Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Ave,

Effectivement, avec la succession des déconvenues, chaque nouvelle rentrée finit par tarir les sentiments révoltés qu'elles inspiraient au début. On s'habitue à tout, y compris et surtout à la médiocrité.
Ce qui aurait eu il y a quelques années l'effet d'une décoction vomitive ne fait plus guère sourciller (je me souviens encore du débarquement de "Minuit dix"). Puis on se satisfait de bien moins, on se contente facilement, les moindres maux deviennent du plaisir positif.

Au milieu de pas mal d'années de saccage, je trouve qu'en tout cas, les sciences (dures) ne s'en sortent vraiment pas mal.

Certes, la seule forme qui les alimentent est celle du magazine hebdomadaire, mais c'est un format qui ménage du temps pour une mise en forme soignée, un temps pour l'actualité et un pour l'exploration du domaine par le fond. Une grille très figée, 14h tous les jours (un passage à la moulinette du dogme de la lisibilité), mais cette grille me va plutôt bien.

Au final, ce sont vraiment les émissions les plus mainstream qui pâtissent beaucoup de la perte d'intelligence de la chaîne, à mon avis. Et notamment les grands rendez-vous en terme d'audience : 7h-9h, 12h-14h et 18h-20h, où France Culture est défigurée par des années de facilité et d'actu-pipolisation.

Ce n'est sans doute pas étonnant que ce soit le "mainstream" qui attire le plus la médiocrité. A France Culture, on doit se dire qu'avec des thèmes faciles, on va attirer du chaland et qu'on va lui refiler ce qu'il a envie ou ce qu'il a l'habitude d'entendre. Bref, on caresse dans le sens du poil.

Et c'est par l'application de cette recette simplette que France Culture se fond dans le moule du reste des médias.

Néanmoins, on a beau être aguerri à l'habituel verbiage ambiant, on demeure surpris par le culot imbécile avec lequel les journalistes se vautrent dans la banalité. J'ai ainsi entendu Noudelman qui officie chez Richeux, à l'heure du goûter, dire tout le mal qu'il faut penser de la corrida. Personnellement, la corrida m'indiffère. Noudelman se pique de décryptage, soit de promulguer la bonne parole officielle ou la doxa si on préfère.
Noudelman se félicitait donc du fait qu'il n'y aurait plus de corrida en Catalogne. Après avoir tout de même cité les noms de Leiris, Picasso ou Hemingway, Noudelman est parvenu à la conclusion que la corrida était une affaire de vieux cons franquistes comme l'attestait le fait que soi-disant il n'y aurait que de vieux messieurs espagnols assisteraient à ces spectacles.

Bref, des propos de mémère que j'aurais honte de tenir au café du commerce.

Oui, Noudelmann a alterné le bon et le pas terrible à France Culture.

Comme beaucoup ici, son émission de l'an passé, Je l'entends comme je l'aime, m'avait surpris en bien. Musique et philosophie, c'était un alliage qui n'était pas fait pour durer, mais qui avait donné une saison d'émissions plutôt agréables.

Par contre, son "Macadam Philo" était catastrophique, et, plus anciens, ses vendredis de la philo, libellés "philosophie en situation", étaient en dents de scie et souffraient à mon avis du partage du créneau avec Enthoven, qui donnait beaucoup plus de souffle à ces vendredis.

Je ne sais pas si la nostalgie des tics vocaux de François Noudelmann me décideront à pousser la porte de la nouvelle auberge de Marie Richeux, mais vous ne m'y incitez pas vraiment !

Où l'on apprend que FC est un laboratoire et qu'on y fait de la radio durable...

J'en suis tout ébaubi… Je ne sais plus quel sens ont les mots…

Jean C a écrit:Où l'on apprend que FC est un laboratoire et qu'on y fait de la radio durable...

J'en suis tout ébaubi… Je ne sais plus quel sens ont les mots…

Où l'on apprend aussi que M. Poivre est persuadé que ses innovations font rester dans les archives de la radio ! Ben mon vieux ! Entre les sucreries verbales de Mamzelle Charron, les docs de Villes Mondes qui copient les émissions de Fellous, les tours du monde en 24 heures et les têtes à têtes de Taddéi¨, j'ai comme des doutes !

http://www.festivalier.net/article-arnaud-laporte-de-france-culture-se-moque-de-la-biennale-de-lyon-84446543.html

Je suis tombé sur cette anecdote. Je ne me prononce pas sur la valeur de ce qui est présenté à cette biennale et ne vais pas me lancer dans des supputations sur ce qui a, éventuellement, pu agacer Laporte, Arnaud dans la demande du bloggeur.
Ce que je remarque et qui éclaire le peu de qualité de cette émission, c'est ce mélange de morgue et de je m'enfoutisme qui semble être l'apanage de ces journalistes. Ah, ça Madame, c'est de la critique qui fait trembler son monde !
Quoi qu'il en soit, on apprend que ces gens regardent peu les oeuvres, se ramène en bande, cherchent à se faire remarquer (attention, c'est pas n'importe qui, hein !), sont mal élevés, en plus de mal faire leur boulot.

Ceci est donc une piste quant à la médiocrité qui s'empare de cette radio. Les journalistes qui la font sont d'abord des paons qui font la roue et travaillent peu et mal.

Frédéric a écrit:Ave,

Effectivement, avec la succession des déconvenues, chaque nouvelle rentrée finit par tarir les sentiments révoltés qu'elles inspiraient au début. On s'habitue à tout, y compris et surtout à la médiocrité.
Ce qui aurait eu il y a quelques années l'effet d'une décoction vomitive ne fait plus guère sourciller (je me souviens encore du débarquement de "Minuit dix"). Puis on se satisfait de bien moins, on se contente facilement, les moindres maux deviennent du plaisir positif.

