Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

7H. Le journal d'Anne-Laure Chouin, aussi brillante présentatrice que journaliste.
Avec la plus grande assurance, elle nous affirme que von der Leyen a "plaidé pour l'envoi de Poutine devant la Cour pénale internationale". Dans un extrait de l'entretien donné par la présidente de la Commission au Bild Zeitung diffusé à la suite, celle-ci répond à une question lui demandant si Poutine devait être traduit devant la CPI, : "Je pense que ce devrait être possible."
C'est ce que Chouin appelle "plaider pour", c'est ainsi que l'on manipule l'opinion.

Un peu plus loin Erner interroge la conservatrice des collections de la BNF-Richelieu. Il annonce froidement, puis le répète, que le bâtiment a été fermé au public pendant 12 ans. "Et pourquoi a-t-elle été fermée pendant 12 ans ?". La conservatrice le corrige et confirme ce que toute le monde sait et en particulier ses utilisateurs : la BNF n'a pas été fermée pendant 12 ans. La grande salle de lecture, oui (et pas 12 ans), mais les autres salles ont fonctionné à peu près normalement. Erner ne se rend même pas compte de l'énormité de ce qu'il dit et ne s'excuse pas une seule fois de son erreur.

Passons sur la manière de présenter la rentrée étudiante. Les frais de rentrée s'élèvent à 1350 € nous dit-on, enfin nous dit la FAGE, syndicat étudiant bien marqué à gauche. Un de ses responsables "plaide" pour que les bourses suivent l'inflation etc. Son intervention rejoint un article lacrymal paru hier dans le Monde, toujours issu d'une conférence de presse de rentrée de la FAGE. La France est un pays de misère, les étudiants sont donc des miséreux, obligés de manger au Crous (là, je le les plains un peu), et de travailler double. Une jeune fille redoublant sa deuxième année d'un mystérieux mastère à 26 ans apporte son témoignage. Elle est partie deux mois à l'étranger pour un stage et n'a pas payé son loyer à Paris. Comment va-t-elle faire?

Un peu l'impression que la fine équipe du matin joue au journalisme.

Ce matin, à partir de 7 h 30, Dominique Méda, en promo pour son livre "les années Macron", dont elle rappellera trois fois la parution en une demi-heure. Mais qu'allez-vous penser ? Elle est là pour parler de la brillante manifestation d'hier, celle dont FC ne cite même pas les chiffres piteux de participation : 30 000 participants selon l'Intérieur, 29 500 selon le cabinet Occurrence, 140 000 selon LFI.
Mais pour Méda ce n'est que le début du magnifique déploiement articulé des luttes sociales . Elle devrait demander à la CGT ce qu'elle en pense…

Méda est sociologue multi couronnée, mais ici nous avons une Méda purement militante, celle qui s'exprime régulièrement dans Le Monde et déclenche des salves de commentaires hilares ou assassins. Elle y est surnommée Madame Yakafaukon.
Ce matin, sa spécialité est la réécriture de l'histoire, sachant qu'elle avait, bien sûr, tout prévu comme le prouve une question banale qu'elle avait posée au PR en 2018 (et qu'elle rappelle dans son livre, nous dit-elle).

Elle pense sérieusement que sur le court et moyen terme, l'investissement massif dans les technologies de transition permettrait ou aurait permis une "vie moins chère".

Nous avons donc là un discours militant, plus ou moins bon enfant d'une dame un peu dépassée ne connaissant rien à l'économie et cachant bien ses connaissances en sociologie qui devraient être la seule raison de son invitation.

Elle était le choix de FC au lendemain de l'échec du grand déferlement de la gauche prévu pour hier. Pour le faire oublier?

