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Michel Onfray, chroniques et émissions estivales    Page 8 sur 21

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Nessie 


71
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Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Mer 15 Aoû 2012, 11:21

carolgreen704 a écrit:même si l’histoire des mélomanes pétomanes est savoureuse, qui est l’auteur de cette bonne blague ?
S. Freud ou M. Onfray qui lit Freud au pied de la lettre ?

Bonne question. Mais pour se faire un avis, outre qu'il faudrait savoir exactement ce qui a été dit, donc écouter l'extrait de la conférence, il faudrait examiner les deux sources :
a) recontextualiser la citation de Freud car outre que ça peut venir d'un de ses ouvrages lui-même plus ou moins scientifique ou erratique, ça peut aussi sortir de sa correspondance et dans tous les cas ça peut être une énormité (ça ne manque pas dans son oeuvre) ou une finesse d'humoriste viennois (il n'en a pas été avare non plus).
b) déterminer si le niveau de lecture d'Onfray est bien adapté. Comme il me semble moins soucieux de pertinence que du rendement de ses effets de manche, je le sais fort capable de prendre au premier degré ce qui n'était qu'un kolossal clin d'oeil.

Est-ce que vous pouvez nous dire dans quelle conférence d'Onfray vous l'avez entendu exploiter cette histoire ?

Henry Faÿ 


72
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La guerre d'Algérie vue par Camus et Onfray - Sam 18 Aoû 2012, 11:14

Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Page 8 AlbertCamus-1610

Depuis sa conférence sur Camus et la guerre d'Algérie, Michel Onfray a fait un bond fantastique dans mon estime. Jamais plus je ne le verrai comme avant.

Michel Onfray a bien expliqué que Camus était de longue date contre le colonialisme et contre le FLN, parti qui s'inspirait du léninisme et du jacobinisme français, qui ne reculait devant aucune violence et dont le programme était d'instaurer la charia. Cette troisième voie camusienne était-elle autre chose qu'une rêverie? Franchement, je ne le sais pas et personne ne le sait. Ce que je sais, c'est que le FLN n'a pas été vainqueur sur le terrain et n'a dû sa victoire finale qu'au désir du général de Gaulle n'en finir au plus vite avec cette histoire.

Avec sa verve habituelle, Michel Onfray a mis en cause la pensée en kit de ces petits Machiavel germano-pratins matinés d'hégélianisme sortis de Normale sup , qui font si peu de cas de la vie humaine, considérant que de toutes façons la violence est accoucheuse de l'histoire, dans ces conditions, on peut y aller. L'essentiel, c'est d'être du bon côté de l'histoire. Castro, Staline, Brejnev, la Chine communiste, Kim il Sung, tout ça, c'est bon. Moi-même, je voyais la guerre d'Algérie avec des lunette sartriennes, qui n'étaient pas que sartriennes, qui étaient celles d'une gauche dominée par le léninisme.

Le caractère maléfique et un peu débile de Sartre apparaît sous une lumière crue dans l'interviou qu'il a donnée à Jean François Bizot pour Actuel. Quand Jean-François Bizot demande au philosophe s'il est pour la peine de mort, il répond , oui, un Etat révolutionnaire doit éliminer les réactionnaires. Et en 1793, si on avait tué plus de gens, la réaction ne serait pas revenue au pouvoir. Les plus de quarante mille victimes de la Terreur (17.000 après « procès » et 25.000 sur simple constat d'identité, cf Petit Robert des Noms propres) ne lui ont pas suffi!

Michel Onfray a dénoncé ce misérable petit pamphlet de Jean-Jacques Brochier, rédacteur en chef du Magazine littéraire, auteur de l'anthologie de la bécasse Camus un philosophe pour classe terminale, plein de mauvaise foi, de calomnies, d'inexactitudes et d'insinuations et qui présente Camus comme un moraliste de Croix-Rouge et d'armée du salut.

Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Page 8 AVT2_Brochier_3250


Michel Onfray a bien raison de rappeler cette évidence, que la philosophie est du côté de la raison et la raison c'est le refus de la violence, la raison c'est la connaissance du terrain, le dialogue, la conciliation, la recherche des solutions. Sartre et ses épigones avaient un kit hégélien fourni par Normale sup qui parlait de dialectique, de phases de négativité, de violence accoucheuse de l'histoire, tout ce qu'il faut pour justifier tout et n'importe quoi.

Michel Onfray a très justement parlé de la violence aveugle du FLN que Camus ne pouvait pas accepter. La guerre FLN MNA (mouvement national algérien de Messali Hadj) fut terrible et le massacre de Melusa, un Oradour-sur-Glane algérien un des épisodes les plus horribles. Michel Onfray applaudit à la condamnation par Camus des attentats aveugles qui tuent des innocents et dont les terroristes sont toujours si fiers.

Pareil discours entendu sur radio-courtoisie n'aurait guère de portée. Je croyais tout bêtement que l'approbation par Michel Onfray de la thèse camusienne d'une Algérie fédérative reliée à la France ne pouvait venir que de la droite, de nostalgiques de l'Algérie française à la recherche d'un habillage de leur projet de domination et je croyais qu'être de gauche ça voulait forcément dire approuver les méthodes du FLN sa prise de pouvoir et son emprise sur l'Algérie. Grâce à Michel Onfray, dont on ne peut pas dire qu'il soit de droite, je vois qu'il n'en est rien. J'en suis profondément soulagé. Je vois que Michel Onfray est capable d'une grande indépendance d'esprit, les vulgates gaucho-léninistes ne l'impressionnent pas, je l'en félicite.

Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Page 8 0035



Dernière édition par Henry Faÿ le Sam 18 Aoû 2012, 13:34, édité 2 fois (Raison : corrections)

antonia 


73
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Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Sam 18 Aoû 2012, 14:35

J'ajoute mon petit grain de sel informatif : après les années 1970, j'ignorais alors totalement cet antagonisme aussi prononcé entre Sartre et Camus et cet aspect peu ragoutant de Sartre, mais j'ai apprécié beaucoup les critiques très sévères de Cavanna (et sans doute de toute l'équipe du journal) dans Charlie-Hebdo sur les appels à la violence , l' approbation du terrorisme de ceux qui écrivaient dans le journal, la Cause du Peuple. Cavanna démontrait très bien la bêtise , l'ineptie de cette attitude et il appelait à s'en tenir éloigné. Du moins, c'est ce que j'ai ressenti à l'époque : je pense qu'il n'y avait pas beaucoup de journaux attaquant directement ces admirateurs du terrorisme à l'allemande puis à l'italienne en donnant des arguments sérieux...il faudrait relire les journaux de l'époque.

masterkey 

masterkey
Admin

74
Répondre en citant  
Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Mer 22 Aoû 2012, 14:38

Henry, antonia, votre lecture a suffisamment éveillé ma curiosité pour que j'écoute un numéro d'Onfray entier, cette année, avant qu'il ne soit trop tard.

C'était ce numéro, Une passionaria de l'Existentialisme : [son mp3="http://download.od.tv-radio.com/france_culture_ondemand/sites/default/files/sons/2012/08/s34/RF_CB746790-A629-4FB8-9C24-DCBA481EA36F_GENE.MP3" debut="00:00" fin="57:00"].

Onfray est toujours aussi sympa dans le ton, et on ne peut pas lui reprocher le monolithisme de son discours : après avoir visiblement démoli Sartre et De Beauvoir les numéros précédents, il se fait dans celui-là plus concessif, quant aux mérites proprement philosophiques de Sartre.

