« 11 mai : 11 photographies du confinement analysées par deux sociologues de l'image
...Gianni Haver, est professeur de sociologie de l'image et d'histoire sociale des médias à l'Université de Lausanne (Suisse)
...François Cardi, est professeur de sociologie de l'éducation et de la formation, et en sociologie de l'art (photographie) à l'Université d'Évry
François Cardi : Elle est très touchante, car on voit bien qu'il y a tout un jeu de reflets et de transparence (…) Et c'est très troublant ce jeu de transparence et de séparation.
D'un côté, il y a une grande oreille, de l'autre, on a une petite oreille qui était très ourlée, très mignonne. Il y a des rides sur le visage de la dame (…) la main de la fille (...) esquisse un baiser. Elle (la vieille dame) lui rend son baiser mais sans la main et à travers la vitre. La vieille dame a aussi du rouge à lèvres, la petite fille a les lèvres rouges comme celles des petits enfants, ce qui est toujours en général très rouge et très mignon.
(…) Cette dame a l'air d'avoir accepté son âge, d'avoir accepté de faire des bisous à travers la vitre à cette petite gamine. La gamine est très contente aussi. Et il y a le sourire de cette dame qui est ineffable et même incroyable. J'aimerais bien avoir une grand mère qui a un sourire pareil !
(…) Le photographe a perçu que quelque chose passe entre ces deux êtres (…)
Gianni Haver : (…) Cette image nous renvoie à tout : au début et la fin de la vie, à la séparation, la beauté des corps. La jeune fille est jolie et la vieille dame est belle. (…) cette photo a toutes les caractéristiques pour devenir iconique (...) on est dans l'humain (…) On pense notamment à l'exécution de Saïgon, la petite fille au napalm, la fleur devant le fusil, où il y a un drame humain qui amène vers la souffrance. Là, on a un côté émotionnel presque positif grâce à l'affection qui s'en dégage mais qui très fort quand même, car il y a la séparation de ces deux êtres…
FC : ... La mention "InOui" est le punctum à l'état pur (…) car tout est inouï dans cette photographie.
GH : (…) le TGV est un symbole identitaire français.(…) La première chose qui nous frappe, c'est cet attirail médical dans un espace si restreint. On ne comprend pas tout de suite que l'on est dans un TGV. (...) Le regard descend et on voit les sièges (…) Je pense que la force de cette photo réside dans cette dualité : l'extraordinaire dans un lieu familier….
...Gianni Haver, est professeur de sociologie de l'image et d'histoire sociale des médias à l'Université de Lausanne (Suisse)
...François Cardi, est professeur de sociologie de l'éducation et de la formation, et en sociologie de l'art (photographie) à l'Université d'Évry
François Cardi : Elle est très touchante, car on voit bien qu'il y a tout un jeu de reflets et de transparence (…) Et c'est très troublant ce jeu de transparence et de séparation.
D'un côté, il y a une grande oreille, de l'autre, on a une petite oreille qui était très ourlée, très mignonne. Il y a des rides sur le visage de la dame (…) la main de la fille (...) esquisse un baiser. Elle (la vieille dame) lui rend son baiser mais sans la main et à travers la vitre. La vieille dame a aussi du rouge à lèvres, la petite fille a les lèvres rouges comme celles des petits enfants, ce qui est toujours en général très rouge et très mignon.
(…) Cette dame a l'air d'avoir accepté son âge, d'avoir accepté de faire des bisous à travers la vitre à cette petite gamine. La gamine est très contente aussi. Et il y a le sourire de cette dame qui est ineffable et même incroyable. J'aimerais bien avoir une grand mère qui a un sourire pareil !
(…) Le photographe a perçu que quelque chose passe entre ces deux êtres (…)
Gianni Haver : (…) Cette image nous renvoie à tout : au début et la fin de la vie, à la séparation, la beauté des corps. La jeune fille est jolie et la vieille dame est belle. (…) cette photo a toutes les caractéristiques pour devenir iconique (...) on est dans l'humain (…) On pense notamment à l'exécution de Saïgon, la petite fille au napalm, la fleur devant le fusil, où il y a un drame humain qui amène vers la souffrance. Là, on a un côté émotionnel presque positif grâce à l'affection qui s'en dégage mais qui très fort quand même, car il y a la séparation de ces deux êtres…
FC : ... La mention "InOui" est le punctum à l'état pur (…) car tout est inouï dans cette photographie.
GH : (…) le TGV est un symbole identitaire français.(…) La première chose qui nous frappe, c'est cet attirail médical dans un espace si restreint. On ne comprend pas tout de suite que l'on est dans un TGV. (...) Le regard descend et on voit les sièges (…) Je pense que la force de cette photo réside dans cette dualité : l'extraordinaire dans un lieu familier….