Lola a écrit:Nessie, las ! J'ai voulu aller jeter un coup d'oeil sur les commentaires que vous mentionniez mais il n'y avait plus rien. Sauf une dame qui expliquait que c'était exactement comme ça. Pour une raison obscure, elle laissait aussi son nom, son adresse, son numéro de téléphone. Sans doute pour en rajouter une couche dans l'effet de réel.
Je crois que ces reportages des "Pieds sur terre" méritent de s'interroger sur ce que ces gens entendent sur leur effet de réel, de vérité. La totale objectivité. Qui, en soi, est déjà une belle connerie puisque de fait on savait déjà avant que ça ne commence que le reportage serait en faveur de ... Et même qu'on n'imaginerait pas qu'il puisse en être autrement.
Et là, il y a un truc à réfléchir : le support oriente d'emblée la réception.
Et dans l'intervalle, les commentaires sont parvenus au nombre de 96. Si certains en redoutent la disparition, certes c'est peu probable mais puisque ce procédé est usuel sur le site de FC, alors je signale qu'ils se sauvegardent très bien d'un coup de copié-collé.
J'en profite pour recycler ici une mini-bifurcation de débat qui s'annonce dans le fil des nuits, où elle serait vite recouverte par les annonces du programme de nuit. Jean-Jacques nous conseille d'aller écouter "La bas si j'y suis", émission de France Inter dont "Les pieds sur terre" est le pendant à France Culture, et qui dans ce sens fut rejoint en partie par le "Sur les docks" qu'avait créé Pierre Chevalier. En effet ces émissions ne sont ni culturelles, ni imprégnées de la chaude actualité brûlante. Elles sont entre les deux, et visent à faire réfléchir en informant sur le présent. A mon sens c'est un très noble projet, et qui ferait honneur à France Inter (je ne suis pas certain que sous cette forme il ait vraiment sa place sur France Culture). Sauf que le projet des producteurs est double : certes donner un tableau de la France d'aujourd'hui grace à une série de portraits, de situations et de sujets divers, souvent sociaux et toujours humains ; mais aussi, diffuser un point de vue idéologique, et ça finit par devenir du bourrage de crâne. Ces deux émissions se réduiraient à de la pure propagande obsessionnelle si, justement, le témoignage humain n'y était mis au premier plan, et avec beaucoup de métier et un art rhétorique consommé.
Reste le problème : ces émissions sont faites par des gens qui ne s'embarrassent pas trop de certaines préventions. Lesquelles ? Je pense à ces préventions qui devraient découler clairement de leurs contradictions internes, et notamment de leur conduite qui est à l'exact opposé du prêche qu'ils diffusent (pour Mermet, affaires de harcèlement moral contre ses assistantes, pourtant de fidèles supports, convaincues idéologiques etc). Mais les militants en sont tous là, et comme les autres, les militants médiatiques, qu'ils aient nom Kronlund, ou Mermet : tous confrontés à ce choix entre d'une part l'action, et d'autre part l'honnêteté idéale qui serait à la fois intellectuelle, médiatique, morale. Mais ça leur demanderait de faire la part des choses. Et pour ça, peut-être, de ne plus agir. Impossible. Donc ces émissions sont ce qu'elles sont, avec leurs qualités et leurs défauts : regarder toujours dans la même direction, activer à la fois haine sociale, frustrations et jalousies, la division en pays gaulois ce qui revient à rajouter toujours plus de sel dans un plat qui déjà n'en manque pas.
Je crois que la culture, du moins celle qui mérite ce nom, nous aide à faire la part des choses plutôt qu'à forcer un engagement au sacrifice de l'honnêteté intellectuelle. Je doute que dans le monde préconisé par Mermet et Kronlund, leurs adversaires idéologiques auraient ainsi les coudées franches dans des émissions de radio (dans les assoces où les militants prennent le pouvoir, on voit se restreindre la liberté d'expression). Mais dans le monde insupportable qu'ils maudissent chaque jour, ils ont une tribune ouverte. Voila de quoi faire réfléchir sur la question de savoir : qui défend vraiment la liberté et la vérité en France ?