Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Et pendant que les Ukrainiens se battent et meurent, pendant que Poutine bombarde un théâtre où sont réfugiées 500 personnes, pendant que la campagne électorale présidentielle se déroule tant bien que mal et qu'on accuse le président de refuser le débat alors qu'il donne une conférence de presse, que fait FC aujourd'hui ?
La grève. Pour d'obscures raisons. Ah oui, la baisse du pouvoir d'achat alors qu'ailleurs ce matin, l'OCSE, gentille officine de gauche, annonce qu'il a augmenté de 7%!

Sans commentaire supplémentaire si ce n'est une question: qui est chargé de la programmation musicale de m…e pendant les grèves de FC?

Journal de 8 H. Anne-Laure Chouin joue aux présentatrices. Du métier, elle retient surtout la précipitation, l'effet logorrhée.

Sur les cérémonies pour le retour du corps d'Yvan Colonna, elle dit: "Colonna auquel a été imputé le meurtre du préfet Erignac." [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/14310-25.03.2022-ITEMA_22974428-2022C2718S0084-21.mp3" debut="09:53 fin="10:03"] On ne lui a pas imputé le meurtre, il a été accusé de meurtre, condamné pour meurtre en première instance et en appel.

Plus loin, sujet sur l'élection du nouveau secrétaire général de l'OIT.
Le candidat africain a "l'appui des Africains et de syndicats de travailleurs". Il est opposé à Muriel Penicaud, "qui a été poursuivie à 671 reprises pour infractions à la réglementation sur le travail lors de son passage à Business France".  [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/14310-25.03.2022-ITEMA_22974428-2022C2718S0084-21.mp3" debut="14:24 fin="15:01"]

Bien. Des poursuites ont été engagées par l'Inspection du travail pour des dépassements d'horaires (on n'est pas ici à la mine, mais dans une entreprise de RP et d'événementiel), de plus il est difficile de trouver le résultat de ces poursuites…condamnée, pas condamnée?
Ceci dit, il est clair qu'à travers cette présentation FC préfère nettement un Togolais, pays modèle pour le droit du travail c'est bien connu, à une ancienne ministre française du travail. Mais ayant appartenu à un gouvernement Macron, fatale erreur de carrière.

On ne demande pas à une radio du service public de soutenir à n'importe quel prix la candidature française, mais peut-être de la présenter plus objectivement, de ne pas lui savonner la planche…

Une fois n’est pas coutume, je tiens à signaler les Matins de ce vendredi, qui étaient, sont et seront, grâce à la réécoute, au podcast et à toutes ces inventions modernes qui nous facilitent la vie, et nous rendent plus intelligents en nous autorisant à réécouter les Matins de France Culture dans l’après-midi et non en direct en raison d’obligations professionnelles, sont et seront rappelle-je car nous avions dévié de la route radieuse et printanière, sont et seront l’un des meilleurs matins de France Culture depuis des lustres.

D’habitude, les Matins sont critiqués, raillés, démolis, et pour une fois que nous pouvons les glorifier, pourquoi ne pas le signaler à l’attention de toutes les oreilles averties qui sont nombreuses en ce pays où les idées fleurissent, toutes en contradictions les unes avec les autres, ce qui en fait sa grandeur, sa fierté, que toutes les dictatures nous envient.
Si j’en fais trop, et que j’ai encore déraillé, dites-le moi, tout de suite j’arrête. Comme vous dites rien, comme j’entends rien, on continue.

Ce matin, l’invité était Jacques Rancière. J’entends d’ici les critiques. Même si vous ne dites rien, j’entends quand même car j’entends ce que je veux entendre : «  Encore Jacques Rancière ! »
Oui, encore, et ça le mérite, parce qu’il vient de publier un livre, « Les Trente Inglorieuses » aux éditions La Fabrique et qu’à la lecture de ce livre, que personnellement j’ai déjà lu et que je vous conseille vivement, nous devrions nous sentir heureux que son auteur vienne nous en résumer les grandes lignes afin que nous le relisions ensuite (relire en ce qui me concerne, mais vous je sais que vous ne l’avez pas encore lu) pour saisir toutes les ramifications infimes et multiples qui s’échappent des grandes lignes sus-mentionnées, qui en raison de leurs innombrables grandeurs cachent une forêt de ramifications.

