Nessie a écrit:Bonheur radiophonique intact, la voix de Pierre Sipriot dont les présentations littéraires n'ont, à mon avis, jamais été égalées : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/03/s10/RF_1110880F-607A-47DB-A806-543A79DFAE2B_GENE.MP3" debut="02:16" fin="06:37"]
En clickant
sur ce lien on pourra écouter en entier ce numéro de Un livre des voix consacré à Kurt Tucholsky.
Avec nos vifs remerciements à Hélène Delavault et Philippe Garbit pour cette programmation dans la
nuit du 7 au 8 mars dernier.
Revenons donc à Kurt Tucholsky. Merci encore d'avoir signalé cette lecture qui nous a fait prendre un chemin de traverse, celui de la phonétique polonaise...
La lecture d'« Un Êté en Suède » nécessite une certaine patience. La pochade est modérément amusante. C'est que Kurt Tucholsky est d'abord un journaliste et non un écrivain, ce qu'il aurait voulu être et savait ne pas être. Satiriste et journaliste politique, il reste principalement connu pour ses aphorismes. On en trouve quelques-uns ici dans :
Citations de Kurt Tucholsky dont deux en allemand, tirés du recueil
Schnipsel (= Rognures / Copeaux / Chutes (de tissu) etc.), lequel ne semble pas avoir été traduit en français. La dernière citation :
Der Durchschnittsleser erlebt die Welt so, wie sie ihm seine Zeitung vermittels großer und kleiner Schriftgrade ordnet... Der Leser weiß selten, was er liest, und verwechselt das Arrangement mit der Schwere des Ereignisses. Proposition de traduction : « Le lecteur moyen perçoit le monde tel que son journal l'organise avec ses grands et petits caractères d'imprimerie... Le lecteur comprend rarement ce qu'il lit et confond la mise en page avec l'importance des événements. »
Le genre aphoristique (Cioran, Sacha Guitry, etc) a ses limites comme chacun sait. On ne peut en lire beaucoup sans se lasser. Comme les Français sont spécialistes du genre (voir l'excellent
Maximes et autres pensées remarquables des moralistes français de l'historien et journaliste dramatiquement disparu en 2009,
François Dufay), les éditeurs ne se pressent pas pour en rajouter.
De "Schnipsel", Rororo 1973 (recueil qui rassemble les pensées de l'auteur durant les années 1920 et au début des années 1930), section "Literatur, Theater und etwas Musik", des propositions de traduction :
« Il faut lire au moins quatre journaux et, en plus, un grand journal anglais et un français ; de l'extérieur, tout apparaît sous une autre lumière » (page 36) ;
« Voilà comment les choses se répartissent : ceux qui savent ne savent pas écrire, ne veulent pas écrire, n'ont pas le droit d'écrire. Et ceux qui écrivent, savent à peine, dans le meilleur des cas, de quoi ils parlent. » (page 38).
Voir aussi
Kurt Tucholsky et ses lucides chroniques allemandes