Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

surpris a écrit:
[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/12/s50/WL-ITE_00077793_RSCE-10.mp3" debut="44:12" fin="45:10"]
Vous pourriez expliciter  les raisons de votre « bond » ?
La réalisatrice cherche pour son film des actrices jeunes et noires, incarnant des personnages de « banlieues », il a donc bien fallu les choisir et poser la question du comment ne me semble pas plus incongru qu'autre chose, à première vue. Ne l'oublions pas « noir(e) » n'est pas un gros mot.

Philaunet a écrit:
Je n'aurais pas relevé la question si je l'avais écoutée, et je pense dans les mêmes termes que ceux de  la remarque ci-dessus. La question est factuelle, la réponse est bonne, même si elle est légèrement empruntée. Si je comprends bien, il s'agit de trouver de jeunes actrices noires et non des personnes issues d'un milieu social (cf. post 473). Je ne vois rien de non-professionnel ou de non-déontologique chez Michel Ciment ici.

Je pensais avoir répondu au post 473 à ces questions (avoir vu le film aide à comprendre le brin d'explication que j'y donne). Je ne joue pas les offusqués, je note que la question de Michel Ciment est à côté de la plaque, parce que sujette à une mauvaise interprétation, celle dont je parlais plus haut. Le problème n'est pas dans les termes jeunes noir(e)s mais dans la grosse généralité que balance le producteur, heureusement contredite par Céline Sciamma, qui dit avoir notamment cherché ses actrices [première nuance] dans des cours de théâtre amateur. N'y a-t-il donc aucun comédien/acteur noir(e) et jeune en France capable de jouer un rôle de composition qu'il faille nécessairement en passer par du casting sauvage ? C'est aller vite que de le dire.

Quant à ce que

surpris a écrit:
(...) Ne l'oublions pas « noir(e) » n'est pas un gros mot.

Je n'aurais pas pensé pouvoir lire une telle énormité sur ce forum.

Comme Philaunet, Jean-Luuc, je ne suis pas convaincu par les explications que vous donnez dans votre message 473.

Mais je ne comprends pas très bien non plus votre commentaire ci-dessous :

Jean-Luuc a écrit:.
Quant à ce que

surpris a écrit:
(...) Ne l'oublions pas « noir(e) » n'est pas un gros mot.

Je n'aurais pas pensé pouvoir lire une telle énormité sur ce forum.

Votre message donnait l'impression que pour vous, comme pour tant d'autres, un adjectif comme « noir(e) » devait nécessiter un traitement très spécial, être manié avec des pincettes, voire évité absolument.
Or, je pense au contraire, que, comme le disait, en je ne sais plus quelle occasion, Angela Davis, le racisme disparaîtra vraiment lorsqu'un adjectif de ce genre sera employé avec autant de naturel que des adjectifs comme « blond » ou « roux ».

surpris a écrit:

Jean-Luuc a écrit: Mais, à l'écoute de cette question, j'ai bondi. Son interlocutrice, Céline Sciamma, s'en sort comme elle peut.

Projection privée, samedi 12 décembre 2015, à propos du film Bande de filles, minute 44 :

[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/12/s50/WL-ITE_00077793_RSCE-10.mp3" debut="44:12" fin="45:10"]

Vous pourriez expliciter  les raisons de votre « bond » ?
La réalisatrice cherche pour son film des actrices jeunes et noires, incarnant des personnages de « banlieues », il a donc bien fallu les choisir et poser la question du comment ne me semble pas plus incongru qu'autre chose, à première vue. Ne l'oublions pas « noir(e) » n'est pas un gros mot.

En fait, Céline Sciamma avait déjà parlé longuement du casting un peu plus tôt dans l'émission. c'est pourquoi cette nouvelle question m'a paru surprenante. une autre raison pour laquelle ce passage est marquant, c'est la réponse, touchante et indignée.
"c'est d'ailleurs un drame que l'on ne puisse pas trouver de jeunes actrices noires au conservatoire,chez des agents ou dans des cours de théâtre. c'est un  désastre."
Vraiment une belle émission et un beau samedi passé sur FC.
et avec  Alain Badiou qui nous fait l'éloge des mathématiques à 78 ans, on fait le plein d'énergie positive!

