chamaille a écrit:Avec votre eau, vos moulins et vos soubassements marginaux qui donneraient une assise aux bruits assourdis des changements infinitésimaux du réel, ah !... vous me faites rire ! Dites, vous ne seriez pas, par hasard, un adepte de Claude Mettra ? Si c’est le cas, il faut que ça vous passe car cette époque est révolue, finie, terminée. Les GO de la chaîne ont [...]
C’est tout bénef, vive les GO !
Et vous pensez toujours que c’est pas du changement ? [...] personne ne vous croira si vous continuez à dire que c’est pas du changement et que pourtant vous aimez le changement.
Eh oui.
Cela dit, votre ironie est un peu pénible à lire. Pourquoi ? Eh bien quand on souffre voyez-vous, on est moins réceptifs à la finesse du second degré. De voir ce qu'est devenu France Culture, oui il y a de quoi souffrir et j'attends
l'imbécile ricanant qui viendra me dire "Ah oui ? (
hin, hin, hin) Si je comprends bien, c'était mieux avant ? (
hin, hin, hin)". Qu'il y vienne donc, tiens. Je vais te me l'envoyer chier proprement. J'espère bien qu'il lira ce post, afin qu'il sache à quel point je l'emmerde.
Oui on a bien compris que c'était fini, l'ère Cazenave-Mettra et l'ère Trutat-Veinstein. D'ailleurs on en ferait facilement le deuil si la nouvelle génération était à la hauteur. Le hic et vous la décrivez très bien, c'est que c'est une génération fast-food avec des emballages à paillettes. Tellement mal foutu tout ça qu'on bouffe les paillettes. Un sandwich de merde, déjà c'est pas réjouissant. Mais alors assaisonné de paillettes, je vous dis pas.
Une nouvelle génération à la hauteur : il y avait certainement moyen de faire de la culture XXIe siècle sans se farcir le ton d'ado attardé des Trappenard et des Richeux. Sans le militantisme lourdingue et d'ailleurs parfaitement insincère de Voinchet, Goumarre. Sans le rouleau compresseur des plus talentueuses qui sont en même temps les plus intoxiquées et probablement les plus sincères donc les plus destructrices : Kronlund, Omélianenko.
Il y avait moyen. Encore eut-il fallu pour cela, que des idéologues convaincus de progressisme n'aient point décidé de remplacer notre monde multiple par un seul monde, comme vous le dites d'ailleurs aux dernières lignes de votre post :
Nous tendons vers un univers radiophonique où il y aura un seul monde : celui de la radio, de toutes les radios, uniformisées, rationalisées, avec ses vedettes, ses virgules, ses infos.
Ils ont bien travaillé, dégradant successivement : dans un premier temps les écoles chargés de fabriquer des citoyens, des intellectuels, et des artistes. Dans un deuxième temps les médias capables d'accueillir du programme fait par les plus meilleurs de ces citoyens pour les un peu moins meilleurs (nous). Le résultat est que nous avons des médias de merde pour un public de merde. Et France Culture a son public de crétins qui croit se cultiver en écoutant Benoît Bouscarel, Laurent Goumarre, Matthieu Garrigou-Lagrange. Au secours !
Le processus dure depuis 45 ans. La phase "France culture" de ce processus, celle qui s'est initié en septembre 1999 et s'achève en juillet 2014, aura duré (
ici les décérébrés tirent la langue en comptant sur leurs doigts) 15 ans. Maintenant il ne nous reste rien. Rien que quelques dinosaures, déjà engagés sur une voie de garage (Finkielkraut, Ciment) ou bien servant comme dernier plat culturel ce qui aurait du être le contrepoint de la culture (Angelier, Meyer).
Mais enfin, à chacun son ironie : moi ce qui me fait rigoler malgré tout, c'est que Veinstein est précisément un tenant du courant idéologique qui a sciemment mis en marche et piloté le processus. Au pire ces gens sont des salauds et lui serait un imbécile complet enfin non, pas complet : cet homme est un poète, un écrivain, un remarquable innovateur en radio. Mais comme ferment de société, il aurait mieux valu qu'il réfléchît pour deviner où nous mènerait -et lui avec- la sauciété qu'il appelait de ses voeux. Il n'en a pas eu le temps peut-être. Il n'en a pas eu l'intelligence, bien plus sûrement. Il a même refusé de prendre la direction de la chaîne. Le con. Il a lui-même scié non pas la branche d'où il nous parlait en même temps que celle d'où nous aimions à l'écouter, mais carrément tout l'arbre, dans le même temps que ses petits copains ont cramé la forêt.
Et voici le mieux du pire : c'est sa bourgeoise qui a fourni les premiers bidons d'essence et a craqué l'allumette, tout en lui disant "T'en fais pas mon chéri j'ai bloqué la moité de mon budget pour protéger ton boqueteau".
On pourrait en rire, notez bien. Si on supportait l'ironie.