Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

[nolettrine]

Nessie a écrit: Tout feu tout flamme :
Lundi : personne d'annoncé, si seulement on pouvait garder Angelier...
Mardi : Philippe Tretiack (ancien de Métropolitains - n'a pas sa langue dans sa poche)
Mercredi : Sébastien Le Fol
Jeudi : Jean Birnbaum
Vendredi : Anne-Pierre Lannelongue

Gatsby a écrit:A savoir que la session "Tout feu tout flamme" est désormais confiée à des journalistes de la presse écrite (Le Figaro, Elle, Le Monde des livres, M le magazine du Monde). Je doute donc fort malheureusement qu'Angelier soit maintenu le lundi !

Aneffet, ce matin le verdict est tombé. Fini Angelier dans Tout feu tout flamme. Annoncé par Voinchet nous apprenons que le lundi sera tournant. : chroniqueur variable

Ce matin : Dominique Souchier dont on a dit quelques mots dans ce post. Ceux qui ne le connaissent pas peuvent le découvrir. Etant donné la quantité de bétises qu'il a dites en si peu de temps, je ne suis pas pressé de découvrir son émission régulière "une fois pour toutes" sur laquelle on a déjà dit quelques vacheries dans cet autre post.

PS : ... vacheries dont la justesse sera confirmée ultérieurement dans cet ultime post désespéré.

Au moins une fois par semaine j'hésite entre deux options : commenter ici la chronique 'Frontières' du jour, ou bien ouvrir un fil esspécial. Evidemment, comme nombre d'émissions de qualité sur FC, on se demande un peu ce qu'elle fout là. Sa place serait plus sur RFI peut-être, mais alors nous on y perdrait quelque chose, car plus d'un producteur de FC gagnerait à s'inspirer du style d'Ipatovstsev, de son humour, de son art du fignolage et de sa capacité à se renouveler.

De temps en temps aussi j'en écoute quelques-unes, au moment de stocker la production du mois. Et à chaque fois de nouveau se pose la question : un post, ou un fil ? La réponse ne vient jamais. Si quelqu'un se dévoue le fil sera créé. Qui se dévouera ?

Pour l'occasion, en voici deux, choisies parmi les plus authentiquement culturelles au moins pour ce qui est de l'aspect musical. D'abord :
Chronique du 29 octobre dernier
[son mp3="http://download.od.tv-radio.com/france_culture_ondemand/sites/default/files/sons/2012/10/s44/Frontieres--PODCAST--NET_56e1166e-6042-43c8-9a84-4f18f24ebfb7_FC.mp3" debut="00:48" fin="05:38"]

Et puis :
Chronique du 29 septembre 2010 consacrée à un célèbre tango fort peu argentin. Pour ceux qui ne le savent pas, le tango est un genre musical d'Europe Centrale, et celui-ci a une histoire. En plus de la référence au film de Nikita Mikhalkov, il éveillera quelque souvenir chez les amateurs de cinéma d'animation. Attention nous sommes ici largement en dehors de la période de réécoute, donc la commande ci-dessous est à péremption imprévisible. Elle peut devenir inopérante dans un an ou aussi bien demain matin. Un conseil : ne tardez pas.
[son mp3="http://download.od.tv-radio.com/france_culture_ondemand/sites/default/files/sons/2010/09/s39/Frontieres--29_09_2010--NET_84185d62-82f5-408b-adef-4d1698e01bb7_FC.mp3" debut="00:00" fin="60:00"]

Le jeudi j'ai décidément un mal fou à digérer le style oral d'Agnès Bénassy-Quéré. Je ne dis rien de son style idéologique, qui est globalement en phase avec celui de la chaîne mais venant après Huertas, elle peut facilement paraître compétente et acceptablement neutre, bénéficiant ainsi de la loi du contraste successif. En revanche ou plutôt par contre, qu'il est pénible ce style oral cousin de celui de Caroline Broué en plus énergique encore, avec toute la collection des excès de l'expression, la manie de surligner à tout bout de champ, et cet enthousiasme factice d'apprenti-manager tout juste sorti du stage de formation de cadres comme on n'en rencontre que dans le service public. Il n'y manque plus que les points d'exclamation ou plutôt ils ne manquent même pas car bien qu'on soit à la radio, on les voit quasiment sortir des haut-parleurs comme dans un dessin de Hergé ; quel exploit !!! (jemèsclame).
En conclusion, quelle dévaluation des signes par excès d'émission.
Et quelle belle illustration de la baisse de valeur par abus de l'inflation.