Humour ernérien: dans son billet d'humeur qui doit se terminer par un trait d'humour, Erner trace un portrait bourdieusien du nouveau Premier ministre britannique, "dominant parmi les dominants", richissime (essentiellement la fortune de sa femme, épousée par "stratégie maritale" selon Guillaume Gala Erner), MBA (l'horreur), a travaillé pour Goldman Sachs (pouah). Rien sur sa religion, alors qu'il pratique l'hindouisme et ne s'en cache pas. En revanche, sur ce plan, Erner cite Disraeli "très particulier parce que particulièrement juif" (Ah bon? Disraeli était converti à la religion anglicane). Erner fait de Rishi Shunak une exception raciale, signe de l'ouverture de la société britannique. C'est vrai, mais pas sûr que ce soit actuellement le problème à Westminster.
Le billet se termine par le trait d'esprit attendu : "Shunak montre que de ce côté de la Manche on (indien, brun de peau, immigré) peut aussi être du côté du manche." Riez.

Shunak a été accepté par les Conservateurs parce qu'il est un des Britanniques les plus brillants de sa génération, parce qu'il répond à tous les codes de l'élite anglaise, parce qu'il ne bousculera pas (du moins l'espèrent-ils) l'organisation du pouvoir dans ce pays, parce que Cameron +Johnson + Truss ont plongé le pays dans une crise économique catastrophique dont personne ne sait comment se sortir.
Shunak est la dernière carte des Conservateurs pour être, un peu, pris (repris) au sérieux.
Son "immense fortune" (850 millions de £, essentiellement à son épouse) comme nous le répétera l'animatrice succédant à Erner est un détail.

Ce matin, Erner reçoit Daniel Schneidermann d'Arrêt sur Image, un site critique des médias dont on ne parle plus beaucoup, et Isabelle Roberts, directrice des Jours, ce site créé par des anciens de Libé qui cherche toujours sa rentabilité.
Sujet: l'incident Hanouna/Boyard sur une des chaînes de Bolloré.
Rappelons qu'Arrêt sur Image n'est pas vraiment fan de Bolloré et que I. Roberts a écrit un livre sur/contre Bolloré, ce qui situe le débat.
Ceci n'empêche pas Schneidermann de critiquer la dernière émission d'Hanouna sur l'incident au prétexte que tout le monde était contre le pauvre petit "chéri" Louis Boyard ex-chroniqueur de l'émission qui venait de cracher et de recracher dans une soupe qu'il jugeait jusqu'alors excellente, comme sa consœur en LFI, Garido, ou l'excellente Mathilde Panot qui y était encore la semaine précédente.
Il poursuit en regrettant que dans les médias on ne puisse pas parler des problèmes internes de ces mêmes médias. On ne peut pas critiquer Le Monde quand on est journaliste au Monde (il a été licencié pour ça), on ne peut pas critiquer Bolloré à Europe I, Paris-Match, etc, on ne peut pas parler des problèmes internes de France Culture… Quoi ! What ! Non mais ! Là, il est sèchement coupé par Erner qui change brusquement de sujet.
On se rappelle alors de la petite bombe lancée par Libé il y a un mois sur le comportement autoritaire de la direction de FC, dont les auditeurs ne surent rien, et aussi de la pétition de soutien à la directrice lancée courageusement par Erner et qui n'eut qu'un seul signataire, lui-même, d'après le Canard.
Bien entendu, une discussion sérieuse, avec des aperçus historiques, sur les "droits" de l'actionnaire en matière de presse et de liberté d'expression des journalistes salariés n'a pas eu lieu. Juste des critiques.

Rappel du billet précédent signé Munstead :