En chemin, pour nous introduire Sartre philosophiquement, il nous met en garde contre ceux qui parlent le plus d'ouvrages tels que l'Etre et le néant, qui sont justement ceux qui ne l'ont pas, ou mal lu. Pour émettre ce genre de remarque, on ne peut que deviner qu'Onfray l'a lu attentivement - sinon comment en distinguerait-il une bonne et une mauvaise lecture d'un collègue ?-. C'est en fait ce genre de remarques qui m'empêchent de prendre réellement Onfray au sérieux : Le reste de la conférence, il évite soigneusement de parler justement du contenu de l'Etre et le néant. Oh, on apprendra tout sur ses conditions de rédaction sous amphétamines, des manies tabagiques de Sartre, mais sur le contenu, rien, ou a peu près. Si : c'est confus, de l'aveu même de Sartre (mais moins que la critique de la raison dialectique, dont on n'apprendra rien non plus), c'est difficile, et c'est dense philosophiquement : ça pèse un kilo. En fin d'émission : c'est à lire, enfin à picorer si vraiment vous vous en sentez le courage, mais sinon, passez directement à l'Existentialisme est un humanisme, c'est court et facile.

Quand même, il faut bien en parler, l'existentialisme, c'est quoi, au fait, Michel Onfray ? Ben... en gros, l'existence précède l'essence, hein, comme dirait Dupontel euh, Sartre. Pourquoi ? Parce que ce que vous êtes, c'est ce que vous faites. C'est le contraire des objets, comme les tables...

Voilà pour la partie philosophie que l'émission (j'exagère à peine). Et la phénoménologie, qu'est-ce que c'est déjà ? On n'en saura rien, tout ça c'est pas très important, on le lira plutôt dans les histoires que dans les contre-histoires. Ce qui est important, c'est plutôt toutes les petites histoires croustillantes qu'il y a à raconter autour, parce que se prendre la tête c'est bien beau, mais quand même, c'est drôlement plus intéressante de savoir qui est sorti avec qui et qui a menti à quelle occasion, non?

Je sais que c'est caricatural, il y a bien quelques minutes de vulgarisation philosophiques pas trop mal faites dans les émissions d'Onfray, mais cela n'occupe qu'un dixième à peine de ses émissions. Et ses remarques permanentes sur ceux qui ont mal lu l'Etre et le néant quand lui donne l'impression de n'avoir pas dépassé l'introduction, il faisait les mêmes il y a des années en expédiant "les trois critiques de Kant" en deux phrases. D'ailleurs, dans le numéro d'aujourd'hui, Kant c'était de la philosophie chrétienne recyclée, ou quelque chose d'approchant.

Un autre moment qui amène à douter du sérieux d'Onfray était ce moment où il s'est mis à vouloir montrer le côté bancal de certaines assertions de Simone de Beauvoir (au moins en était-on revenu à la philosophie !) : Onfray lui reproche sa définition de la liberté, qui suppose qu'on puisse n'être que partiellement libre. Le contre-philosophe brandit alors le contre-discours : "non, qu'est-ce que ça veut dire, soit on est libre complètement, soit la liberté ça n'existe pas du tout".

Soit. Cependant, vous rappelez-vous toutes les fois que Michel Onfray a exposé sa propre conception de la liberté ? Si oui, elle revient en gros à se faire dans un premier temps impressionner par le point de vue de Spinoza, puis en songeant à lui-même, se dire "non, mais moi quand même, je suis libre !", et de conclure : "les gens, il y en a de plus libres que d'autres". Mmmh, on n'est pas dans une liberté partielle, là ? (concernant l'autre versant de la critique à De Beauvoir, sa liberté est de type "ontologique" et pas pratique, je ne suis pas sûr du degré de ridicule de la remarque).

En aparté, pour provoquer la discussion, on pourrait se demander, à propos de ce qu'est un choix "libre", s'il est déjà arrivé qu'on choisisse ce que l'on veuille, et si ce n'est pas de la façon inverse que les choses fonctionnent. Puis s'interroger sur ce qui pourrait forger notre volonté, si ce ne sont des déterminismes (histoire personnelle, hérédité, tous non choisis), les résultats d'un calcul (à nouveau, rien n'est à choisir, pas même les erreurs qu'on commettrait), ou de hasards et de contingences (toujours pas de choix en vue). Mais enfin tant que nos choix restent imprédictibles car incalculables en pratique, n'est-ce pas là l'essentiel ?