Au milieu de pas mal d'années de saccage, je trouve qu'en tout cas, les sciences (dures) ne s'en sortent vraiment pas mal.


Au final, ce sont vraiment les émissions les plus mainstream qui pâtissent beaucoup de la perte d'intelligence de la chaîne, à mon avis. Et notamment les grands rendez-vous en terme d'audience : 7h-9h, 12h-14h et 18h-20h, où France Culture est défigurée par des années de facilité et d'actu-pipolisation.

Ce que vous notez me semble très juste. Et me semble avoir une explication toute simple ! Les émissions mainstream portent leur potentielle médiocrité dans leur propos. Tout le monde peut y aller de son petit commentaire, de son opinion sur un livre, un artiste, un truc, un machin. C'est de la conversation de bistro entre gens de bon ton.
Allez faire de même sur des questions scientifiques ... Pas évident ! "Alors Duchemolle, qu'est-ce qui vous a donné envie de travailler sur les cellules souches ?" "Ah ben moi, je trouve que dans notre société d'aujourd'hui, en 2011, c'est pas possible de regarder les microbes et il est temps de passer aux bactéries", "Pas d'accord les garçons ! Moi, je me suis ennuyé planté derrière le microscope.Et la dissection de grenouille, ça ne vaut pas celle de lapin que Bidule avait faite en 1996 à Venise dans le cadre de la biennale du cadavre exquis pas trop faisandé".

dans un autre fil, Hérode a écrit:Nessie, je viens de lire le post ci-dessus. Vous mentionnez Dantzig en bien. Je crois que créer un fil dédié à son émission (si elle a des qualités et pourquoi pas ?) pourrait être un geste de philantrope. En effet, les poses du bonhomme me laissent plus que sceptique. De plus, il y a tout de même cette perpétuelle question du "peut-on être juge et partie" puisque cet homme travaille dans l'édition et que le retrouver dans les médias pour causer de littérature fait un peu conflit d'intérêt.
Mais je peux me tromper. Aussi un éclairage sur ce qu'il fait à la radio pourrait lever quelques idées préconçues.

Je ne suis pas trop inquiet sur la question déontologique, car en la matière le monde de l'édition est un marécage, et même un Veinstein avec son petit tour dans l'édition et sa pratique du copinage, est justiciable des mêmes critiques. Mais tant que l'abus d'esprit-maison ne tourne pas au délire comme c'était le cas au Monde des livres tel que Jourde l'a dénoncé, eh bien finalement j'ai résolu de m'en accommoder. Car à défaut, le résultat serait purement et simplement un principe d'interdiction de parole. Donc à condition que ça reste dans des limites raisonnable, ledit conflit d'intérêt me semble secondaire (à nous de surveiller), et passe après une autre exigence : que l'émission soit réussie. Pour le moment je suis déçu par Charles Dantzig mais je retarde le moment d'ouvrir un fil supplémentaire de torpillage qui me ferait exhaler ma mauvaise humeur et en même temps verrait rappliquer quelques vautours qui savent beurrer la tartine d'éloges ou chier de la vanne sous forme de jeu de mot foireux, mais ne disent rien d'étayé sur l'émission ; on en a eu un ici : en creux (!) il ne parlait finalement que de lui. Il nous quitté un jour de mauvaise humeur pour créer son blog où il continue à parler essentiellement de lui, de radio aussi tout de même et de culture pas du tout. Quant à Dantzig, je crois en lui à la fois comme auteur et comme critique, et je le pense capable de nous faire de la radio valable. Donc je patiente, espérant qu'il va bientôt trouver son rythme, son souffle, ses marques. Hélas pour le moment, les 2 ou 3 numéros que j'ai essayé d'écouter m'ont semblé désolants, sauf par le ton de la discussion, aussi est-ce en ce sens seulement que j'avais voulu dissocier le producteur et placer "Secret professionnel" en dehors de l'ambiance déplorable des émissions nouvelles.

Puisqu'il était question de Jourde ailleurs,voici :

http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/05/20/decryptage-de-decrypteurs.html

Ce qui est formidable ( !!!) avec M.Poivre, c'est que cet homme semble capable de ressortir tous les discours à la mode sans la moindre once d'approche personnelle ou critique. C'e'st une mine pour un dictionnaire des idées reçues.
Tiens, je crois que Marie Richeux a été envoyée à La Réunion en partenariat avec "Marie Claire". Trop beau pour être vrai.
M. Poivre a beaucoup d'amis à arroser ! Ceci dit, plutôt que louer France Culture à tout le monde, il ferait mieux de réfléchir à la spécificité de sa radio. Si tant est que ça l'intéresse ...

Je suis fort déçue par les changements made in Poivre. Le bonhomme pond son livre "Bug made in France". Or il applique à France Culture le recette la plus idiote qui soit : faire une bouillie supposée plaire à tout le monde mais sans âme, sans authenticité, sans personnalité.
Justement, le genre de choses qui ne durera pas car trop passe-partout, trop dans la mode, ni drôle, ni exigeante. Un entre-deux qui ne satisfait pas grand-monde passé un temps. En tout cas, un ratage pour ce qui est de la culture exigeante et un autre ratage pour ce qui est du mainstream efficace tel que savent le faire les Américains. J'espère qu'au moins ses projets ne sont pas coûteux. Ce serait un moindre mal !