Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Une fois de plus ce matin, Xavier Delaporte arrose de sa supériorité par ailleurs largement imaginaire -et cela qu'elle soit intellectuelle ou morale- la masse des baves cons d'utilisateurs des outils électroniques. Au fil des semaines et des mois, la chronique de Xavier Delaporte, remplaçant le ton sentencieux Thierry-Pèchien par le débraillé de la porte, consiste à dire aux aux utilisateurs du numériques  comment ils devraient agir, comment il faut agir, comment il faut ne pas faire, comment il faudrait ne plus faire.

Ce matin, exemplaire : braves gens vous avez tort d'emporter votre courrier électronique à lire dans les transports en communs. Vous devriez vous intéresser aux autres, discuter avec eux. Les transports en commun c'est fait pour ça, certainement. Comment, vous ne le saviez pas ? Mais la tranquille éminence morale de Xav'e est là pour vous l'apprendre, brave cons de consommateurs.  C'est la version youkaïdi-youkaïda de la modernité. Delaporte, 13 ans d'âge mental. Il n'est même pas assez cultivé pour sentir le parfum de boy-scout qui s'exhale de son baratin.

Retenez cela, braves cons du numérique qui n'avez pas fait Normale-Sup' et l'agrègue de lettres et qui n'êtes pas producteurs à France-Culture : à France Culture on sait comment vous devez faire et on sait ce qui est bon pour vous. Cela dit, ne nous plaignons pas, car c'est à peine balancé comme une injonction, plutôt avec la tranquille certitude du morveux qui se prendrait pour une autorité en matière numérique, alors qu'au fil des numéros de Place de la toile, la seule toile qu'il tisse est celle de ses bourdes et de ses ignorances. On en apprend davantage sur le numérique en écoutant le Soft Power de Frédéric Martel, c'est dire !

Quel trio tout de même dans les matins : Pech, Plenel, Delaporte. Deux cadors et un chiot pour jouer les directeurs de conscience, c'est trop, c'est trois de trop.

Nessie a écrit:(...) Ce matin, exemplaire : braves gens vous avez tort d'emporter votre courrier électronique à lire dans les transports en communs. Vous devriez vous intéresser aux autres, discuter avec eux. Les transports en commun c'est fait pour ça, certainement. Comment, vous ne le saviez pas ?

Je n'ai pas lu ce que vous signalez ici et plus haut dans le texte de la chronique de ce matin (en dit-il plus que ce qu'il écrit ?), en revanche j'ai lu ceci Toutes les époques ont-elles eu peur de leur technologie ? et ce n'est pas l'attention soutenue qui caractérise cette "rédaction"...

en ce cas peut-être bien qu'il en dit plus et d'ailleurs c'est toujours intéressant de jeter un oeil sur la différence entre l'écrit et l'oral. Par exemple chez Meyer, non pas sa chronique car le texte n'est pas donné sur le site, mais pour l'Esprit public : quand la présentation mise en ligne correspond au texte lu devant le micro, on constate que le contenu en est fidèlement identique, mais avec quelques variations dans la forme : à la lecture, Meyer peut-être un peu rétif à l'aspect par trop sèchement écrit de sa présentation, y insère des formules sans autre utilité que de le rendre tout simplement plus agréable à l'oreille. Tel est le mélange de gout et de métier radiophonique de Philippe Meyer.

Quant à Xavier Delaporte, alors effectivement sa chronique rédigée semble agrémentée des profondes remarques philosophiques qui naissent de son art de l'improvisation, et pour ce qui est des marques de style on peut constater que "ouais, ah bin etsétéra machin (voila) chaipas mais bon", tel est le mélange de goût et de métier chez Xav'e...

Philaunet a écrit:Je n'ai pas lu ce que vous signalez ici et plus haut dans le texte de la chronique de ce matin (en dit-il plus que ce qu'il écrit ?), en revanche j'ai lu ceci Toutes les époques ont-elles eu peur de leur technologie ? et ce n'est pas l'attention soutenue qui caractérise cette "rédaction"...

Autant pour moi Philaunet. Je me suis complètement planté à l'écoute de la chronique. La leçon de morale ne visait pas les usages du numérique mais... l'image de la presse d'il y a plus d'un siècle ; et le rapprochement faisait partie du thème. Soucieux de passer la chanson de Barbara tombée comme un cheveu dans le potage Voinchesque après la dernière sottise de Boucheron, j'ai atterri au milieu de la chronique où je n'ai d'ailleurs pas tenu bien longtemps. Après quoi j'ai trop vite recyclé mon agacement en rédaction furibarde, commettant là un kolossal contresens car dans cette histoire de transports en commun, Xav'e fustigeait une moraline datant de... la fin du XIXeme ou du début XXeme.

