de même que les phrases qui mettent en condition en début d’émission (qu’on ne retient même pas tellement elles sont bêtes).
C’est ridicule.
Pourtant, parfois, je trouve de l’intérêt à cette émission, seulement quand je l’entends par hasard, car rien que ce ton suffit à me dégoûter de l’écouter régulièrement.
C’est ridicule.
Pourtant, parfois, je trouve de l’intérêt à cette émission, seulement quand je l’entends par hasard, car rien que ce ton suffit à me dégoûter de l’écouter régulièrement.
Anneau N
Invité
30Comparaison - Mer 09 Mar 2011, 10:43
Super d’avoir remis en haut du panier les pieds sur terre car je préparais un poste dessus depuis quelques temps.
Je ne suis pas un auditeur régulier des Pieds, beaucoup moins que Là-Bas par exemple beaucoup plus varié dans la forme de ses sujets (entretien en face à face, reportage à l’étranger, investigation, reportage social). En fait, je ne l’écoute que pendant les vacances. Pourquoi cette précision en exergue de mon propos ? Peut-être pour justifier les erreurs futures concernant ce qui va suivre.
L’autre jour j’ai regardé Strip-Tease, l’émission de Jean Libon diffusée fort tard sur France 3. Le sujet du jour intitulé \ʼʼFumiers !\ʼʼ traitait de la querelle entre une vieille fermière et un couple disons de riches bobos (toilettage du chien par exemple) sur la question de la propriété d’une cours commune et le droit d’y poser son fumier dessus. Je vous renvoie à un petite recherche sur le documentaire en question que vous pourrez sans doute visionner à la demande sur le site de FR3. Sinon une petite requête ANPR devrait pouvoir vous permettre de le récupérer.
Cela m’a rappelé la série \ʼʼQuerelles de clocher\ʼʼ pendant les vacances de Noël (disons deux dernières semaines de décembre) en particulier un reportage sur la question de placer une crèche (ou non) payée par la municipalité dans un environnement disons très rural.
Outre la relative proximité des sujets, l’angle choisi dans la construction de ces documentaires est le même : laisser parler sans voix-off les différents protagonistes en utilisant un montage très travaillé avec une grammaire assez proche entre les deux arts : longs plans muets sur le fumier élément représentatif chez Libon, capture d’ambiance sans parole chez Kronlund.
Les deux émissions me semblent assez proches dans le but recherché : montrer les gens tels qu’ils sont en s’immergeant chez eux et les laissant parler, en faisant en sorte de leur faire oublier la caméra. Est-ce réussi ? C’est toute la question et je vous la pose.(un)Anneau N\ʼYme(un)Dmr
Je ne suis pas un auditeur régulier des Pieds, beaucoup moins que Là-Bas par exemple beaucoup plus varié dans la forme de ses sujets (entretien en face à face, reportage à l’étranger, investigation, reportage social). En fait, je ne l’écoute que pendant les vacances. Pourquoi cette précision en exergue de mon propos ? Peut-être pour justifier les erreurs futures concernant ce qui va suivre.
L’autre jour j’ai regardé Strip-Tease, l’émission de Jean Libon diffusée fort tard sur France 3. Le sujet du jour intitulé \ʼʼFumiers !\ʼʼ traitait de la querelle entre une vieille fermière et un couple disons de riches bobos (toilettage du chien par exemple) sur la question de la propriété d’une cours commune et le droit d’y poser son fumier dessus. Je vous renvoie à un petite recherche sur le documentaire en question que vous pourrez sans doute visionner à la demande sur le site de FR3. Sinon une petite requête ANPR devrait pouvoir vous permettre de le récupérer.
Cela m’a rappelé la série \ʼʼQuerelles de clocher\ʼʼ pendant les vacances de Noël (disons deux dernières semaines de décembre) en particulier un reportage sur la question de placer une crèche (ou non) payée par la municipalité dans un environnement disons très rural.