Guillaume Erner était cette fois-ci plus-que-parfait, et la profondeur des propos tenus sont tout à l’honneur de ce qu’il est en devoir d’attendre des devoirs du service public.
Jacques Rancière est pour l’émancipation politique, et nous abondons dans le même sens, en oubliant de nous demander dans un premier temps ce que signifie finalement l’émancipation politique. Émancipation à la tomate, à la mayo, à la béarnaise… ce mot a tendance à être mis à toutes les sauces.
« Dans un système démocratique comme le nôtre, de qui ou plutôt de quoi devons-nous nous émanciper ? » demande Guillaume Erner avec pertinence.
« Les grands idéaux égalitaires sont devenus peu à peu une arme de discrimination »  répond Jacques Rancière. Et ce sont de ces grands idéaux qu’il faut nous libérer. A ce moment précis, les Matins étaient d’une telle intensité que j’ai négligemment avalé un croissant et refait un café au lait pensant que j’étais le matin, alors que j’étais l’après-midi en pleine réécoute du podcast. Un Matin immersif. Croyez-moi, c’est exceptionnel. Une faille spatio-temporelle vous plonge direct dans le créneau 7h-9h-les-Matins-Guillaume-Erner. La réécoute est magique : à 15h, il est toujours 7h.
Mais comment font-ils ? Quel secret ? Quels mystères entourent la fabrication d’un tel joyau ?

Lorsque Jacques Rancière nous rappelle cette vérité première, à savoir que « la démocratie est la situation dans laquelle personne n’est qualifiée pour gouverner », nous sommes plongés dans un abîme, celui des profondeurs de l’immensité de la grandeur des abysses. Si personne n’est qualifié, nous sommes tous des incapables. Alors que faire ?
« Avec la démocratie, une règle du jeu est brutalisée par le fait même de l’existence des égaux. »
Faut-il donc rétablir les inégalités, alors qu’il y en a déjà plein ? Alors à quoi ça sert cette injonction d’être tous égaux alors que ce n'est pas vrai ? De quoi la démocratie est-elle le nom ? Faut-il repenser les inégalités démocratiques ? Quel est le niveau d’incompétence requis pour diriger une démocratie ? Un café ? Deux croissants ?
Toutes les réponses sont dans les Matins. Magnifique.

Alors clamons-le bien haut : ce Matin fut un vrai nectar, de l’ambroisie, et je vous conseille vivement de l’écouter plusieurs fois afin que votre petit déjeuner fasse partie des moments de votre vie que vous voudriez éternels.
Les Matins, un bout d'éternité à la portée de tous.

Je ne parlerai même pas des chroniques qui ce matin montraient tout le potentiel de cette matinale pas comme les autres : Bus Palladium, météo et horoscopes, avec des prévisions pour la semaine prochaine au sujet de l’averse de présidentielles qui va arroser le pays, gaz russe, fake news, et les rêves exaltants du rappeur Disiz, qui a fait ce rêve fou qu’on achetait son dernier alboum chez Universal.

Le 7-9, c’est toute la vie qu’on le veut. Merci Guillaume Erner, merci la direction, merci à tout le monde, merci à Dieu, à Vishnou, à Allah, à Bouddha d’avoir permis à de telles choses d’exister. Merci.

Écoutez à votre tour, et vous me remercierez.

Je me vois obligé d’écourter ce billet, j’ai la relecture du Jacques Rancière qui m’attend, et la réécoute de « Sans oser le demander » du jour qui, je vous préviens, est sacrément chiadé : « Pourquoi le luxe nous attire-t-il ? ».
Pourquoi être attiré par des trucs-machins qui ne servent strictement à rien ?
Une émission pour nous, les pauvres, qui ne pouvons que nous offrir le strict minimum pour notre survie : « Les Trente Inglorieuses » aux éditions La Fabrique.

Vers 7 H 10. Erner reçoit Sébastien Ropert, chercheur postdoctoral, enseignant à Polytechnique.
Les chercheurs se succèdent sur FC. Doctorants, post-doctoral, docteurs, directeurs de "laboratoires", émérites, tous leurs titres, leurs galons sont censés prouver leurs connaissances et surtout signaler leur autorité.

Ce matin dialogue entre Erner et son invité sur l'échec des Verts au premier tour des présidentielles. L'analyse du chercheur ne portera que sur les problèmes (lancinants) d'organisation interne d'EELV, et en particulier du manque de leadership. Pas assez de verticalité, respect scrupuleux des minorités etc., et c'est pour ça , ma bonne dame, que les Verts ont raté, une fois de plus le coche.

C'est un peu court. Et si beaucoup de Français intéressés par l'écologie, sensibles à la détérioration du climat, convaincus de la transition énergétique n'avaient pas voté Vert parce que ceux-ci ont été incapables de présenter des idées, un programme, adaptés à la situation actuelle et au contexte de la guerre en Ukraine.