Ce matin, Erner reçoit Daniel Schneidermann d'Arrêt sur Image, un site critique des médias dont on ne parle plus beaucoup, et Isabelle Roberts, directrice des Jours, ce site créé par des anciens de Libé qui cherche toujours sa rentabilité.
Sujet: l'incident Hanouna/Boyard sur une des chaînes de Bolloré.
Rappelons qu'Arrêt sur Image n'est pas vraiment fan de Bolloré et que I. Roberts a écrit un livre sur/contre Bolloré, ce qui situe le débat.
Ceci n'empêche pas Schneidermann de critiquer la dernière émission d'Hanouna sur l'incident au prétexte que tout le monde était contre le pauvre petit "chéri" Louis Boyard ex-chroniqueur de l'émission qui venait de cracher et de recracher dans une soupe qu'il jugeait jusqu'alors excellente, comme sa consœur en LFI, Garrido, ou l'excellente Mathilde Panot qui y était encore la semaine précédente.
Il poursuit en regrettant que dans les médias on ne puisse pas parler des problèmes internes de ces mêmes médias. On ne peut pas critiquer Le Monde quand on est journaliste au Monde (il a été licencié pour ça), on ne peut pas critiquer Bolloré à Europe I, Paris-Match, etc, on ne peut pas parler des problèmes internes de France Culture… Quoi ! What ! Non mais ! Là, il est sèchement coupé par Erner qui change brusquement de sujet.
On se rappelle alors de la petite bombe lancée par Libé il y a un mois sur le comportement autoritaire de la direction de FC, dont les auditeurs ne surent rien, et aussi de la pétition de soutien à la directrice lancée courageusement par Erner et qui n'eut qu'un seul signataire, lui-même, d'après le Canard.
Bien entendu, une discussion sérieuse, avec des aperçus historiques, sur les "droits" de l'actionnaire en matière de presse et de liberté d'expression des journalistes salariés n'a pas eu lieu. Juste des critiques.

                                                                                                                    
France Culture n'est pas la Corée du Nord, mais un oasis de liberté. L'esprit d'ouverture.

Les révélations de Libé sur France Cu ? Reprises par L'Obs et même, oui, même par Téléram' (avant d'être oubliées parce qu'étouffées dans l’œuf, circulez c'est bon on passe à autre chose).
Zéro minute d'antenne consacrée aux cadavres dans le placard. Aucune explication donnée aux auditeurs.

De radio culturelle, France Cu est devenue une radio de commentaires d'actu et de promos à la chaîne. Les producteurs sont sans aucune personnalité, fades, interchangeables, alignant au pire des blagues de kéké qui ne font rire que ceux qui n'ont aucun humour.
La com' est verrouillée à mort, les lettres publiées par la médiatrice sont comme les programmes : bâties sur le même moule, et interchangeables. Les lettres du mois prochain seront celles du mois dernier et réciproquement.

Comme chaque jour, France Cu rejoue la parabole de la paille et de la poutre en ramassant dans le caniveau tous les clash & buzz qui trainent, pour tenter de faire monter l'audimat au plus haut. Ces Matins clash & buzz, ils nous ont offert les sonores du clash & buzz de C8, mais attention, c'est de la sociologie là, c'est pas d'la merde ! Pourtant, nos oreilles, trompées par un mirage diabolique, n'entendent que du rabâchage de rabâchage de rabâchage de généralités, sans aucun recul, niveau débats de chaînes info.
La médiatrice, n'en doutons pas, nous sortira de belles lettres où les Matins seront félicités pour leur intelligence et leur fraîcheur. Des bulles d'intelligence dans un océan de médiocrité.

Voici l'extrait évoqué dans le billet de Munstead.
                                                                                                        [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/22076-16.11.2022-ITEMA_23198539-2022C16450S0320-21.mp3 " debut="17:11" fin="17:47"]

Daniel Schneidermann, son métier consiste à observer les médias. Alors l'affaire Sandrine Treiner, il ne va pas nous faire croire qu'il ne la connait pas. Cet observateur critique n'a pas cru bon d'ouvrir le placard.  Peut-être a-t-il tendu une perche à Guillaume-le-boss-de-la-pétition-de-soutien-à-sa-boss. Ce n'est même pas certain.
Ce qui est certain : France Cu barbotte dans la boue pour augmenter son audience à tout prix, et refuse de sortir ses cadavres du placard, par pur esprit d'ouverture cela va de soi.

Autre rappel, billet de Romain du 22 septembre.

