Le 22, journée spéciale « Radio France mérite votre confiance ».
La journée commence par
un billet d’humeur, car quoi de plus ambitieux pour une radio culturelle qu’un billet d’humeur.
Ce billet sera signé du grand maître de la mamate, Guillaume le Pluraliste.
Les citations qui suivent, tirées et bues, proviennent donc de ce merveilleux billet d’auto-promo.
La grande qualité, l’infinie richesse de cet opus mamatinal ne permet pas à l’individu moyen d’en dégager la plénitude de son sens.
Un décryptage s’impose. Et je vous dis pas comme j’ai galéré…
Un travail de longue haleine, car il a fallu vérifier l’info et recouper les sources avant qu’elles ne se transforment en rivière en crue.
« En ce jour où Radio France célèbre l’information, nous voici dotés d’une charte »
C’est le fameux contrat de confiance.
L’idée provient d’un immense brainstorming de conseillers en conseils de marketing, de conseillers en conseils en communication et de conseils de mise en valeur de la marque Radio France Conseil Marketing.
Enfin un truc comme ça, il me semble que j’ai oublié quelques conseillers en conseils.
« alors pas une cathédrale de chartes, mais une liste de huit principes que je vais rapidement vous énumérer. »
Le jeu de mots a été fourni par le conseiller marketing et communication en jeux de mots de Radio France.
L’énumération est un outil dangereux, c’est souvent une promesse d’ennui. Donc vite un calembour.
« Tout d’abord les faits, les faits sont sacrés, autrement dit, ils sont vérifiés, sourcés comme on dit dans le jargon, autrement dit proposés par des sources fiables, et les faits se distinguent nettement des opinions, on ne mélange pas les uns et les autres. »
Par exemple, si l’écoute d’un billettiste vous ennuie, c’est votre impression personnelle, ce n’est pas forcément un fait sacré (amen) vérifié par un contrôleur assermenté et sourcé comme une bouteille de Vittel.
Par contre, si à l’écoute d’un billet des mamates, vous plongez au bout de dix secondes dans les bras de Morphée, c’est un fait. Reste plus qu’à le recouper avec d’autres billets de mamates durant lesquels vous replongeâtes pour terminer votre nuit, et vous avez une info claire, nette, recoupée, vérifiée et tamponnée en trois exemplaires par la direction des conseillers en conseils com’ & marketing.
Pour résumer : Guillaume le Sourcier ne vous prend pas pour des cons.
« En outre, l’information que nous vous proposons se doit d’être rigoureuse et honnête, cela va de soi, balancée, autrement dit équilibrée et pluraliste, et bien sûr ... »
Pas de problème. Avec tous les multi-pluri-poly-invités des mamates (et autres émissions), toute la multiplicité de la provenance des sources (Sciences Popo/ EHESS), et quelques intrus de temps en temps pour dire qu’il y a effectivement de la pluralité, il faut arrêter de chercher les petites bêtes, tout va presque bien.
S’il n’y avait nul problème, pensez-vous que les conseillers en conseils auraient imposé cette journée spéciale « contrat de confiance » ?
Les invités de ce mamate spécial : une multi-poly-invitée qui vient offrir un point de vue varié sur la situation internationale, puisqu’elle ne revient pas toujours sur France Cu le même jour, et carrément, ne chipotons pas, allons-y franco, une productrice de la chaîne qui vient de publier justement un livre sur la question (éditions de L’Observatoire, of course).
Ce qui nous amène à la phrase du Maître que je coupis tout à l’heure.
« ...et bien sûr, libre et indépendante de tout pouvoir, ça tombe bien, nous n’avons pas d’actionnaire, et nous sommes une radio publique et non une radio d’État. »
Limitons-nous au quatrième pouvoir, celui de la presse. Ô combien de partenariats, combien de copinages ?
Plein plein plein.
Et je ne parle pas des copinages avec des éditeurs qui envoient avec régularité leurs auteurs dans les micros de France Cu.
Mariri du bouc cleub pointe chez un éditeur dont tous les auteurs viennent pieusement pointer en promo, et Didine des Midis Didine & Nico dirige une collection aux éditions de L’Observatoire. Comme le monde est petit finalement.
L’émission de popoésie, partenariat avec « La Croix Hebdo », Culture Monde, partenariats réguliers avec Libération, Mediapart, Le meilleur des mondes, partenariat avec Usbek & Rica, prix du roman des étudiants France Culture/Télérama…
« Enfin, en cas d’erreur, cela nous arrive évidemment, il importe de le reconnaître "asap" comme on dit, le plus vite possible, et de rectifier. Vos réactions, camarades auditeurs, sont précieuses, n’hésitez pas à nous faire savoir ce que vous pensez de notre manière de vous informer. »
Comme les critiques sont subtilement filtrées par la médiatrice en son milieu, la reconnaissance d’erreur est très rare. Vous n’avez qu’à aller sur la page de la médiatrice : que des éloges élogieux, ou alors des critiques de relous qui râlent sur l’utilisation d’anglicismes, ou sur la mauvaise place d’une virgule dans le flash info à 7h32'23''.
« Voilà pour les principes de l’information à Radio France... »
C’est déjà fini ? Il y avait huit principes annoncés, et nous mourrons tous sans connaître le quatrième. Aucune pitié.
Ou alors Guillaume le Sourcé s’est endormi après le troisième en composant son œuvre. Une information à prendre bien sûr au conditionnel du subjonctif.
« Voilà pour les principes de l’information à Radio France, la partie consciente, mais il existe aussi une partie inconsciente, ce que l’on pourrait appeler le surmoi de l’information... »
Je saute volontairement ce passage. Vous pourrez le lire sur le site si vous êtes en manque. C’est un hymne à la gloire de la perfection journalistique de Radio France. Petit bémol : il manque la Marseillaise en fond sonore, ou alors le final de la 9ème de Beethov'.
« À l’heure où celle-ci [l’information véritable, mais de tennis seulement] est menacée, par les intérêts des uns, les pressions, mais aussi les déformations délibérées des autres, Radio France peut précisément s'exonérer de ces contraintes ou de ces manipulations. »
Nous avons démontré dans notre décryptage l’inutilité de cette précision de Guillaume le Fiable.
« Et puis enfin (…) : cultiver la nuance. (…) la plupart des sujets d’actualité doivent être problématisés, présentés dans leur complexité et leur dialectique, alors même que les réseaux sociaux charrient des logiques de bloc. X, autrement dit Twitter, c’est et ce sera de plus en plus “Clash of camp”. Cultiver la nuance, parce que le pire des mensonges, en matière d’information, c'est souvent le simplisme. »
D’où l’absence de Guillaume le Nuancé sur X, d’où aussi la complexité des programmes de France Cu, qui, à force de répéter sans cesse que le monde est complexe, oublient bêtement, sans doute par faute de temps, d’expliquer en quoi.
La complexité du mônde selon France Cu : la trouille et les inégalités.
Tout le reste n’est pas réel.
Programmes du 21 : crimes de guerre / combattre sur les mers / comment la société pèse sur les individus / les mafias / Didine & Nico / deux récits de terreur (Les pieds sur terre, alias Les orteils dans les latrines) / crises sanitaires et pénuries de médocs / Sainte Françoise Dolto / Le Sursaut Radio Rapide (La Science CQFDPTDR, 5ème mise au point sur le sujet en trois ans seulement sur France Cu) /
à poil le nu / Re-crimes de guerre / Artiste en promo qui passe partout en ce moment / Activisme (à voix nue) / Fiction mal jouée (c’est un fait vérifié) / Perturbateurs endocriniens : menace sur la santé !
Fin des programmes complexes.