Bonjour,
Je me suis trompé dans le premier message. L’enregistrement dont j’ai eu connaissance il y a quelques années n’est pas celui dont il est question ici. Il y a donc eu au moins deux émissions radiophoniques.
À Antonia, d’abord :
Comment avez-vous pu réécouter l’émission, alors que vous avez manqué le podcast (ce fichier mp3 stocké dans mediafire ANPR) ? Je n’ai pas compris.
Vous avez raison de réécouter Maldiney, c’est ce que je fais moi même car bien souvent je perds le fil du fait que presque chaque mot suscite des pensées anciennes ou nouvelles, ravive des souvenirs. Il faudrait s’arrêter à chaque phrase… Et puis le fait de l’entendre parler chez moi le rend étonnamment proche. J’ai cette chance de le voir parler. L’entendant, je le vois.
Attention, il ne faut pas recevoir l’œuvre d’art avant de l’interpréter. L’interprétation est une trahison car elle signifie que l’œuvre reste un objet. Ce que je dis là est trop général, trop abstrait, il faudrait en donner l’un ou l’autre exemple « sur le tas ». Je ne crains pas de dire ici (faute d’oser le dire ailleurs) que même un « grand interprète » est davantage un amuseur qu’un artiste authentique. Il en existe de très nobles mais la grande majorité sont étonnamment vulgaires, d’une vulgarité qui souvent confine à l’abjection.
C’est vrai que la pensée de Maldiney se caractérise par le fait qu’il nous surprend toujours, nous conduisant là où nous n’aurions pu prévoir que nous irions, et où peut être jamais nous ne serions allés s’il ne nous en avait pas ouvert le chemin. Si vous avez des questions au sujet de ce que vous ne comprenez pas, n’hésitez pas à les poser, j’essaierai d’y répondre. Vous savez, après 40 ans, je continue à m’en poser moi même…
À Pierre G. :
Ce qui a existé naguère, ce sont des notes d’étudiants lyonnais dont certaines étaient régulièrement publiées par eux. J’en possède quelques unes. Pour ce qui concerne les enregistrements, oui il en existe, mais je n’ai jamais eu connaissance que de ceux réalisés à Louvain où Maldiney s’est fréquemment rendu. Je possède également quelques enregistrements personnels qui ont un caractère plus privé.
À Basil :
Oui, cela a été une mode, notamment en France, de mettre l’art du côté du principe du plaisir alors que Maldiney le placerait plutôt du côté du principe de réalité, s’il admettait cette distinction venant de Freud qu’il a toujours désavoué. Car la notion de réel (le « Ah ! » des choses comme disent les Japonais) n’est pas du tout la même chez lui et chez Freud (et Lacan). Rappelez vous Sartre et son « imaginaire » et cette spécieuse distinction entre réel, imaginaire et symbolique, où les trois ne concernent jamais que l’objectif, n’en déplaise à beaucoup d’intellectuels pédants. L’art « nu » n’est pas un divertissement, il n’a pas pour fonction de nous procurer du plaisir mais de nous rappeler, comme le dit Maldiney, que nous avons à exister, non à consommer (y compris notre propre vie). Ce qui ne peut se faire que par la rencontre (obstinée) d’œuvres dont l’harmonie ne soit pas simplement idéale, mais réelle, c’est à dire conquise en surmontant les résistances opposées par la matière. De telles œuvres nous révèlent l’être au travers du sensible (jamais par l’intellect ou le cognitif), et cela suppose toujours l’étonnement, un étonnement absolu, inconditionnel. C’est cela, le vide ou le rien.
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