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Le programme de nuit, îlot de culture (II)    Page 34 sur 53

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Curly 


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La Roumanie - Le Butō : Kazuo Ohno, Min Tanaka - Musique électroacoustique - Connaître le jazz - Toshiko Akiyoshi - Sam 17 Avr 2021, 12:03

Les samedis de France Culture - Roumanie, cent ans de difficile indépendance (07/05/1977) - pas de lien pour la diffusion du 4 avril, donc renvoi vers celle de 2017 -
par Hélène Tournaire 
Un voyage dans l’histoire et la culture roumaine. Au gré des différents reportages, lectures de textes et musiques. S’il est possible de retrouver les références des textes lus, en revanche l’origine précise des musiques reste à retrouver.
Un point est fait sur le célèbre Vlad l’Empaleur, devenu ensuite plus connu sous le nom de Dracula et l’on peut entendre dans un entretien assez court de 1972 la voix de l’inventeur de l’avion à réaction, Henri Coanda.
L’ensemble est parfois intéressant, mais l’attachement au folklore donne une vision quelque peu romantique du peuple roumain, vaillant et fier au cœur de la tempête.
La Roumanie en 1977 : rien sur le plan politique. La vision du peuple roumain donnée dans le documentaire est celle autorisée par la propagande du pays. De plus, Hélène Tournaire a eu la malchance de se trouver, alors qu’elle enregistrait en Roumanie pour l’émission, prise dans une catastrophe naturelle de grande ampleur, le séisme de Vrancea du 4 mars 1977, dont elle diffuse l’enregistrement capté par un ingénieur du son qui enregistrait pour la radio un concert de rock semble-t-il. L’enregistrement est court, car le courant a été rapidement coupé pour des raisons évidentes.
Le commentaire qui en est fait ensuite par un universitaire fleure bon le discours officiel.
L’Inathèque propose un déroulé de l’émission :

                                                                                        Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 34 Opera850
                                                                            

Atelier de Création Radiophonique - Quand le sang commence à danser - Le Butō : Kazuo Ohno, Min Tanaka (16/02/1992) 
par René Farabet - Avec Kazuo Ohno (danseur, chorégraphe), Min Tanaka (danseur, chorégraphe, acteur), Yoshito Ohno (danseur, chorégraphe), Richard Serra (artiste) et Jean Clareboudt (sculpteur, dessinateur) - Improvisations au saxophone Steve Lacy - Traductions Osamu Kuroi, Akihiro Ozawa et Kaye Mortley - Réalisation Yvette Tuchband 
Un ACR qui dresse le portrait des danseurs et chorégraphes Kazuo Ohno et Min Tanaka. Ce n’est pas un ACR des plus extraordinaires, mais en regard de la production actuelle de la chaîne, il l’est finalement. René Farabet a toujours l’art de transformer ce qui aurait pu être deux entretiens avec les danseurs en véritable création radiophonique. La langue japonaise devient musique, pure abstraction.
Ceci étant, cela reste aussi un portrait d’artistes tout à fait compréhensible. La réalisation tend, comme toujours avec Farabet, à épouser la démarche des artistes qu’il dépeint.

                                                                                    


Deux émissions que les Nuits ont tenu visiblement à diffuser, pour prouver que les émissions passées ne valent pas forcément mieux que celles d’aujourd’hui. Sachant tous les trésors enfouis dans les archives de l’INA, était-ce bien nécessaire ?

Musique de notre temps - La musique électroacoustique, nouveau langage (18/09/1972) - diffusion le 13-04, pas de lien -
par  Georges Léon - Débat public avec l'abbé Georges Durand, Louis  Leprince-Ringuet et quelques jeunes auditeurs - Musiques de Pierre Henry  et Ivo Malec 
Le débat casse-gueule par excellence, témoin d’une époque heureusement révolue, évoquée récemment dans les entretiens avec Philippe Hersant donnés sur France Musique. Le compositeur des années 60/70 devait-il faire table rase du passé ou se nourrir de la tradition ?
Un débat dépassé depuis. Les propos tenus s’apparentent au café du commerce.

                                                                                    


Connaître le jazz - Les femmes instrumentistes de jazz
(17/12/1966) - diffusion le 17-04, pas de lien, ni podcast pour l'instant -
par Lucien Malson - Avec Jean-Pierre Binchet
Quelle bonne idée que de passer cette émission – dont plusieurs numéros plus réussis ont été recensés plus haut - qui, elle aussi, nous replonge dans les préjugés d’un autre temps qu’on se complaît actuellement à ressasser, car à France Culture, les producteurs aiment se faire du mal là où ça fait normalement du bien.
On pourra toujours arguer de l’aspect « témoignage d’une époque » de cette émission.
Le meilleur moment : les femmes n’ont pas les qualités physiques nécessaires pour jouer certains instruments. Résultats, elles se tournent vers le piano. Et pourtant, la tromboniste Melba Liston était bien une femme...
Quoi qu’il en soit, deux noms évoqués dans l’émission ont fait depuis 1966 un chemin important qui les a amenés au premier plan de la scène : Carla Bley et Toshiko Akiyoshi.
Elles sont mieux que pianistes, elles sont compositrices, et mieux encore, ont été à la tête de grands orchestres de jazz à une époque où il était de plus en plus difficile d’en mener un à long terme.
Si Carla Bley a mené une troupe à géométrie variable, Toshiko Akiyoshi a mené son grand orchestre des années 70 aux années 2000, avec une régularité et une qualité d’écriture unique. L’orchestre a dans ses rangs d’anciens de chez Ellington (Britt Woodman) et de Basie (Frank Foster).
Le « Toshiko Akiyoshi/Lew Tabackin Big Band », Lew Tabackin étant le principal soliste de l’orchestre, va devenir dans les années 80 le « Toshiko Akiyoshi Jazz Orchestra ».
Que ce billet soit l’occasion au moins de rendre toute sa superbe à cet orchestre qui est un des fleurons du jazz orchestral de ces quarante dernières années, ce qui est beaucoup.

