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Répliques, Alain Finkielkraut    Page 35 sur 67

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Philaunet 


Admin

341
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Le couple Habib-Bruckner chez Finkielkraut, quel goût ? - Mer 26 Mar 2014, 20:40

Nessie a écrit:Hélas je l'ai écoutée d'une oreille distraite et sans guère y trouver pitance, aurai-je le courage de m'y recoller ? Rien n'est moins sûr. Pourtant, je vous trouve plutôt injustes, en ce que vous négligez ou méprisez le schème qu'on en peut extraire et qui peut être appliqué à bien des aspects du mode de vie contemporain, or c'est là le sujet central de Finkie, non. Et quel est ce schème ? C'est le refus de l'hystérie, le refus de l'hubris ou si vous préférez, le refus de l'excès comme mode de vie, et l'apologie de la modération. (...)

Je ne l'ai justement pas écoutée, cette émission, d'une oreille distraite et y ai trouvé plus que pitance : l'illustration d'une réaction (dans plusieurs sens du termes) manichéenne à ce que vous appelez plus loin, dans votre contribution très stimulante, le romantisme de la vie intense.

Rien de plus normal, ai-je envie de dire. Mais j'aurais bien aimé que cela fût (Perraud oblige), fût développé avec moins de banalité et, comment dire... d'unilatéralité ? La pensée, c'est quand même une certaine aptitude à la nuance et à reconnaître partiellement la validité, sinon la légitimité, de la thèse opposée à la sienne. Or, on a ici trois compères (le mot inclut-il la commère au sens du Roman de Renard/t ou de La Fontaine ?), trois personnes qui sont quasiment d'accord sur une conception de la relation conjugale qui est dans l'air du temps, quoi que vous en pensiez : papa et maman cigogne. Je n'ai rien contre, mais il ne faudrait pas ériger sa vision en seule conception valide. Et là, je trouve que Claude Habib (sorte d'antithèse de Marcela Iacub) souffre très paradoxalement, vu ce qu'elle écrit et prône, de ce que vous reprochez à certains : une radicalité et une volonté d'en découdre violemmment avec qui ne partage pas sa thèse (ce qui n'est pas pour déplaire à AF et ceux qui aiment la castagne tout en prônant la modération, c'est un des traits « pervers » d'AF).

J'avais acheté le livre de Claude Habib Galanterie française  en 2006 après l'émission où elle était invitée avec Mona Ozouf par AF. C'était un numéro de Répliques du 28 octobre 2006, vous en souvient-il ? la galanterie française.  J'ai découvert à cette occasion qu'on peut être dix-huitièmiste et ne pas pouvoir écrire une page lisible. Mais passons sur le livre et revenons à la radio, voire à la radiogénie, c'est ce qui nous occupe. Écoutez voir cette émission que vous devez avoir dans vos archives et vous verrez que très vite les choses se sont envenimées en raison du ton pète-sec et de la position "moi, j'ai toujours raison" de CH. Tout cela pour défendre la modération dans les relations. Ben tiens !

Pour ce qui est de la modération, on ne croit pas non plus qu'Alain Finkielkraut soit exemplaire dans sa manière de poser ses arguments et d'envisager les relations avec ses invités (avec un seul invité, c'est nettement mieux, avec deux le catch commence et l'arbitre prend parti).

Quant à Pascal Bruckner, est-ce un penseur ? Sa prose, au contraire de celle de Claude Habib, se lit très facilement, mais on n'y trouve pas grand-chose de plus que dans les dossiers des magazines féminins sur l'amour.

La case du samedi matin est populaire parce qu'elle permet d'entendre des opinions tranchées et pour l'auditeur de prendre parti. Est-ce une case où des intellectuels réfléchissent ensemble, s'écoutent et soupèsent leurs mutuels arguments ? Hum... Je vais écouter la fin de l'émission d'une oreille toujours non distraite pour voir si c'est le cas.

