Mon cher Philaunet, je dois vous avouer, en toute amicale franchise, que j'ai été très surpris par l'impression que vous ont laissé les propos de Jacques Bouveresse, tant elle est à l'opposé de la mienne.
Je ne suis ni philosophe, ni professeur de philosophie, plutôt un amateur, souvent déçu, de cette branche de la pensée.
Lorsque j'ai découvert les livres de Bouveresse, puis ses cours au Collège de France, une chose qui m'a justement frappé, tout à l'inverse de vous, c'est l'intelligibilité du propos (le respect du lecteur, j'en suis bien d'accord, commence par là).
Alors que tant d'auteurs philosophiques réputés (pas tous certes) m'ont semblé si souvent marqués par un goût pour un exaspérant galimatias finalement péniblement inintelligible à mes yeux, j'ai toujours eu le sentiment que la prose de Bouveresse,
pouvait être comprise sans reste, et j'ai vite dévoré la plupart de ses ouvrages, et écouté
ses cours au Collège de France (la plupart disponibles sur Internet), sans que cette impression ne se démente jamais, (et sans non plus avoir le sentiment d'avoir à faire à quelqu'un qui simplifierait à outrance ou connaîtrait mal les auteurs dont il parle, bien loin de là !).
En ce qui concerne notre émission, ma foi, je ne me prétendrai certainement pas capable d'expliquer les choses plus clairement qu'elles ne le sont dans l'exposé de notre auteur (ou dans l'ouvrage de Bouveresse à laquelle l'émission est consacrée).
Mais je suis vraiment surpris que vous n'ayez eu l'impression de voir évoqué le principal sujet de cet ouvrage, le statut de la vérité, que dans les toutes dernières minutes :
ce que disent Foucault et Nietzsche du statut de la vérité est pourtant largement abordé,
et d'une façon qui m'a paru tout à fait intelligible, pendant à peu près tout le premier tiers de cette petite demie-heure de radio, non ?
En ce qui concerne l'allusion à Onfray, elle ne concerne pas le « gauchisme » en général (Bouveresse professe une critique de la société contemporaine qui est plutôt radicale et de gauche, sans alignement précis sur un parti etc.) mais bien l'interprétation gauchiste qu'Onfray ferait de Nietzsche selon B. Ce qu'il reproche à Onfray, c'est
une lecture superficielle, biaisée, non fondée sur le contenu des textes, du corpus nietzschéen.
Notez au passage que Bouveresse est capable de se passionner pour un auteur comme Niezsche en dépit du fait que l'idéologie politique ou sociale de cet auteur soit à mille lieues
de la sienne propre, contrairement à tant de nos beaux esprits du moment qui ne s'intéressent à un écrivain ou à un philosophe que s'ils en partagent entièrement la vision du monde.