La séquence
Hashtag présentait le 15 décembre, à l'antenne et sur le site franceculture.com, des réponses d'auditeurs et de personnalités à la question "Comment les Français jugent-ils leur audiovisuel public ? ». La présentation biaisée publiée sur le site a déjà été évoquée
ci-dessus.
Le premier témoignage diffusé est celui d'Odile, « retraitée », qui a dû particulièrement plaire à l'antenne, puisque l'auditrice, qui est surtout téléspectatrice, se déclare prête à payer une redevance plus élevée. Est-elle représentative ?
Elle regarde aussi beaucoup d'émissions à la télévision, comme Cash Investigation ou Envoyé Spécial (...) L'avantage de l'audiovisuel public d'après cette retraitée,''est d'avoir un esprit critique grâce aux émissions comme Cash Investigation et d'avoir un regard « presque » objectif.Ceux qui se sont brièvement tournés vers le documentaire de France 2 sur Jean-Jacques Goldmann (avec van Reeth en caution intello) cité par Juliette-Emeline, repris
ici, apprécieront...
Le second témoignage nous vient de Mathias, « guide », qui nous intéresse particulièrement, ce dernier étant présenté comme « un fidèle auditeur de France Culture depuis une vingtaine d'années » et citant France Musique pour l'« exploration culturelle » qu'on y trouve. On ne le lui fait pas dire, voir
le sous-forum dédié à la station musicale, malgré le très visible effritement du niveau d'exigence de la station.
Une citation de Mathias, publiée sur le site, mérite qu'on s'y attarde. Elle distingue deux logiques que l'on peut peut-être préciser ici tant elles orientent fondamentalement les programmes : d'un côté « la demande des auditeurs » (ou plutôt celle que le service public culturel prête à ces derniers), de l'autre « l'offre aux auditeurs » dont la période la plus faste à été celle de 1980-2000 avec la diffusion de programmes inattendus et captivants. Mathias :
Ce que je crains dans la diminution des moyens, c'est un manque d'ambition et donc une recherche plus grande de l'audience. C'est ce qui est inquiétant car cela signifie passer d'un système d'offre à un système de demande. C'est-à-dire donner au public ce qu'il veut, alors que Radio France est un groupe qui doit créer une offre et le public vient vers celle-ci.Les intervenant suivants sont Denis Rougé, ex-président de l'association nationale ''Les pieds dans le PAF'' qui « a milité pour la présence de téléspectateurs au sein des conseils d'administration des chaînes de télévision du service public ». Puis Nicolas Jacobs, médiateur de l'information à France 2 et enfin Michèle Cotta, ancienne présidente de Radio France et directrice de France 2 qui énumèrent quelques généralités, qui doivent agréablement résonner aux oreilles des employés de Radio France et France Télévison.
Des voix discordantes ? Non. En gros, Il ne faut rien changer. Enfin, si : il faudrait donner plus d'argent au service public de l'audiovisuel. « Plus de moyens », comme on lit sur toutes les banderoles revendicatives.
Un témoignage facebook publié sur le site retient l'attention, celui de Leo Barencey qui évoque « Les Nuits de France Culture » :
Pour le cas de France Culture, la grille de jour est consacrée à l'actualité, à la politique, aux controverses du moment, et aux sorties culturelles « à causes », engagées, pendant que les Nuits nous proposent, par des archives, une vraie programmation culturelle originale, éclectique, pour tous, mais qu'on ne veut plus produire aujourd'hui.. Il faudrait que ce Leo Barencey vienne faire un tour sur ce forum ! Reste qu'il ne faut pas non plus exagérer, les Nuits de 0h à 6h sont de plus en plus amputées par les rediffusions du jour à partir de 4h30 ou 5h. Voir les 100 pages de commentaires de
Le programme de nuit, îlot de culture (I) et aussi
(II).
Les témoignages Twitter rapportés n'abordent pas les radios culturelles.
En résumé cette séquence hashtag semble une délégation de plaidoyer pro domo. Ce n'est pas nouveau de faire dire à autrui ce que l'on veut entendre mais qu'on ne peut pas dire à l'antenne...
Les témoignages d'auditeurs et les interviews vont finalement toutes dans la même direction, résumée par la citation choisie comme titre par la Rédaction :
Notre service public est quelque chose d'unique, un trésor national. Bien sûr et c'est pourquoi ce forum existe. Mais il faut relativiser ce jugement en allant voir ce qui se fait ailleurs en Europe, par exemple du côté des antennes culturelles britanniques de
la BBC et allemandes d'
ARD.
PS. Le
Hashtag était encore hier matin exceptionnellement ouvert aux commentaires. Un seul billet avait été publié. Il a été supprimé quelques heures après, pourquoi ? [Il est revenu ce matin] L'autopromotion était-elle trop flagrante ? En tous les cas, en voici un extrait :
Par contre mon estime va inconditionnellement vers France Culture et France Musique qui proposent des programmes de très grande qualité permettant le plaisir d'écoute et le plaisir de s'informer en tous domaines.
France Culture, « des programmes de très grande qualité » ? Écrit peut-être par quelqu'un qui vient de quitter l'écoute de Radio Nova ou de NRJ ? Ou qui y a travaillé et qui a rejoint FC ?