La suite de votre réflexion donne envie d'y revenir, mais sur le couple, j'ai plutôt envie de réécouter la fin de l'extrait que j'ai mis en pastille dans l'émission Hors-Champs où j'ai trouvé touchante la réponse de Monique Pinçon-Charlot à la caricaturale Laure Adler. Une réponse que les trois, non râleurs, mais indignés (AF l'est certainement plus, indigné, dans le mauvais sens du terme, qu'un Stéphane Hessel qui rendait merveilleusement hommage à son épouse et récitait par coeur de la poésie en trois langues à 90 ans - je préfère ceux qui donnent l'exemple à ceux qui font la morale, que voulez-vous !), une réponse que les trois indignés, donc, trouveront sans doute, pour paraphraser le furieux de la modération, ad-mi-râââ-ble.

antonia 


342
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Mer 26 Mar 2014, 21:22

Je viens d'écouter cette émission :elle m'a plu. Je viens d'entendre parler avec intelligence de ce quotidien que nous vivons tous , à un moment ou un autre de notre vie.C'est difficile de faire une émission sur ce thème, car cela fait écho immédiatement à notre expérience personnelle, à nos attentes souvent déraisonnables.Mais admettez qu'on était loin des articles de ces journaux féminins, qu'on lit dans les salles d'attente(je ne sais pas si ce genre de discussions est présent dans les journaux "masculins"?).
Je trouve que cette frénésie que l'on prône dans tous les domaines, qui serait la seule façon de "vivre", n'est pas la seule façon d'envisager la vie. On a le droit de penser que, si,il faut vivre sans cesse dans la passion mais pas de nous le seriner sur tous les tons.C'est terrible de constater qu'il faut toujours qu'on nous catéchise.
 clown  J'ai bien apprécié le passage où Brückner parle de la vantardise dans les enquêtes sur la sexualité.
Par ailleurs, Philaunet, ça ne me dérangerait pas qu'on parle du "retour de l'uniforme à l'école"! une heure sur ce sujet,serait de trop, certes. Mais comme nous avons aimé les blouses au collège, cachant ces vêtements hétéroclites provenant de cousines ou autres enfants,plus ou moins ravaudés. Je dois dire que nous les aimions ces vêtements mais que le regard des collégiens plus aisés se serait révélè destructeur pour nous. Chères blouses!

Philaunet 

Philaunet
Admin

343
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''Je'' n'est pas ''nous'' - Mer 26 Mar 2014, 23:25

antonia a écrit:Je viens d'écouter cette émission :elle m'a plu. (...)

Idem, après l'écoute de la seconde demi-heure, moins réductrice m'a t-il semblé. L'ensemble est relevé des nombreuses citations que fait Alain Finkielkraut (Jankelevitch, Unamuno, Arendt). Comme toujours, « Répliques », par son aspect souvent caricatural, donne envie de réagir et c'est pourquoi on l'écoute, d'ailleurs. Elle suscite la réflexion personnelle. On ne peut pas dire qu'on s'y endorme souvent.

Chacun aura son point de vue sur le contenu (Nessie vous retrouverez sans doute à 2'00 de la fin, une expression de la bouche de Pascal Bruckner qui ajoutera un élément au schème que vous signaliez, "la mythologie du paroxysme"). Sur la forme, le débat est resté policé, sans doute grâce à un Bruckner très galant (on l'a connu plus incisif à défendre son point de vue, mais c'était il y a 20 ans).

Alain Finkielkraut a enfin eu ces mots justes dont les premiers devraient être médités par beaucoup de producteurs (à commencer par AF soi-même plus souvent) :

[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/03/s12/RF_862333A4-3B01-4BA3-9681-77C226296308_GENE.MP3" debut="32:48" fin="33:26"]

Nessie 

Nessie

344
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La passion et les passions - Jeu 27 Mar 2014, 13:02

Philaunet a écrit:Pour ce qui est de la modération, on ne croit pas non plus qu'Alain Finkielkraut soit exemplaire dans sa manière de poser ses arguments et d'envisager les relations avec ses invités (avec un seul invité, c'est nettement mieux, avec deux le catch commence et l'arbitre prend parti).