... et puis le même jour en écoutant une demi-heure plus tôt, j'aurais eu le plaisir de tomber sur un Etienne Klein bien inspiré. Elle est plutôt inégale cette chronique "Le monde selon Etienne Klein". L'intéressé lui-même s'est plaint de devoir livrer son exercice à une heure aussi matinale. Il lui arrive de manquer d'inspiration, ou alors d'enthousiasme. Ou bien il a encore besoin de temps pour s'approprier l'exercice ?

En tous cas ce jeudi c'était réussi : L'esprit des Lumières. Tout à la fois on en apprend sur quelque curieuse propriété de la lumière ou plutôt de la vitesse de la lumière quand elle est poursuivi par quelqu'un qui ne serait pas une lumière (c'est sans malice qu'Etienne Klein assigne ce rôle à Marc Voinchet). Soucieux de ne pas dénaturer le plaisir de l'écoute, je n'en dis pas plus sur les finesses de ce "Le monde selon" du jeudi 29, sinon que c'est un plaisir à écouter.

Mardi matin le toutologue de service présente les Greguerias de Ramon Gomez de la Serna. Il prononce à la française grég-hériasses, pourquoi ne pas prononcer greguerias à l'espagnole et donc en ouvrant les 'è', en palatalisant franchement la dernière syllabe, et en roulant modérément le 'r' (apical, merci) : /gregɥerjas/ ? Publié aux éditions 100 pages, dit-il, donc très probablement republié récemment, pour la 5 ou 6e fois depuis 1988. On se dit que ça doit être une des bonnes ventes de '100 pages', maison Grenobloise fort honnête dont le directeur Olivier Gadet s'était fendu il y a 15 ans d'un petit pamphlet "J'emmerde Le Monde" (comprenez : le journal 'Le Monde'), pamphlet imprimé en première partie de son catalogue lui-même distribué au Salon du livre. Le Mondélivres de Josyane Savigneau en avait pris plein la poire, 2 ou 3 saisons avant que Jourde (Grenoblois lui aussi, tiens tiens) ne lui règle son compte dans 'La littérature à l'estomac' puis dans 'Le crétinisme alpin'.

Mais je m'égare. Assez digressé sur les querelles entre éditeur et critiques, et revenons au livre ou plutôt à la chronique : elle m'a tout de même semblé quelque peu décevante. Philippe Meyer fait honnêtement la promotion d'un ouvrage de qualité, en ornant son compliment par un petit récit sans grand intérêt mais après tout les bons médicaments comme les meilleurs cocktails doivent leur efficacité aussi aux adjuvants, n'est-ce pas ? Enfin tout de même, ça manque un peu d'analyse, ou de références. Et puis le choix d'exemples m'a semblé contestable et, pour tout dire, faible.

De quoi s'agit-il ? La "Gregueria" est une forme brève ; le plus souvent elle tient en une ligne, quoique l'auteur la pousse parfois jusqu'à 3 ou 4 lignes et exceptionnellement il sort de ses propres clous pour en faire un bref dialogue, tout aussi lapidaire. A ces ultra-brèves on trouvera aisément divers cousins et précurseurs. D'abord chez les moralistes français, ainsi parfois on pense à La Bruyère : << Elle est de ces femmes qui, lorsqu'elles vous parlent semblent s'adresser au revers de votre veston comme si elles voulaient le séduire >>. Et de façon plus nette avec la poésie japonaise, car la gregueria a souvent les apparences d'un haïku sans la métrique. Enfin les lecteurs du Journal de Jules Renard s'y trouveront en pays de connaissance : dans ces 1 800 brèves (une douzaine par page) on se dit qu'il y a là de quoi piéger l'amateur dans un jeu de diagnostic.

Je proposerais volontiers ce jeu dans un autre fil, pour ceux que l'exercice amusera. Anattendant, aussi bien à titre de préparation que pour renforcer le toutologue, veuillez trouver ci dessous un petit bouquet de greguerias puisées chez Gomez (non pas le nôtre, celui de la Serna) :

- Les gants ont des manies et des attitudes qui leur sont propres ; dans l'intimité, ils imitent les gestes de leur propriétaire.
- Les gens qui vont au cinéma se nourrissent de fantômes traversés de lumière.
- Les végétariens n'acceptent que les transfusions de jus de navet.
- Le problème avec l'hélicoptère, c'est qu'il a toujours l'air d'un jouet.
- Le souffleur est l'écho qui précède la parole.
- Les singes n'ont pas de cheveux blancs car ils ne s'en font pas.
- La montre est une bombe à retardement, plus ou moins chargée de temps.
- Il vient un moment où le joueur de bandonéon semble laisser échapper une pile de livres qu'il ne pouvait plus tenir entre ses mains.
- La cape de la corrida est le rideau de scène du Grand-Guignol de la mort
- Toutes les plantes des jardins botaniques demandent des nouvelles de Linné.
- Avec l'invention du cinéma, les nuages figés des photographies se mirent à marcher.
- Le bateau qui lève l'ancre consulte sa montre de gousset avant de la ranger pour prendre le large.
- Lorsque le Créateur s'aperçut que l'homme s'apprêtait à manger du poulet, il en compliqua les articulations pour rendre son découpage plus difficile (ah ah celle-à on dirait du Vialatte)
- La fourchette est le peigne des tagliatelles
- Le grillon rythme les pulsations de la nuit
- La lune est une pierre tombale sans épitaphe
- La neige s'éteint dans l'eau
- Le cerf est le fruit de la foudre et de l'arbre

