Beaucoup à dire sur ce numéro de
Tire ta langue du 3 novembre 2013 :
Yannig Baron, barde d'une Bretagne bretonnanteLes propos tenus par Yannig Baron (né en 1936) sur la promotion du bilinguisme (prononcé par l'invité de manière erronée en « bilinguysme » au lieu de [bilɛ̃ɡɥism]) ou du trilinguisme m'ont assez irrité. Et le relais complaisamment tendu par Perraud (assez bon dans cette émission) également.
Quel est l'intérêt d'immerger des enfants dans une langue parlée nulle part ? Le système scolaire français ne soumet-il pas déjà très tôt les enfants à un emploi du temps chargé ? Les Français sont mauvais en langues étrangères (mais ne généralisons quand même pas la médiocrité des journalistes de France Culture à tous les Français...), ce n'est pas en soumettant potentiellement durant leur scolarité des écoliers à des centaines d'heures d'une langue régionale que l'on va développer leur capacité à maîtriser une ou plusieurs des langues de nos proches voisins (Baron cite sans arrêt le chinois, il doit n'en avoir aucune notion pour la considérer comme une langue comme les autres) : l'anglais, l'allemand, l'italien, l'espagnol. Car quand même, on pense qu'apprendre d'abord une ou plusieurs des langues nationales de l'Union européenne a un sens.
Apprendre une langue
correctement prend du temps. Beaucoup de temps. Énormément de temps. Et le temps est compté, notamment pour les enfants qui ont aussi autre chose à faire que se concentrer sur des matières intellectuelles (par exemple apprendre la musique, chant et pratique d'un instrument, domaine laissé en déshérence à l'école).
La question importante jamais évoquée, c'est qu'on ne peut pas TOUT faire. Apprendre le français correctement, les autres matières et multiplier le nombre de langues à apprendre (on aimerait savoir combien de langues parle et comprend correctement Yannig Bardon, chantre de la connaissance de trois ou quatre langues pour tous, et aussi Antoine Perraud - car c'est faites ce que je dis, mais pas ce que je fais, n'est-ce pas ?).
Les questions politiques sont intéressantes (la non-ratification par la France de la Charte européenne des langues minoritaires) et Antoine Perraud, sans langue de bois aucune, les a bien posées. Mais Bardon a été confus et rien n'a été discuté en profondeur, comme d'habitude.
Enfin, on a trouvé déplacé le soutien de M. Bardon à l'enlèvement des panneaux en français des noms de villes situées en Bretagne pour les remplacer par des panneaux en deux langues. Qu'est-ce que cela apporte ? Et à quel coût ? Car tout a un coût, l'apprentissage des langues aussi.
La fin de l'émission : longue plage de trois minutes où l'on entend des enfants chanter une chanson bretonne. Tout est bien qui finit bien (sentimentalement) : par une chanson et des voix d'enfants. La vérité sort d'ailleurs de leur bouche...
Enfin, sur le site, le seul commentaire trouve l'émission intéressante (y a-t-il un seul commentaire du site ayant été autorisé à paraître qui n'encense pas l'émission ?). Avec, pour faire couleur régionale, quelques mots en breton. Why not? Sauf que pour se faire l'apologiste de l'apprentissage des langues régionales ou étrangères, il faudrait commencer par écrire un français correct (ou n'est-ce pas la priorité ?), par exemple savoir qu'
État s'écrit avec une majuscule, comme
Français quand on désigne une personne, et enfin ne pas écrire une phrase pareille : «
Les réformes amenées en langues vivantes pour l'obtention du baccalauréat sont un leur. »