Outre la relative proximité des sujets, l’angle choisi dans la construction de ces documentaires est le même : laisser parler sans voix-off les différents protagonistes en utilisant un montage très travaillé avec une grammaire assez proche entre les deux arts : longs plans muets sur le fumier élément représentatif chez Libon, capture d’ambiance sans parole chez Kronlund.
Les deux émissions me semblent assez proches dans le but recherché : montrer les gens tels qu’ils sont en s’immergeant chez eux et les laissant parler, en faisant en sorte de leur faire oublier la caméra. Est-ce réussi ? C’est toute la question et je vous la pose.(un)Anneau N\ʼYme(un)Dmr
Nessie
31Fromage et ripatons - Des Nuits magnétiques aux Pieds sur terre - Mar 12 Juil 2011, 17:35
Hier soir dans le programme des Nuits, on a pu entendre une Nuit magnétique de 1981 qui m'a semblé assez proche de l'actuel Les pieds sur terre, certes dans un autre format puisque l'émission durait ses 88 minutes. Le titre : "Bonjour madame, je suis marchand de fromage"
Cette tranche de fromage était une tranche de vie et même plus. Saisi sinon sur le vif, du moins dans une fort efficace mise en scène de soi, on nous offre le portrait d'un crémier ambulant à mentalité d'épicier IIIe république. Le type est jeune et joyeux, il est plutôt fin et tout sauf populo. Il a quelque chose de vivant et de sympathique. Son idéal est de fourguer le plus de marchandise possible en embobinant ses clients, lesquels d'ailleurs ne sont pas non plus montrés sous un jour très sympathique, mais n'oublions pas que c'est son regard à lui. Avec une mentalité d'épicier roué et une naïveté d'enfant vous montrant ses jouets, il détaille ses ruses de commerçant pour manipuler les uns et les autres, leur vendre sa marchandise à 300 balles le kilo alors qu'ils venaient chercher de la vache qui rit ou quasi. Certes, il ne leur vend que de la qualité, jamais de la camelote, mais enfin il les roule dans la farine, et en racontant tout ça il exulte. En plus il écrit des poèmes, des chansons, là ça se gâte aïe aïe, misère.
Ce genre de document fait réfléchir, non pas tant sur la réalité qu'il nous donne à voir, que sur les intentions de l'auteur du documentaire : le personnage central est à la fois dynamique, joyeux, optimiste, mais aussi pénible et plein de morgue, avec un mélange de finesse et de cynisme dans son habileté mercantile. Il est donc à la fois sympathique et odieux. Qu'a-t-on voulu nous montrer, et que veut dire au juste un document qui évite de nous donner un cadrage moral ? Dans ce fil, aux posts précédents, on a vu qu'un même reportage pseudo-neutre peut être reçu de façons opposées par les auditeurs, selon qu'ils gobent ce qu'on leur envoie (auditeur naïf) ou qu'ils se braquent à l'encontre de la manipe (auditeur sceptique) ou bien qu'exempts d'idées préconçues, ils saisissent l'occasion de réfléchir. Pour cette raison, une même bouillie militante peut déclencher la prise de conscience inverse de celle que visait l'auteur, tandis que ceux qui partagent ses préjugés se trouveront confortés dans leur culture d'idées reçues. Si le document est fait dans un esprit de richesse et de complexité (dialectique ?), alors le projet c'est de dire tout cela en même temps. Dans le cas contraire, le tableau manichéen peut atteindre son but ou mettre à côté.
Je crois que les Nuits Magnétiques sont dans le premier cas, et Les pieds sur terre dans le second. Mais ça n'est pas tout. Où est-ce que je veux en venir ? A ceci : dans les Nuits magnétiquesde 1981, de telles émissions anticipent et annoncent les actuels Pieds sur terre. Mais dans la série quotidienne des Nuits Magnétiques, combien sont de cette eau, et combien sont entièrement différentes ? Au contraire dans Les pieds sur terre, le message frauduleusement présenté comme un "sur le vif" nous est asséné, tous les jours à la même heure comme un rendez-vous de propagande de radio-vichy.