Erreur que je regrette, et d'autant plus que j'aurais pu écrire exactement le même reproche à Xav'e, à plusieurs reprises depuis septembre : un jour par exemple il se  paie la fiole des gens qui piétinent sur place tout en téléphonant debout dans la rue , comme s'ils parlaient à la colonne Morris qu'ils ont devant le nez. Une autre fois il assomme de son mépris les tics des néo-fans d'Appel (dont lui-même faisait partie il y a encore 4 ou 5 ans avant de virer Alter au moment où il passait de l'âge bète à l'âge ingrat. Bref avec le numérique on est tous un peu cons, lire "chers auditeurs étant donné que je suis incapable d'imaginer qu'on ne soit pas aussi niais que moi, eh bin vous êtes tous des gros niais".

D'ailleurs pour cette même raison, il aurait pu se reconnaitre au moins en partie dans certains des extraits qu'il a lus ce matin, si au lieu de n'y voir que technophobie, il y avait vu sa propre manie de donner des leçons à ses concitoyens.

Ceux qui n'apprécient pas mais alors pas du tout Danièle Sallenave ou bien ses chroniques ou  bien le ton et le style qu'elle y met, sont invités à faire une exception pour écouter celle de vendredi dernier.

Dans une matinale farcie de scènes à faire et où on n'a rien appris depuis la chronique Munier jusqu'à la dernière minute puisque le sujet quasi-exclusif en fut le baratin usé sur le sport soumis aux puissances de l'argent, l'exception fut Danièle Sallenave qui choisissant de parler d'autre chose, et en profite pour rappeler à tous quelle forte culture littéraire est la sienne.

De quoi s'agissait-il ? De la formule de Simone de Beauvoir "On ne nait pas femme, on le devient". Formule qui était en plus d'un assez bon slogan militant, une citation et un clin d'oeil à une formule antérieure... et même à plusieurs.

Depuis bientôt 5 ans que Danièle Sallenave est installée sur FC en chroniqueuse hebdo, c'est bien la première fois que j'ai envie d'applaudir un numéro d'érudition. Ca s'écoute en clickant ici.

ADADA
IMAMI
ANONA

Hubert Védrine vient de dire (sans le dire) qu'il n'écoute pas France Culture.

A 7h20 dans sa chronique dialoguée avec Marc Voinchet, Védrine fustige les réactions d'orfraie démocratique, les bruits de tocsin démocratique, et les leçons de morale démocratique qui ont fusé en France après le référendum du week-end dernier en Suisse.

Il faut dire que ça n'a pas manqué. Et notamment sur l'antenne de France Culture d'ailleurs, dans la matinale de lundi sous la baguette de Marc Voinchet. Ce que Védrine envoie, c'est une leçon de bon sens aux commentateurs de la politique : comment peut-on se dire démocrate et déjuger l'expression d'un peuple ?
En face : Marc Voinchet. On ne sait pas s'il fait profil bas ou s'il s'en tamponne, de la leçon que vient de lui administrer "Hubert", sans le savoir probablement, sinon il aurait mis un peu de crème dans la dégelée qu'il vient d'administrer aux pleureuses de la démocratie qui pleurent quand le voisin démocrate ne vote pas dans le sens voulu.

J'ai dit par ailleurs pourquoi, quand bien même on pourrait déplorer le résultat de ce référendum en s'acharnant à ne pas le comprendre, la question posée n'est pas d'ordre démocratique. Mais lundi dernier entre 7h et 9h, aucune des personnes présentes dans le studio ne semble consciente de l'énorme contresens qui a imprégné la matinale.

La chronique matinale et quotidienne de Xavier Delaporte s'améliore lentement.

Oh, pas dans la forme : c'est toujours aussi médiocre ! A la diction débraillée de l'adolescent qui n'a pas entièrement avalé sa tartine de nutella, Xav' ajoute un amour immodéré des lieux communs, un sur-emploi de procédés de rédaction usées jusqu'à la moëlle par exemple il nous fait une anaphore par semaine, et quand il n'a pas de conclusion il le dit fièrement "eeeeet j'ai pas trouvé de conclusion hmpff " (ça c'est le rire bête simulé quoique criant de naturel).

Non, c'est plutôt du côté des idées et des remarques, que Xav' parvient à aligner parfois plusieurs chroniques plutôt réussies dans une seule semaine. Ainsi celles de mercredi et de jeudi dernier étaient plutôt bonnes : mercredi, un constat contre-intuitif de l'usage du streetview ; et jeudi, il a carrément traité Marine le Pen de troll dans la vie politique, oh certes sans le lui dire franchement en face mais pour les habitués de la chronique, c'était de l'évidence. Certes, avec un minimum de culture générale et une initiation à la psychologie pratique de magazine, il aurait pu pousser sa réflexion plus loin : les trolls sont parmi nous, dans la vie courante au moins autant que sur le web. Ils alimentent en jeux transactionnels aussi bien les espaces de travail que la vie de famille d'ailleurs un film serait en préparation : "J'ai épousé un troll".

