La transformation de France Culture en agence idéologique continue son petit train de dégâts, et l'évolution logique de la station est celle d'un fonctionnement intellectuel en forme de mots-clés (ou hashtags). Collectionnez les bons mots-clés et c'est le sésame pour le passage à l'antenne. Voici une figure médiatique qui les aligne à tel point qu'on pourrait croire celle-ci créée de toutes pièces pour passer à FC :
Vandana Shiva, invitée par Aurélie Luneau pour son magazine De Cause à Effets. Voici donc les mots-clés (pris depuis la page de l'émission) qui la rendent in-con-tour-nable :
Femme combative, souveraineté alimentaire, préservation des ressources, inégalités, injustice sans fin, cohésion sociale, Icône du combat pour l’environnement et forte de la pensée de Gandhi, non-violence, résistance, désobéissance civile, l’écoféminisme etc.
Citons aussi le grand mille-feuille argumentatif posté sur la page de l'émission, qui la cite ainsi :
"Le colonialisme a pillé l'Inde. Nous sommes devenus le Sud en raison de cette colonisation, qui fut une construction violente et en aucun cas l'état normal de l'humanité. En effet, l'humanité est telle que nous sommes citoyens de la Terre avant tout.
Les problèmes sociaux et écologiques vont de pair : nous faisons partie de la Terre et n'en sommes pas à l'extérieur. On nous a fait croire que l'homme est à l'extérieur de la Terre et qu'il la maîtrise, mais ce n'est pas vrai.
Les lois phytosanitaires ont été écrites par Nestlé, Pepsi et Coca - Cola. Ce n'est pas du tout un accord multilatéral avec de la coopération.
Trump sortant de l'accord de Paris : il est l'éléphant voyou qui quitte le troupeau.
Une partie du bien commun nous est donné par la nature, il faut le protéger. L'eau, par exemple, la fertilité du sol, l'atmosphère aussi. Par conséquent, la gestion du climat est une responsabilité liée au bien commun. Personne ne devrait avoir le droit de polluer.
Notre voix de progrès doit être la protection de la Terre : cela va donner sens à notre vie, créer des emplois, nous aurons de la justice, de la solidarité et de la paix. "Vite ! Vite ! Invitez-la ! Affrétez un Boeing s'il le faut !
Et pour terminer l'émission, un invité-surprise qui offre conseil littéraire :
Le conseil littéraire d'Hervé Kempf :
“L’entraide”, de Pierre Kropotkine.
Kropotkine est l’un de mes héros. Il répond à Darwin, en postulant que dans la nature, les mécanismes de coopération sont plus efficaces que les mécanismes de compétition.
La phrase mantra d'Hervé Kempf :
“Consommer moins, répartir mieux”Ceci n'est, pour le moment, que la description de l'émission. La parole de cette dame est accueillie avec tendresse, bienveillance et sans aucune espèce de doute ou d'esprit de remise en cause. On se félicite qu'une grande dame de stature internationale fasse l'honneur des studios pour 59 minutes de soupe moralisante et scientifiquement louche. En effet, cette dame, Vandana Shiva, tant vantée par la page de l'émission, a quelques problèmes de ... crédibilité. Imposture ? Oui, on peut sans doute dire cela. Voici une lecture fort divertissante à son sujet :
Vandana Shiva démythifiéeOn devine qu'avec des propos comme ceci, il était inévitable que France Culture lui offre un pont d'or :
« Les "faits" de la science réductionniste sont des catégories socialement construites et qui portent les marques culturelles du système occidental, bourgeois et patriarcal, lequel constitue le contexte de leur découverte et de leur justification. »
En tout cas, il faut souhaiter que cette invitation n'ait pas coûté un centime à la station, car les tarifs de ses conférences sont un peu moins généreux et humanistes. Je cite l'auteur du blog :
Si l'on en croit cette source, elle est donc dans le créneau 35 000 / 40 00[0] dollars la conférence + frais de voyage.
Pas mal.
En une soirée de conférence, elle engrangerait donc à peu près mon salaire annuel (pour elle ou pour son assoc, moins les frais de l'agence évidemment), je me dis que j'aurais dû faire écoféministe antimondialisation plutôt que prof, j'aurais pu me payer une rolex avant mes 40 ans et ainsi réussir pleinement ma vie.
Ayons une pensée émue pour le pauvre Pierre Rabhi, qui est en fait complètement à la ramasse avec ses 1000 euros la conférence. Loser !
Aurélie Luneau est, en principe, une des cautions scientifiques de la station et elle se laisse totalement hypnotiser dans ce grand nuage de fumée : celui de l'égérie altermondialiste indienne (ah, l'Inde, source de sagesse éternelle et de citations nunuches) de circuits de conférences internationales. On observe les dégâts de ce fameux paradigme idéologique qui traverse la grille de la station : par attendrissement idéologique, par effet de mimétisme politique, par aveuglement, on donne un boulevard à des imposteurs, pour 59 minutes d'antenne publique irrémédiablement perdues.
De l'autre côté de la Manche, si on veut profiter d'un programme de service public qui rend compte du monde rural, des ressources, de l'alimentation, on peut écouter
Farming Today. C'est reposant de profiter de l'expertise de producteurs qui n'essaient pas de vous convertir à leur idéologie, mais ont comme simple ambition, honnête, humble, tout simple, de vous apprendre quelque chose que vous ignoriez. La direction de France Culture est responsable de ces dérapages et si Radio France avait un médiateur dans ses murs, ce genre de choses serait une "affaire", traitée avec sérieux, avec les conclusions qui s'imposeraient. Rien de tout cela n'aura lieu, car cette petite caste qui nous confisque notre service public culturel ne veut certainement pas rendre de comptes à ses auditeurs.
Qui sait, peut-être qu'un jour, Aurélie Luneau va tenter de réhabiliter
Lyssenko, sous les applaudissements de sa direction...