A l'heure où la biodiversité est la scie des scies idéologiques parce que la diversité est devenue le cliché des clichés, on pourrait peut-être s'interroger sur la radiodiversité. Celle des Nuits Magnétiques était forte. Celle des Pieds sur terre est nulle. C'est la variété des points de vue d'auditeurs qui fait la qualité de l'émission : les manipes idéologiques de Sonia Kronlund se retournent, au moins dans une certaine proportion, contre son projet idéologique. Mais dans quelle proportion, au fait ? Ça, c'est le mystère...
Cette tranche de fromage était une tranche de vie et même plus. Saisi sinon sur le vif, du moins dans une fort efficace mise en scène de soi, on nous offre le portrait d'un crémier ambulant à mentalité d'épicier IIIe république. Le type est jeune et joyeux, il est plutôt fin et tout sauf populo. Il a quelque chose de vivant et de sympathique. Son idéal est de fourguer le plus de marchandise possible en embobinant ses clients, lesquels d'ailleurs ne sont pas non plus montrés sous un jour très sympathique, mais n'oublions pas que c'est son regard à lui. Avec une mentalité d'épicier roué et une naïveté d'enfant vous montrant ses jouets, il détaille ses ruses de commerçant pour manipuler les uns et les autres, leur vendre sa marchandise à 300 balles le kilo alors qu'ils venaient chercher de la vache qui rit ou quasi. Certes, il ne leur vend que de la qualité, jamais de la camelote, mais enfin il les roule dans la farine, et en racontant tout ça il exulte. En plus il écrit des poèmes, des chansons, là ça se gâte aïe aïe, misère.
Ce genre de document fait réfléchir, non pas tant sur la réalité qu'il nous donne à voir, que sur les intentions de l'auteur du documentaire : le personnage central est à la fois dynamique, joyeux, optimiste, mais aussi pénible et plein de morgue, avec un mélange de finesse et de cynisme dans son habileté mercantile. Il est donc à la fois sympathique et odieux. Qu'a-t-on voulu nous montrer, et que veut dire au juste un document qui évite de nous donner un cadrage moral ? Dans ce fil, aux posts précédents, on a vu qu'un même reportage pseudo-neutre peut être reçu de façons opposées par les auditeurs, selon qu'ils gobent ce qu'on leur envoie (auditeur naïf) ou qu'ils se braquent à l'encontre de la manipe (auditeur sceptique) ou bien qu'exempts d'idées préconçues, ils saisissent l'occasion de réfléchir. Pour cette raison, une même bouillie militante peut déclencher la prise de conscience inverse de celle que visait l'auteur, tandis que ceux qui partagent ses préjugés se trouveront confortés dans leur culture d'idées reçues. Si le document est fait dans un esprit de richesse et de complexité (dialectique ?), alors le projet c'est de dire tout cela en même temps. Dans le cas contraire, le tableau manichéen peut atteindre son but ou mettre à côté.
Je crois que les Nuits Magnétiques sont dans le premier cas, et Les pieds sur terre dans le second. Mais ça n'est pas tout. Où est-ce que je veux en venir ? A ceci : dans les Nuits magnétiquesde 1981, de telles émissions anticipent et annoncent les actuels Pieds sur terre. Mais dans la série quotidienne des Nuits Magnétiques, combien sont de cette eau, et combien sont entièrement différentes ? Au contraire dans Les pieds sur terre, le message frauduleusement présenté comme un "sur le vif" nous est asséné, tous les jours à la même heure comme un rendez-vous de propagande de radio-vichy.
A l'heure où la biodiversité est la scie des scies idéologiques parce que la diversité est devenue le cliché des clichés, on pourrait peut-être s'interroger sur la radiodiversité. Celle des Nuits Magnétiques était forte. Celle des Pieds sur terre est nulle. C'est la variété des points de vue d'auditeurs qui fait la qualité de l'émission : les manipes idéologiques de Sonia Kronlund se retournent, au moins dans une certaine proportion, contre son projet idéologique. Mais dans quelle proportion, au fait ? Ça, c'est le mystère...
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