Certes. Et c'est même depuis une bonne douzaine d'années un des principaux désagréments que j'éprouve à écouter Répliques. Pourtant je pense qu'il y a dans votre jugement là-dessus un mélange des niveaux en matière de modération : les débordements de Finkie sont non pas ceux des passions, mais la conséquence de la passion je veux dire : de son émotivité. Or, qu'il se montre passionné dans le débat n'indique nullement qu'il mette les passions au-dessus de la raison. Pour le dire autrement : ne confondons pas la philosophie du bonhomme avec sa nature ou son caractère. Pour tout dire, c'en est même comique de le voir ainsi défendre passionnément la raison au point d'en perdre les pédales dans son propre débat, pendant que les gens qui dominent l'idéologie française ou du moins la part qui a la main sur France Culture, eux, ils mettent la raison au service des passions. Et on s'en rend compte quand il les accueille dans Répliques, les Zijzek et les Plenel.

Au moins ce qu'on peut dire, c'est que Finkie n'est pas un tiède. Et si c'était un peu mieux contrôlé, ça ferait partie assurément de ses qualités. Mal contrôlé, il en devient brouillon. En face vous avez des Plenel et des Thierry Pech, parfaitement contrôlés, eux, absolument pas tiédasses et oeuvrant à attiser les passions de la lutte sauciale dans la société française. Maintenant, ça fait une bonne dizaine d'années que Bruckner après avoir fait son petit tour dans la littérature à succès, est revenu camper dans le voisinage de son vieux copain des années 70. D'ailleurs je ne suis pas certain qu'ils aient jamais été en différend, contrairement à ce que dit la presse du coeur. Je me dis parfois que le modèle idéal serait d'associer la conscience de Finkielkraut avec le calme de Bruckner : il faut avoir vu ce dernier collant une raclée (dialectique) à René Dumont ou à Viviane Forrester devant les caméras de la télé pour savourer d'avance ce que donnerait un tel hybride. Alors, à quand la résurrection du tandem ? Mais pas pour produire à nouveau des baratins sur les moeurs de l'époque, non : pour du pamphlet idéologique, du vrai du bon, à l'image peut-être de Fruttero & Luccentini. On sent que Finkielkraut en crève d'envie quand il invite des Muray et des Lucchini . Maintenant déchargé du devoir de réserve qu'impliquait son poste de prof à Polytechnique, il pourrait s'y mettre, qui sait ?


Ps - La référence de lecture : "La prédominance du crétin".
Recueil de chroniques par Fruttero et Luccentini parues dans La Stampa . Après ça, même un Eco vous paraît fadasse.
Si un jour Bruckner et Finkielkraut créent une formule imitée de celle-la, ils peuvent même fonder un parti je me battrais (passionnément) pour m'inscrire en premier et recevoir la carte numérotée 00001.

Alain Machefert 


345
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 29 Mar 2014, 06:17

Nessie a écrit:Si un jour Bruckner et Finkielkraut créent une formule imitée de celle-la, ils peuvent même fonder un parti

Très peu probable.
Alain Finkielkraut me semble pencher plus vers le pessimisme de l'intelligence que vers l'optimisme de la volonté, pour paraphraser Gramsci (Désolé pour le name-dropping mais il faut bien citer ses sources).
En fait, A.F. est un intellectuel qui me rappelle le personnage du Docteur Villela dans « il était une fois la révolution. » (Je conseille la trilogie des « il était une fois » de Sergio Leone). Ce personnage de chef intellectuel de la révolution mexicaine se révèle très fort en dialectique mais très mauvais dans l’action.
Très peu d’intellectuels sont capables de mettre en pratique leurs idées. A.F. n’en fait pas partie. En fait, il ne propose même pas de solutions aux nombreux problèmes qu’il soulève (école, islamisme, etc.)
Alors fonder un parti, non.
Et Finkielkraut parlait. Il ne faisait même que cela.

Nessie 

Nessie

346
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Ven 11 Avr 2014, 14:26

Finkielkraut académicien. C'est fait.
http://www.lemonde.fr/livres/article/2014/04/11/alain-finkielkraut-un-antimoderne-a-l-academie-francaise_4399590_3260.html

On a parlé d'une campagne de dénigrement, notamment de Danièle Sallenave. Ca m'étonne un peu que la chroniqueuse-à-bouche-fermée des vendredis soit montée au créneau contre son collègue, hélas il semble bien que le bruit se confirme, de même pour Michel Serres qui n'a peut-être pas pardonné à Finkie de lui avoir donné récemment l'occasion de montrer qu'il était devenu gâteux.

