Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Une petite illustration qui tombe à pic :

http://campaignstops.blogs.nytimes.com/2012/03/17/forget-the-money-follow-the-sacredness/?hp

Pour les anglophones, un article sur la tribalisation de la politique. C'est de la politique intérieure américaine, mais les mêmes réflexes sont à l'oeuvre ici. France Culture n'a pas besoin qu'une tribu chasse l'autre, elle a besoin d'un retour aux fondamentaux de sa vocation.

Je faisais effectivement référence à la longue histoire des rapports entre média et pouvoir qui quoi que vous en disiez est toujours opérante, même sur France Culture. Il m'a semblé pourtant que la présidence actuelle a, dans ses rapports avec les médias, quelque peu réactivé cette question, ce que tous mes interlocuteurs ici paraissent ignorer.

J'avoue ne pas parvenir à vous suivre dans la première partie de votre message.
Je pense que vous profitez un peu de ce que je ne prétends pas ici à la neutralité.
Mon but est en réalité de nuancer certaines thématiques récurrentes sur ce forum.
Je vous renvoie donc à certaines de vos obsessions: moraline et enfumage en tête.
Il est certain qu'existe un dévoiement des bons sentiments et que ceux ci justement gagnent à ne pas être trop apparents. Ceci étant pour prendre un exemple assez significatif "les pieds sur terre" ne déshonorent pas "notre" radio et ne mènent pas obligatoirement à "l'agitation des mauvais sentiments : la zizanie sociale, le malthusianisme économique, la fermeture des esprits". Je pense que cette manière de voir est elle aussi trés partiale, avec votre permission.
Quant à la mission de la chaîne, encore une fois il me semble illusoire de prétendre isoler la culture de ce qui agite en profondeur notre société.
Il y faudrait cependant trés certainement un peu plus de recul.

Bonjour cher ami

La leçon de recul me fait sourire pour le moins ; je n'en dirai pas plus.

Mes obsessions sont héritées directement de l'imposture générale mise en place sur cette chaine depuis septembre 99, imposture que vous même ne voyez pas parce qu'elle vous convient. L'immense progrès de notre discussion est que nous ne nous engueulons pas, ne nous jetons aucune épithète malséante à la tête. Mais nos positions sont antipodiques et irréconciliables : ce que vous reprochez à 3 ou 4 soldats de la boite qui y occupent quelques cases dans la semaine, j'ai à le reprocher à plusieurs fois autant qui nous y saoulent à toute heure du jour. Comme ce sont les mêmes tics qui ont dévoyé les sciences humaines pour en faire de la pseudo-science, je pense qu'on a ici un dévoiement de radio culturelle pour faire de l'anti-culture.

Il me semble très douteux d'invoquer des polémiques récentes -elles-mêmes intoxiquées- pour avancer une mainmise de l'Etat. Le Sarkobashing qui est une mode sur la station (un peu comme le piercing chez les ados) suffit à le montrer. Mais peut-être n'entendez vous pas la propagande, en quoi vous ne voyez que des propos scientifiques. Je le dis sans moquerie ni condescendance : ça ne m'étonnerait aucunement. Et je ne vous préconiserai pas de prendre du recul car il en faudrait et pas qu'un peu, or je tiens à vous garder sur Terre vu que vous ne pourriez plus contribuer si vous vous retrouvez sur Titan.

Mais au point où en est la discussion, nous ferions mieux d'aligner les noms et les temps d'antenne, qui montreraient que la chaine est tout sauf affiliée, et tout ce qu'on veut mais pas au service d'une propagande d'Etat. Et j'attends qu'on me dise exactement quand cela a été le cas. Notre discussion résume la problématique du naufrage de cette chaine en 12 ans :
- invasion de l'info et de l'actu politique au détriment de la culture
- déséquilibre engagé au profit d'un camp, et aveuglement idéologique
Et je ne pense pas qu'il faudrait combler le retard en rajoutant une couche de libéralisme ou de capitalisme éclairé. Je préfèrerais qu'on vire tout ce beau monde, que l'info occupe 90' par jour et soit faite en accord avec la déontologie du métier plutôt qu'en **respectant** les opinions d'auditeurs militants.