Dernier rappel avant fermeture, un autre billet du 22

L'article de Libé a en quelque sorte le cul entre deux chaises.
D'un côté ils veulent dénoncer un management dictatorial. Le fait que cela sorte maintenant alors que les faits doivent être connus des journalistes depuis le début est stratégique : c'est la fin de règne pour la directrice, donc ça ne coûte pas grand chose de faire le lanceur d'alertes. Libé bombarde toute l'équipe de direction. Le discret Jean Béghin en prend pour son grade. Mais aussi on peut lire des témoignages plus nuancés.
D'un autre côté, Libé ménage avec complaisance, et ne fait pas le lien, entre la quête d'audience à tout prix, et la qualité médiocre des programmes. Les programmes sont globalement épargnés par l'article, qui évite de critiquer le contenu de la grille. A l'arrivée, l'article n'est pas sans contradiction : management horrible, maltraitance d'employés, l'audimat comme seul objectif de la chaîne, et en même temps des programmes qui sont, à lire l'article, dignes d'une radio culturelle de service public et qui remportent, à juste titre comprend-on, un franc succès auprès d'un public de plus en plus nombreux. Le conflit d'intérêt est évident. La mainmise de la directrice sur le contenu des programmes l'est aussi, encore plus depuis cette rentrée, mais elle est passée sous silence.
Les témoignages, souvent anonymes, d'employés signalés comme hauts placés dans l'organigramme de F.C sont affligeants, mais l'auditeur de France Culture, lui, fait parfaitement le lien entre ce qu'il entend dans le poste, et l'ambiance générale au sein de la chaîne.

Ce matin, vers 7 H 35 , Mattéo Caranta est à la manœuvre dans "Open Source".
"Open Source" est une chronique qui consiste à aller prendre chez les confrères  de la presse écrite une enquête et à la diffuser à l'antenne. C'est économique, pratique, facile.

Aujourd'hui, le journaliste nous offre sur un plateau une enquête de Libération sur les arnaques à la formation. Enfin pas vraiment, les arnaques, c'est pour l'accroche, pour le reste c'est une critique en règle d'une réforme "voulue par Macron", une réforme attendue depuis des décennies. Qu'il y ait des abus,  des profiteurs, c'est évident c'était le cas avant, ça le sera encore même si ce sont maintenant des "fonds d'investissement" (répété plusieurs fois) qui en profitent.

Mais en fait, c'est toute la formation que la journaliste de Libé remet en cause sans s'en rendre compte en citant des chiffres qui n'ont pas de sens en soi, pas d'importance. Son objectif est de dénoncer une réforme généralement saluée partout et qui compense les faiblesses, les lourdeurs, le manque de projection de l'Éducation nationale. Pas un mot sur les succès de cette réforme. Pas une fois la parole n'est donnée à des défenseurs de la réforme. Pas une fois !

Auparavant, Camille Magnard (un revenant ?) nous parle de formation (décidément) dans la filière nucléaire. Il nous cite les efforts qui sont faits, une section d'études spécialisées à Nancy qui refuse des élèves ('"mais je viens surtout pour me renseigner" dit une intervenante que l'on croit sur parole. ). Une petite voix positive, celle d'un formateur, est ensuite noyée dans des difficultés réelles ou fantasmées. Il nous faut rattraper un retard de deux décennies, retrousser les manches? La conclusion de Magnard, grand spécialiste du sujet bien sûr,  est qu'il y a peu de chances qu'on y arrive.

L’essentiel ici est de continuer à être négatif, de terminer sur une note aigre (l'école Thomas Cluzel).

Hier, dans la même veine, Patricia Loison anime un débat sur le rôle des cabinets conseils dans la supposée affaire McKinsey sur France Info. Ses invités? Une porte-parole d'Anticor et un porte-parole d'Attac. D'avance, on pouvait être sûr de l'objectivité  du débat. Et tout ça sur une chaîne du Service public…