Contrairement à ce que dit Elisabeth de Fontenay, cette élection n'est pas un miracle. Finkielkraut est moins un fils de polonais déporté, qu'un ancien étudiant d'élite, distingué parmi les meilleurs de ses pairs, et ayant suivi depuis une carrière d'essayiste et d'intellectuel particulièrement en vue.

Son attachement à la langue française n'est certainement pas pour rien dans son élection. Et du coup, ça ça nous rassure sur le traitement qui sera donné à la candidature de Frédéric Beigbeder.



Dernière édition par Nessie le Sam 19 Avr 2014, 16:54, édité 1 fois

Nessie 

Nessie

347
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Re: Répliques, Alain Finkielkraut - Sam 19 Avr 2014, 16:48

Remarquable numéro ce matin, avec une discussion sur Ernst Junger. Dialogue à trois (trialogue ?) qui montre que si France Culture ne change pas mais continue sur sa lancée de simplification idéologique, Finkielkraut n'y aura plus sa place.

C'est que Junger en tant qu'écrivain mais encore plus en tant qu'homme, est un personnage ambivalent, extrême en des qualités incompatibles et quand on parle de qualités c'est au sens large du terme. L'important ici, c'est la complexité : sur cette radio où le langage s'appauvrit et où des imbéciles usent à l'envi de "c'est compliqué" pour dire que "c'est difficile", et de "complexe" pour justifier leur démission devant la difficile tâche d'explication ou seulement de description, il est bon de rappeler l'étymologie du mot "complexe" : est complexe ce qui ne peut être déplié sur un plan unique. C'est hélas de plus en plus inadmissible dans un France Culture de plus en plus manichéen, vendu à la fois aux idéologues bornés comme ceux de Terra Nova, et aux clans de dénonciateurs comme ce Mediapart qui à chaque scoop flirte avec la diffamation, la calomnie, le chantage, bref la panoplie de la presse pourrie tout drapée qu'elle soit dans le costume de la morale en papier crépon.

En ce sens, comme le disait il y a peu le titre de ce fil avant qu'on ne le modifie, Répliques est bien un des derniers refuges pour l'auditeur désireux de réfléchir, sur cette radio qui conserve la culture dans son nom mais de moins en moins dans son programme. Si rien n'est fait pour enrayer cette nécrose, les étapes à venir continueront à enserrer la chaîne dans un cocon d'académie idéologique, sorte de greffon monstrueux survivant de l'esprit du bloc de l'est. En parlant d'Académie, Finkielkraut a cloturé l'émission en remerciant discrètement les auditeurs qui l'ont félicité pour son élection Quai Conti. Il est de bon ton de ricaner contre ce groupe de 40 vieux croûtons, et de caricaturer leur citadelle comme le refuge d'exigences dépassées. Si Antoine Perraud était logique avec lui-même, au lieu de jouer stupidement la carte du purisme vaniteux allié au gauchisme basique, il devrait fraterniser avec cette Académie et s'en faire un sympathisant au lieu d'en être lui-même une lointaine caricature. Finkie académicien, Répliques sera de plus en plus diabolisé par les chasseurs de sorcières qui viendront dans ce fil de discussion et y trouveront une réponse enfin s'ils ne se dégonflent pas trop à la première réplique. Malgré tout ce qu'on pourra lui reprocher, l'émission reste bien un refuge de la culture, n'en déplaise à la pipelette qui chaque vendredi matin chronique à bouche fermée pendant 4 minutes sur un ton d'institutrice chignonnée.

Ce numéro de Répliques est mis au programme de notre sélection d'écoute.

Philaunet 

Philaunet
Admin

348
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Ernst Jünger - Sam 19 Avr 2014, 21:35

Nessie a écrit:Remarquable numéro ce matin, avec une discussion sur Ernst Junger. Dialogue à trois (trialogue ?) qui montre que si France Culture ne change pas mais continue sur sa lancée de simplification idéologique, Finkielkraut n'y aura plus sa place.
(...)
Ce numéro de Répliques est mis au programme de notre sélection d'écoute.

