Brice Couturier dans sa chronique du 21 avril dernier n'y va pas avec le dos de la cuillère et le titre qu'il lui donne en témoigne
Erdogan obtient un droit de censure sur les médias européens.
Ainsi va France Culture. On ne savait pas que la chaîne publique allemande ZDF représentait "les médias européens" et que l'ouverture d'une procédure pénale (dont personne ne connaît l'issue) à l'encontre d'un satiriste allemand était "un droit de censure" obtenu par le président turc.
Chacun trouvera les informations nécessaires à la compréhension de l'affaire Böhmermann dans sa presse favorite. Pour les amateurs de la FAZ, l'ensemble des articles consacrés jusqu'à présent à ladite affaire se trouve dans
Alle Nachrichten und Informationen der F.A.Z. zum Thema Jan Böhmermann.
Brice Couturier : "En chanson, dans son émission nocturne, Neo Magazin Royale, sur la chaîne publique ARD, il avait tenté d’expliquer au président turc la différence qui existe dans un Etat de droit, entre satire et diffamation."
"tenté d'expliquer" ? Pour qui comprend l'allemand voir les extraits du poème ordurier et diffamatoire en cause ci-dessous* (il n'est pas question de chanson). Sorry, pas de traduction...
Il est assez intéressant de noter que l'humoriste, avant de commencer à dire son poème, signale que ce qu'il va réciter n'est pas autorisé. Il existe en effet une ancienne loi (que le gouvernement veut faire supprimer avant l'été) qui le prohibe.
Pour faire court (à propos de cet adjectif, voir le billet d'humeur de Guillaume Erner sur la circoncision qui se veut très comique alors qu'il n'est que grossièrement pathétique... tiens, tous les numéros des Matins de la semaine sont indiqués comme indisponibles à la réécoute, comme par hasard...), Couturier s'autorise, comme son collègue Thierry Garcin, à lancer des affirmations qui participent plus de la création d'un état d'esprit que de l'information à un public qui cherche à se cultiver : "Erdogan a déjà exigé et obtenu une rançon de 6 milliards d’euros" ("une rançon" ?) ; "Il lui faut à présent un droit de regard" (une loi allemande autorise un chef d'État étranger à se plaindre si les conditions sont réunies, c'est aussi simple que cela) ; et puis pour Rowan : "Après un tel précédent, que devrons-nous céder à un Vladimir Poutine, autrement plus menaçant et si habile à jouer nos petits Etats désarmés les uns contre les autres ?".
La chronique** se conclut sur la question de la présidence de la BCE :"
Et la gestion de la dette va redevenir une question brûlante pour notre pays, dont l’Etat a accumulé une dette équivalent [sic]
à une année entière de production nationale."
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Staatsaffäre Böhmermann - die Fakten :
Was ist der Stein des Anstoßes? In der Sendung "Neo Magazin Royale", die am Abend des 31. März bei ZDF neo ausgestrahlt wurde, trug Jan Böhmermann unter dem Titel "Schmähkritik" ein Gedicht vor, in dem Recep Tayyip Erdogan verschiedene potenziell beleidigende Attribute und Tätigkeiten zugeschrieben wurden.
Darunter sind Klischees über Türken mit rassistischen Anklängen ("Sein Gelöt stinkt schlimm nach Döner"), Pennälerhumor-Ausdrücke ("Die dumme Sau hat Schrumpelklöten"), persönliche Verunglimpfungen ("Sein Kopf so leer wie seine Eier"), Vermischungen von politischer Kritik und verrufenen sexuellen Praktiken ("Am liebsten mag er Ziegen ficken und Minderheiten unterdrücken, Kurden treten, Christen hauen und dabei Kinderpornos schauen") - und all diese negativen Zuschreibungen kommen im Stakkato. ** La direction de France Culture dit réfléchir à la présence et à la répartition des chroniques pour la rentrée prochaine.