Suite de la tournée des interviews de fin d'année :
http://lexpansion.lexpress.fr/actualites/1/actualite-economique/france-culture-veut-faire-des-choses-moins-amidonnees_1693789.htmlFrance Culture veut "faire des choses moins amidonnées"Paris - Olivier Poivre d'Arvor, patron de France Culture, prépare pour la rentrée une radio moins "amidonnée", ouverte à l'audience mondiale francophone et aux étudiants, en misant sur une antenne rajeunie, le retour de la musique et davantage de poésie.
Q: France Culture lance "Fiction Pop", une collection originale qui fait la part belle à la musique, signe-t-elle aussi son retour sur vos ondes ' R: "Je crois que le mot +musique+ appartient au vocabulaire de la culture.
Il y avait 15 heures de programme musical par semaine auparavant sur cette chaîne et tout cela a disparu. Et je me suis rendu compte que les gens le regrettaient. On peut inventer des choses, personne ne nous interdit grand-chose. On a des créateurs talentueux, des comédiens, des réalisateurs, et les orchestres de Radio France. L'idée est venue d'unir les compétences et de faire des choses moins amidonnées, essayer de rapprocher les genres.
Au-delà des "Fiction Pop", on a donc remis de la musique dans les émissions de la saison 2015/2016. A partir de septembre, on crée une tranche quotidienne de 15h à 16h consacrée à la musique, une grande nouveauté. On va le faire sur des thématiques, pour écouter ce que la musique peut raconter du monde".
"Quant à la poésie, il y avait une émission qui ne lui donnait pas la place qu'elle mérite, "Ca rime à quoi" le dimanche à 20H. On va créer à la place une émission d'une heure mieux positionnée sur la grille, plus dynamique. Et on va même en ajouter, puisque tout au long de l'année L'acteur Jacques Bonaffé va lire chaque jour pendant cinq minutes une oeuvre de poésie de 44 poètes contemporains".
Q: Vous lancez France Culture à la conquête de la jeunesse ' R: "Il s'agit de faire entendre des voix neuves, assurer la relève, avec des producteurs plus jeunes. Diriger une chaîne, c'est faire des choix. Desgens comme Aurélie Charon qui va faire une nouvelle émission, Marie Richeux, et d'autres sont des voix importantes, elles ont trente ans. Elles parleront bien de leur époque.
Nous poursuivons notre conquête du public d'étudiants, parce que l'on fournit des éléments de connaissance, de la réflexion, du débat public.
A la suite d'une rencontre récente avec le président de la République, où j'ai souligné l'importance de l'éducation artistique, j'ai proposé un projet que j'ai présenté au 1er ministre, aux ministres de la Culture et de l'Education qui s'appelle "A l'école des créateurs" et qui devrait être lancé en septembre. Il s'agira de permettre à 50 grandes figures de la culture d'aller, à raison de quatre fois par an, dans une classe de collège, dits prioritaires ou pas, pour fabriquer une oeuvre, un film avec un cinéaste, un livre avec un écrivain, etc. en partenariat avec France Culture. Je voudrais que France TV nous rejoigne, je voudrais essayer de convaincre France bleu de s'y associer aussi parce qu'on va travailler en région".
Q: France Culture souhaite aussi conquérir la jeunesse à l'étranger ' R: "Le public francophone promet des opportunités de développement pour les 20 ans à venir. Avec une population de 200 millions aujourd'hui, 700 millions en 2050 et personne ne s'intéresse à elle. C'est un public jeune, principalement dans l'Afrique subsaharienne, qui va être super éduqué en tout cas bien davantage. A partir de janvier 2016 nous proposerons une offre, France Culture Monde, en partie produite avec de grands experts, au coeur du monde francophone et que l'on n'entend jamais, pour faire une radio +moins ethnocentrée, mois franco-française+, il faut ouvrir les portes afin+ qu'elle puisse être écoutée".
Il est difficile aujourd'hui d'imaginer que FC puisse un jour se relever de tout cela, il faudrait une prise de conscience interne, et personne ne semble en position de force pour pouvoir le faire aujourd'hui. Peut-on rêver, un jour, d'une reprise en conjointe du CSA, de la fameuse "tutelle" (qui reste dans un silence confortable, évitant ainsi d'avoir à subir une colère habilement transférée contre le président de RF)?
OPA n'a jamais réellement été directeur de France Culture, il aurait fallu pour cela veiller à composer une grille qui soit compatible avec les missions de la station, et s'adressant de la façon la plus universelle possible au plus grand nombre possible d'auditeurs curieux, tout en restant une radio d'offre. Démission totale sur ce sujet.
Non, il fait ce qu'il a toujours fait :
- se fantasmer en
grand patron de groupe de presse international (mais public et subventionné) en multipliant les petits satellites inutiles (il suffit d'aller voir France Culture Plus, ces petits exposés "pour les jeunes" qui n'intéressent personne), sonder les catégories d'auditeurs à ajouter, avancer des pions, se constituer un "carnet" et une réputation, favoriser des réseaux et des partenariats pour faire jouer une situation d'hégémonie
- gérer sa station comme une
fondation culturelle francophone, avec le recrutement de célébrités et la multiplication des plateformes de diffusion d'artistes oubliables, interchangeables, obscurs, à simple objectif de promotion (OPA le grand mécène des arts actuels).
Les auditeurs existants sont totalement absents de sa réflexion, de même que son coeur de métier, la radio. Conquête et promotion... Il n'a jamais dirigé France Culture. Il a simplement repris une radio culturelle riche d'une longue histoire pour la vider progressivement, et la remplir avec une "nouvelle génération" qui n'est ni prête, ni formée, ni curieuse, ni exigeante. Il s'agit simplement pour lui de cocher des cases et de se faire un nom. Tout ce qu'on peut espérer, c'est que lorsque la "tutelle" changera de mains, que celle-ci soit déjà bien au courant de la situation, et qu'elle le remplace le plus rapidement possible avec une figure historique de la station, et qu'une nouvelle grille soit entièrement reconstruite. Mais c'est un scénario des plus improbables...