Christian Merlin est si décidé à faire de son émission un lieu de joie partagée et de bonne humeur qu'il passe près de la faute lorsqu'il s'agit de traiter des sujets délicats. Ainsi de donner l'impression, dans
L’orchestre, mais lequel ? (3/4) : permanent ou intermittent ? du 31 août 2022, que les orchestres non subventionnés composés de musiciens freelance, plus "souples, flexibles et efficaces", tels que présents au Royaume-Uni et aux États-Unis, pourraient être des modèles.
Un orchestre est une nomenclature d’instruments mais aussi une institution dotée de ressources humaines, autrement dit une entreprise. Les différences sont majeures entre les orchestres permanents dont les musiciens sont titulaires de leur poste, et les orchestres intermittents ou « au projet », qui ne se réunissent qu’en fonction d’une production spécifique.
Il se rattrape à peine, dans le 4e volet, en qualifiant de "dure loi" celle du "no work, no pay" et en mentionnant que le "Met" n'a pas payé ses musiciens pendant un an et demi durant les restrictions administratives liées au Covid aux États-Unis :
L’orchestre, mais lequel ? (4/4) : modèles économiques du 1er septembre 2022.
Qui dit modèle social dit aussi modèle économique : il existe de grandes différences entre les orchestres où les musiciens titulaires sont salariés au mois et ceux où les membres ne sont rémunérés qu’à la prestation. Parmi les premiers, on distinguera entre les formations d’Europe continentale où la culture est subventionnée, et les phalanges américaines à financement privé. Avec la variante londonienne où les musiciens sont titulaires de leur poste mais sans salaire mensuel. En culminant sur le Philharmonique de Vienne qui parvient à réunir tous les modèles existants !
C'est aller vite en besogne pour évoquer la situation des musiciens classiques pendant et après cet arrêt de carrière forcé sans compensation.
Deux chercheuses se sont penchées sur l'impact de cet événement sur les musiciens classiques au Royaume-Uni dans une étude publiée le 30 mai 2022 :
One Year on: The Impact of COVID-19 on the Lives of Freelance Orchestral Musicians in the United Kingdom Susanna Cohen & Jane Ginsborg.
Le résumé :
Abstract
Before the drastic disruption caused by the sudden emergence of the COVID-19 pandemic, 85% of the United Kingdom’s 14,000 orchestral musicians were self-employed freelance workers, engaged in busy and varied portfolio careers comprising a combination of orchestral, West End theatre, chamber music, and commercial recording work. Between May and June 2020 we carried out a first study examining the impact of the pandemic on the lives of 24 self-employed orchestral musicians, all established freelancers. Twelve were mid-career and 12 were late-career (described in that study as “seasoned”). They all reported having lost their much-loved performing careers, missing music making and colleagues, and being anxious about the future of the music profession. However, there were some differences between the two groups: the late-career participants demonstrated greater financial and emotional resilience, while the mid-career musicians reported distress, confusion, and anxiety about their identity as musicians. In the present follow-up study, we aimed to examine the impact of the first year of the pandemic on the lives of 21 of the same musicians. We found that while all the mid-career participants remained committed to their performing careers, many late-career participants aged 54–59 had developed interests in non-performing music work, and the older late-career participants, aged 65 and over, feared that they might already, de facto, have retired. We discuss the findings with reference to the precarity of freelance orchestral musicians’ lives, lifespan models of musicians’ careers, self-determination theory and post-traumatic growth, and their implications for music colleges and musicians’ support organizations.
Keywords: coronavirus, portfolio career, identity, music performance, post-traumatic growth, self-employed
Extrait de l'introduction :
Unlike most European countries where they tend to be salaried, over 85% of orchestral players in the United Kingdom were self-employed as members of freelance orchestras, on short term contracts as extra or deputy players, or on an ad hoc basis (Teague and Smith, 2015; Association of British Orchestras, (ABO), 2019; Willis et al., 2019).