Pour revenir à Onfray et finir ce trop long message décousu, on ne pourra pas lui faire le reproche de s'aligner définitivemnet sur quelque ligne que ce soit, il est capable de moduler son propos, d'être équilibré et nuancé, et n'hésite pas à tirer sur ce qu'on pourrait penser être son camp, ou proche de son camp. C'est bien le moins qu'on puisse attendre de quelqu'un qui a l'anarchie en sympathie. Effectivement, Onfray n'a pas de dieu ni de maître à penser. Pour évoquer des histoires, conter des vies, disséquer des phobies, et de façon plus positive, pour aborder certaines questions historiques ou sociales, il lui arrive d'être intéressant, et il peut compter sur son indéniable bagou. C'est vraiment du côté de la philosophie que ça pêche.

http://www.regardfc.com

Henry Faÿ 


75
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trop tard pour discuter avec Camus - Mer 22 Aoû 2012, 22:07

Réécouté avant qu'elle ne disparaisse la conférence sur Camus nietzschéen. C'est trop tard pour discuter avec Camus. Si j'avais connu cet homme admirable, j'aurais essayé de lui expliquer que c'est impossible de se dire nietzschéen quand on s'appelle Albert Camus et qu'on a écrit l'homme révolté. Rien que le titre est anti-nietzschéen. Quand Onfray dit l'acceptation inconditionnelle du monde tel qu'il est, c'est nietzschéen, ça me fait hurler. C'est peut-être dans Nietzsche mais pas seulement chez lui, c'est dans le stoïcisme et dans les philosophies orientales. Je vous renvoie à l'excellent connaisseur et vulgarisateur de ces doctrines qu'était Arnaud Desjardins.

Faites l'expérience, prenez les oeuvres complètes de Nietzsche, ouvrez ce gros livre de plus de 1.500 pages à n'importe quelle page et vous avez toutes les chances de tomber sur une assertion que vous aurez bien du mal à situer à gauche, et qu'en revanche les fachos doivent trouver tout à fait à leur goût.

Je viens de faire cette expérience et voici ce que j'ai trouvé. (Edition bouquins Robert Laffont) page 1044.
L'antéchrist 7
On appelle le christianisme religion de la pitié (...) La pitié contrarie en somme la loi de l'évolution qui est celle de la sélection. Elle préserve ce qui est mûr pour la disparition, elle prend la défense des deshérités et des condamnés de la vie. Par le nombre et la variété des choses manquées qu'elle retient dans la vie, elle donne à la vie elle-même un aspect sombre et douteux. On a eu le courage d'appeler la pitié une vertu (-dans toute morale noble elle passe pour une faiblesse-). On est allé plus loin; on a fait d'elle la vertu, le terrain et l'origine de toutes les vertus. Mais il ne faut jamais oublier que c'était du point de vue d'une philosophie qui était nihiliste, qui inscrivait sur son bouclier la négation de la vie.

etc. etc. sur des pages et des pages.

C'est peut-être très pertinent et très fort philosophiquement. Est-ce de gauche? Cela autorise quelqu'un à dire: moi, je suis noble de coeur, donc j'ignore la pitié. Tous ces gens qui n'ont pas de quoi manger, qui n'ont pas de logis, ils sont mûrs pour la disparition, laissez-les mourir. C'est du darwinisme brut de décoffrage et Darwin a surtout inspiré des auteurs de droite.

Raccrocher Nietzsche, qui n'en demandait pas tant, Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Page 8 0035 à la gauche, c'est a-hu-ri-ssant!

Guthrie 


76
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Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Mer 22 Aoû 2012, 23:07

En effet, Henry, le passage que vous avez sorti fait froid dans le dos ! Je n'ai pas écouté la conférence, donc je m'abstiendrai. Qu'il soit tentant de faire le lien Nietzsche/Camus, on peut comprendre. Pourtant quand on jette un oeil sur les propos de Camus vis-à-vis de son propre travail, par exemple la façon dont il voyait Meursault, anti-héros (nietzschéen ???), le rapprochement est moins évident :

« On ne se tromperait pas beaucoup en lisant l'histoire d'un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Meursault pour moi n'est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombres. Loin qu'il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace l'anime, la passion de l'absolu et de la vérité. »

En même temps, c'est l'amour d'un père qui parle.
Bref, vous m'avez donné envie d'écouter cette conférence.
Je suis intervenu uniquement parce que j'ai pris votre passage de Nietzsche dans le buffet.