Une première phrase positive, la seconde une hypothèse négative. Pourquoi ? La sensibilité dont vous faites montre, et ce n'est pas un reproche personnel, n'est-elle pas celle que l'on trouve à l'oeuvre à France Culture, dans les médias et plus généralement en France ? Des choses vont bien, mais on doit vivement craindre que bientôt ça aille mal, voire très mal. C'est d'ailleurs l'état d'esprit d'Alain Finkielkraut en général et c'est pourquoi il est finalement si apprécié : la peur de l'apocalypse tient en éveil, l'inquiétude est une excitation et un sujet de discussion.

Je suis en train d'écouter l'émission et me demande si elle va réparer ce qui m'avait paru un ratage dans le numéro d'Une vie une oeuvre consacré à l'écrivain le 22 février dernier.

Quelques remarques après 1/4h d'écoute : il ne faudrait pas qu'Alain Finkielkraut imite trop Vincent Charpentier, l'appui forcé sur les syllabes initiales des mots lasse fort. Les deux premières minutes d'introduction sont caractéristiques de ce défaut que ses collègues de l'Académie lui signaleront j'espère.

Ensuite, lorsqu'il est question de quiconque, il serait bon de rappeler l'âge du personnage dont on parle. Ernst Jünger s'engage à 19 ans. C'est donc, si vous voulez « ce jeune homme de 19 ans qui fait ceci, ou  pense cela ». Dire "Ernst Jünger dit, fait, etc » sans rappeler régulièrement quelle période de sa vie l'on évoque  peut tromper sur la pertinence des propos de l'écrivain pris dans son ensemble. Par là, je veux dire qu'un jeune homme de 19 ans a de la guerre, et de la vie en général, une vision forcément différente de celle d'un homme de 30, 40, 50 ans ou plus. Il ne faudrait pas absolutiser des propos tenus à un moment particulier de l'existence. Enfin, quand il est question de guerre,  je crois qu'on omet systématiquement les connaissances de la polémologie sur l'âge, la psychologie et le milieu des hommes qui veulent ou ne veulent pas la guerre. Un des invités de ce numéro sur La vie et l'œuvre d’Ernst Jünger ne néglige pas ce point en parlant du tempérament de l'écrivain s'engageant dans la Légion étrangère (d'où il a été récupéré par son père) et qui recherche le danger. À 20 ans, ce n'est pas rare, cela ne signifie pas nécessairement que l'on adhère aux buts d'une guerre, mais que l'on (= hommes, pas femmes) y va en partie par envie de se battre et même de s'amuser (signalé par un invité qui compare cette excitation à celle des jeux vidéos d'aujourd'hui).

À suivre...

Philaunet 

Philaunet
Admin

349
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Ernst Jünger suite - Sam 19 Avr 2014, 22:26

Nessie a écrit: (...)
C'est que Junger en tant qu'écrivain mais encore plus en tant qu'homme, est un personnage ambivalent, extrême en des qualités incompatibles et quand on parle de qualités c'est au sens large du terme. L'important ici, c'est la complexité (...)

Ce numéro de Répliques est mis au programme de notre sélection d'écoute.

[son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/04/s16/RF_77EBE55A-3011-4BA2-9C2F-2147BA2B54DA_GENE.MP3" debut="21:08" fin="21:45"]

Ernst Jünger est né en 1895 et Thomas Mann en 1875, soit une différence de 20 ans, il y a 120 ans, à une époque de guerre. Julien Hervier dit trop modestement qu'il énonce une platitude en signalant le problème de génération. Il ne dit pas que le 4e enfant de Thomas Mann naît quand Jünger est âgé de 15 ans. Il est possible que la vision de l'existence (sur la sécurité de la vie dite bourgeoise, p.ex.) diffère de par ces circonstances, entre autres...

Beau passage à 25'45 à propos de « la barbarie régénératrice « et de « l'utopie biotechnique ».