                                                                              



Dernière édition par Curly le Mer 21 Déc 2022, 12:00, édité 2 fois

Curly 

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Guyette Lyr - Les femmes instrumentistes de jazz (suite) - Mar 20 Avr 2021, 10:43

Maison jupons (26/12/1987)  de Guyette Lyr – diffusion le lundi 19 avril, pas de lien -
interprétation Emmanuel Dechartre (Jasmin), Pascale Caemerbeke (Philbée), Michel Ruhl (1er client), André Oumansky (2ème client), Sophie Bouilloux (Circée) et Bruno Devoldère (Iriscan) & Madeleine Barbulée (la grand-mère) - bruitages Louis Amiel - réalisation Michel Sidoroff 
Guyette Lyr, passe de temps en temps, mais rarement, sur France Culture. La dernière fois, c’était en janvier 2020 pour une nuit rêvée, et surtout la sortie de son dernier roman, car aujourd’hui un artiste ne vient plus sur France Culture que pour vendre.
En 1987, elle proposait une pièce radiophonique, qui reprend des éléments de contes & de mythologie pour en faire une fantaisie tout à fait savoureuse.
Deux frères vivant encore dans les jupons de leur grand-mère, tombent sous le charme d’une belle au bois dormant, qu’ils vont se partager. Partage laborieux, la jalousie et la rivalité prenant le dessus. C’est alors que la belle Philbée et la grand-mère (Madeleine Barbulée, toujours excellente), décident de monter une maison un peu particulière mais très lucrative, « Valeurs et vertus ».
Tout est mené avec entrain. Au bout d’une vingtaine de minutes, le passage avec le ménage à trois Philbée/Iriscan/Jasmin faisait craindre un certain épuisement narratif, mais l’histoire rebondit, et le dénouement est vraiment réussi.

Alors que Blandine Masson promeut dans la Grande Tablinette son histoire de la fiction radiophonique, ce divertimento qui date d’une époque où les fictions étaient plus variées, et nombreuses, n’a même pas droit à une page sur le site de France Culture, comme les 3/4 des programmes des Nuits.

Autres dramatiques radio de Guyette Lyr :
- Méfie-toi du basilic, dans le Nouveau Répertoire Dramatique de Lucien Attoun en 1978, réalisation Anne Lemaître
- Le cercle d’eau, en 1985, réalisation Jean-Pierre Colas
- Nid baroque, en 1995, réalisation Claude Guerre

Guyette Lyr est aussi clown. Elle produisit en  1996 une « Nuits magnétiques » sur la relation entre le langage du clown et de l’écrivain, « Chemin du clown, chemin d’écriture ».


Retour sur Connaître le jazz - Les femmes instrumentistes de jazz (17/12/1966) - diffusion le 17-04, pas de lien -
par Lucien Malson - Avec Jean-Pierre Binchet
Il a, entre autres, été souligné dans le billet précédent les quelques préjugés, inhérents sans doute à l’époque, qui pouvaient gêner un auditeur d’aujourd’hui.
La présentatrice des Nuits souligne à gros traits, outre que l’émission n’apportera aucun élément de réflexion sur la quasi absence de femmes instrumentistes dans le milieu du jazz en 1966, que : «...pire, elle rebat des clichés tenaces ou avance quelques absurdités (…) Des raisons historiques, sociologiques, anthropologiques, des mécanismes de la domination masculine en somme, rien ne sera dit. Nous sommes en décembre 1966, mais enfin... »
Inutile de revenir sur les remarques de Lucien Malson qui peuvent paraître déplacées aujourd’hui.
Par contre, l’affirmation soulignée dans cet extrait ne manque pas d’air, car si l’émission en somme se contente de passer en revue différentes instrumentistes (ce n’est pas une émission de sociologie, en tout cas pas celle-ci, et pour la musicologie, on peut passer notre chemin) l’introduction du producteur, elle, est sans aucune ambiguïté, d’une grande clarté, et met à l’heure des pendules dont la catégorique présentatrice des Nuits n’a pas vu les aiguilles.
Lucien Malson, qui, rappelons-le, était... sociologue :
« On a parlé souvent du jazz comme une musique qui rompt avec les conventions de la culture dominante. Dans le monde où il est né l’improvisation est d’un certain point de vue un mouvement de liberté (…) bref le jazz aurait été jusqu’ici, et serait plus encore aujourd’hui un art un peu marginal, tenant ses vertus de cette marginalité même. Pourtant le jazz, comme l’art européen, réverbère assez bien en lui le climat de la société où il baigne. Ainsi on parle souvent en musique des hommes Bach et jamais des femmes Bach, que l’hérédité du génie semble avoir contourné. En réalité les mœurs ne leur ont jamais permis d’être comme leur mari ou leur frère de grands artistes, et la société où nous vivons, disait Ibsen, n’est pas une société humaine, c’est une société masculine. Jean Rostand se demandait aussi que serait devenu Mozart s’il était né dans l’île de Bali, et on pourrait se demander ce que serait devenu Jean-Sébastien Bach lui-même s’il avait été du sexe faible, ou plutôt, on sait trop bien, il ne serait rien devenu, tout au moins en musique. Dans le jazz, il en va de même, les femmes y sont rares, qui ont un nom... »

Curly 

Curly

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A propos du direct - Mar 27 Avr 2021, 11:20