Henry Faÿ 


77
Répondre en citant  
florilège nietzschéen - Jeu 23 Aoû 2012, 07:54

Je vous invite à vous procurer les oeuvres de Nietzsche Bouquins Laffont, si vous ne le volez pas c'est 33 euros sinon, vous pouvez aller voir le fil florilège nietzschéen, le conservatoire, page 2 . Je ne sais pas afficher le lien mais ça ne doit pas être bien compliqué.

Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Page 8 0035

Henry Faÿ 


78
Répondre en citant  
Camus nietzschéen tout à fait paradoxal - Jeu 23 Aoû 2012, 11:18

Guthrie a écrit:

En effet, Henry, le passage que vous avez sorti fait froid dans le dos ! Je n'ai pas écouté la conférence, donc je m'abstiendrai. Qu'il soit tentant de faire le lien Nietzsche/Camus, on peut comprendre.


Plus que tentant, le lien s'impose. Aucun doute, Camus s'est dit nietzschéen. Pour Onfray, c'est, si j'ose dire pain béni. Difficile à comprendre et finalement pour moi incompréhensible, de même que le nietzschéisme d'Onfray lui-même. Mais Michel Onfray donne une piste. Camus avait dans sa jeunesse en Algérie accès à peu de livres, il avait accès aux livres sur la musique, sur ses relations avec Wagner. Avec ça, le côté plus que hautain, écrasant de mépris pour la plèbe et pour les faibles de Nietzsche ne lui était pas apparu dans toute sa dimension.

Je suis énervé par les conclusions que Michel Onfray tire de l'extase que Camus a eue en nageant à Tipasa et qu'il relate dans Noces. Il en tire des conclusions anti-chrétiennes ridicules et déplacées. Mais pas du tout pas du tout. La religion chrétienne n'interdit pas d'éprouver des extases au sein de la nature, c'est une vision complètement fausse. La religion chrétienne favorise les extases. Une extase, c'est quelque chose que quelqu'un qui n'a rien connu de la religion éprouvera moins facilement. Je n'en suis pas sûr, Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Page 8 0035 mais je le parierais.

Nessie 

Nessie

79
Répondre en citant  
Michel Onfray, la posture - Sam 25 Aoû 2012, 10:12

N'étant pas lecteur de philosophie, j'ai finalement bien du mal à demeurer attentif à l'écoute de Michel Onfray, faute d'y trouver quelque bénéfice personnel. Bien du mal à tenir le coup plus que quelques minutes quand il me vient l'idée saugrenue d'écouter son prèche. Pour une initiation à Montaigne, c'était très bien merci. Mais de toute la discussion en ce fil sur son prétendu Nietzschéisme, je crois comprendre que sa lecture de Nietzsche n'appartient qu'à lui ; qu'elle est sélective au point d'en être tout simplement erronée, et même loufoque si j'en crois Henry. Seulement Onfray a ses fans, et lui qui fustige la pensée magique devrait se garder de cette magie qu'il diffuse auprès de son public.

Cette magie, comment ne pas voir qu'elle relève de la posture? C'est du moins l'impression très nette qu'il me fait quand j'écoute avec attention sa série sur Freud. Je dois dire que je la trouve sidérante, et je dirai pourquoi un peu plus bas. Mais surtout en écoutant ce cours de l'année 2010, je constate que Michel Onfray a construit, comme BHL et quelques autres, une posture individuelle, celle du gros soupçonneux et du redresseur de torts : ah ah, vous allez voir ce que vous allez voir, je vais réduire en bouillie X, Y et puis Z, pour les dernières années tiens voila Freud et Sartre démontés et repeints. Il y a quelque chose de gamin et de sympathique dans cette entreprise, mais pourquoi n'y trouve-t-on pas la démolition de Nietzsche lui-même ?

