Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Non seulement ça n'a pas eu lieu mais ça n'avait pas lieu d'être. S'il faut ouvrir une polémique chez le médiateur chaque fois que s'actualise une querelle idéologique latente entre un groupe d'auditeurs et un producteur, on n'en finira pas.

Qu'on y songe :
- déjà avec cet exemple, sur une chaine ouvertement pro-pal' , les 3 ou 4 voix acharnément pro-israéliennes c'est encore de trop
- de même les 3 ou 4 intolérables suppôts de l'infââââme libéralisse, qui occupent quelque chose comme 5% du temps d'antenne qu'il conviendrait bien sûr de leur laisser au nom de la sacro-sainte liberté d'expression, à condition qu'on les force à émettre depuis une île du goulag et aussi de diviser leur présence par 10 ou par 100 afin de mieux "respecter l'opinion" des militants qui écoutent la chaine en majorité écrasante nous dit-on.
- ensuite imaginons que les auditeurs de droite deviennent aussi intolérants que ceux de gauche, alors il y de quoi quasiment doubler le programme pour accueillir les réactions que mérite l'Agit-prop' bon teint qui est la note générale dans cette baraque depuis le rouleau compresseur du chef de travaux Kronlund jusqu'au rouleau à pâtisserie de la mère Paillet.

De telles polémiques vaseuses sont peut-être la vocation d'un forum civilisé comme l'est celui-ci. Elles trouvent certainement un dévidoir légitime dans le courrier des auditeurs qui est fait -on le sait- pour le défoulement et non pour le dialogue. Mais est-ce la vocation du médiateur, que de leur donner un écho ? Assurément oui mais seulement si ça permet de ne jamais aborder les vraies questions de la qualité radio, citons au hasard :
- la vocation du programme : politique, actu, info, culture
- la coloration catastrophiste et misérabiliste qui imprègne tout le programme jusqu'aux fictions
- la réduction de la part culturelle : 1 émission littéraire, zéro magazine d'art plastique, 30' de magazine théâtre
- la langue mise à mal à toute heure
- la dévolution de la chaine au branchysme parisien dont le narcissisme envahit toute la grille
- les affaires troubles du financement du prix du génocide international où auraient trempé les pontes de la chaîne si on en croit Audrey Pulvar
- le merdouillage technique constant avec les fameuses transitions foirées pendant des mois à la même heure
- le site de FC toujours plein de bourdes
- l'affaiblissement du documentaire malgré les engagements du crooner qui dirige la chaîne (c'est Guy Marchand, non ?)
- la couleur de la perruque de Laure Adler qui se voit même quand on écoute FC ake un transistor mono
- la mode radiophonique du rire con (hélène hazéra, laurent goumarre, combien d'autres ?)

Bref un vrai travail de médiateur pour traiter des graves motifs de nos insatisfactions d'auditeurs et non de militants. Une vraie prise en compte de l'identité de la chaine et non les prolongations du vice de la polémique idéologique qui infecte son programme hum-culturel.

Pour résoudre ce brûlant problème, il faut créer une rubrique : médiation entre le médiateur et le public mécontent de la médiation. Un médiateur au carré, quoi.

Après ce magistral message de Sa Majesté des Belges, je crois qu'il n'y a rien à ajouter. Tout y est fort justement dit.

Pour ma part, et je crois ne pas être seul dans ce cas, l'agressivité des propos de Mr Couturier, malgré l'étendue de ses connaissances, n'était, formellement du moins, guère adaptée à cette émission matutinale.
Quant à la fonction heuristique du rdv du médiateur, elle me semble ne concerner que Mr Couturier lui même .
Enfin sur un nécessaire "contre-pouvoir", la personnalité trés droitière de cet individu, ne le prédispose certainement pas à l'exclusivité de cet exercice.
J'ajouterai que le soupçon d'antisémitisme que Mr Couturier a voulu porter sur les invités est absolument indéfendable.

Bonjour cher Leniax,

Excusez moi de vous dire qu'étiqueter Couturier "très à droite" et d'en faire un argument soit de dénigrement implicite, soit de disqualification pour le rôle de contradicteur, est triplement sujet à polémique.