Les deux intervenants dans l'émission sont excellents :
Julien Hervier, professeur de littérature comparée, traducteur de Nietzsche, il a publié des Entretiens avec Ernst Jünger (Gallimard, 1986) et, en Allemagne, un livre de souvenirs et de correspondance avec lui ; devenu depuis près de trente ans son principal traducteur
Gilbert Merlio, professeur émérite Paris-Sorbonne/ Paris IV. Germaniste


À suivre...

Philaunet 

Philaunet
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350
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Ernst Jünger suite - Dim 20 Avr 2014, 00:24

Nessie a écrit:Remarquable numéro ce matin, avec une discussion sur Ernst Junger. (...) L'important ici, c'est la complexité : sur cette radio où le langage s'appauvrit et où des imbéciles usent à l'envi de "c'est compliqué" pour dire que "c'est difficile", et de "complexe" pour justifier leur démission devant la difficile tâche d'explication ou seulement de description, il est bon de rappeler l'étymologie du mot "complexe" : est complexe ce qui ne peut être déplié sur un plan unique. (...)

Ce numéro de Répliques est mis au programme de notre sélection d'écoute.

Ce numéro du 19 avril vaut donc l'écoute pour le savoir historique qui y est dispensé. Pour ce qui concerne la littérature, rien. Plutôt « vie » qu' « oeuvre », donc, comme en général dans la série « Une vie, une oeuvre » et particulièrement dans le numéro sur Jünger mentionné plus haut.

On apprend d'Alain Finkielkraut, dans ce Répllques, que le roman Le travailleur est un livre « ex-tror-di-naire », mais on ne sait pas pourquoi en matière littéraire. Finalement, l'émission traite de l'engagement politique et idéologique d'Ernst Jünger et c'est remarquablement bien fait. Ernst Jünger étant un écrivain de fiction, on aurait pu s'attendre à une autre dimension. C'est là trop demander. Une étude de l'art est moins facile à faire par un présentateur et à recevoir par un auditoire contemporain que le positionnement personnel dans une situation politique et historique donnée. Cet angle de traitement interpelle plus facilement l'auditeur (un certain auditeur).

Quant à Alain Finkielkraut, il n'est pas différent, pour la forme exaspérante, d'une Caroline Broué ou d'un René Frydman, par exemple, qui veulent faire entendre leur propre voix et être acteurs,et même parfois acteurs principaux, de l'émission qu'ils dirigent.

Il existe d'autres concepts d'entretien où le présentateur distribue la parole avec intelligence sans exposer son savoir et ses opinions. Se mettre en avant est tellement ancré dans la mentalité française que chacun ou presque trouve normal d'entendre telle présentatrice développer une question embrouillée de deux minutes et ne trouve rien à redire à voir Alain Finkielkraut débobiner des développements personnels tandis que les intervenants spécialisés patientent et s'excusent parfois de l'interrompre (un des invités coupable de cela dit dans cette émission « je m'excuse, et maintenant je me tais»).

Nessie 

Nessie

351
Répondre en citant  
Junger est mort, Finkielkraut en prend plein la poire, et moi-même myself perso je me sens pas très bien - Lun 21 Avr 2014, 23:48

Ah la la Philaunet est en phase sévère-sévère, là !

Ce pauvre numéro de Répliques vient d'en prendre plein le buffet. Heureusement que le Finkielkraut dispose maintenant d'une protection rapprochée grâce à ses gardes-du-corps personnels au fauteuil 12 nous avons Jean d'Ormesson avec son nun-cha-ku rhétorique et au fauteuil 14 Hélène Carrère d'Encausse toujours munie sous le rabat de son pupitre ou dans la poche latérale de son sac-à-main, d'un bien connu AK-47 que lui avait offert le beau-fils de Mikhaïl Kalashnikov ensuite modifié ultérieurement (pas le gendre mais la pétoire) par le dévouement d'un élu de l'Académie des Sciences&Techniques qui a préféré garder l'anonymat après avoir apporté à cette saloperie de bécane soviétique une amélioration aussi secrète que nécessaire vu que l'original était une vraie camelote coupable de s'enrayer presque aussi souvent qu'un pistolet-mitrailleur Sten qu'on aurait fabriqué dans un garage automobile de Vitry-le-françois à partir de plans découpés dans une revue scoute et de morceaux d'aile de Juva 4 recyclés mais je m'égare. Oh que oui je m'égare et je le sais bien, figurez-vous : les amis m'ont dit "Nessie plus tu vieillis plus tu fais des phrases trop longues t'es de plus en plus difficile à suivre lâche un peu ton Proust et imite plutôt Gérard de Villiers" ou alors écoute Philippe Meyer qui cite Carlo Emilio Gadda. Quoi vous dites que ça fait Proust non mais ça va pas la tête ? Mais enfin d'accord, d'accord j'essaierai. Je ferai donc ici un effort de clarté et de simplicité. Je promets même qu'il y aura une phrase d'un seul mot. Juré ! Et ensuite je laisserai de nouveau libre cours à ma volubile.

