Yann Sancatorze a écrit:Je crois qu'il y va comme au tribunal (il le dit souvent d'ailleurs), pour lui permettre de se défendre pied à pied des montagnes d'accusations qu'on lui balance. Mais à chacune de ses apparitions, les mêmes vacheries lui sont adressées, les mêmes litanies injurieuses (avant cette glaçante procureuse, il y a eu Thomas Guénolé dans le genre), les mêmes vannes et rapprochements douteux. Rien ne change, et c'est donc que quelque chose ne passe pas, et que ça ne marche pas. Maladresse, format inadapté, appétit télévisuel pour les clashs et autres dérapages... Il devrait renoncer à ces exercices. Peut-être devrait-il se scrutoniser... Roger Scruton, philosophe conservateur, gentleman farmer, la sérénité même et une force de frappe argumentative redoutable (j'ai choisi cet extrait en lien car on y parle aussi de chasse aux sorcières...)
Pourquoi ne pas simplement écouter ce qu'il dit de ses raisons pour apparaître dans les médias (cité quelque part dans ce fil de discussion) : il aime le média télévisuel, il aime le conflit ouvert, il aime faire du théâtre. L'épisode avec la jeune femme, professeur à Noisy-le-sec, a dû lui plaire : des propos qui auront glissé comme de l'eau sur les plumes d'un canard, et qui ont fait réagir ses supporters et l'ont mis au centre du débat public. Ne pas apparaître à la télé le priverait de cette visibilité qui lui est une sorte d'oxygène. Aussi, je ne suis pas sûr qu'il faille s'apitoyer sur le rôle assumé de victime (ou d'énervé) qu'il joue dans les débats.
J'ai beaucoup aimé cet entretien avec Roger Scruton, notamment entre les 4e et 6e minutes : "The belief is more important than the argument". Ensuite on croit entendre la description exacte du fonctionnement mental de la majorité de la Rédaction et des producteurs de France Culture.
Sinon, Répliques ? Alain Finkielkraut avait invité pour l'émission du 23 janvier (La philosophie et la vie) deux causeurs habitués à débiter leurs marchandises à toute vitesse. André Comte-Sponville a un style langagier qui appelle la caricature : une prosodie étudiée et un discours redondant qui à intervalles réguliers se met sur le même pied que les grands penseurs. Quant à Michael Foessel, le mousquetaire de la bande à Enthoven (où va l'un va l'autre) avec Dorian Astor et Adèle van Reeth, il fait courir ses phrases, comme s'il fallait vite réciter un discours déjà tout fait. En fait, les deux hommes ont publié il y a peu chacun un livre et la promotion nécessaire (voir pour le premier son entretien dans Par Ouï-dire) a dû rôder les discours devenus de plus en plus automatiques.
Le numéro du 9 janvier intitulé Alzheimer était nettement plus calme, thème oblige, et valait par la présence de Jean-Claude Ameisen face à un Michel Malherbe semblant sans espoir. Alain Finkielkraut n'en a pas trop rajouté sur l'angoisse de finir sa vie comme une épave. Lui qui sait et qui s'en désole qu'on ne lui permettra pas, le cas échéant, d'abréger ses jours (voir à ce sujet le nombre d'émissions qu'il a consacrées, à l'instar de Laure Adler, à l'euthanasie, à la médecine en fin de vie et aux soins palliatifs).
PS Peut-être rappeler à la personne chargée de la rédaction du descriptif que nos anciens ne sont pas nos Anciens : « Pierre Hadot et Michel Foucault nous ont rappelé, il y a peu, que la philosophie, pour les anciens, n’était pas seulement théorie. »