- Les gens qui jugent Couturier à droite sont ceux qui sont -tout simplement- nettement plus à gauche que lui et le jugent à cette aune. Libre à eux. Mais lui se revendique comme libéral de gauche. Il a été attaché parlementaire pour le groupe socialiste, a tenté de créer un think tank de jeunes gauchos, a fait partie de la gauche moderne lors de sa fondation celle de JM Bockel, et au fil des numéros du Grain à Moudre, s'est fréquemment présenté en Rocardien. Il est donc situable dans cette partie de la gauche où l'on trouve aussi Attali, Strauss-Kahn, Peyrelevade, c'est-à-dire des gens qui pensent que de diaboliser la sphère de l'économie privée, aux seuls prétextes de la richesse, du profit, et de l'inégalité, eh bien ça fait peut-être tourner le compteur militant, mais ça dessert le développement des sociétés. Et comme les 4 cités à l'instant, ça n'en fait ni un "homme de droite" ni "très à droite". Le seul fait qu'on soit amené à en débattre en ces termes montre qu'en France quelque chose n'est pas mûr dans les représentations politiques. Je parle des représentations mentales, des représentations sociales, quand le positionnement politique devient valeur de référence. C'est là le deuxième volet polémique qui, à mon humble avis, ne fait avancer aucun débat sensé. Un peu comme de stigmatiser Finkielkraut avec l'une ou l'autre étiquette plus ou moins infamante et ainsi se croire exonéré d'entrer dans une discussion en profondeur de ses idées, ce qui demanderait un examen et donc un effort autre que celui de lever ou de montrer le poing. Ou pour les modérés, de pointer vers l'homme un doigt accusateur. Si ces gens disent des conneries (et cela même leurs supporters le reconnaissent) mieux vaudrait dire pourquoi et, qui sait, faire avancer le schmilblick.

- Troisième volet de polémique : la place de Couturier dans la matinale. Mon impression est qu'il se plante ou réussit son coup indépendamment du camp de l'invité. Il était meilleur dans sa synthèse d'ouverture du Grain à moudre, qui dans les pires numéros, en disait plus que le débat lui-même. Quant à son gradient d'agressivité ou d'ironie, c'est celui de l'éloignement d'avec le centre ; de fait, dans ce rôle de contradicteur il admet avoir du mal avec les gens du Centre : pas facile de trouver un axe pour les asticoter; dit-il en substance. C'est peut-être ainsi qu'il faut comprendre sa position intellectuelle/idéologique. Couturier semble ne digérer ni les extrêmes, ni les positions simples comme le campisme, ni la mauvaise foi argumentative, bref ce qui fleure un peu trop le manichéisme.

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Prenons l'exemple des deux scandales ayant fait réagir le public jusqu'aux oreilles du Médiateur( puisque c'est le sujet dans ce fil) : Jorion, Hessel. Deux boulets radiophoniques, soit dit en passant. Si Jorion avait amené aux Matins un propos tout aussi critique contre le monde de la finance, mais capable de faire la part des choses et de présenter une analyse affinée (celle que je cherche en vain dans ses livres), au lieu de ressortir des vieilles lunes néo-marxistes et sa version perso du keynésianisme, il aurait certainement pu débattre avec Couturier et probablement aurait récolté son assentiment sur plusieurs points car Couturier est loin de donner un blanc seing aux délires de la finance. Pareil il y a 10 jours : ils auraient pu discuter si seulement l'invité n'était pas une sorte de chaudière à préchi-précha dont ne sort guère plus de matière que d'un enfumoir, car il est comme ça Stéphane Hessel : c'est un curé laïc ayant remplacé dans son brûloir les charbons d'encens par des cristaux de moraline et de culpabiliose, ce qui fait que l'encensoir devient un enfumoir mais le principe est le même et au plan des idées ça ne pisse pas plus loin. Un coup avant le sermon, un coup après le sermon, hop ! On ne chante pas le Tantum ergo mais on se fredonne l'Internationale pour soi. Et pour ce qui est de l'info, des idées c'est un peu comme les Journaux de FC : il n'y a rien à en tirer, rien de plus qu'une nouvelle consommation de signes gratuits et de bonne répute qui coute pas cher. Irréprochable comme homme d'action, Hessel en est intolérable en homme de discussion, un peu comme l'Abbé Pierre son jumeau historique qui se trouve là battu par le passage à l'international et par le dopage du Narcisse, car Hessel ne ratisse pas dans les faubourgs, lui : il lui faut la planète !! (je m'esclame). Ce qui le met diablement en phase avec la dynamique des médias qui vendent du creux, et entre tous avec l'esprit général de FC où la parole de Couturier n'est qu'une fronde minoritaire. Alors pourquoi ce scandale ? (je m'interroje)

Allons je m'échauffe, j'en viendrais presque à dénigrer des gens là, non ?

Nouvelle mise au point de Nessie, tout à fait claire et pertinente.

PS : l'agressivité ( jamais illustrée d'exemples précis ) de Brice Couturier ! Mamma mia ... Il y a des âmes bien sensibles tout de même !

Cher Nessie, vous me permettrez de ne pas partager la confusion que vous entretenez entre esprit de tempérance et le centrisme en politique. Celui ci est à géométrie variable, ce qu'évoque assez bien la "brouette de grenouilles" de Mr Bourlanges, ainsi que le positionnement politique de Mr Couturier, ici même tour à tour aronien, néoconservateur, libéral et maintenant rocardien. Je renvoie aux matinées avec messieurs Joxe, Hessel et Jorion pour que la pondération et l'absence de manichéisme de ce personnage puissent être appréciées à leur juste valeur.

