Qui donc retranscrit l'introduction d'Alain Finkielkraut ? Descriptif du samedi 21 janvier 2017 :
Détrompez-moi : conversation sur la bande-dessinée :
Parmi les raisons qui me valent d'être traité de passéiste , de réactionnaire ou de vieil académicien rance, il y a le fait que j'ai parlé de la bande dessinée comme un air mineur. Dans ma bouche pourtant ce n'est pas une insulte car je dis la même chose de la chanson alors que j'aime beaucoup Léo Ferré , Georges Brassens ou Pink Martini, le mélancolique Leonard Cohen, et le mélodieux Paul Mac Cartney.
Reste qu'on pouvait justement me reprocher de parler sans savoir et de ne pas me confronter aux meilleurs représentant du 9° art.
J'ai voulu remédier à cette coupable désinvolture en invitant le dessinateur Blutch , auteur de nombreux albums, et le critique d'art Hector Obalk.Dans cette émission naturellement décevante - naturellement car Finkielkraut ne connaît rien à la bande-dessinée et, à l'instar d'une
Caroline Broué qui invite des auteurs sans rien savoir de leur oeuvre, il convie Blutch à qui il ne pose aucune question substantielle (album, technique, influences*) mais seulement de vagues interrogations (
La beauté, c'est quoi pour vous ? (17') ou
Que reste t-il de la beauté à l'âge de la caricature quasi universelle ? (24'30'') ou
La bande-dessinée est-elle libre ? (32') ou
Le Monde annonce la création des grands classiques de la littérature en bande-dessinée (...)
Que pensez-vous de cette entreprise ? (48'08'')) - dans cette émission décevante donc, le producteur met sur le même plan un dessinateur et un critique d'art (Hector Obalk) qui déclare avoir mis en bande-dessinée les oeuvres de Michel-Ange de la chapelle Sixtine. À cet endroit de votre lecture, accordez-vous 1 minute 36 secondes pour découvrir
à quoi ressemble le livre en question et juger par vous-même s'il s'agit de bande-dessinée. De mon point de vue, en aucun cas. Il a tout l'air de s'agir d'un exercice critique - sans doute digne d'intérêt - qui découpe et juxtapose des photographies des oeuvres (fresque et sculptures) de Michel-Ange, mais de dessins, point. Or, voyez vous-même la filouterie de l'éditeur
Hazan. Obalk a correctement intitulé son livre :
Michel-Ange. Tout Michel-Ange en un seul texte et en mille images. Mais un bandeau plus vendeur sur-ajoute à la couverture :
Le premier livre d'art en « BD » et en mille images. Non, messieurs-dames, pas de bande-
dessinée ici, au mieux, une bande-photographiée.
On peut d'ores et déjà penser que Finkielkraut a voulu mettre un peu de « fond » dans cette confrontation en trouvant la parade à parler de bande-dessinée, sans en parler du tout. C'est un problème, car la moitié de la discussion est consacrée aux oeuvres de la Sixtine, qui jusqu'à preuve du contraire ne relèvent pas encore du 9e art. Ajoutez à cela que Finkielkraut confond 1/ pastels et peinture et 2/ bande-dessinée et caricature, un cousin certes pas si éloigné de la B-D.
1/ À Blutch qui est l'auteur des dernières affiches des films d'Alain Resnais, il demande, considérant l'affiche des
herbes folles (réalisée aux pastels) s'il n'aurait pas voulu être peintre... 2/ Puis, on frise le n'importe quoi quand le producteur dit à 22'42'' :
Il est vrai que beaucoup d'auteurs de bande-dessinée sont des caricaturistes - on emploie le mot pour les désigner quelquefois - c'étaient les caricaturistes de Charlie Hebdo -
que j'aimais beaucoup, Wolinski, Cabu, Charb - et je continue à dire : « je suis Charlie », mais j'ai un problème avec la caricature, c'est pour ça qu'aujourd'hui, je n'achète que très sporadiquement Charlie.
Pour ceux qui souhaitent connaître le contexte de l'émission et comprendre le sens de l'introduction recopiée ci-dessus (
il y a le fait que j'ai parlé de la bande dessinée comme un air mineur), à laquelle aucune allusion claire n'a été faite (encore moins des polémiques qui ont suivi), vous pouvez vous reporter à l'émission du 3 mai 2014 :
La démocratie a-t-elle besoin de limites ? et à la rigueur à ce
post.
* Exception faite à partir de 30' quand des questions sur les références cinématographiques sont posées à propos de son autobiographie
Le petit Christian.