vincent a écrit:Sur le lien fourni par un qui se dit saint, je vois que l'artiste a cherché:
- à éviter tout côté sérieux ou dramatique et à rechercher plutôt la légèreté et l’ironie, à paraître discret,
peu visible, pour le « grand public » , mais sembler étonnant , amusant, absurde, pour le « petit public »
où j’ai déjà des complices qui m’attendent au tournant.
Moi, je me dis que le personnage mis ici à la question par un petit inquisiteur a une fraîcheur et une sensibilité bienvenues pour parler d'art. "Boule de neige", pourquoi pas?
Bonjour Vincent
Vous dites "fraîcheur et sensibilité". Peut-être. Face à Morellet, admettons. Mais quand l'auditeur aimerait entrer dans l'art contemporain sans se faire embarquer par des vendeurs de vent, Arnaud Laporte est-il l'homme de la situation ? Franchement j'en doute. En la matière, accueillir des pseudo-créateurs sans jamais porter un oeil critique, c'est ouvrir le micro au n'importe quoi. Or là est précisément le piège de l'art contemporain. Jadis on l'a vu tendre le micro, sans un soupçon d'esprit critique, sans un mot de remise en question, à des jeunes infatués (l'infatuation s'entend à la radio, savez-vous) dont les créations au mieux pouvaient figurer dans un compte-rendu de brain-storming. Mais franchement, comment y croire quand on voyait ce qu'il contribuait à promouvoir : le geste artistique de celui qui laisse ses mouchoirs usagés dans la rue, ou les envoie sous enveloppe je ne sais plus mais ça revient au même ; ou bien l'autre qui prend l'avion sur un coup de tête - pardon mais l'art contemporain ainsi vu et fait, ça ne marche pas, sauf à France Culture.
C'est ça que je reproche à Laporte (à côté de ses entretiens de cinéma dans Tout arrive, que je continue à trouver bons) : donner l'antenne au creux, avec une voix béate et un contentement audible, dans une rencontre radio où l'on a du mal à discerner ce qui doit à la naïveté et ce qui ressortit au je m'en foutisme.
Morellet c'est 60 ans de travail créatif. Je ne dis pas que pour mériter le micro de France Culture il faut en faire autant, surtout qu'on doit ramer pendant une bonne moitié du temps de parcours : en tant qu'artiste Morellet a ramé une trentaine d'années. Alors couronner une telle carrière de recherche avec une remarque pleine de fraîcheur (quoi de plus frais que la neige ?), c'est franchement lège, mais ma foi pourquoi pas ? Pour une émission fouillée, on avait Jean Daive et on a Elisabeth Couturier. Mais le crédit accordé à Morellet, et puis aussi le même traitement, eh bien le donner complaisamment à des immatures qui semblent à peine sortis de leur école et n'ont à vendre que de l'invendable, sans même qu'il les pousse à s'expliquer, franchement non. Je précise j'en ai pas tant que ça contre Laporte, ayant essayé de recadrer ce fil dans le sens d'une critique faisant la part des choses. Et que les remarques ci-dessus, je les ai déjà faites et les referai contre l'Atelier de Création Radiophonique, justiciable des mêmes reproches certains jorus, et d'éloges en d'autres jours.
C'est donc pas vraiment Arnaud Laporte qui est en cause ici, ou plutôt il n'est en cause que comme nième maillon d'une chaîne qui fait de l'art contemporain en France une grosse usine à n'importe quoi, et en même temps une pompe à fric. S'il faut parler d'art contemporain à FC, et puisque Jean Daive a été jugé de trop dans la grille, alors pourquoi ne pas confier une émission à Yves Michaud, je ne sais pas d'avance ce que ça vaudra, mais au moins ça sera la fin de la complaisance...