Analyse spectrale de l’Occident - Église et État en France, 1871-1890 (05/02/1966) - diffusion le 23 avril, pas de lien -
par Pierre Sipriot
avec Adrien Dansette, Henri Guillemin, Maurice Vaussard, Henri Rollet, René Rémond, Jacques Madaule  et Jean-Marie Mayeur - textes de Léon Blois, Monseigneur Dupanloup,  Anatole France, Ernest Renan, Renouvier et Louis Veuillot, lus par  Paul-Emile Deiber et Jean Négroni
Si l’émission a un peu vieilli, elle n’en est pas moins instructive, et bien construite. Comme souvent dans les Analyses spectrales, plusieurs séquences : une introduction générale, puis quelques zooms sur des sujets plus précis, et enfin une courte table ronde.
Pierre Sipriot et ses acolytes montrent comment, en vingt ans, nous sommes passés d’une Troisième République instaurée par défaut, essentiellement par des monarchistes, à une acceptation pleine et entière de cette République, et par quelles évolutions sinueuses l’Église va se séparer de l’État.
Les différents exposés sont préparés, lus, et les échanges entre Pierre Sipriot et les intervenants sont millimétrés.
Seule la table ronde est un peu plus relâchée, mais c’est la règle du jeu.
Tout ça pour en venir à l’intérêt du montage, parce que si l’émission tient la route encore malgré tout, c’est que les propos sont coupés, montés afin d’éviter les bourdes, bafouilles et temps morts.
Si le direct peut être valable pour les émissions qui jouent sur la spontanéité et l’improvisation, il l’est moins pour des émissions qui se veulent plus structurées, et qui souhaitent transmettre un certain nombre de choses aux auditeurs en un temps donné.
La quasi généralisation du direct sur France Culture, en plus du fait qu’il est parfaitement audible que les émissions sont nettement moins préparées, et que les producteurs comptent jouer les ambianceurs, s’appuyant sur les intervenants pour se dépatouiller avec le sujet du jour, aboutit souvent à une mauvaise gestion de ce direct que l’on peut mesurer, entre autres choses,  en comptant les « en quelques mots svp le temps tourne », « est-ce que vous pouvez revenir rapidement sur... ? » etc...
Sans compter actuellement les problèmes de connexions. Alors dans ce cas, l’argument du direct, il ne peut être en aucun cas qualitatif, ni se poser comme une esthétique radiophonique. Il n'est qu'économique.  
Dans l’émission de Sipriot, celui-ci tient à s’effacer pour laisser l’historien dérouler sa pensée, ce qui est chose aisée car l’intervention a été préparée. Il ne le relance pas toutes les trente secondes en lui coupant la parole, afin de créer un rythme (!), et que l’auditeur sache à tout moment que c’est SON émission, que c’est lui la star, et que vous écoutez bien France Culture l'esprit d'ouverture ne quittez pas. Une pratique imbécile, surtout lorsque sur les appareils divers et variés s’affiche le nom de la station, voire le nom de l’émission, et que de nombreux auditeurs écoutent en podcast, et donc savent très bien ce qu’ils ont choisi d’écouter. Résultat, la technologie est passée au XXIème siècle, mais les contenus utilisent des pratiques de radio privé écoutées en flux (rappel fréquent du nom de la station, du nom du producteur, jingles à gogo, et pauses musicales parce qu’il faut un peu s’aérer de toute cette parlotte).
Et conséquence : nous nous retrouvons avec des émissions de 1966 bien ficelées, que l’on croit vraiment produites pour un podcast. L’auditeur a choisi de lui-même ce qu’il voulait écouter, sans tomber au pif en plein mitan d’une émission qu’il ne connaît pas, et l’écoute en est forcément attentive. Et nous nous retrouvons avec des émissions de 2021 bafouillantes et bien souvent à but lucratif (vendre la dernière œuvre de l'invité), conçues pour être écoutées sur un vieux poste des années 80.



Dernière édition par Curly le Mar 27 Avr 2021, 17:24, édité 1 fois

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L'égalité, les Samedis de France Culture, 1972 - Georges Charbonnier - Mar 27 Avr 2021, 15:44

Une autre émission bien ficelée et même une perle, c'est ce numéro des Samedis de France Culture de 1972 (8 juillet) renommé par les Nuits : Jean-Pierre Vernant : "Isonomia signifie que personne ne commande à personne : c’est la loi, un principe abstrait, qui commande à tous" et diffusé dans la nuit du 17 avril.

Il s'agit d'une suite d'entretiens qui s'étend sur 4 heures menés par Georges Charbonnier sur le thème de l'égalité, avec donc Jean-Pierre Vernant mais aussi le Révérend Père Dominique Dubarle, Tzvetan Todorov, Yvon Belaval, Georges-Théodule Guilbaud, Bernard d'Espagnat, Olivier Costa de Beauregard, Michel Serres, Georges Balandier, Jacqueline Manicom (sage femme), Henri Laborit, Georges Quemada et Jean-Toussaint Dessanti.

Autant le dire d'emblée, on est loin du traitement du sujet qu'en donne à longueur de temps la Grande Table ou les Pieds sur Terre.

Georges Charbonnier creuse le sujet, parfois maladroitement mais d'une façon souvent fort intéressante, tel qu'il apparaît dans de nombreuses disciplines : mathématiques, logique, histoire, linguistique, etc. On l'écoute dialoguer presque trop brièvement avec Jean-Pierre Vernant, édifiant, la voix claire - loin de la gargouille du grand-père au coin du feu qu'on a pu entendre, certes non sans plaisir mais bien plus souvent à l'antenne -, à propos de la façon dont l'égalité est apparue en plusieurs étapes avant d'être une clé du fonctionnement de la cité de l'Athènes classique. Inexistante à l'époque palatiale, celle de Mycènes, balbutiante sous Homère, où une forme d'égalité, l'isegoria, apparait entre pairs de l'aristocratie grecque, elle prend le nom d'isonomia lorsque Clisthène réforme Athènes. Georges Charbonnier, on l'entend déjà lors d'entretiens précédant celui avec Vernant, essaie de faire approuver par l'historien son idée qu'une forme d'égalité authentique a été vécue à l'époque grecque classique, entendant qu'il s'agit à ses yeux d'un cas unique.