Bon par quoi commencer ? Eh bien par la critique, car aucun académicien armé ne semble désireux de voler à son secours.  Sur la première remarque celle qui ouvre le post 348, je répondrai : oui et non mais tout de même non car en fin de compte non. Je pourrais m'en tenir là et passer à l'autre reproche qui recevra une réponse encore plus brève : non. Mais peut-être faut-il commenter. Pour la première réponse, j'ai préféré n'en donner ici qu'une version abrégée, et placer la version complète en fil "Critique de la critique".

En substance je dirais ceci :

1) les critiqueurs et les critiqués ne peuvent sans confusion de niveaux  se trouver placés en un simple rapport de symétrie, ni en un rapport d'obligations réciproque. Bien que la chose ne soit pas du tout évidente hélas, les deux exercices ne sont pas face à face mais dans un rapport d'inclusion. Pour cette raison, leur attribuer des règles identiques est logiquement erroné, et cela malgré quelques exigences (règles, droits et devoirs) qu'elles ont en commun. Et si le propos critique ne peut éviter d'être à son tour soumis à l'examen critique, cela ne peut se faire par le simple renvoi en miroir des critères qu'il emploie. Ce renvoi en miroir, il donne lieu au déplacement du débat contre lequel Serge Koster s'insurgeait régulièrement. Il mène tout droit à des paradoxes dont le plus dommageable est de bloquer l'exercice critique. De cela je m'expliquerai avec davantage de détail dans le fil "Critique de la critique" (voir le lien à la fin de ce post)

2) par ailleurs, pour ce qui est de la dégradation de France Culture, je persiste à penser qu'elle se poursuit continûment, après une pause relative sous le direction de Bruno Racine et peut-être même à cette époque une brève remontée du niveau. Mais depuis, que voyons-nous ? Eh bien par exemple, du côté des documentaires la liquidation des producteurs historiques est en voie d'achèvement. Par cette formule "producteurs historiques" j'entends ici les producteurs formés à l'époque pré-Laure Adler, et non ceux qui peuvent simplement se targuer d'une quinzaine d'années de babillage depuis qu'elle les a introduits dans le château pour y être ses petits soldats ou ses capitaines. Ceux-là n'ont jamais su faire autre chose que du bavardage en studio, avec des bonheurs divers. A mon sens ni Garapon ni Sylvain Kahn ne sont des producteurs de radio. En 15 ans pour l'un, 8 ans pour l'autre, ils n'ont fait qu'importer leur expertise, chacun dans sa matière, mais leur apport radiophonique/culturel est nul et leur style est plus proche de celui d'un RFI engagé que de celui de France Culture.

Well, après cet échange de points de vue dont pour ce qui est du mien je dépose illico le détail dans cet autre fil, on trouvera dans le post suivant l'échange de coups de feu ou plutôt l'échange d'une mitraille assurément moins perforante que celle qui à 13 ou 14 reprises fit la joie masochiste du jeune Junger en lui trouant la paillasse sans jamais lui plomber le citron.

./...



Dernière édition par Nessie le Mar 22 Avr 2014, 02:58, édité 7 fois

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Re: Répliques, Alain Finkielkraut -

Répliques, Alain Finkielkraut     Page 35 sur 67

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