(Traduction de Jean-François Carcelen et Georges Tyras)

Regards sur France Culture c'est France Culture sur un transistor sans ses piles

François Noudlemann est comme Jacques Munier, fréquemment horripilant de biais idéologiques, mais comme le ciboulot tourne à plein régime et que la quantité d'information est au rendez-vous je n'en loupe pas un numéro. Si ces deux gus savaient qu'ils sont écoutés assidûment par des auditeurs convaincus de doctrine utilitariste, je vous dis pas le cas de conscience que ça leur poserait... !

Voici une page de son Journal de la Philosophie, dont pour cette fois je préfère parler ici plutôt que dans le fil "Philosophie sur France Culture" : ce matin au micro du Noodleman, nous avions Guy Hermet qui m'a toujours semblé assez fin analyste des populismes. Auteur solidement établi chez Economica mais qui publie un peu partout ailleurs : Presses de Sciences-Po, Seuil, Flammarion, et à la librairie Arthème Fayard où il y a 10 ans sa somme "Les populismes dans le monde" avait été une très bonne bible d'introduction pour réfléchir à ce qu'on voyait devenir une vague de populisme de droite en Europe. A préférer de loin à Pascal Perrineau, par exemple, sinon à l'écrit du moins au micro car les passages de Perrineau dans les studios de FC m'ont toujours été de grande déception.

Ce matin, 5 minutes avec Guy Hermet sur le thème : Démocratie et autoritarisme. On peut y aller, ça sera pas du temps perdu.

Bon plan pour Démocratie et autoritarisme
c'est aussi une invitation à découvrir le mouvement 5 étoiles en Italie et la personne de Beppe Grillo.

J'ai vraiment du mal à écouter les chroniques de Nicolas Truong dans "Les retours du dimanche", et c'est dommage. Les idées peuvent être discutables comme elles le sont toutes, mais au moins presque toujours il nous livre un point de vue assez bien nourri de réflexion et de références. Le hic c'est le mélange des genres, qui serait donc endémique dans cette émission : déjà où son prédécesseur Martin Quénéhen abusait des images lourdingues. Truong, lui, injecte un autre désir de littérature qui ne vaut guère mieux, avec des effets de style à la tonne, depuis les échos et assonances (ce que le pauvre Crimon appelait "des rimes") jusqu'aux jeux de mots et aux formules choc ou du moins qui se voudraient telles. Une avalanche d'effets qui donnent à la chronique l'allure d'un numéro de cirque, et qui en fin de compte détournent l'attention de l'auditeur. C'est fort pénible, et vu la qualité journalistique qu'on devine sous la couche des effets, franchement c'est dommage. Qui donc apprendra à ce garçon la sobriété ? Il devrait s'aligner sur Agnès Chauveau qui semble avoir arrêté de fumer.

Un septennat durait deux ans… quand il était question d’un septennat : ce qui n'avait pas été fait dans les 2 premières années, ne l'était pas pour les 5 ans à venir.

Qu'un quinquennat dure un an est tout à fait dans les cordes : ce qui n'a pas été fait ne le sera pas. Et les options retenues - obéir aux injonctions du monde de la finance, de la commission européenne et de Wallstreet - nous engagent pour cent ans.

Merci de revoir votre copie Monsieur le chef du service info de France Culture qui n'a trouvé rien de mieux que d'embaucher Ockrent (quarante années occupées à passer les plats à la classe politique, à toute la classe politique, et le journal de 20H, la risée du monde entier) ; et comme un malheur n’arrive jamais seul : le recrutement de la documentariste pour une audience somnolente qu’est Fourest au saut du lit, dès le matin, à la fraîche alors que nos cerveaux sont encore disponibles.

Pauvre France Culture !

Allez ! Dites-nous que c'est pas vous qui décidez Monsieur Huertas !

Salut Serge

Je ne pense pas que Huertas soit responsable de l'embauche d'Ockrent : il n'est que chefaillon dans la Rédaction (service politique) tandis qu'un contrat de producteur est une décision du Directeur des programmes, son excellence Poivre.