On n'a pas écouté le "médiateur" depuis longtemps, car à l'époque de sa nomination, il prenait systématiquement fait et cause pour tous les producteurs critiqués, avec une morgue détestable envers les auditeurs, ces affreux empêcheurs de causer en rond qui ne comprennent rien à rien.

Le "médiateur" de France Culture m'a rappelé cette forme de pseudo-justice des régimes autrefois en vigueur dans les pays sous influence soviétique où le juge accablait celui qui réclamait réparation des torts causés par l'administration.

À en croire certains contributeurs qui semblent comparer la présence d'un journaliste auprès du "médiateur" à une comparution immédiate devant un juge avant incarcération, la nature de cette fonction semble avoir changé. Reste qu'on se demande pourquoi du temps d'antenne doit être réquisitionné à cet effet. Il est vrai qu'aucun courrier adressé à la station ne reçoit de réponse, il faut donc faire de temps en temps semblant de prendre les auditeurs critiques de France Culture en considération...

A l'époque où Patrick Pépin était médiateur, le poste était conçu comme celui d'un avocat de la station contre les auditeurs mécontents. Pas une once de regret, de concession, de compréhension. Juste des justification simplettes et passablement arrogantes : "les producteurs sont des êtres sensibles qu'il faut ménager", "nous ne sommes ni de droite ni de gauche" (vieille scie qui lui permettait de gaspiller du temps au lieu de l'utiliser sur les vraies questions...). Son passage ne fut pas un désastre, car il était tout bonnement inutile. Du temps perdu, en effet.
La BBC a une émission dont pourrait s'inspirer Radio France : Feedback
http://www.bbc.co.uk/programmes/b006slnx
Contrairement à ce qui se fait à Radio France, on y encourage les avis des auditeurs, signes de la vitalité de la station.

Pour exagérer un tantinet, le passage de Brice Couturier chez le médiateur (confesseur?) m'a fait penser à cet évènement récent :
http://www.guardian.co.uk/world/2010/jul/30/north-korea-footballers-public-mauling
Un auditorium, une estrade, et six heures de remontrances publiques!

Merci Yann 114, vous aviez compris de qui je voulais parler et citez le nom qui m'échappait. Bonne description aussi de son attitude.

Je viens d'écouter la demi-heure de l'émission de la BBC "Feedback" du 16 mars 2012 et trouve le "médiateur" Roger Bolton bien qualifié pour cette fonction. Quatre sujets de "discorde" sont traités selon une structure différente (notamment l'usage du répondeur "à la Mermet" et la présence d'une auditrice avec le médiateur et deux présentateurs), c'est du beau travail. Une chose me chagrine cependant et qui me semble se retrouver sur France Culture (et sur France Inter, si je me souviens bien) : aussi bien Jane Berthoud, "BBC Radio's head of comedy" que "presenter" Justin Webb et sa collègue Victoria Derbyshire ne doutent pas une seule seconde d'avoir eu raison de faire ce qu'ils ont fait et qu'ils continueront à faire quoi qu'en pensent ou que ressentent des auditeurs, les uns choqués par une plaisanterie mettant en cause le clergé catholique, les autres par l'agressivité des journalistes face aux politiciens. Leurs manières de parler indiquent clairement qu'ils ne sont pas venus en ayant vraiment réfléchi aux critiques qui leur sont adressées (il faudrait en avoir le temps et faire montre de quelque humilité) mais pour justifier leur pratique sans écouter attentivement ce qui est reproché (voir Jane Berthoud, notamment). Bref, le concept est bon, Roger Bolton tente de présenter le point de vue de certains auditeurs, mais ce qui émerge, c'est que le présentateur, à qui revient le dernier mot, a toujours raison. Problématique.

Grand merci pour les deux liens (vous noterez que la fin de l'article indique que les joueurs de football nord-coréens de 2010 ont été assez modérément traités en comparaison avec leurs collègues du passé..., mais vous dites "pour exagérer un tantinet", donc d'accord avec vous).

Comparution publique pour Mr Couturier et camps de formation à Moscou pour Mr Voinchet, ils y vont fort à France Culture !
Plus sérieusement, tout cela n'énervera qu'une certaine partie des auditeurs de France Culture, ici bien représentés, qui pensent qu'un média, fût il public, doit avant tout représenter une certaine norme politique - puisque malgré les dénégations il s'agit bien de cela - avant d'être un contre pouvoir, non pas des intellectuels et personnalités publiques jugés trop extrémistes, mais bien encore politique.
Voila pourquoi le rôle du médiateur s'avère crucial, dans la mesure où il respecte équitablement les doléances des auditeurs. Indépendamment des questions purement formelles, qu'une certaine arrogance journalistique soit ici mise en question ne m'indispose nullement.