Depuis que Poivre Jeune est aux commandes, l'auditeur de FC est de nouveau confronté à la manie des journées spéciales. Je ne sais pas trop si c'est une bonne ou mauvaise chose, mais ça m'a tout l'air du gadget et de la fausse bonne idée. Il y en a tellement qu'on se demande si un jour la véritable journée spéciale ne sera pas, au contraire, celle qui n'est pas thématique-spéciale-événement-thème-du-jour. Cela dit, briser la monotonie ça doit bien être une qualité. Et puis la réactivité lors d'une disparition, c'est probablement aussi une qualité. Mais enfin quand on a une soirée complète + nuit spécial hommage à un disparu, le lendemain d'une spéciale thématique qui était déjà bien lourdingue, avec les effets collatéraux de cette manie événementophile (émissions régulières annulées, séries mutilées avec des numéros qui ne seront jamais diffusés : A voix nue, Feuilleton) on voit bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
D'ailleurs, la disparition d'Edouard Glissant n'est pas un événement. C'est sa vie et son œuvre, qui en ont été un. Hélas, à FC tout comme dans les médias que la chaine passe son temps à copier, l'événement c'est ponctuel. Donc l'événement c'est sa mort et pas sa vie. Dommage, dommage, car la culture ça devrait être bien autre chose que du ponctuel et de l'ultra-présent ramassé dans le temps. La culture c'est pas ce qui reste quand on a tout oublié, la culture c'est ce qui reste, point final. Et ce qui restera d'Edouard Glissant c'est pas la journée de sa mort, c'est les années de sa vie. On me dira que c'est bien de ça qu'on a parlé dans la flopée d'heures qu'on lui a consacrées, oui admettons. Mais fallait-il y mettre, en plus du midi, une spéciale dans l'après-midi plus la soirée et la nuit ? Peut-être bien, mais moi j'aurais préféré que le même temps d'antenne, et même davantage pourquoi pas, se trouve réparti sur une période plus longue : sur une semaine ou une quinzaine. Ca aurait touché beaucoup plus d'auditeurs que cet enterrement qui se dit en grandes pompes, mais qui finalement, parce qu'il est ramassé en quelques heures, se fait quand même à la sauvette, et ne touchera pas ceux qui n'ont pas branché leur radio entre vendredi midi et samedi matin.
Au lieu de quoi on nous force et ensuite ... bah, on peut l'oublier, liquider le personnage son œuvre sa place son importance. Importance dont je ne sais rien, je ne voudrais pas jouer ici celui qui sait, mais importance que je devine réelle. Alors on vous envoie 12 h de gavage sur Edouard et ça ira bien. Ben non ça ne va pas. On expédie le cadavre, voila ce qu'on fait à FC, comme on expédie le boulot. Ceux qui n'étaient pas au bout de la chaine de réception, ceux qui avaient zappé déjà gavés par les 24h de spéciale de la veille, ceux qui en ont marre du gavage en général, ceux qui font autre chose le vendredi soir, ils sont passés à côté de l'hommage à Edouard Glissant. Le même hommage dispensé à doses raisonnables, pendant une semaine ou deux, eût touché bien plus d'auditeurs.
Admettons que l'intention soit bonne, imaginons que ça ne soit pas simple réflexe journalistico-culturel sur ce qu'on croit faire événement ouaaais Coco j'en tiens un gros là c'est bon, oui oublions tout cela et demandons-nous : avec 12h d'affilée sur Edouard Glissant, est-ce qu'on touche plus et mieux l'auditeur, est-ce qu'on donne à Glissant plus et mieux d'écoute ?
C'est la seule question qui compte .
Il est évident qu'à FC on ne se la pose pas.
Comme bien d'autres questions, d'ailleurs ...
Voila pourquoi cette radio, de vouloir être de plus en plus écoutée, est de moins en moins écoutable