J'attends avec impatience que Michel Onfray s'en prenne maintenant aux grands emmerdeurs de notre temps adorés sur France-Culture qui nous arrose de leurs thèses fumeuses là je pense à Foucault ou Baudrillard, de leur dinguerie mal contrôlée comme Deleuze ou Virilio, ou bien de leur éminente supériorité comme ces marchands de moraline que sont Derrida,, le Dalaï-lama et Pierre Bourdieu. On me dira que ce dernier n'est pas philosophe, ce à quoi je répondrai qu'il y a là une double erreur :

1) en premier lieu, Pierre Bourdieu est bien philosophe. agrégé même. Arrivé 4eme l'année où c'est Pierre Sansot qui a eu la médaille, ah ah quel gag ! Non, Bourdieu s'il faut lui dénier une étiquette, ça serait plutôt celle de sociologue scientifique, malgré le maquillage statistique dont il a usé à l'occasion. Mais ne nous attardons pas sur son cas, il faudrait ouvrir un fil particulier dans le Conversatoire.

2) En second lieu et a contrario, si quelqu'un n'était nullement philosophe et a pourtant fait la matière de toute une année de cours de Michel Onfray , alors là c'est bien Freud.

./...



Dernière édition par Nessie le Sam 25 Aoû 2012, 11:27, édité 4 fois

Nessie 

Nessie

80
Répondre en citant  
La truffe philosophale de Michel Onfray - Sam 25 Aoû 2012, 10:19

[nolettrine]./...

En écoutant le cours de l'année 2010, j'y entends Freud régulièrement qualifié de philosophe, à force ça finit par agacer car l'oeuvre Freudienne et cela qu'on la conteste ou non, elle ne ressortit pas à la philosophie mais à la science psychologique, et à la technique thérapeutique. Donc psychologie et médecine. Onfray lui se paye le luxe de discuter de Freud et ainsi de la vision freudienne du monde, comme on peut discuter le platonisme et le spinozisme. Ca c'est vraiment ignorer la différence entre philosophie et science. La première offre le champ à la ratiocination éternelle. La seconde est construction de savoir, et le projet de Freud est de cet ordre. Le philosophe de Caen ne sait pas ça ?

Alors, que le savoir freudien soit faisandé au-delà du supportable, même s'il faut le dire, il n'est plus temps de le découvrir. Il a fallu une tardive publication d'un Livre noir de la psychanalyse pour réveiller les plus lambins comme le gentil et confiant Onfray, qui avait enseigné la pensée freudienne sans moufter pendant 20 années de lycée. Mais tout étudiant en licence de psycho devrait avoir sérieusement tiqué en lisant Psychopathologie de la vie quotidienne, ou bien en discutant en profondeur avec n'importe quel praticien de l'analyse. Faisandée oui, pour le moins. Notre grand penseur-par-lui-même attend donc pendant 20 ans qu'un best-seller suivi d'une polémique pour magazines vienne lui ouvrir les yeux. Alors que les textes étaient là, les psychanalystes dégoisaient leurs sornettes à la radio, il y avait abondance de publications farcies de délires (Fliess lui-même publié avec un imperturbable sérieux au Champ freudien, Onfray ne l'avait donc pas remarqué ?) et de toutes façons le désenchantement et la révision étaient engagés depuis 30 ans, déjà pas mal d'ouvrages critiques étaient disponibles : j'en ai cité deux il y a de cela quelques pages, mais j'aurais aussi bien pu citer d'autres comme Szasz et Roustang.