Le dialogue avec Jean-Pierre Vernant, assez bref, est loin d'être le seul qui vaille. Dès l'abord comme disait Deligeorges, GC questionne Dominique Dubarle, homme d'Eglise mais logicien, et essaie de faire valoir que l'égalité en mathématique n'est pas tout à fait l'identité, et n'est même jamais absolument complète. Le logicien, à la fois clair, pédagogue et de bonne composition, concède un peu de terrain a ce sujet et met en avant les différences entre égalité, identité et équivalence.

Georges Charbonnier, tenace ou têtu, s'ingéniera plus tard au même exercice avec Georges Guilbaud, au verbe plus haut, finalement moins concessif, mais entreprenant surtout d'éclairer l'auditeur sur les fondements de l'analyse en mathématiques, et sa distinction d'avec l'algèbre. GC introduit très justement dans ses questions, entre l'égalité et l'inégalité, la notion de limite et tire de son interlocuteur l'explication de la voie par laquelle les mathématiciens ont su appréhender l'erreur avec exactitude et limiter l'approximation de façon rigoureuse.

On entendra aussi avec bonheur deux physiciens de haut vol, Oliver Costa de Beauregard, directeur de recherche au CNRS à la voix facétieuse, et Bernard D'Espagnat, plus pensif et alors seulement  professeur à l'université d'Orsay, quoique reconnu par le premier comme un orfèvre en matière de théories des particules élémentaires. Georges Charbonnier les interrogera sur l'égalité et la notion de conservation. Il y sera aussi question de symétries, du théorème de Noether que lie ces deux thèmes, de violation de la conservation charge-parité mais de l'inviolée loi de la conservation de l'énergie, et finalement de la position toute particulière des physiciens, seuls praticiens des sciences expérimentales à tenir parfois pour réelle, et non pour une approximation utile, l'idée d'égalité.

Georges Balandier apprendra à l'auditeur de quelles façons certains philosophes du début de l'époque moderne puis des Lumières s'y prendront pour défendre l'égale valeur des femmes et des hommes.

Enfin, pour ce que j'ai écouté jusqu'à présent de cette émission, Michel Serres donnait à entendre en 1972 une parole toute autre que celle, chevrotante et parfois affligeante des années 2000-2010. La comparaison entre ces deux époques, celle de sa pleine vivacité intellectuelle et celle du vieux sage qu'on entendait à longueur d'ondes, fait peine. Comme Albert Jacquard ou Edgar Morin, il fallait attendre une forme de décrépitude intellectuelle pour que l'heure de gloire médiatique ne sonne.

En tout cas, ce Michel Serres-là, qu'on avait déjà entendu discuter avec bonheur avec Michel Foucault une autre nuit, a toute sa tête bien pleine et un large savoir, à la fois scientifique et historique, pour discuter de la façon dont l'idée d'égalité a eu à voir dès les Grecs avec la géométrie et avec la proportion plutôt qu'avec l'arithmétique, même et surtout lorsqu'il s'agissait d'égalité sociale. Bien sûr, Michel Serres avait déjà des lubies et quelques temps d'avance dans celles-là sur les post-modernes, déconstructeurs et relativistes de tout poil. On l'entend défendre l'idée que l'intelligence est, comme on le dirait dans le sabir contemporain, un construit social, produit par les élites pour se perpétuer. Mais même cette sortie ne gâte pas l'ensemble.

Ecoute à poursuivre donc pour ma part, et à entamer pour ceux qui ont raté cette diffusion.



Dernière édition par masterkey le Ven 30 Avr 2021, 09:04, édité 1 fois

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Latitudes - Mohamed Abdel Wahab, par Jacques Dupont et Daniel Caux (1985) - Jeu 29 Avr 2021, 10:59

Latitudes - Numéro spécial : Mohamed Abdel Wahab, compositeur égyptien (18/11/1985) 
par Jacques Dupont et Daniel Caux
Évocation d’une autre grande figure de la musique orientale. Les Nuits ont déjà diffusé trois Nuits magnétiques, une sur Reinette l’Oranaise et Lili Boniche, une autre sur Om Kalsoum,  et une dernière sur Warda al-Jazairia.
Ici, nous n‘entendrons pas d’entretien avec Mohamed Abdel Wahab. Daniel Caux est allé à Barbès pour interroger quelques habitants sur le chanteur et compositeur. L’émission donne à entendre essentiellement de la musique, des chansons, mais pas en intégralité, accompagnées de quelques repères biographiques succincts, et les analyses pas toujours très riches des habitants de Barbès. Quelques passages très beaux, comme celui où un habitant se met à  chanter une chanson de Abdel Wahab dans un bistrot, avec le flipper en fond sonore.
Si l’on nous explique quand même la méthode de travail de l’artiste (composition, orchestration), ce sont surtout des impressions personnelles qui dominent dans les brefs entretiens.
Seules les vieilles générations connaissent et apprécient ces chansons, écrites en arabe littéraire. Pour les plus jeunes, c’est vers le compositeur, celui qui écrivit pour d’autres artistes comme Warda ou Om Kalsoum, que va leur préférence.
Une émission où domine avant tout la musique, mais où Daniel Caux réussit quand même à donner quelques informations essentielles en peu de mots.

Om Kalsoum, Amal Hayati, musique de Mohamed Abdel Wahab, paroles de Ahmed Shafeeq Kamel, texte et traduction disponibles ici.