L'opposition continue et absolue au nucléaire, la fin programmée à court terme du moteur thermique vécue par beaucoup comme une coûteuse menace, l'implantation de milliers d'éoliennes aux performances discutables, etc. À tout cela, le brave mais peu convaincant candidat Jadot, n'a pas apporté de réponse crédible en 2022. Il a passé sa dernière semaine de campagne à batailler contre … la chasse à courre !

Bref, nous avons eu droit à une moitié, un tiers d'analyse. Les Verts se sont effondrés au fil de la campagne parce qu'ils ont été incapables d'apporter des solutions économiques viables, acceptables. Ils en sont restés à leurs contes de fées, à leur dogmatisme, à une approche punitive. Pour ne pas parler de leur fascination pour Mélenchon, certains comme F. Rousseau annonçant leur ralliement à celui-ci au cas où. Résultat : 4,6%. Bien payé.

FC devrait mieux sélectionner ses intervenants.

Stéphane Robert s'exprime bien. Clairement. Sa diction est excellente. Il n'essaye pas de battre des records de vitesse d'élocution. Encore bravo.

Le problème est qu'il n'a généralement rien à dire.
Il reprend quelques idées qui traînent dans les autres médias depuis des jours ou des semaines, en fait un joli bouquet, bien ordonné  qu'il pose sur la table du petit-déjeuner. Ce matin, il n'avait rien à dire sur MLP. qui n'ait pas été dit mille fois. Ça ne l'a pas empêché  d'en faire sa rubrique.
Stéphane Robert et Frédéric Says, les deux phares siamois de la non-pensée politique sur FC.

Ce n'est pas le cas de Guillaume Erner. Il a des choses à nous dire, en particulier quand il s'agit de porter la parole des autres ou de se faire l'avocat du diable.
Ce matin sur l'Ukraine le matou Erner présente une idée de "certains" qui serait de cesser d'envoyer des armes à l'Ukraine. Concrètement qu'ils s'étripent entre eux. On comptera les morts et les crimes de guerre et le meilleur aura gagné. Aura gagné l'Ukraine vraisemblablement.
Ce que Erner ne nous dit pas, c'est qui sont ces "certains".
Ce sont Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen… Ces deux-là nous donnent sur ce sujet une bonne illustration de la rencontre des extrêmes.

Erner tient aussi absolument à comparer la situation actuelle à la guerre de Yougoslavie, oubliant qu'il y a une sérieuse différence entre une guerre civile provoquée par l'éclatement d'une fédération et l'agression d'un pays contre un autre. Les intervenants protestent, Erner continue son petit bonhomme de chemin stratégique qui consiste sans doute à mettre en cause la très méchante OTAN qui a humilié là encore la Russie.

Dernier point. Erner: "atrocités, crimes de guerre, génocide… chacun en jugera." Non, le génocide a une définition précise en droit international. et dans tout bon dictionnaire. Si génocide il y avait, l'ONU devrait intervenir immédiatement. Contrairement à ce que disent les Ukrainiens (mais on peut, eux, les comprendre), la Russie ne veut pas les effacer de la surface de la terre. Les enjeux russes sont ailleurs.
Bref, l'invitation-caution de chapeaux à plumes universitaires n'empêche pas FC de maintenir sans panache la médiocrité orientée de son journal du Matin

Ce matin, Guillaume Erner reçoit Emmanuel Macron.
On sent le lapin Erner tétanisé par son interlocuteur qui roule intellectuellement plein phares.
Le léporidé se contente de poser des questions de base, et ses essais de controverse (la violence policière, ND des Landes — oui, encore elle !) tombent vite devant les arguments de son adver… pardon invité, et il n'a ni le courage ni l'envie, ni les moyens peut-être de répondre, de reprendre, de poursuivre.

Une petite remarque au passage.
EM parle de l'extrême-droite pour MLP et de l'extrême-gauche pour JLM. Extrême-gauche ! s'offusque le lapin, non, c'est "la gauche populaire". On apprend ainsi que FC a défendu pendant des mois la gauche populaire poutinienne. EM lui rétorque cependant qu'il devrait mieux lire le programme des Insoumis : contestation du capitalisme, décroissance, changement de constitution, annulation de la dette, etc. et qu'il y avait une autre gauche, historique, défendue par le PS, les Verts dans une certaine mesure (enfin pour certains d'entre eux), qui ont obtenu le succès que l'on sait. Le lapin se tasse, reste coi.

Ce matin, le grand invité de Guillaume Erner est Patrick Artus, l'économiste médiatique bien connu. On l'aime ou pas, mais on peut l'écouter.

