Il est quand même grave Mordillat. Pas un seul service à La Grande Table où il ne monte sur ses grands chevaux. Quand c'est pas la propagande alter, ou bien lourdement prolo à la sauce 70's, allez badaboum c'est l'anticlérical de base qui remet le couvert. Cette caricature vivante vient de faire monter le ton et l'agressivité autour de la table du débat, et pour livrer quoi ? Une nième sottise. Il faut dire qu'il s'était fait renvoyer dans ses buts pas mal de fois par Paul Thibaud, du coup il a fini par craquer et balancer ses cartouches habituelles. Il accable l'interlocuteur et l'institution, d'un "c'est pathétique, c'est pathétique !". Mais c'est lui qui est pathétique en même temps que frénétique. Voyons l'argument : << l'Eglise n'a rien à dire sur le mariage des homos parce qu'elle a sur la conscience des milliers (pourquoi pas des milliards ?) d'exaction pédophilique des prêtres sur les petits garçons >>. J'ai coupé avant qu'il ne sorte pour la Nième fois les tortures de l'inquisition.
Ce genre de raisonnement est typique de Mordillat, comme d'habitude ça ne vaut pas un pet de lapin. Que ce type soit débatteur quasi-permanent à la radio est un des signes de la dégringolade de France Culture. Malgré sa volonté frénétique d'intervenir dans les débats sociaux, que ce soit dans le militantisme ouvriériste ou dans l'anticléricalisme vulgaire, il est patent que le raisonnement sociologique -et même historique, ou philologique- lui fait entièrement défaut. Mordillat c'est le modèle-type du militant énergique doublé de la plus mauvaise forme de l'autodidacte : celui qui a accumulé trois bouts de connaissance grâce à sa curiosité, mais est entièrement privé de méthode. Ou plutôt : la seule méthode dont dispose Mordillat,c'est celle de l'agressivité idéologique. Tout sera bon pour détourner le débat ou pour balancer le coup de pied de l'âne. Ainsi l'autre jour face à Weitzmann, ainsi ce midi face à Paul Thibaud.
Mordillat ou la plaie des débats.