                                                                                                 

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Des présentations des émissions des Nuits - Sam 01 Mai 2021, 12:07

Pour compléter un billet précédent.
Les Samedis de France Culture - L’égalité (08/07/1972)
par Georges Charbonnier
lectures Geneviève Page, Philippe Moreau et Pascal Mazzotti 
réalisation : Nicole Geisweiller

De mon côté non plus, l’écoute n’en est pas terminée, mais quelques petites remarques.
Le sujet, vaste, pouvait laisser craindre un éparpillement dans des généralités. Il est douloureux d’imaginer une émission sur un tel sujet dans une émission de la grille actuelle.
Or, immédiatement après l'annonce des intervenants, nous rentrons dans le vif du sujet. L’émission est structurée en plusieurs parties de 10 à 20 minutes environ, où Georges Charbonnier s’entretient avec des spécialistes de différents domaines. Ainsi, l’on fait le tour de la notion en se plaçant du point de vue des mathématiques, de la physique, de la linguistique…
Un déroulé précis se trouve dans l’Inathèque, il est tentant de le reproduire ici, alors :

                                                                                Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 34 Opera854

Maintenant la présentation, made in 2021, par l’équipe de France Culture.
D’abord le nouveau titre est effectivement trompeur. La marotte pour accrocher l’œil de l’internaute est de balancer une citation bien sentie d’un des participants à l’émission qui semble prise un peu au hasard. Pourquoi celle-ci et pas une autre ?
Quatre heures d’émission sur un tel sujet, sans pause ! Mais pourquoi en 2021 une émission aussi ambitieuse est impossible ?
Or les quatre heures semblent s’écouter sans aucun accroc, il y a quelques parenthèses musicales (musiques répétitives de Steve Reich et Terry Riley), quelques lectures, bref, l’ensemble n’est pas rébarbatif du tout.
Alors pour se sortir de cette épineuse question du « pourquoi aujourd’hui on ne peut plus ? », sachant en plus que l’émission n’a pas pour but de nous faire la promo en douce des ouvrages des intervenants, mais uniquement de transmettre certaines connaissances sur le sujet en des mots choisis, la présentatrice des Nuits a sorti les rames.
Après le fameux et hyper-scolaire « de tout temps la notion a travaillé l’humaine humanité », que Georges Charbonnier dans sa grande bonté nous épargne ensuite, the Voice of The Night nous annonce que nous allons être « en compagnie des plus brillants esprits des seventies ». Manquent plus que les boules à facettes et c’est la teuf.
Puis, après avoir annoncé de manière succincte le principe de l’émission, il faut en justifier la durée exceptionnellement longue. Comment cela se peut ?
Citation-bateau (d’où les rames signalées plus haut) de Chateaubriand à l’appui, un passage ardu : « le tout en près de quatre heures, qui ne donnaient peut-être pas raison au péremptoire Chateaubriand quand il affirmait ‘’les français n’aiment point la liberté, l’égalité seule est leur idole’’ »
Et le meilleur pour la fin, comme toujours : « ...une émission diffusée la première fois le 8 février 1972 notamment pour des auditeurs en vacances grâce aux congés payés. »
Nous jetterons un voile pudique sur le lapsus entre février et juillet, l’erreur est humaine. Pour le reste, c’est-à-dire justifier l’émission par les congés payés, qui datent de vous savez quand et qui existent encore aujourd’hui aux dernières nouvelles, est inattendu, surprenant, bref, la rame a battu les flots blanchis par l’écume.

Curly 

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Satyajit Ray - Arthur Rimbaud par Francis Carco - Le secret de la Licorne & Le trésor de Rakham le Rouge - Sam 08 Mai 2021, 13:17

Opus - "Le Salon de Musique" de Satyajit Ray (6/12/1989) 
par Jacques Dupont - avec Gilles Gourdon (critique de cinéma) et Satyajit Ray - Lecture d'extraits du texte du "Salon de Musique" par Philippe Baury - réalisation Colette Chemama 
Essentiellement de la musique, avec la lecture d’extraits du roman de Tarashankar Bandopadhyay.
Quelques commentaires, et propos de Satyajit Ray enregistrés à Calcutta en 1989.
Aucune mention n’est faite dans l’émission du CD Ocora Radio France qui venait de paraître et qui proposait la musique du film.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Ravi Shankar n’a aucunement participé à la musique du « Salon de musique », qui est d’Ustad Vilaya Khan.


La matinée des autres - Satyajit Ray ou la mémoire perdue de la Renaissance bengalie (26/04/1994) 
par Marie-Christine Navarro - avec Yves Véquaud (écrivain, ethnologue, spécialiste de l'Inde), France Bhattacharya (professeur de littérature et civilisation du Bengale à l'INALCO), Prithwindra Mukherjee (ethnomusicologue, poète, traducteur, département Ethnomusicologie CNRS) et Marie Percot (anthropologue) - lectures de textes de Rabindranath Tagore et Satyajit Ray par Frédérique Cantrel et Christophe Lemée - réalisation Christine Berlamont  

Mardis du cinéma - Satyajit Ray ou l'impossible réconciliation
(26/04/1994) 
par Marie-Christine Navarro - avec Michel Ciment (critique de cinéma, journaliste), Marie Percot (anthropologue), Hubert Niogret (critique revue "Positif") et Charles Tesson (critique revue "Cahiers du Cinéma" auteur d'un livre consacré à Satyajit Ray) - textes de Rabindranath Tagore lus par Frédérique Cantrel - réalisation Christine Berlamont 

La première émission parle de la culture hindoue, et la seconde du cinéma de Ray. La « Matinée des autres » est la plus réussie des deux, s’éloignant parfois du cinéaste pour retracer une partie de l’histoire du pays, des différents courants de pensée.
Les films privilégiés dans les deux émissions sont encore et toujours La trilogie d’Apu et Le salon de musique.
Dans les Mardis du cinéma, d’autres films sont évoqués, mais plus rapidement. Les intervenants reviennent sur des films qu’ils n’ont pas forcément revu récemment.
Michel Ciment parle de la sortie de ses premiers films à la fin des années 50/début des années 60, leur réception critique, et des derniers, films d’intérieurs (pour raison de santé) qui sont pour lui surestimés. Personnellement je garde un souvenir ému de son dernier film Agantuk (Le visiteur), pas revu depuis son passage sur une chaîne cryptée au début des années 90.
Aujourd’hui une plus grande partie de l’œuvre est disponible en dévédés, y compris certains films pour la jeunesse comme Le Dieu éléphant.


