Yann Sancatorze a écrit:On entend souvent que France Culture se veut un outil de décryptage de l’actualité, qui "prend de la distance", "élève l’esprit". Le pire, c’est que cette vocation peu originale est maintenant LE credo utilisé partout dans la presse. Même Newsweek, repris par Tina Brown, utilise le même vocabulaire :
"What a magazine can offer readers is a path to understanding, a filter to sift out what’s important, a pause to learn things that the Web has no time to explain, a tool to go back over the things we think we know but can’t make sense of. A magazine allows the reader to play in a different key."
Ce pourrait être le cahier des charges de France Culture, tel que décliné par les campagnes de communication actuelles...
Vous avez raison, je me souviens que le nouveau taulier avait parlé de cette histoire de "décryptage". C’en est presque grotesque parce que nous le constatons quotidiennement, FC ne décrypte pas, FC commente et commente avec un point de vue monosémique. Excusez ce mot cuistre, je ne voulais pas dire orienté ou borné. Bref, en guise de décryptage, nous avons une longue causerie qui rejoint une sorte de bavardage, digne de la conversation du café du commerce.
Néanmoins, force est de constater que le café du commerce, ça plaît et ça plaît à tout le monde. Nous avons toutes et tous tendance à nous y livrer. La seule différence est, peut-être, que certains se reprennent et se méfient de cette tendance.
France Culture nous aidait à nous désengluer de nos opinions, croyances, identifications. Ce n’est plus trop le cas, souvent.
Votre citation du credo de "Newsweek" est révélateur. La presse est là pour dire ce qu’il faut penser et comment il faut le penser. A ce point, une telle déclaration d’intention est grotesque, tant elle est énorme.
Ainsi, la presse le dit elle-même, elle est là pour forger nos opinions, nous dicter nos goûts, nous prendre par la main dans ce monde si compliqué et, au bout du compte, nous indiquer comment voter.
Cela a, sans doute, toujours été le cas de la presse. Il faudrait voir comment cette vocation a évolué au fil du XIXe et XX siècle.
Dommage et déplorable que France Culture soit, à son tour, entrée dans cette danse.