Onfray n'est pas un imbécile mais un joueur. Et il ne manque pas d'intelligence, mais de rigueur. La moitié de ses critiques ont quelque justesse, et l'autre moitié est bonne pour le bac à sable. Du coup cette année de cours mériterait une recension complète, séance par séance et bourde par bourde, pour décortiquer la méthode Onfray. Mais il ne s'agirait pas de philosophie. Bien plus des errements d'une pensée qui tout en se voulant philosophique, atteint péniblement le niveau des magazines pipole. Voyons un peu la teneur de cette critique qui se dit philosophique : ouh Freud le gros menteur qui a fait détruire sa correspondance pour masquer ses mensonges ; Freud qui dit blanc dans son oeuvre et qui dit noir dans ses brouillons ; Freud qui pique des idées à tout le monde, ah bon, comme si l'histoire des idées n'était pas faite d'emprunts et d'influence. Bref en écoutant le Freud de Michel Onfray on retrouve en seconde main quelques unes des critiques de la psychanalyse et là il remplit peu ou prou son contrat : une contre-histoire des idées. Mais hélas à côté on trouve aussi la part et le style Onfray : viser le bonhomme parce que c'est plus facile à faire que d'analyser sa pensée avec quelque souci de pertinence. Mais dites c'est vraiment des cours de philosophie ce truc ? Car en fin de compte, qu'est-ce qu'on en a à foutre des errements et des crasses de Freud, de la cocaïne et de l'électrothérapie ? S'il faut discuter philosophiquement du Freudisme, c'est bien son oeuvre qui doit être mise sous le microscope, mais disséquer des petits tripatouillages en allant fouillasser dans ses poubelles, ça ne peut intéresser que les concierges des idées.

Onfray me fait l'impression d'un fouille-merde qui prétendrait fabriquer de la truffe par la méthode philosophale. C'est de la philosophie pour le Canard enchaîné ou pire, pour Médiapart. Donc respectivement du spectacle, ou carrément du fake. J'écoute l'intégrale de l'année 2010 mais je vous garantis que je souffre.

Henry Faÿ 


81
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au suivant... - Sam 25 Aoû 2012, 11:54

Michel Onfray, chroniques et émissions estivales - Page 8 Images?q=tbn:ANd9GcT8LEEmPMD_ekspt0I6pt15eePCYbEWZlwOgbqSKez6R0FjK208fQ
Nessie a écrit:

J'attends avec impatience que Michel Onfray s'en prenne maintenant aux grands emmerdeurs de notre temps adorés sur France-Culture qui nous arrose de leurs thèses fumeuses là je pense à Foucault ou Baudrillard, de leur dinguerie mal contrôlée comme Deleuze ou Virilio, ou bien de leur éminente supériorité comme ces marchands de moraline que sont Derrida,, le Dalaï-lama et Pierre Bourdieu.



Tous les espoirs sont permis et les paris sont ouverts, car Michel Onfray, qu'on commence à bien connaître, fonctionne comme ça, il se choisit une tête de turc et il canarde, boum boum boum boum, pan, pan, pan, pan. C'est son marketing qui ne lui réussit pas mal, lui qui reproche à Sartre sa stratégie marketing élaborée.

D'abord il y a eu sa très lourde charge anti-chrétienne, au nom d'une philosophie hédoniste dont on n'a pas vu la couleur, ensuite, c'était une surprise, sa lourde charge contre Freud et le freudisme, intéressante malgré tout et qui m'avait fait penser Freud, touché, non coulé. Il aurait pu récupérer Freud et dire voilà, l'hédonisme que je vous annonçait depuis si longtemps est enfin arrivé! Enfin, il y a eu cette sa charge assez réjouissante contre l'idole de Saint Germain des Prés, qui se trouve en quelque sorte démasquée et avec lui toute une époque, toute une génération, et même plusieurs, qui s’étaient vautrées dans l’adulation des régimes les plus totalitaires. On découvre un monstre de vanité, un mufle qui insulte ceux-là même qui lui ont accordé la plus haute distinction littéraire (« je ne vois pas pourquoi des gens qui écrivent de mauvais livres se permettraient de me désigner comme lauréat du prix Nobel »), un intellectuel intellectuellement assoiffé de sang, qui estime que les plus de 40.000 morts de la Terreur n'ont pas suffi.

Au passage, le PC qui avait à la belle époque du pacte germano-soviétique mis au point une rhétorique pro-collaboration, anti-démocratie et même anti-juive, à ce que j'ai compris, et qui avait prévu une brigade d'élimination des "traîtres", n'a pas été épargné.

AuMichel Onfray, chroniques et émissions estivales - Page 8 0035 suivant...

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82
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Re: Michel Onfray, chroniques et émissions estivales -

Michel Onfray, chroniques et émissions estivales     Page 8 sur 21

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