Arthur Rimbaud, poète maudit (01,08, 15, 29-03, 05, 12, 19 et 26-04-1951 Chaîne Nationale)  - pas de liens, diffusions le 3, 4 & 5 mai -
1- La naissance, le milieu  familial
2- Charleville, rencontre avec Verlaine
3- Rimbaud,  Verlaine
4- Verlaine et Rimbaud à Bruxelles  et à Londres, Le bateau ivre
5- Verlaine tire sur Rimbaud, retour à  Paris
6- Verlaine condamné et interné, Une saison en enfer
7- Les trafics d’armes, les  Illuminations
8- Les derniers jours à Paris et à Marseille
par Francis Carco - Lectures Jacqueline Morane et Jean Topart, Raymone, Hubert Prélier, Lucien Paris et Claude Romain, Yvonne Schaeffer, Paul Morin
réalisation Albert Riera 
Après écoute des trois premières parties, quelques remarques.
Francis Carco raconte la vie de Rimbaud : il lit lui-même son texte, dans lequel s’insèrent quelques lectures de poèmes et de lettres, et la musique d’Henry Barraud.
Si les rares accompagnements musicaux que l’on entend sur les lectures sont superfétatoires, leur utilisation par ailleurs est bienvenue.
Albert Riéra, pionnier de la radio, qui fut aussi assistant de Jean Vigo, réalise une émission que l’on peu considérer, au regard de la production d’émissions littéraires actuelles, comme artistiquement élaborée.
Par contre, l’ensemble a vieilli. La musique déjà, mais ce n’est pas le plus important. Elle n’est pas insupportable. Les déclamations des poèmes sont plus problématiques, marquées par leur époque. Même Jean Topart s’y met. Et pourtant, l’articulation est parfaite, c’est techniquement admirable, mais nous ne sommes plus habitués à ce ton déclamatoire qui donne l’impression que les acteurs surjouent leur texte, le rendant parfois ridicule.
Le plus réussi demeure le récit de Francis Carco, à la voix abîmée (détail, « Le bateau ivre » devient dans un lapsus « L’oiseau ivre »), qui n’aseptise nullement la vie de Rimbaud et ses relations tumultueuses avec Verlaine.

Les Aventures de Tintin
Le Secret de la Licorne, 15 épisodes de 10 minutes environ (24-12-1959 au 06-02-1960, France II Régionale) 
&
Le trésor de Rakham le Rouge, 21 épisodes (09-02 au 26-03-1960)
d’après  Hergé - adaptation Nicole Strauss et Jacques Langeais - musique  originale Vincent Vial - interprétation Maurice Sarfati (Tintin), Henri Virlojeux (Sakharine), Danielle Netter (la dame dans la cabine), Jacques Hilling (capitaine Haddock), Gaétan Jor (Barnabé), Robert Murzeau (Le chevalier François de Hadoque),  Jean Clarence (Le pirate Diego le Navarrais), Jean Daguerre (La vigie),  Jacques Muller (Le serrurier), Nicolas Amato, Yves Duchateau, Jean  Daguerre, Gaetan Noël, Nicole Strauss (Narratrice), Jacques Langeais (Narrateur), Jean Carmet (Dupont), Jean Bellanger (Dupond), Pascal Mazzotti (Rackham le Rouge), Gaétan Jor (Barnabé), Françoise Bertin (madame Pinson), Yves Peneau (Victor), Pierre Olivier (Maxime Loiseau), Jacques Muller (Le  frère Loiseau), Jean Daguerre (Aristide Philozèle), Gabriel  Jabbour (Le cuistot du Syrius), Maurice Chevit (Le quidam), Frédérique (Madame Patapon), Claude Piéplu (Le vendeur de scaphandres), Pierre Laurent (un mousse), Pierre  Laurent (Le timonier) et Maurice Biraud (Le fermier)
bruitage Joé Noël et Robert Maufras
réalisation Jean-Jacques Vierne 
     
La série a déjà été présentée dans d’autres billets, cf Par les moustaches de Plekszy-Gladz, n’envoyez pas de timbre ! et sa suite
Rien à voir avec le déprimant feuilleton mis en œuvre en grande pompe avec la participation de la Comédie Française.
Nicole Strauss et Jacques Langeais avaient adapté pour la radio toutes les aventures de Tintin parues à ce jour.
Ces deux aventures n’avaient pas été présentées dans les Nuits pour l’instant. Elles étaient disponibles uniquement sur le site de l’INA, dans une version remontée afin d’en faire une seule et grande dramatique d’un seul tenant, ce qui n’est pas une mauvaise idée.
Les Nuits proposent la version intégrale, avec présentations, génériques, et courrier des auditeurs.