Un philosophe très intéressant, et certainement plus compétent dans le domaine, même s'il est moins médiatique, qu'Alain Badiou est Jacques Bouveresse. Bouveresse s'est intéressé notamment à la logique mathématique (sur laquelle il a coécrit avec Rivenc un manuel introductif), aux discussions autour de l'intuitionisme de Brouwer vs le « platonisme » de Poincaré, à Kurt Gödel, auquel il a consacré de passionnants cours au Collège de France, cours dont je ne saurais trop recommander l'écoute, à la pensée de Wittgenstein, de Leibnitz, de Bertrand Russell etc. On pourra lire par exemple : « Le pays des possibles : Wittgenstein, les mathématiques et le réel », ou sa contribution dans le recueil « Mathématiques et expérience : l'empirisme logique à l'épreuve » et bien d'autres de ses ouvrages.
Dommage que France Culture ignore à peu près complètement cet auteur, il est vrai que Bouveresse, contrairement à Badiou, n'est pas un ancien maoïste, (enfin ancien, ce n'est même pas clair).

Je ne voudrais pas insister sur ce point qui nous éloigne de la radio, mais puisque cela intéresse au moins un lecteur, sachez qu'il existe un site très utile sur Bouveresse, où l'on peut trouver toute sorte de liens et de références vers ses livres, ses vidéos, ses enregistrements de cours etc. Autour de Jacques Bouveresse

surpris a écrit:Je ne voudrais pas insister sur ce point qui nous éloigne de la radio, mais puisque cela intéresse au moins un lecteur, sachez qu'il existe un site très utile sur Bouveresse, où l'on peut trouver toute sorte de liens et de références vers ses livres, ses vidéos, ses enregistrements de cours etc. Autour de Jacques Bouveresse

Grand merci pour cela, mis sur la liste des sites à consulter.

C'est dans la XVIIIe des Histoires désobligeantes, intitulée "Le téléphone de Calypso", qu'on trouve au beau milieu du récit ce petit délire imprécatoire  tout à fait savoureux et qui rend son auteur reconnaissable entre mille :

"J'ouvre ici une parenthèse -tout à fait inutile d'ailleurs- pour dire que le téléphone fait partie de mes haines.
Je prétends qu'il est immoral de se parler de si loin, et que l'instrument susdit est une mécanique infernale.
Il est bien entendu que je ne puis alléguer aucune preuve de l'origine ténébreuse de cet allonge-voix" et que je suis incapable de documenter mon affirmation. Mais j'en appelle aux gens de bonne foi et d'esprit ferme qui en ont usé.
Le bruissement de larve qui précède l'entretien n'est-il pas comme un avertissement qu'on va pénétrer dans quelque confins réservé où la terreur, peut-être, surabonde.... si on savait ?
[...]"
(Ca dure comme ça pendant presque une page avant la reprise du récit)

Ceci pour compléter ou complémenter mais non pour complimenter notre bon Chardantzig qui a consacré son dernier Secret professionnel de l'année à la place du téléphone dans les arts. Avec le secours du cinéaste Pascal Thomas, nous comprenons que le slapstick pouvait difficilement se passer du téléphone et pas seulement du téléphone bourgeois : imagine-t-on un bureau de flics et donc les Keystone Cops sans 'allonge-voix' ? En art pictural, nous apprenons qu'il n'y a pas de téléphone dans les tableaux de Léonard ni même de Delacroix ;il aura fallu attendre Dgeorges Braque. Et en littérature ? Eh bien il est d'usage de gober et de répéter qu'environ 40 ans après son invention enfin le téléphone apparaît dans la "Recherche" (comme on dit). Voila du moins ce que conjecture notre gentil Charles, qui doit bien sentir qu'il est en train de nous servir un cliché péri-proustien, usé par les producteurs de France Culture qui ne risquent pas de se ridiculiser puisqu'ils s'adressent à des néo-lecteurs. Pauvre Charles, à l'écouter, on devine qu'il n'y croit pas lui-même.

Et il a bien raison, comme le montre le début de ce post. D'où ma surprise de voir qu'on peut rappeler une évidence à ce pourtant fin connaisseur de la littérature Fin de siècle. Comment diable peut-on perdre le souvenir d'un tel délire ? Cela dit, l'édition courante qui réunit "Histoires désobligeantes" avec "Belluaires et porchers"en recèle une telle quantité....