Ecouter Patrick Artus a été très difficile ce matin. Erner avait décidé de s'inviter lui-même et ne cessait de couper l'économiste, de parler sur lui, de changer de sujet au milieu de ses réponses. Au total, un entretien inaudible, déstructuré, brouillon, bouffon. On sentait même à un moment (sur MLP) qu'Artus commençait à en avoir assez… et Erner de continuer à tenter de construire ses phrases alambiquées avec enfilage de propositions, d'incises, de parenthèses, de digressions et de "euh".

Erner est sociologue, diplômé comme il nous l'a dit un jour sur ce fil, il n'est pas  économiste et devrait, par modestie éviter de faire croire qu'il a des compétences dans ce domaine. Mais l'homme-orchestre des Matins (zim-bam-boom-tutut-twit) ne peut s'en empêcher… Plus les années passent, plus il se croit l'égal de ceux qu'il interroge (voire supérieur à) dans leur domaine, et c'est là toute son erreur.

J'oubliais… pour amateurs seulement: juste avant la seconde partie de l'entretien avec Artus, écouter et réécouter le billet de Frédéric Seys. Un invraisemblable concentré de clichés, phrases toutes faites, expressions éculées ou dans l'air du temps, rimes, allitérations, mots rapprochés de leur contraire, bref, un concentré de procédés rhétorico-littéraires. Presque amusant.
Et cela a du sens? Mais de quoi parlez-vous?

Ce matin, à 7 H 40, Erner reçoit un journaliste de l'Opinion et une "conseillère auprès du président de l'IFRI" (?).
Tous deux s'accordent rapidement pour dire qu'il n'y a pas grande différence entre EM et MLP dans les domaines de la politique internationale et de la défense. Le journaliste s'appuie sur la profession de foi de la candidate, la conseillère sur pas grand chose.
Ces deux spécialistes sont sans doute équipés de lunettes à verres sélectifs qui les empêchent de voir la différence entre le nationalisme exacerbé de l'une et l'ouverture à l'Europe et au multilatéralisme de l'autre.
Le journaliste sentencieux ne voit dans le non-alignement revendiqué de MLP (qui signifie une rupture avec nos alliés) qu'une posture puisqu'après avoir quitté le commandement intégré de l'OTAN elle irait quémander un accord stratégique de défense auprès de Biden. Cette belle manœuvre relèverait plus du contorsionnisme de cirque que de la diplomatie. On imagine l'empressement des Américains à répondre qu'il existe une structure d'accueil qui a fait ses preuves pour ce type d'accord stratégique, elle s appelle l'OTAN. Le journaliste rappelle aussi que c'est la même posture que JLM, ce qui fait frétiller de gêne Guillaume Erner.
Mais ce sont des postures, bonne gens, ne vous inquiétez pas. On quitte l'OTAN, on dit adieu à tous nos alliés, conteste le droit européen, exige la baisse de nos cotisations, se rapproche de la Russie poutinienne ? Ce ne sont que des postures… Pendant ce temps, la conseillère, elle, ne voit toujours pas grand chose.

Comment choisit-on les intervenants sur FC ? Aujourd'hui, c'était mauvaise pioche.

Pas d'état de grâce, à peine 24 heures.
Le PR a été réélu à 20 heures dimanche, le mardi la rédaction politique de FC est au travail. Au journal de 7 h30, grand sujet sur les écologistes (EELV les Verts) dénonçant la politique de Macron, contestant ses promesses de campagne. Est interrogé un responsable d'ONG verte qui réfute toute action positive du futur gouvernement (pas encore nommé et qui sera certainement modifié après les législatives).
C'est un peu lassant. Le PR a fait des promesses fortes dans ce domaine , ne peut-on attendre quelques jours, quelques semaine avant qu'elles ne se matérialise ? Cette attente ne relève-t-elle pas du domaine de la simple raison ?

Que des responsables politiques contre-attaquent, en voulant faire oublier les résultats de leur échec magistral (4,5% au premier tour…), qu'ils lancent leur campagne législative maintenant sur un thème hypothétique (il ne tiendra pas ses promesses), c'est de bonne, ou de mauvaise guerre mais
ce sujet, cette intervention, ce traitement du sujet étaient, en termes d'information, de contenu informatif d'un journal quotidien, prématurés et sans aucun intérêt, faut-il le préciser. En termes politiques, par contre…

Complément amusant.
Devinez qui est l'invité principal du journal de 12 h 30 de Camille Magnard? Julien Bayou, le secrétaire général des Verts. C'est décidément leur journée sur FC. Même discours. JB rend hommage à la brillante campagne de Jadot à l'antenne et quand on lui fait remarquer qu'il a dit le contraire quelques jours plus tôt dans un mail interne au parti, il répond "Mais c'était un mail interne!"
Que FC se prête à ce jeu, 36 heures après la proclamation des résultats, c'est une autre histoire.