Mais je m'égare, revenons-en à la chronique de Xav'e : évidemment, rien ne dit que ces remarques bien venues, elles soient de son cru. Car les paradoxes à deux balles, les sujets d'étonnement, les illusions révélées et les constats contre-intuitifs, bref tout ce qui émaille sa chronique et en fait certains jours un petit paquet de trouvailles, il peut aussi bien les avoir ratissés pendant la semaine, entre deux tasses café renversées et une part de pizza réchauffée grâce au micro-onde du bureau, pendant la semaine où il accumule la matière qui lui permettra de faire illusion pendant son émission du samedi. Et après tout, qu'elles soient ou non de son cru, la chose a peu d'importance. L'important est que la chronique soit bonne. Peut-être un jour il pensera à en rémunérer les véritables auteurs, enfin si Xav'e ouvre les yeux sur le fait qu'il se comporte finalement lui aussi en requin du web. Et pourquoi donc écrire "lui aussi" ?

Eh bien....

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Le problème avec la chronique du Xav'e, c'est que même quand les idées sont bonnes et apparemment originales (ce qui ne veut pas dire qu'il en soit l'auteur), c'est quand même toujours sous-tendu par une idéologie de baba-cool ayant transité des années 70 aux années 2000 : l'apologie des clandestins, des marginaux, des pirateurs, coooooooool le Xav'e. Comme dit dans le post précédent, lui-même en piquant un maximum d'idées sur le web, n'est-il pas de ces clandestins ? Peu importe qu'il pompe ces idées aux internautes de base plutôt qu'aux exploiteurs capitalistes, de toutes façons à ces derniers il ne manque jamais l'occasion de coller une raclée. Et puis entre internautes hin c'est pas du vol c'est du partage. Et puis quand on vient juste de découvrir l'existence de Guy Debord, les droits de copie hin on s'en bat l'oeil.  

Non, l'important c'est de lutter contre les ex-ploi-teurs : aussi depuis quelques années Xav'e ne manque jamais l'occasion de de placer une des idées les plus bétasses de toute la radicowebosphère : les internautes sont exploités par les grands portails. Les internautes déposent avis, critiques, données de toute sorte pas seulement leur état civil mais aussi de simples clicks, qui une fois agglomérées en résultats statistiques, seront exploités par les exploiteurs. Les internautes sont donc exploités. Et pas par les petits pompeurs comme Xave', non non non : par les grands méchants capitalisses qui tiennent le web dans leurs serres avides. Ce transfert de la lutte des classes par un type qui aura bientôt 40 ans, ça en dit long sur le niveau de bétise que peut déposer dans un cerveau initialement bien fait une carrière d'étudiant d'élite devenu fonctionnaire des médias d'élite (en l'occurrence de propagande) et jamais inséré dans la vie réelle.

Telle était ce matin, la pauvrissime idée-phare de la chronique : quand vous recopiez une captcha (comprendre : un mot de passe alphanumérique aléatoire pour valider un simple click d'envoi) en fait vous travaillez sans être payé.

Hélas, l'invité sociologue, Pierre-Michel Menger,  tout en feignant d'apprécier la chronique, passe directement de l'autre côté du sujet : le travail sociologique qui s'opère dans les grands chaudrons de brassage des données. Il y a là un sujet à creuser, et on devine que le prof de méthodologie qu'il a été, réfléchit parfois à la question. Mais hélas il ne dira pas un mot de ce qui indigne le Xav'e. C'est que pour le sociologue, c'est là tout banalement l'autre versant de la collecte : les réponses de la personne chez qui on enquête. Or si on étend le raisonnement de Xavier -et pourquoi ne pas le faire ?-  alors quand on remplit un questionnaire à la demande d'un sondeur qui a sonné à notre porte, hébin que fait-on ? Réponse : hébin on travaille. La scie militante de Xav'e est donc d'une bétise stratosphérique, à laquelle Menger n'a pas répondu. Menger qui ne s'abaisse pas à polémiquer avec des non-sociologues peut-être (quoique, il vient quand même de se farcir les âneries de Voinchet). Ou bien Menger pas assez bien réveillé ou pas assez agressif ou pas assez allergique à la connerie ou trop inhibé et poli pour rappeler une définition de base du travail qui aurait pu endommager l'enthousiasme vaniteux de l'ado-chroniqueur, par ailleurs congénère normalien enfin de telles choses ne se font pas, quoi.....

(Et c'est dommage)

La diversité des opinions et des sensibilités est bienvenue sauf quand celles-ci sont lourdes, simplistes, primitives et n'offrent aucune subtilité. C'est le cas de Brice Couturier duquel je me lasse; il appauvrit le débat.

ADADA
IMAMI
ANONA