Philaunet 

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''Mohamed Abdel Wahab, compositeur égyptien'' (1985) - Sam 15 Mai 2021, 11:38

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t852p330-le-programme-de-nuit-ilot-de-culture-ii#36966) a écrit:Latitudes - Numéro spécial : Mohamed Abdel Wahab, compositeur égyptien (18/11/1985) 
par Jacques Dupont et Daniel Caux.
Daniel Caux, qui n'a jamais été remplacé sur France Musique, une personnalité unique, cf. ici et .
Évocation d’une autre grande figure de la musique orientale. Les Nuits ont déjà diffusé trois Nuits magnétiques, une sur Reinette l’Oranaise et Lili Boniche, une autre sur Om Kalsoum,  et une dernière sur Warda al-Jazairia.
Ici, nous n‘entendrons pas d’entretien avec Mohamed Abdel Wahab. Daniel Caux est allé à Barbès pour interroger quelques habitants sur le chanteur et compositeur. L’émission donne à entendre essentiellement de la musique, des chansons, mais pas en intégralité, accompagnées de quelques repères biographiques succincts, et les analyses pas toujours très riches des habitants de Barbès. Quelques passages très beaux, comme celui où un habitant se met à  chanter une chanson de Abdel Wahab dans un bistrot, avec le flipper en fond sonore.
Daniel Caux y invite discrètement le chanteur : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-27.04.2021-ITEMA_22648669-2016C3372E0795.mp3" debut="10:45 fin="13:37"]
Si l’on nous explique quand même la méthode de travail de l’artiste (composition, orchestration), ce sont surtout des impressions personnelles qui dominent dans les brefs entretiens.
Seules les vieilles générations connaissent et apprécient ces chansons, écrites en arabe littéraire. Pour les plus jeunes, c’est vers le compositeur, celui qui écrivit pour d’autres artistes comme Warda ou Om Kalsoum, que va leur préférence.
Une émission où domine avant tout la musique, mais où Daniel Caux réussit quand même à donner quelques informations essentielles en peu de mots.
L'émission se referme sur une pièce musicale qui fusionne à la fin avec le générique de l’émission Latitudes comprenant le fameux Keçak ou Danse des Singes.

La question des langues et la compréhension des textes au Maghreb et au Moyen-Orient : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-27.04.2021-ITEMA_22648669-2016C3372E0795.mp3" debut="50:12 fin="55:03"]

"C'est un homme de cœur, un homme de savoir" : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-27.04.2021-ITEMA_22648669-2016C3372E0795.mp3" debut="55:03 fin="60:47"]

Le programme de nuit, îlot de culture (II) - Page 34 Scre1776

Curly 

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Le rêve américain à l'époque de Roosevelt - A la recherche de Brunius - Dim 16 Mai 2021, 10:36

Mardis du cinéma - Le rêve américain à l'époque de Roosevelt (09/04/1985) 
par Michel Cazenave et Patrick Brion
réalisation Christine Berlamont 
Un des premiers « Mardis du cinéma ». Seulement deux intervenants, quelques extraits alternant vo & vf. Analyse du cinéma américain des années 30/début des années 40 à l’aune de l’arrivée de Roosevelt. De nombreux films se font le reflet de la crise dans laquelle baigne le pays depuis la fin des années 20, et de la politique de redressement du pays menée par Roosevelt.
Le plus plaisant dans l’émission est le montage alterné des voix des deux spécialistes, qui se complètent ou s’opposent. Patrick Brion est certainement dans le vrai lorsqu’il ne perd pas de vue que le cinéma américain est avant tout un divertissement qui se doit d’être rentable.
Il établit aussi un parallèle avec la situation aux USA au mitan des années 80, où l’on est toujours ébloui en France qu’un ancien acteur devienne président des États-Unis, alors qu’il convient tout de même de rappeler que Ronald Reagan amorce sa carrière politique dès les années 50.
Les films retenus pour l’émission sont surtout ceux de Capra, mais aussi certains Gregory La Cava ou William Wellman.
Les transitions à base de musique synthétique nous rappellent que nous sommes dans les années 80.


Les samedis de France Culture - A la recherche de Brunius (07/05/1983) 
par Paule Chavasse et Jean-Pierre Pagliano
avec André Bay, Yannick Bellon, Louis Bloncourt, Anne Cottance, Marguerite Fawdry, Roland Penrose, Paul Grimault, Claude Heymann, Ado Kyrou, Pierre Prévert, Michel Laclos, Lucien Logette, Marc Maurette, Jean Mitry et Claude Roy
avec en archives, les voix de Jacques Prévert et de Jacques Brunius dans la dernière émission des "Français parlent aux Français" (BBC)
textes de Jacques Prévert, Lewis Carroll et Jacques Brunius - interprétation Michel Bouquet, Pierre Delbon, René Farabet, Dominique Jayr, Michaël Lonsdale, Jean Topart et Maurice Travail
réalisation Christine Berlamont 
Un portrait passionnant, où défilent des proches, voire très proches de Jacques B.Brunius, qui fut un peu touche à tout nous dit-on, mais qui à partir des années 40 devint un homme de radio, ce qui est hélas parfois vu comme un repli par rapport à son parcours des années 20 et 30 dans le cinéma français (participations diverses dans les films de Renoir, Pierre Prévert ou Buñuel, L’âge d’or).
Au début des années 40, il part avec bien d’autres à Londres, participe aux émissions de Radio Londres, mais contrairement à ses camarades, une fois la guerre finie, y reste. Vivant entre France et Angleterre, il devient, en plus d’un auguste spécialiste de Lewis Carroll, traducteur d’auteurs qu’il tente de faire découvrir en France, ayant une prédilection pour l’humour anglais.
Il conçoit des émissions pour la BBC et pour la radio française.
Quelques moments émouvants, et amusants aussi, la lecture de lettres écrites à sa fille, et la diffusion de bandes enregistrées pour elle, parodies d’émissions de radio.
L’émission est menée par Jean-Pierre Pagliano, un spécialiste entre autres de Prévert et Grimault. On peut l’entendre dans les entretiens avec Paul Grimault diffusés récemment dans les Nuits (28 & 29 octobre 2020)
Quant à l’œuvre radiophonique de Jacques B.Brunius, elle semble considérable et dort en partie dans les hypothétiques archives de la BBC.
Pour France Culture, peu avant sa mort, il offrit une journée entière consacrée à Lewis Carroll (25-12-1965),  d'une durée de 9 heures, dont on entend quelques bribes dans cette émission, sans qu’il en soit fait référence au générique.
Ce Lewis Carroll, maître d’école buissonnière, qui présente la lecture des deux Alice, des analyses, des lectures de lettres, de poèmes… est un vrai bijou radiophonique.
Et, ô miracle, disponible en intégralité à l’écoute : 1ère partie, 2nde & troisième. Il suffit de suivre les liens.