Et je gage que même si le Médiateur reçoit 500 lettres en ce sens on n'est pas près d'en entendre parler un de ces jeudis. Car Jérôme Bouvier, du temps où il était lui-même à la place de Huertas, faisait la même cuisine que lui avec moins de fautes et en se passant d'images lourdingues (Bouvier cuisine maigre, Huertas cuisine gras, mais les deux jouent la même cantoche).

Pour répondre à vos exigences, je vous rappelle que Mitterand a libéralisé les nominations des présidents du CSA, ainsi que des chaines publiques (tv et radio) et qu'il a fallu la présidence actuelle pour revenir à cet état de fait.
Bien à vous.

Certes certes, je vous ferai donc 2 remarques cher ami :

a) vous pourriez avoir l'élégance de me reprocher mon militantisme anti-militant, qui réduit mon esprit et mon jugement. J'en viens à ne plus voir le paradoxe Russellien (l'est-il ?) ni remarquer les émissions culturelles parce que les non-culturelles me pompent l'air et que les survenues de consigne de vote à toute heure me découragent maintenant d'écouter le programme.

b) j'avais bien remarqué l'événement que vous signalez, mais on juge du programme à son contenu et non à un risque de dérive fut-il inscrit dans les textes. Tant que la dérive n'a pas lieu -vous me voyez désolé de vous contredire, mais j'ai la faiblesse de m'en tenir aux faits-, en arguant d'une mise au pas on ne fait que de la pétition de principe. Je ne sache pas que le retour sur la mesure Mitterrandienne ait changé quelque chose. Si vous voulez arguer que le France Culture d'avant Mitterrand était inféodé au pouvoir politique, vous allez dans mon sens : il faut remonter à avant 1980 pour retrouver une telle situation. Rien depuis. Et rien ne dit que nous y sommes retournés, vu que la chaine est actuellement anti-gouvernementale ce qui est d'ailleurs contraire à la déontologie et aux principes du service public.

Donc si Olivier Poivre d'Arvor fait campagne pour Hollande, c'est par rétro-effet inverse ironique... Une contre-campagne post-moderne, en somme. Lorsque Sarko était invité à France Inter, il a l'air d'avoir découvert récemment que le directeur de FC faisait campagne pour son adversaire, et si la Main Invisible de la présidence influe sur les programmes de la station, c'est de façon bien subtile. A moins que... Cela expliquerait mieux pourquoi j'ai entendu l'autre jour quelqu'un dire : "écoutant France Culture, ça ne donne pas envie d'être de gauche...". Mission accomplie, donc? Ou pas? Ou ironiquement?

Je suis perdu.

Au sujet du paradoxe de Russel, je vous renvoie encore à "la communauté qui vient " du philosophe Giorgio Agamben, ici chapitre 17 qui conclut par ces termes:
"L'idée d'une chose est la chose même, le nom, en tant qu'il nomme une chose, n'est rien d'autre que la chose en tant qu'elle est nommée par le nom"

Pour lui, il s'agit de tirer profit du concept du "quelconque" qui définit "l'être-dans-le-langage du non-linguistique" : non pas l'être "peu importe lequel" mais "l'être tel que de toute façon il importe" et appeler à une communauté de la singularité quelconque.

Comme éclairage d'appoint aux enjeux de cette discussion je recommande l'écoute de l'entretien avec Mr Fassin dans "La suite dans les idées".

Je dois reconnaitre avoir éprouvé un certain plaisir à l'écoute des matins avec Guaino.
Aprés lecture des courriels, il est peu vraisemblale que Mme Darrieussec soit prochainement invitée par le médiateur...