Pour finir, une autre perle, mais sans lien, Lecture à une voix - Nekrassov de Jean-Paul Sartre lu par Pierre Brasseur (14-02-1965), cf podcast de la nuit du 12-05-2021.

Curly 

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Analyse spectrale de l'Occident : La Guerre de Sécession - Mer 19 Mai 2021, 15:15

Analyse spectrale de l'Occident - La Guerre de Sécession : 1861-1865 (20/02/1965) 
par Stanislas Fumet
avec René Rémond (historien), Georges-Albert Astre (professeur à l'IDHEC), Roger Asselineau (professeur de littérature et civilisation américaine à la Sorbonne), Henri Agel (professeur à l'IDHEC) et André Gauthier (critique musical)
lectures René Farabet
extrait de "Sud" de Julien Green, interprétation Claude Génia, Michel Etcheverry et Françoise Godde 

Une émission constituée de plusieurs « causeries ». C’est-à-dire que les participants n’improvisent pas une conversation avec un producteur qui tente de briller dans le micro et tirer la couverture à lui, non, ils ont écrit un discours structuré qu’ils lisent avec un soin tout particulier.
Un panorama de cette période, avec un récit général de la guerre par René Rémond, qui parle des enjeux, des causes et des suites de cette guerre, sans trop rentrer dans les détails chronologiques.
Les propos sur la condition des noirs au États-Unis rendent compte de l’action de Martin Luther King, dont on parle encore au présent (nous sommes en 65) mais pas de mouvements plus radicaux comme celui mené par Malcolm X.
Deux parties sur la littérature, par Georges-Albert Astre, puis par Roger Asselineau qui lui parle uniquement de l’engagement de Walt Whitman.
Agréable d’entendre des appréciations littéraires qui ne sont pas assujetties à l'actualité des sorties en librairie.  
Résultat : « Autant en emporte le vent » est balayé d’une pichenette, mais poliment, au profit de Stephen Crane ou Faulkner.
La partie cinéma est assurée par Henri Agel. Un arrêt sur le Naissance d’une nation, puis sur Ford et Michael Curtiz. Le film de Griffith est apprécié comme il se doit. Ironie de la situation, l’ensemble du cinéma hollywoodien, y compris celui d’aujourd’hui, sort de ce film qui en pose les bases esthétiques. Le racisme du film, qui n’est bien évidemment pas passé sous silence par Agel, a posé problème dès sa sortie.
La partie musicale est plus succincte, et nous avons vraiment le minimum syndical sur les negro spirituals.
Une scène de « Sud » de Julien Green est jouée en fin d’émission. Dialogue argumentatif didactique entre nordiste et sudiste. Très lourd.
A noter pour finir, la présence en tant que lecteur de René Farabet, qui fut l'un des piliers de l'Atelier de Création Radiophonique, mais aussi une grande voix de radio comme on peut l'entendre ici.

Philaunet 

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L'oeuvre de Thomas Hardy (1840-1928) magistralement présentée en 1962 - Ven 21 Mai 2021, 09:57

Une présentation magistrale et captivante de l’œuvre de Thomas Hardy en une heure : c'était le 27 juin 1962 (que faisiez-vous en ce temps chaud ?) sur la Chaîne Nationale qui sera baptisée France Culture l'année suivante Anthologie étrangère - Thomas Hardy  dans "Les Nuits de France Culture par Philippe Garbit" le 21/02/2019.

Malheureusement pas de descriptif de cette émission, à part
Par Stéphane Frontès - Avec Stéphane Frontès - Réalisation Georges Gravier
Il faut donc écouter la présentation énergique de la "speakerine" (cet anglicisme francisé manque au vocabulaire d'aujourd'hui) pour en savoir plus sur les participants, dont Jean-Roger Caussimon : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-21.02.2019-ITEMA_21988713-2.mp3" debut="00:54 fin="01:57"]

L'auditeur est invité à suivre un parcours à travers les romans de l'écrivain, étudiés l'un après l'autre, pour en faire ressortir les thèmes et noter l'évolution de l'art de l'auteur. Quatre voix s'entrecroisent pour présenter les romans et en lire des extraits, deux voix de femmes dont la fermeté est remarquable et deux voix d'hommes. La clarté de la langue de chacun est admirable, tout autant que sa qualité.

Introduction : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-21.02.2019-ITEMA_21988713-2.mp3" debut="01:58 fin="03:33"] ("John Bull" est le surnom de l'Angleterre) .

Suite de l'introduction signalant l'influence de Georges Meredith (1828-1909) sur le jeune Hardy : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13915-21.02.2019-ITEMA_21988713-2.mp3" debut="03:33 fin="05:01"]

Quatre minutes en tout sur la "vie" de l'écrivain et 60 minutes sur son œuvre En 2021, les proportions sont inverses, car la littérature n'intéresse pas, seule la vie, intime (car elle est politique...) est exposée.

Seront passés en revue : "Loin de la foule déchaînée" ;  "Les Forestiers" ; "Le Maire de Casterbridge" ; "Tess d'Uberville" et "Jude l'Obscur".

L'émission date donc de 1962, les interventions sont écrites et lues dans un montage qui rappelle la pièce de théâtre. Soixante ans plus tard, on ne peut plus imaginer un tel dispositif. À France Culture, évidemment non, pour qui le débat en direct autour d'une publication critique  à vendre est la seule forme possible. Mais en Allemagne, par exemple ? Eh bien, oui ! On retrouve exactement cette forme dans des documentaires et dans des "Essais radiophoniques". Chacun en tirera la leçon adéquate.

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